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Riassunto
Frammenti d'un discorso politico. La violenza illustrata di Nanni Balestrini
Interamente costruito attraverso il collage di testi preesistenti, secondo una pratica ricorrente di Nanni Balestrini fin dall'epoca
neo-avanguardista, il romanzo La violenza illustrata (1976) si fonda su una poetica che mira a svelare, tramite il riuso
metalinguistico di frammenti d'articoli di giornale, la valenza ideologica e l'apparente neutralità del linguaggio della
comunicazione. Nel corso del romanzo, utilizzando come materiale di partenza il linguaggio giornalistico, Balestrini illustra
svariati episodi di quella violenza politica o sociale che nel decennio Settanta esplodeva nelle fabbriche e nelle piazze, e
costruisce un percorso che legittima la violenza rivoluzionaria come risposta alla violenza del sistema capitalistico. Partendo
dalla celebre definizione del «fatto di cronaca» data da Roland Barthes, ci siamo soffermati in particolare su due capitoli del
romanzo il cui contenuto è ascrivibile a questa categoria. Si è trattato di dimostrare come, tramite l'utilizzo di tecniche letterarie
di scomposizione e ripetizione, Balestrini non solo perviene a mettere a nudo la «violenza simbolica» — per dirla con Pierre
Bourdieu — che permea il linguaggio mediatico, obbligando il lettore a costituirsi in soggetto critico rispetto all'informazione, ma
dà riprova del fatto che anche i «fatti di cronaca» possono essere interpretati come frammenti d'un discorso politico.
Tosatti Ada. Fragments d'un discours politique. In: Arzanà 15, 2012. Écritures italiennes du fait divers. Mirabile médiéval, fatto
di cronaca contemporain. pp. 207-220;
doi : https://doi.org/10.3406/arzan.2012.1018
https://www.persee.fr/doc/arzan_1243-3616_2012_num_15_1_1018
lin d'œil à l'œuvre de Roland Barthes, qui a été l'un des premiers
à élaborer une approche théorique du fait divers, le titre de mon
intervention fait aussi directement référence à la poétique de l'auteur au
centre de ma réflexion d'aujourd'hui, Nanni Balestrini, et plus particuliè¬
rement à son roman de 1976, La violenza illustrata1.
Dans son article « Structure du fait divers »2, qui constitue encore
aujourd'hui un des socles théoriques à partir desquels s'élabore l'étude du
genre journalistique3, Roland Barthes établissait une différence entre les
faits divers et les autres types d'informations, notamment les événements
politiques. Ainsi, le sémiologue débutait-il son article en affirmant : « Voici
un fait
assassinat
divers : »4.
s'il est politique, c'est une information, s'il ne l'est pas, c'est
1. Nanni[Feltrinelli,
2001 Balestrini, La
1976],
violenza illustrata seguita da Blackout, Roma, DeriveApprodi,
7.
8.
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Fragments d'un discours politique
-209-
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12. Ibid.
13. R. Barthes, art. cité, p. 191.
14. Pierre Bourdieu, Sur la télévision , Paris, Liber, Raisons d'agir, 1996, p. 16.
15. «[...] en mettant l'accent sur les faits divers [...] on écarte les informations per¬
tinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer ses droits démocratiques »,
P. Bourdieu, ibid., p. 16-17.
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16. «[...] le fait divers est un art de masse : son rôle est vraisemblablement de pré¬
server au sein de la société contemporaine l'ambiguïté du rationnel et de l'irra¬
tionnel, de l'intelligible et de l'insondable ; et cette ambiguïté est historiquement
nécessaire dans la mesure où il faut encore à l'homme des signes (ce qui le rassure)
mais où il faut aussi que ces signes soient de contenu incertain (ce qui l'irrespon-
sabilise) [...] », R. Barthes, art. cité, p. 197.
17. «Toute l'information politique, historique, culturelle est reçue sous la même
forme, à la fois anodine et miraculeuse du fait divers. Elle est toute entière actua¬
lisée, c'est-à-dire dramatisée sur le mode spectaculaire - et tout entière inac¬
tualisée, c'est-à-dire distancée par le médium de la communication et réduite
à des signes », Jean Baudrillard, La société de consommation, Paris, Gallimard,
coll. « Folios Essais », 2007 [1970], p. 31.
18. Ibid., p. 34.
19. Ibid., p. 278.
20. Dès ses débuts Balestrini écrivait que son but était de « provocare quei nodi e que¬
gli incontri inediti e sconcertanti che possono fare della poesia una vera frusta per
il cervello del lettore, che quotidianamente annaspa immerso fino alla fronte nel
luogo comune e nella ripetizione », N. Balestrini, « Linguaggio e opposizione »,
in Alfredo Giuliani (éd.), I Novissimi. Poesie per gli anni '60, Torino, Einaudi,
1965, p. 197.
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Ada Tosatti
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Fragments d'un discours politique
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-213-
Ada Tosatti
la banque varie d'une source à l'autre : ils sont deux dans le premier et
le deuxième article, un seul dans le troisième, carrément quinze dans le
quatrième. Il est impossible de comprendre l'exacte dynamique des faits à
partir du moment où l'un des clients se rue sur le voleur. A quel moment
le bandit ouvre-t-il le feu? D'ailleurs, quel bandit ouvre le feu? Celui qui
contrôlait les clients et le personnel (comme le laissent entendre les trois
premières versions) ou celui qui était passé derrière les guichets (ce serait
la quatrième version) ? Le bandit vise-t-il volontairement les clients (troi¬
sième
Comme
version),
souvent
ou s'agit-il
chez Balestrini,
d'une balle la
perdue?
clé de lecture, sorte d'indication
23. R.
24. Ibid.,
Barthes,
p. 72. art. cité, p. 197.
25. U. Eco, Lector in fabula : la cooperazione interpretativa nei testi narrativi , Milano,
Bompiani, 1985 [1979].
26. N. Balestrini, op. cit., p. 73.
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questa è una rapina »27. Une petite variation qui ne sert qu'à accentuer
la profonde identité de ces « mises en récits », comme si les journalistes
eux-mêmes savaient que l'horizon d'attente de leurs lecteurs implique une
nécessaire répétition de clichés, de personnages-type.
Si les gestes des braqueurs sont décrits comme étant stéréotypés, la
confrontation entre les quatre récits montre comment l'écriture même
des articles est conventionnelle, répétitive. Ceci est vrai au point que l'on
retrouve exactement les mêmes expressions, les mêmes images d'un article
à l'autre. Ainsi, pour décrire le visage du bandit frappé par les clients, le
deuxième et le quatrième article emploient-ils le même syntagme avec une
minime variation : « una maschera orrenda di sangue », « una maschera di
sangue »28. De plus, on assiste à une sorte de crescendo dramatique dans
les quatre comptes rendus du fait divers. Si le premier présente un ton rela¬
tivement neutre et objectif, les deux derniers articles jouent en revanche
du pathos, visent à étourdir le lecteur par maints ressorts rhétoriques. Le
langage devient connoté, littéraire, il est truffé d'hyperboles, de comparai¬
sons, de métaphores. Un exemple pour tous, cette phrase qui décrit la mort
d'un client frappé par une balle : « Senza un grido lo sventurato col cuore
spaccato scivola a terra »29.
De cette façon Balestrini souligne comment l'une des caractéristiques
des faits divers et des médias de masse réside justement dans la repro¬
duction en série des mêmes informations, dans la réitération fragmentée
du quasi identique, qui non seulement provoque chez le destinataire une
forme d'insensibilité, d'accoutumance à la violence, mais cache derrière
une apparente objectivité la mise en place d'un ordre conformiste, d'une
homologation de la pensée.
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banca stessa? », qui reprend une célèbre citation de Bertold Brecht, tirée
de L'opéra de quat'sous.
Dans ce but, le choix du fait divers sélectionné par Balestrini n'est pas
anodin, car il présente en quelque sorte un brouillage, presque un renver¬
sement des rôles des bourreaux et des victimes. Certes, les bandits pro¬
voquent nombre de blessés et un mort, mais la fusillade débute à cause de
l'intervention imprudente d'un client. De plus, si le récit commence par
une tentative ordinaire de braquage, il se termine de fait par le lynchage
particulièrement brutal d'un des voleurs. Celui-ci est « percosso a sangue
da una due dieci venti persone. Gli sfasciano sulla testa un cartellone pub¬
blicitario. Lo percuotono con una sbarra di ferro. Lo calpestano. Infieris¬
cono con una furia selvaggia »30.
Un petit indice, disséminé dans le texte, colore d'ailleurs d'une nuance
politique l'ensemble de l'épisode. En effet, au cours du deuxième récit du
hold-up, le client qui se lance contre l'un de voleurs, dont on nous dit
qu'il s'agit d'un ancien militaire, est désigné soudainement avec le terme
de « fascista »31. Mais la valeur politique de ce fait divers est sous-entendue
surtout par la non-intervention des deux ouvriers travaillant dans la rue.
Si les trois premiers récits relatent sans commentaires particuliers cette
non-intervention, le dernier apporte un élément supplémentaire qui per¬
met de la comprendre non pas en termes de peur ou d'indifférence, mais
de solidarité de classe : « due edili abitanti nella borgata sono stati insul¬
tati dal direttore. Che stavano lavorando nei pressi della banca. Per non
avere tentato
carabinieri »32.di fermare l'auto dei banditi in fuga prima dell'arrivo dei
31.
30. «Entrano
Ibid., p. 73.nuovi clienti. [...] L'ultimo è un giovane di 31 anni. Massiccio e
robusto ex paracadutista. Ha una borsa con dentro 1 milione e 700.000 lire. Las¬
cia la borsa e mettiti con gli altri. Gli ordina il bandito di guardia alla porta. Il
fascista gli ubbidisce », ibid. , p. 74.
32. Ibid., p. 80.
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AdaTosatti
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C'est à cela que sert l'accumulation de très nombreux faits divers d'ac¬
cidents du travail regroupés dans un seul chapitre38. Car si le lecteur d'un
quotidien n'est confronté au récit de ces événements tragiques que de façon
ponctuelle, épisodique, Balestrini joue au contraire de la concentration de
ces drames, il en souligne la fréquence et l'abondance. Loin d'être le reflet
d'un hasard, la répétition permet de mettre l'accent sur le fait que les vic¬
times appartiennent toutes à une même catégorie, celle des travailleurs ou
des citoyens les plus démunis39.
Par des renvois contrapuntiques le texte souligne aussi, avec une ironie
amère, la différence de traitement entre les travailleurs, exposés constam¬
ment à des risques mortels par le non-respect des normes de protection de
la part de leurs employeurs40, et le président entouré de soins ridiculement
excessifs41. Enfin, c'est encore le rapprochement entre les trois discours qui
39.
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40. «Tutti i lavoratori dovranno essere muniti di maschera antigas [...]. All'origine
del provvedimento che ha suscitato tra le aziende un certo scalpore è la preoccu¬
pante frequenza con cui si registrano fughe di gas nocivi da impianti industriali
finalmente qualcuno si è accorto che esistono norme di legge per difendere la
salute dei lavoratori nelle condizioni di continuo pericolo in cui molti di loro
vivono », N. Balestrini, op. cit., p. 53-54.
41. « Dal reparto infettivi il presidente tenta di proseguire per il reparto medico ospe¬
daliero [. . .] poi le cose si complicano perché il direttore e i suoi collaboratori pre¬
tendono a tutti i costi di vestire il presidente con una tuta sterile uno gli infila i
pantaloni un altro tenta inutilmente di infilargli dei sottilissimi guanti di plastica
che si rompono in serie. Un terzo pretende di applicargli una mascherina sulla
bocca mentre un'infermiera lo asperge di talco disinfettante il presidente si scher¬
misce si terge il sudore e lascia fare [. . .] », ibid. , p. 53.
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Ada Tosatti
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