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Ali Chérif, Prospection À Bou Arada.
Ali Chérif, Prospection À Bou Arada.
51 mm
Volume primo
l’africa romana 20
Il volume raccoglie gli Atti del XX Convegno internazionale L’Africa romana (Alghero,
26-29 settembre 2013) dedicato a Momenti di continuità e rottura: bilancio di trent’anni di
convegni «L’Africa romana». L’opera, che corona una lunga serie di incontri internazionali
L’AFRICA ROMANA
ai quali hanno partecipato centinaia di studiosi, è curata da Paola Ruggeri, professore associa-
to di Storia romana e direttrice del Centro di Studi Interdisciplinari sulle Province Romane Momenti di continuità e rottura:
dell’Università di Sassari. Hanno collaborato Maria Bastiana Cocco, Alberto Gavini, Edgar- bilancio di trent’anni di convegni L’Africa romana
do Badaracco, Pierpaolo Longu.
Nel suo intervento introduttivo Guido Clemente ha ricostruito la storia dei Convegni L’Africa
romana e sottolineato l’ampia collaborazione con i diversi Istituti di ricerca, con molte
Università, con numerose Società scientifiche internazionali, infine con i giovani dell’Asso- a cura di
ciazione Nazionale Archeologi. Paola Ruggeri
Nella Presentazione del volume, Claude Briand-Ponsart nota che «L’Africa romana est
devenue depuis longtemps une véritable institution scientifique d’envergure internationale
et ce vingtième congrès a respecté la tradition, il a rempli la mission qu’il s’était fixée. Grâce
au dynamisme et à la générosité des organisateurs qui ont accueilli aussi bien les chercheurs
confirmés que les nouveaux venus d’Italie, du Maghreb et de bien d’autres pays, ces ren-
contres ont accumulé un capital inégalé de savoirs, de connaissances dans tous les domaines
historiques et culturels de l’Afrique du Nord antique et de la Sardaigne. Lieux privilégiés
d’échanges et de discussion, elles ont contribué à nouer des relations fructueuses, à tisser des
liens d’amitié entre les participants dans une ambiance de chaleureuse convivialité».
Per Attilio Mastino «l’iniziativa dell’Università di Sassari si è sviluppata ben al di là di
quanto si potesse immaginare al suo esordio: anche questo convegno documenta la crescita
collettiva, il coinvolgimento sempre più ampio di specialisti, l’attenzione con la quale la
comunità scientifica internazionale ha seguito l’attività dell’Università di Sassari, che ha
finito per colmare uno spazio importante negli studi classici. Dai nostri convegni è derivata
così una rete di rapporti, di relazioni, di amicizie, di informazioni, che crediamo sia il risul-
tato più importante dell’esperienza che abbiamo vissuto in questi anni, con il sostegno e
l’incoraggiamento delle autorità e di tanti amici, i nostri amici del Maghreb, i nostri amici
europei, i nostri amici dei nuovi continenti, i nostri studenti, gli studenti impegnati nelle
imprese dell’Africa romana. Anche nelle condizioni difficili e terribili di questi trent’anni
e in particolare tra il 2001 e le primavere arabe, abbiamo proseguito il nostro impegno di
costruire ponti fra le due rive del Mediterraneo, con il senso di un’attenzione e di un rispetto
che vogliamo affermare, il desiderio di un incontro e di una speranza».
Nei 195 contributi di studiosi italiani e stranieri trovano il consueto ampio spazio anche le
novità epigrafiche e le testimonianze di numerose provinciae affacciate sul Mediterraneo
occidentale.
Estratti
ISSN 1828-3004
49
issn 1828-3004
isbn 978-88-430-7400-6
Carocci editore
Corso Vittorio Emanuele ii, 229 - 00186 Roma
telefono 06 42 81 84 17 - fax 06 42 74 79 31
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L’Africa romana
Momenti di continuità e rottura:
bilancio di trent’anni di convegni L’Africa romana
Estratti
Carocci editore
Volume pubblicato con il contributo finanziario di
Comitato scientifico
Presidente: Attilio Mastino
Componenti: Aomar Akerraz, Angela Antona, Samir Aounallah, Piero Bartoloni,
Nacéra Benseddik, Paolo Bernardini, Azedine Beschaouch, Antonietta Boninu,
Giovanni Brizzi, Francesca Cenerini, Maria Bastiana Cocco, Antonio Maria Corda,
Anna Depalmas, Lietta De Salvo, Angela Donati, Rubens D’Oriano, Layla Es-Sadra,
Mounir Fantar, Piergiorgio Floris, Emilio Galvagno, Elisabetta Garau, Alberto Gavini,
Mansour Ghaki, Julián González, Michele Guirguis, John J. Herrmann Jr, Antonio Ibba,
Ridha Kaabia, Mustapha Khanoussi, Giovanni Marginesu, Marc Mayer, Maria Grazia Melis,
Marco Milanese, Marco Edoardo Minoja, Alberto Moravetti, Giampiero Pianu,
Marco Rendeli, Daniela Rovina, Paola Ruggeri, Donatella Salvi, Sandro Schipani,
Ahmed Siraj, Pier Giorgio Spanu, Alessandro Teatini, Alessandro Usai, Emerenziana Usai,
Cinzia Vismara, Raimondo Zucca
Membri onorari: José María Blázquez, M’hamed Hassine Fantar, Jean-Paul Morel,
René Rebuffat, Joyce Reynolds
Coordinamento scientifico
Centro di Studi Interdisciplinari sulle Province Romane
dell’Università degli Studi di Sassari
3. Toutes les distances données dans ce travail sont calculées à vol d’oiseau.
4. On connaît deux milliaires de cette voie (AE, 1987, 1014 et 1015) découverts à Suo,
aujourd’hui Henchir el-Mrah, à 2 km à l’est de Henchir Brighitha, et un troisième (AE,
1987, 1018) photographié par C. Poinssot à Henchir Brighitha. A propos de ces bornes, Cfr.
P. Salama, Bornes milliaires d’Afrique proconsulaire. Un panorama historique du Bas-Em-
pire romain, (Coll. EFR, 101), Rome 1987, n. 8, n. 9 (Suo) et n. 10 (Sucubi), pp. 30-6.
5. Dans la notice de l’AAT (1ère série), f. 36 au 1/50.000, Bou Arada, n. 102, il n’est ques-
tion que de «ruines d’une ville». L’article de C. Poinssot, Suo et Sucubi, «Karthago»,
10, 1959-60, pp. 93-129, est consacré essentiellement à la publication de quelques trouvailles
épigraphiques et iconographiques. Cfr. en dernier lieu la Carte des routes et des cités, cit., p.
216. Pour une localisation du site d’après les images de Google Earth, utiliser les coordon-
nées suivantes prises au centre des ruines: 36°20’36.01’’N, 9°39’08.96’’E.
Prospections archéologiques et découvertes épigraphiques 1383
très évanescents; on signale surtout l’existence d’un contrepoids, d’un bas-
sin (probablement en relation avec une huilerie), de quelques seuils et des
pierres de taille6 (fig. 1). La superficie actuelle des ruines, limitées au sud
par l’oued Sidi Jaballah, pourrait être estimée à 15 hectares.
Le corpus épigraphique de la cité ne compte pour l’instant que 8 ins-
criptions latines7. Parmi ces inscriptions, figure une dédicace collective d’un
portique d’un temple de Pluton qui mentionne des Sufetes Sucube(n)sium8.
Le site a livré également un texte néopunique9. Ces quelques documents
ne fournissent, en effet, aucun renseignement sur l’histoire de cette localité
et l’évolution de son statut juridique. On sait seulement à travers un texte
fragmentaire que notre agglomération était une civitas pérégrine adminis-
trée selon le modèle punique10.
Outre le temple de Pluton, l’épigraphie locale ne nous renseigne pas
sur la parure monumentale de la cité, à l’exception d’un fragment d’inscrip-
tion qui évoque un porticum basilica(e)11, ce qui prévoirait l’existence d’une
église. On connaît d’ailleurs un Lucianus episcopus ecclesiae Succubensis pré-
sent au concile de la Proconsulaire en 646 et que C. Poinssot12 l’attribut à
Sucubi et non à Ucubi (Henchir Goussat), comme le voulaient Toulotte et
AMOTRVSTICI❦
ASMVNISMACAS
FILIFILIA∙PIA∙VIXANNISXXVI
Développement: Amot Rustici / Asmunis Macas / fili(i) filia pia vix(it) annis
XXVI.
Traduction: «Amot, fille de Rusticus, lui-même fils d’Asmun, lui-même fils
de Maca, a vécu pieusement 26 ans».
Datation: Le support (stèle) et le formulaire (l’absence des séquences DMS
et HSE), ne permettent pas de dater l’épitaphe plus tard que la fin de la pre-
mière moitié du ier siècle ap. J.-C. L’emploi de l’adjectif pius ne peut servir
ici de critère de datation15.
1.1.2. Epitaphe de Coloap (83 ans)
Support: stèle en pierre calcaire (fig. 4). Le tracé du sommet est composé de
deux segments de cercle. Un pédoncule est aménagé dans la partie inférieu-
re de la stèle16 (dimensions: h. 0,15 m; larg. 0,13 m).
Dimensions: h. 0,60 m; larg. 0,45 m; ép. 0,06 m.
15. Cet adjectif est d’ailleurs présent dans l’épitaphe du mausolée de C. Iulius Felix à
Henchir al-Moussaouer, à 14,5 km à l’ouest-sud-ouest de Henchir Brighitha. Les données
de l’épitaphe et l’étude stylistique et architecturale permettent de situer l’inscription à
l’époque d’Auguste ou peu d’années après. Sur ce C. Iulius Felix et son mausolée, cfr. A.
Beschaouch, Eléments celtiques dans la population du pays de Carthage, «CRAI», 1979,
a. 123, 3, pp. 395-9 (= AE, 1979, 656) et N. Ferchiou, Le mausolée de C. Iulius Felix à Hr.
Messaouer, «MDAI(R)», 94, 1987, pp. 413-63 (= AE, 1980, 911). A propos de l’épithète
pius, voir en dernier lieu M. Khanoussi, L. Maurin (dir.), Mourir à Dougga. Recueil des
inscriptions funéraires, Bordeaux-Tunis 2002, p. 71.
16. Ce pédoncule est destiné à être encastré dans une mortaise préparée dans un autre
support, peut-être la dalle de couverture de la tombe, pour assurer la fixation de la stèle.
Cette remarque est valable pour les deux autres stèles à pédoncule présentées dans ce
travail.
1386 Ali Chérif
Texte: l’épitaphe est distribuée sur cinq lignes, elle est gravée en capitales
allongées et irrégulières (hl. 0,04 m - 0,05 m).
DMS
COLOAPFRONTO
NISFILPIVSVIX
ANNISLXXXIII
HSE
17. D’après J.-M. Lassère, Recherches sur la chronologie des épitaphes païennes de
l’Africa, «AntAfr», 7, 1973, p. 122, «partout, entre les Flaviens et Marc-Aurèle, la
stèle cède la place au cippe et à l’autel». Mais à Mactaris par exemple, des stèles sont
encore en usage au iiie siècle (cfr. A. M’Charek, Aspects de l’évolution démographique
et sociale à Mactaris aux iie et iiie siècles ap. J.-C., Tunis 1982, pp. 33-40 [stèles figurées]
et p. 92-9 [stèles sans décor]). Sur ce type de support, lire également les remarques
formulées à propos de Dougga dans Khanoussi, Maurin (dir.), Mourir à Dougga,
cit., pp. 68-9.
Prospections archéologiques et découvertes épigraphiques 1387
18. Carte topographique n. xli au 1/50.000, Djebel Mansour (326.250 N - 479.800 E; alt.
570 m). Pour une localisation du site d’après les images de Google Earth, utiliser les coor-
données suivantes prises sur l’emplacement du capitole: 36°14’14.02’’N, 9° 40’ 41.48’’E.
19. N. Ferchiou, Quelques vestiges antiques d’Henchir El Ouest (Tunisie, carte du Jebel
Mansour), «CT», xxix, 115-116, 1981, pp. 7-22; Id., Village et colonisation en Afrique Pro-
consulaire: la zone frontière de la Fossa Regia, dans Conquête, colonisation, résistance en Médi-
terranée: la restructuration des espaces politiques, culturels et sociaux, Actes du colloque tenu à
Tunis en 1998, réunies et introduits par F. El Ghoul, «Cahiers du CERES», série Histoire, n.
12, Tunis 2004, pp. 101-4.
20. Ferchiou, Quelques vestiges antiques d’Henchir El Ouest, cit., p. 10. Inscription non
reproduite par l’AE.
21. N. Ferchiou, L. Ladjimi Sebaï, Stabilité politique et prospérité économique de
l’Afrique au Bas-Empire à travers un texte inédit provenant de Hr El Ouest (Tunisie), «Afri-
ca», xix, 2002, pp. 29-45 = AE, 2002, 1670.
22. L’AE, 2002, 1670, retient pour le développement des lettres DO (ligne 3), d(ecreto)
o(rdinis).
23. Ferchiou, Décor architectonique d’Afrique Proconsulaire, cit., pp. 321 et 436; Id.,
Quelques vestiges antiques d’Henchir El Ouest, cit., pp. 12-4. Ces épitaphes n’ont pas été
non plus reprises par l’AE! Une autre épitaphe, encore inédite, mentionnant le nom de
Romulus a été signalée par la même spécialiste dans son article, Baracho, arrière-petit-fils
de Romulus, ou la punicisation d’une famille romaine, dans L’Africa romana xv, p. 1329.
D’autres épitaphes encore inédites ont été aussi signalées par l’auteur, cfr. Ferchiou, Vil-
lage et colonisation en Afrique Proconsulaire, cit., p. 102.
1388 Ali Chérif
fig. 5a-b a) Vue partielle de Henchir el-Ouest (photo prise de l’est); b) autre vue du
site avec, en arrière-plan, le capitole (photo prise du sud-est).
DMS
MODIA
VICTORIA
PIA VIXIT
ANNIS
XXXI
HSE
24. Une inscription que j’ai découverte récemment sur ce site, donne le nom antique du
lieu: le Castellus Turriculensium. Le document est en cours d’étude.
25. Carte topographique n. xli au 1/50.000, Djebel Mansour (335.100 N - 475.850 E; alt.
375 m). Pour une localisation du site d’après les images de Google Earth, utiliser les coor-
données suivantes prises sur l’emplacement de la ferme: 36°18’57.62’’N, 9°38’04.20’’E.
1390 Ali Chérif
DMS
NONIVS❦ L
VXCIVS (sic)
VS VIX❦AN (sic)
N LXXV
26. La partie est du site est constituée de terres particulières, tandis que la partie ouest, elle
relève du domaine public.
Prospections archéologiques et découvertes épigraphiques 1391
27. Quelques stèles à DMS mentionnant des citoyens romains ont été datées par N. Fer-
chiou du ier siècle ap. J.-C. Cfr. N. Ferchiou, Remarques sur la politique impériale de colo-
nisation en Proconsulaire au cours du premier siècle après J.-C., «CT», xxviii, 113-114, 1980,
pp. 12-4.
1392 Ali Chérif
DMS
NONIA AV
RELIA VIXIT
ANNIS N
LXXXII
Développement: D(iis) M(anibus) s(acrum). / Nonia Au/relia vixit / annis
n(umero) / LXXXII.
Apparat critique: le N de n(umero) est surmonté d’un trait oblique.
Traduction: «Consécration aux dieux Mânes. Nonia Aurelia, a vécu des
années au nombre de 82».
Datation: iie siècle (cfr. la stèle précédente).
28. Nous avons eu l’occasion de démontrer que Tapphugaba est à localiser à Henchir sidi
Abd en-Nour et non à Jenan ez-Zeytouna. Cfr. notre communication TAPPHVGABA I.
Prospections archéologiques et découvertes épigraphiques 1393
fig. 10 L’inscription mentionnant les Dis Caesarum, encore conservée à Henchir Gat-
toucia (revue en 2013).
Nouvelles données sur une cité méconnue de la région de Bou Arada (Tunisie): la civitas Tap-
phugabensis - Henchir sidi Abd en-Nour, présentée à Tunis le 29 novembre 2013 dans le cadre
du colloque international Identités et territoires dans le Maghreb antique, organisé par le
laboratoire Histoire des économies et des sociétés méditerranéennes (à paraître).
29. AAT (2e série), f. xxv au 1/100.000, Jama, n. 123 (Hir el Kattoucia); Carte topogra-
phique n. xli au 1/50.000, Djebel Mansour (328.800 N - 473.650 E; alt. 408 m). Pour une
localisation du site d’après les images de Google Earth, utiliser les coordonnées suivantes
prises au centre des ruines: 36°15’35.88’’N, 9°36’28.47’’E.
30. N. Ferchiou, Note sur deux inscriptions du Jebel Mansour, «CT», xxv, 99-100, 1977,
pp. 9-12 et fig. 1 = AE, 1977, 855 (Dis Caesarum / sacrum / C(aius) Firmius Heracla / C(aius)
Iulius Tertius mag(istri) / pa[gi] publica inpensa / fecerunt). L’étude de l’inscription a été
reprise par D. Fishwick, Di Caesarum, «AntAfr», 25, 1989. pp. 111-4, d’où AE, 1989,
780. Cfr. encore Ferchiou, Village et colonisation en Afrique Proconsulaire, cit., p. 100 et S.
Aounallah, Pagus, castellum et civitas. Etudes d’épigraphie et d’histoire sur le village et la
cité en Afrique romaine, Bordeaux 2010, p. 118.
31. L’inscription est encastrée dans un mur dont la première assise est antique alors que les
autres sont seulement construites, depuis quelques décennies, avec des matériaux antiques.
32. D’ailleurs l’AAT (2e série), se contente de donner un numéro à notre site sans lui
consacrer une notice descriptive.
1394 Ali Chérif
sondages au nord du site, mais dont les résultats sont restés malheureuse-
ment inédits. Elle a surtout signalé dans des notes succinctes un bas-relief
représentant un araire, les traces probables d’un four de potier dans le petit
ravin qui délimite le site du côté nord, des petits thermes et un claveau por-
tant l’image d’Apollon nu33. Dans son état actuel, le site archéologique a été
presque complètement transformé en terre agricole. On ne peut que signa-
ler des traces de murs, quelques seuils de portes, des éléments d’architecture,
les restes d’une activité oléicole et une inscription chrétienne fragmentaire
encore inédite avec un monogramme constantinien (fig. 11). Ces vestiges
se concentrent surtout dans la ferme et dans les alentours immédiats.
Dans le cadre de nos recherches sur Tapphugaba et son territoire, nous étions
amenés à prospecter la zone située au sud et au sud-est du J’bel M’salla, qui
constitue sans doute dans l’antiquité la limite entre la civitas Tapphugaben-
sis et notre Pagus anonyme. C’est dans cette perspective que nous avons
visité Henchir Gattoucia, le 29 avril 2012. Au cours de cette tournée, nous
avons pu repérer deux nouvelles inscriptions.
1.4.1. Epitaphe de Moggui (85 ans)
Support: stèle en pierre calcaire à sommet horizontal (fig. 12). Un pédon-
cule est aménagé dans la partie inférieure de la stèle (dimensions: h. 0,15 m;
larg. 0,18 m).
Dimensions: h. 0,64 m; larg. 0,48 m; ép. 0,13 m; hl. 0,04 m - 0,05 m.
Texte: l’épitaphe est distribuée sur cinq lignes; lettres en capitales al-
longées, régulières et bien gravées. Une guirlande à lemnisques traitée en
33. Ferchiou, Note sur deux inscriptions du Jebel Mansour, cit., pp. 11-2; Id., Village et
colonisation en Afrique Proconsulaire, cit., pp. 99-101.
Prospections archéologiques et découvertes épigraphiques 1395
méplat en forme de croissant ayant le centre occupé par une rosace à cinq
pétales, est placée au-dessus de l’épitaphe; le tout est délimité par un ca-
dre. Hederae.
D❦ M❦ S❦
MOGGVI❦ CAT
TONIS❦VI
XIT❦ AN❦LXXXV
H· S E·
fig. 13 Le bloc mentionnant l’atelier de production de Modius Iulianus et le champ épi-
graphique.
EX· OFICIN
A· M ODI·IV
LIANI
34. Ce gentilice est totalement absent en Afrique, aucune attestation dans le CIL viii,
les ILAfr, les ILTun et l’AE; il est extrêmement rare dans le reste du monde romain, cfr.
Prospections archéologiques et découvertes épigraphiques 1397
Il s’agit de quatre documents. Le premier présenté, est déposé dans une mai-
son particulière, les trois autres sont conservés à Bou Arada. Ceux-ci, s’ils ne
proviennent pas de Bou Arada même, ils ont été certainement amenés des
sites archéologiques voisins.
Déjà dans le jardin de la délégation de cette ville, sont conservées des
inscriptions d’Apisa Maius, d’Avitta Bibba, de Bisica, de Bou Jlida, de Sucu-
bi, de Suo et du secteur de l’oued er-Rmil, où se trouve entre autres Henchir
al-Moussaouer.
1.5.1. Epitaphe de Baricbal (40 ans?)
Cette dalle funéraire a été repérée le 29 avril 2012 devant une maison
à Tlil es-Salhi, à 3 km environ au sud-est de Henchir Gattoucia et ap-
proximativement à 4,5 km à l’ouest de Henchir el-Ouest. Le paysan qui
habite la-dite maison nous a informé que la pierre provient peut-être
de cette dernière localité, mais cette information reste pour l’instant
invérifiable.
DISMANIBVSSARVM (sic)
BARICBALPRIMA
SERRVMAPIVSVIX
ANNIS XXXX
Prospections archéologiques et découvertes épigraphiques 1399
DMS
VALERIA
LATHINIA
VIXITAN
NIS LI
HSE
P·AVFIDIVS·SA
TVRNINVS·VE·
COLVMNAS·
DVAS·D·S·P·F·C·
1402 Ali Chérif
37. CIL viii, 23867 = AE, 1899, 42 = ILTun, 677. Cfr. Z. Ben Abdallah Benzina,
Catalogue des inscriptions latines païennes du musée du Bardo (Coll. EFR, 92), Rome 1986,
n. 206, pp. 79-80.
38. AE, 1963, 124, ll. 31-33. Cfr. Poinssot, Suo et Sucubi, cit., pp. 101-2.
39. AE, 1933, 58 = ILTun, 1281: votum soluit columnas duas in cella Caelestis. Cfr.
Ben Abdallah Benzina, Catalogue des inscriptions latines païennes, cit., n. 411,
pp. 163-4.
1404 Ali Chérif
la région de Bou Arada, où il possédait peut-être un petit domaine agricole.
Un Aufidius Saturninus veteranus est enterré à Mactaris et dont l’épitaphe a
été datée par A. M’Charek de la période comprise entre le début du iie siècle et
180 ap. J.-C.40. Le même auteur classe cet Aufidius parmi les «citoyens romains
venus tous de l’intérieur de l’Afrique»41. Est-il question du même personnage
qui aurait choisi de s’établir dans cette cité? On ne saurait le dire et notre rap-
prochement n’est évidemment qu’une simple conjecture.
Les vétérans déjà relevés dans cette région ou dans des secteurs voi-
sins sont très peu nombreux; on connaît un Titus Flavius Lucianus à Aïn
Zerres42, un Caius Iulius Ianuarius non loin de Henchir el-Ouest43, tous
deux attestés par leurs épitaphes et qualifiés de veteranus. A ces derniers,
il faut ajouter deux anciens légionnaires d’origine gauloise établies l’un
à Bisica, l’autre à Sucubi44. Notre texte n’a pas précisé le corps militaire
dans lequel P. Aufidius Saturninus a accompli normalement son honesta
missio.
2. étude onomastique
45. Gentilice bien répandu en Afrique (CIL viii, Indices, p. 10 [une centaine de porteurs envi-
ron]. H.-G. Pflaum, Remarques sur l’onomastique de Cirta, dans Limes Studien. Vorträge des 3.
Internationalen Kongresses in Rheinfeld, Schriften des Instituts fur Ur- und Fruhgeschichte der
Schweiz, 14, Basel, 14, 1959, p. 128, a recensé «50 et plus» attestations de ce nomen en Afrique).
Dans notre région, les Aufidii sont peu nombreux, quatre personnes seulement, auxquelles il
faut ajouter désormais le vétéran P. Aufidius Saturninus: AE, 1983, 956 (Apisa Minus ou autre
site voisin); AE, 1938, 72 = ILTun, 629 (Henchir Chaïeb, centre du Fundus Tapphugabensis);
ILTun, 650 (Bou Jlida); AE, 1937, 71 = ILTun, 682 (Suo). Ce gentilice apparaît aussi sur une
inscription encore inédite découverte à Henchir al-Moussaouer par N. Ferchiou, Une zone
de petite colonisation romaine à l’époque julio-claudienne: le centre-ouest de l’Africa Vetus (Région
d’Aradi, Avitina, Dj. Mansour, Siliana), dans L’Africa romana iii, p. 241, note 30. Sur le gentilice
Aufidius, voir les remarques de Lassère, Ubique populus, cit., p. 98, note 154 et p. 122. Il faut
enfin se référer pour plus de détails sur le nom Aufidius à N. Mathieu, Histoire d’un nom. Les
Aufidii dans la vie politique, économique et sociale du monde romain, iier siècle avant Jésus-Christ-
iiiè siècle après Jésus-Christ, Rennes 1999 (spécialement pp. 97-103 pour les Aufidii africains).
46. Gentilice bien répandu dans la région de Bou Arada, cfr. Ferchiou, Remarques, cit.,
pp. 27-32; Id., Une zone de petite colonisation romaine, cit., pp. 208-9.
47. Gentilice d’origine italique relativement fréquent en Afrique. Pflaum, Remarques sur
l’onomastique de Cirta, cit., p. 131, a recensé 94 attestations de ce nomen en Afrique. Cfr. sur
ce nom, Lassère, Ubique populus, cit., pp. 184 et 609, notes 70-71; Khanoussi, Maurin
(dir.), Mourir à Dougga, cit., p. 660; Z. Benzina Ben Abdallah (avec la collaboration de
A. Ibba et L. Naddari), Mourir à Ammaedara. épitaphes latines païennes inédites d’Am-
maedara (Haïdra) et sa région, Ortacesus 2013, p. 55. Il est déjà connu dans notre région (un
Modius Victor Quietus à Bou Jlida [CIL viii, 12339], un Q. Modius Felix et sa fille Modia
Quinta, près de Bisica [CIL viii, 12317 = 23888], et enfin deux autres personnes à Henchir
el-Ouest, cfr. Ferchiou, Une zone de petite colonisation romaine, cit., pp. 210 et 213). Les
nouvelles inscriptions ajoutent deux porteurs de ce nom: Modius Iulianus et Modia Victoria
(deux défuntes, des Modia Victoria également, sont connues à Dougga, cfr. Khanoussi,
Maurin (dir.), Mourir à Dougga, cit., n. 823 et n. 1574 [= CIL viii, 26093]. Une autre Mo-
dia Victoria est connue à Thibursicum Bure [CIL viii, 1424]. Le site de Henchir el-Ouest,
d’où provient l’épitaphe de cette dernière, a déjà livré les épitaphes de deux femmes dénom-
mées l’une Modia Victoria, l’autre Modia Secunda (Ferchiou, Quelques vestiges antiques
d’Henchir El Ouest, cit., pp. 12 s.). Une gens Modia appartenait sans doute à la classe des
notables locaux de la localité anonyme sise à Henchir el-Ouest. Il est possible que Modius
Iulianus, attesté à Henchir Gattoucia par une signature d’atelier, soit un membre de cette
gens et donc originaire de la même cité que les trois Modia.
48. Nomen d’origine italique, fréquent en Afrique. H.-G. Pflaum, Remarques sur l’ono-
mastique de Castellum Tidditanorum, «BCTH», n.s., 10-11, 1974-75, p. 40, a recensé 87
porteurs de ce gentilice en Afrique. On consultera aussi Lassère, Ubique populus, cit., pp.
159 et 184; A. Ibba, Uchi Maius 2. Le iscrizioni, Sassari 2006, p. 431; Benzina Ben Ab-
dallah et al., Mourir à Ammaedara, cit., pp. 140-1. Il est attesté pour la première fois dans
la région de Bou Arada à travers Nonius Lucius et Nonia Aurelia. Lucius, connu surtout
comme praenomen et un peu moins comme gentilice (en Afrique, le gentilice Lucius est
1406 Ali Chérif
Valerius49, Baricbal50, Fronton51, Primus52 et Rusticus53.
très peu attesté; on en compte dans le CIL viii, Indices, p. 44, une trentaine d’attestations),
est utilisé ici en tant que cognomen (on recense d’après le CIL viii, Indices, p. 97, 18 cas [10
comme nom unique et 8 en tant que cognomen], sans compter deux autres douteux). Quant
à Aurelius/Aurelia, célèbre comme gentilice, est rarement utilisé comme surnom [14 Aure-
lia dont 5 chrétiennes concentrées toutes à Carthage].
49. Dans notre région, nous ne comptons que deux porteurs de ce nom: une Valeria Rogata
connue par son épitaphe trouvée à Bou Jlida (CIL viii, 12337) et Valerius Marinus, curateur
rei publicae d’Apisa Maius entre 364 et 375 (CIL viii, 779 et 780, deux bases jumelles). Cfr.
C. Lepelley, Les cités de l’Afrique romaine au Bas-Empire, ii: Notices d’histoire municipale,
Paris 1981, p. 70. Le gentilice Lathinius/Lathinia (ou Latinius, sans H), pris ici comme co-
gnomen, est très peu répandu en Afrique; la liste, établie par Lassère et Peyras (Lassère,
Ubique populus, cit., p. 82; J. Peyras, Le Tell nord-est tunisien dans l’antiquité, Paris 1991, pp.
53, 253 et indices p. 525. Cfr. aussi S. Ben Baaziz, Rohia et le Sraa Ouertane dans l’Antiquité,
Tunis 2000, p. 340), nécessite une mise à jour (12 porteurs du nom au lieu de 8).
50. Nom d’origine punique, on le trouve à Carthage sous la forme BRKB‘L, c’est-à-dire
«Ba‘al a béni». Cfr. G. Halff, L’onomastique punique de Carthage. Répertoire et commen-
taire, «Karthago», xii, 1965, p. 103. On citera comme exemples: CIS, 860, 1381 (Baricbaa-
lis), 3526, 4922 (Baricba‘al). La liste des porteurs de ce nom a été dressée par Y. Thébert,
La romanisation d’une cité indigène d’Afrique: Bulla Regia, «MEFRA», 85, 1973, pp. 276-7,
qui a relevé dans notre région quatre attestations: deux à Bou Arada inscrits parmi les dédi-
cants d’un portique (CIL viii, 23867), et deux autres connus par leurs épitaphes trouvées
à Tlil Bou Okka, à 5 km environ au sud-ouest de Henchir Gattoucia (CIL viii, 23870 et
23872). Cfr. aussi F. Vattioni, Antroponimi fenicio-punici nell’epigrafia greca e latina del
Nordafrica, «AION(archeol)», 1, 1979, n. 68, p. 168; K. Jongeling, North-african Names
from Latin Sources, Leiden 1994, p. 20. Sur les différents dérivés du nom attestés dans l’épi-
graphie latine, on lira aussi J. Toutain, Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l’histoire
de la colonisation romaine dans l’Afrique du Nord, Paris 1896, pp. 170 et 175; Jongeling,
North-african Names, cit., pp. 19-24. Sur la transcription de Baribgal pro Barigbal, cfr. CIL
viii, Indices, p. 315, litterae transpositae. Au quatre porteurs de ce nom connus dans notre
région, on ajoutera un cinquième, omis par Thébert et figurant sur une liste de noms trou-
vée à Henchir el-Haouli dans le secteur de Tlil Bou Okka, à 6 km au sud-ouest de Henchir
Gattoucia (AE, 1932, 20 = AE, 1933, 55). Il s’agit d’un Cocceius Bargbalis ( filius) qui est
sans doute le même dont l’épitaphe fut trouvée par N. Ferchiou, toujours à Henchir el-
Haouli (N. Ferchiou, Une cité dirigée par des sufètes au temps de Commode: civitas Abb…,
«CT», xxx, 119-120, 1982, pp. 25-6, et republiée par R. Hanoune, La collection d’antiques
de la Résidence de l’Ambassade de France à La Marsa, Tunisie: les inscriptions funéraires, dans
L’Africa romana xii, p. 1049 et tab. i, inscription 3 = AE, 1998, 1532).
51. Nom latin. Il est porté en Afrique, en tant que cognomen ou nom unique, par 83
hommes: 44 en Proconsulaire, 28 en Numidie, 9 en Maurétanie Césarienne et 2 en Tingi-
tane (CIL viii, Indices, p. 91; ILAlg, i, Indices, p. 419). Consulter I. Kajanto, The Latin
Cognomina, Helsinki 1965, pp. 118 et 236; Ben Abdallah Benzina et al., Mourir à Am-
maedara, cit., p. 352. Dans la région de Bou Arada, nous enregistrons la première attestation
de ce surnom.
Prospections archéologiques et découvertes épigraphiques 1407
Pour les autres, Amot, Asmun, Catto, Coloap, Maca, Moggui et Serruma,
on les étudiera dans les notices suivantes.52 53
52. Porté par la mère de Baricbal. Ce nom est généralement tenu en Afrique pour une
traduction d’un nom punique, mais cette opinion reste tout de même sujette à caution. Cfr.
en dernier lieu Y. Le Bohec, L’onomastique de l’Afrique romaine sous le Haut-Empire et les
cognomina dits «africains», «Pallas», 68, 2005, pp. 225-30, où l’auteur s’élève contre l’idée
de traduction. Dans la région de Bou Arada, ce nom est très peu présent, on en compte
un peu moins d’une dizaine d’attestations qui proviennent d’Avitta Bibba, de Bisica, et de
Thabbora.
53. Nom latin très fréquent, porté maintenant à Sucubi par le père de Amot et par l’un des
donateurs du portique du temple de Pluton (AE, 1963, 124, ligne 29).
54. CIL viii, 26704a. Cfr. Khanoussi, Maurin (dir.), Mourir à Dougga, cit., n. 61, p.
112. On trouve aussi pour le nom masculin Amo la forme composée Amobbal (CIL viii,
4408, nom donné au datif Amobbali) connue à Seriana (l’ancienne Lamiggiga, à 15 km au
nord de Batna, en Numidie), et qui signifie normalement «serviteur de Baal». Cfr. Vat-
tioni, Antroponimi fenicio-punici, cit., n. 32, p. 163; Jongeling, North-african Names,
cit., p. 8. Amobbal est rapproché par ces deux auteurs du punique ’mtb‘l = «servante de
Baal». Nous pensons au contraire que ce nom doit être classé comme un nom masculin
construit avec Amo et non Amot; comme on peut le constater, le T est toujours constant
dans les noms Amotmicar et Amotbal et il fait partie du radical punique. Cette confusion
est peut-être due au fait que le masculin Amo est très peu connu et que le féminin Amot
fait totalement défaut. Remarquons enfin que l’inscription de Dougga n’est pas mention-
née ni par F. Vattioni ni par K. Jongeling, ce qui justifie l’absence du nom Amo de leurs
listes.
55. AE, 1983, 964. A propos de ces deux noms, cfr. K. Jongeling, Handbook of Neo-
Punic inscriptions, Tübingen 2008, pp. 318-9. Comme aussi Brk-Baric (masculin) et Brkt-
Berect (féminin), cfr. Halff, L’onomastique punique, cit., p. 92; Jongeling, North-african
Names, cit., pp. 19-20 et 23.
56. CIL viii, 12335 = ILS, 4465 = ILTun, 649.
57. Jongeling, North-african Names, cit., p. 8. On connaît à Carthage le nom ’mtmlqrt,
«servante de Milqart». Cfr. infra, note 61 et F. Bron, Varia punica, «Semitica», 55, 2013, p.
180. D’après l’auteur, ce nom est «déjà connu à Carthage par une trentaine d’inscriptions».
1408 Ali Chérif
bal Saturnini f(ilia)58, que S. Gsell traduit par «servante de Baal»59, et
Flavia Amothmic(ar) Nysfur60, semblable à la première61.
Dans l’épitaphe de Amot, nous avons affaire à une généalogie qui re-
monte à l’arrière-grand-père de la défunte. Le fait de donner trois généra-
tions dans la filiation du défunt est un phénomène relativement rare dans
l’onomastique africaine. On donne généralement le nom du père et dans
des cas celui du grand-père. Parmi les exemples où figure une «triple filia-
tion», on évoque une inscription provenant de Henchir Debbik62, site ar-
chéologique situé à 30 km environ au nord-nord-est de Henchir Brighitha.
Le texte se rapporte à un [Iul]ianus Rogati Gem(i)ni Sardani [ f ]il(ii filius),
et il faut comprendre, avec J. Gascou63: «Iulianus, fils de Rogatus, lui-même
fils de Geminus, lui-même fils de Sardanus».
Asmun – Nom d’origine punique très peu attesté dans l’épigraphie latine;
il correspond à la transcription latine du nom punique ’ŠMN, Ešmun64.
On connaît, sauf omission possible, six personnages porteurs de ce nom65:
Asmun père de Tertulla à Henchir Mechmech66, Asmun pronepos d’Iddi-
bal à Lepcis Magna67, Asmun fils de Faustus à Henchir el-Haouli68, Asmun
Coloap – Nom inédit. Malgré que la plupart des noms connus à Sucubi soient
d’origine punique ou libyque, il n’est pas du tout certain que ce surnom de-
vrait prendre place dans l’un de ces deux répertoires. D’autre part, le père du
défunt s’appelait Fronto, nom latin bien connu79. Il faut remarquer en outre
que parmi les trente-quatre noms figurant dans la dédicace du portique du
temple de Pluton à Sucubi, trois sont d’origine grecque. On ajoutera, comme
on l’a dit dans la notice précédente, qu’on a reconnue à Henchir Brighitha
des traces d’une existence celte. En l’absence de parallèle, nous préférons ne
pas nous décider sur l’origine de ce nom jusqu’à plus ample informé.
Maca – Nom masculin attesté une seule fois à Makthar: Q. Instius Maca80.
Porté par l’arrière-grand-père de Amot, il a été rapproché par G. Camps
du nom Macus, porté seulement en Afrique par deux personnes81. D’autre
part, Macus (ou Maccus), connu comme cognomen, est classé par Toutain
parmi les noms «franchement libyques»82, mais considéré par Jongeling
comme «possibly a latin name»83. La forme Maccus est en outre attestée
par une marque de potier gaulois de l’époque flavienne trouvée à Sala, en
Maurétanie Tingitane. Ce Maccus est originaire de Lezoux, l’antique Arver-
ni en Aquitaine84. D’ailleurs A. Beschaouch a bien relevé une présence cel-
78. Cfr. en dernier lieu, Beschaouch, Eléments celtiques, cit., pp. 394-403 et carte, p.
406.
79. Cfr. infra, la notice consacrée à ce surnom.
80. CIL viii, 23474. Cfr. M’Charek, Aspects, cit., pp. 101-2; Jongeling, North-africans
Names, cit., p. 76. Le nom est peut-être connu aussi par une épitaphe (CIL viii, 6019 =
ILAlg, ii, 3, 7412) provenant du Castellum Subzuaritanum (15 km au sud-ouest de Cirta),
mais la lecture est très douteuse: Macasatus ou Maca Satus?
81. CIL viii, 4966 = CIL viii, 17155 = ILAlg, i, 1529 (Thubursicu Numidarum); CIL
viii, 11475 (Sidi Bou Ghanem Ejedid). G. Camps, Liste onomastique libyque. Nouvelle édi-
tion, «AntAfr», 38-39, 2002-03, p. 237. Cfr. aussi Jongeling, North-africans Names, cit.,
p. 77.
82. Toutain, Les cités, cit., p. 183.
83. Jongeling, North-africans Names, cit., p. 77. Cfr. aussi Toutain, Les cités, cit., p.
172; I. Kajanto, Supernomina: A Study in Latin Epigraphy, Helsinki 1966, p. 30.
84. Cfr. M. Le Glay, Les Gaulois en Afrique, dans Hommages à Albert Grenier (Coll.
Latomus, lxi), Bruxelles 1962, p. 1021. Le nom Maccus est attesté deux fois en Afrique, à
Lambèse (CIL viii, 18301) et en Byzacène (Coripp., Ioh., i, 467). Cfr. Camps, Liste ono-
mastique libyque, cit., p. 236.
Prospections archéologiques et découvertes épigraphiques 1411
tique dans notre région et à Henchir Brighitha même85. Bien que deux des
trois autres noms qui figuraient dans l’épitaphe de Amot soient puniques
(Amot et Asmun) et que l’onomastique de Sucubi est relativement dominée
par les noms puniques86, il est difficile de se prononcer sur l’origine de ce
nom, d’autant plus que le père de Amot portait le nom Rusticus, tenu pour
latin87. On connaît par ailleurs le peuple des Macae (Makae-Maces), riverain
de la Grande Syrte, au sud-ouest de Lepcis Magna88. S’agit-il pour nos deux
Macae, des membres de cette population tribale? La carence de la documen-
tation nous laisse démunis pour tenter d’établir un rapport possible entre
ces Macae et les deux porteurs de ce nom.
3. Conclusion
Dans de nombreux travaux consacrés à l’étude des différents aspects de l’oc-
cupation humaine dans la région de Bou Arada durant l’antiquité (fig. 19),
N. Ferchiou est parvenue à déceler100, concernant la nature du peuplement
de cette zone, l’importance de l’élément allogène, c’est-à-dire les immi-
grants qui sont venus surtout de l’Italie, mais aussi des provinces gauloises,
comme l’a démontré A. Beschaouch101. A côté de cette présence, attestée
par l’épigraphie, par le décor architectonique et encore par l’onomastique,
il faut absolument souligner aussi l’importance du substrat libyco-punique
dans cette région. On évoquera surtout ici le cas de Sucubi où la population
est restée très peu touchée par le phénomène de la romanisation. Ce retard
dans l’intégration d’une bonne partie de la population dans la romanité
est en rapport avec la profonde influence de la Carthage punique, influen-
ce qui apparaît clairement dans l’onomastique des habitants de cette ag-
glomération. On continue à Sucubi à porter des noms puniques et libyques
(ou supposés) en plein apogée de la romanisation. Mais ce retard devrait
être expliqué aussi par la politique impériale dans cette région qui n’a pas
beaucoup insisté à intégrer les communautés et les individus. Les tendances
du gouvernement central en matière de promotion juridique dans la région
de Bou Arada ont été relativement explicitées par N. Ferchiou; néanmoins,
elles mériteront d’être revues suivant une nouvelle optique fondée sur le
croisement des différentes sources disponibles.
Notre enquête sur les différentes catégories des sites archéologiques
nous conduit à s’interroger sur l’organisation juridique de certains habi-
tats dans la région de Bou Arada. Le cas du Castellus Turriculensium en-
core inédit, permet de développer désormais une idée, évoquée de façon
éphémère par N. Ferchiou faute de documents, et qui permet de supposer
l’existence, à côté des cités, d’un certain nombre de castella. Mais l’existence
de ces castella pose le problème, toujours irritant, de leurs rapports avec les
groupements de citoyens romains, comme le Pagus de Henchir Gattoucia.
Dans ce site, peut-on proposer l’existence de deux communautés Pagus-
castellum? La chose n’est pas impossible.
Dans le présent exposé, outre qu’on a voulu enrichir les répertoires
onomastiques par un certain nombre de noms jusqu’ici inédits ou rarement
attestés, on a essayé de poser également quelques interrogations sur le peu-
plement de notre région et sur son organisation administrative. On aura
l’occasion prochainement d’étudier plus profondément ces problématiques
à la lumière d’une nouvelle documentation épigraphique.