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Le Nouveau Testament

serait un document faussé


par le pro fe sseu r J o h n A lle g ro

P ourquoi g a rd e -t-o n le silence?


DOCUM ENT Il y a m a i n t e n a n t p r è s d e vingt an s q u e les M a n u s c r its d e la
E X C L U S IF m e r M o r t e o n t été d é c o u v e r ts . C ’é ta it en 1947. D a n s la région
d é s e r t i q u e et a c c i d e n t é e d e l’o u e d Q u m r a n , en J o r d a n ie , un
j e u n e g a r d ie n d e c h è v r e s b é d o u in , M o h a m m e d , en p a r t a n t à
la r e c h e r c h e d ’u n e b ê t e é g a r é e sur les p e n t e s d ’u n e falaise,
Je dis s’a v e n t u r a d a n s u n e g r o tte h a u t p e r c h é e e t p r e s q u e in a c c e s ­
sible. Il y tr o u v a d e s ja r r e s . Et ces j a r r e s c o n t e n a i e n t des
q u ’il faut r o u le a u x d e vieux p a r c h e m in s e n v e lo p p é s d e m o r c e a u x
d ’éto ffe en la m b e a u x . C ’é t a ie n t les p r e m i e r s M a n u s c r its d e
attendre la m e r M o r t e — se p t en to u t. M o h a m m e d les v e n d it 60 do lla rs
à u n m a r c h a n d syrien d e B e th lé e m . Q u a t r e d ’e n t r e eux, sortis
des recherches en c o n t r e b a n d e , f u re n t a c h e t é s 250 000 d o lla rs aux É ta ts-U n is,
les trois a u t r e s p a r v in r e n t à l’U n iv ersité h é b r a ïq u e d e J é r u ­
actu elles sa lem . A c h a t s et t r a c ta t io n s d o n n è r e n t lieu à d e s p é r ip é tie s
plus ou m o in s r o c a m b o l e s q u e s d u r a n t d e n o m b r e u x m o i s 1.
d e s r é v é la tio n s M a is les a r c h é o lo g u e s et les g o u v e r n e m e n t s p u r e n t, fina­
le m e n t, d o n n e r un t o u r officiel aux r e c h e r c h e s et au x é tu d e s .
fo r m id a b le s Q u e lq u e s a u t r e s g r o tte s f u re n t e x p lo ré e s aux a l e n to u r s de
la p r e m i è r e . O n y t r o u v a aussi d e s f r a g m e n ts de m a n u sc rits .
L es a r c h é o lo g u e s m ir e n t au jo u r , à u n k ilo m è tr e au sud d e la
p r e m i è r e g r o tte , les ru in e s d ’u n édifice, m i-fo rteresse ,
I. J o h n A lleg ro en fait un réc it trè s viv an t d a n s « Les g ran d e s a v e n tu re s d e l’arc h c o lo g ie », de lady
W h e ele r, é d ité p a r le C lu b C u ltu re -A rt-L o isirs.

Quelques gardiens de chèvres bédouins


sont à l’origine de la remise en question
des bases du christianisme. ______________________________________________
Docum ent exclusif
mi-monastère, construit aux environs de l’an 100 apportent pour la première fois un témoignage
avant J.-C. et détruit lors de la première grande juif direct sur le N ouveau Testam ent. Jusqu’à
révolte juive contre Rome en 66-73 de notre ère 2. présent nous n’avions à notre disposition que
Les Bédouins poursuivaient leur quête fructueuse: les textes écrits entre les deux Testaments — c ’est-
un vieux cheik les conduisit dans une grotte où à-dire les apocryphes — et les écrits rabbiniques
il avait pénétré, des années auparavant, à la p our­ postérieurs d ’un ou deux siècles aux faits et gestes
suite d ’une perdrix blessée — les animaux jouent, du Christ et des Apôtres. G râce aux Manuscrits
décidément, un rôle important dans cette histoire! de la mer Morte, nous possédons un témoignage
Cette grotte renfermait des dizaines de milliers direct qui revêt une très grande importance et
de fragments! Il en coûta 90 000 dollars pour les éclaire toutes nos vues sur le Nouveau Testament. »
récupérer. Par ailleurs, le même professeur Albright avait
déjà déclaré que le contenu des Manuscrits de
la mer M orte était de nature à « provoquer une
Il s 'a g it en fa it révolution dans notre conception du christia­
d 'u ne to ta le rem ise en q ue stio n nisme ».

L’étude des nouveaux d ocum ents fut confiée à


une équipe internationale de huit spécialistes, Q uelques sp écialistes p ré p a re n t
com prenant pour moitié des catholiques J ’étais la ré v o lu tio n a tte n d u e par le p ub lic
le seul à n’appartenir à aucune confession reli­
gieuse. Le directeur était le père de Vaux, archéo­ Or, cette révolution n’a toujours pas eu lieu. Le
logue dominicain de l’École française de Jé ru ­ public, alléché par certains articles et certains
salem. Quatorze ans après, le problèm e n’a livres — notam m ent ceux d ’Edward Wilson, jo u r ­
guère avancé. Les sept manuscrits de la première naliste au New Yorker — l’espère d ’abord avec
grotte ont été publiés, mais par le soin des A m é ­ impatience. Mais les études approfondies se firent
ricains. Or, nous possédons au total des manus­ attendre, d ’abord à cause des vives réticences
crits de onze grottes. Ces dernières années, intimes des savants chrétiens, ensuite parce que
certains d ’entre nous ont essayé de réveiller ces manuscrits sont en hébreu ou en araméen ’
l’intérêt en organisant des expéditions en et que ces langues sémitiques anciennes sont
Jordanie. Nous avons ainsi récem m ent abouti, étudiées par des spécialistes peu nombreux.
au hasard d ’une piste, à proximité de la Au bout de quelques années pourtant, il fut
grotte de Mohammed. Nous avons découvert sans décidé de faire publiquement le point. De nom ­
difficulté deux autres grottes, très proches de la breux livres et articles furent publiés un peu
première: l’une était inconnue et l’autre très mal partout pour rassurer les consciences inquiètes.
fouillée. Pourquoi ces réticences? Pourquoi ces Les auteurs ne niaient pas les parentés, les coïn­
retards? Pourquoi ne connait-on pas le contenu cidences, les rencontres entre les Manuscrits et
des manuscrits? Qui a peur de ce q u ’ils révèlent? le N ouveau Testam ent, et notam m ent entre le
C ’est à ces questions que je voudrais essayer de « maître de justice» et le Christ; mais il n’y avait
répondre — car il s’agit en fait d ’une totale remise
en question des origines du christianisme et de 2. C ’est à la su ite d e c e tte d é c o u v e rte q u e l’on p rit l’h a b itu d e d ’a p p e le r
l’authenticité du Nouveau Testam ent. « C o m m u n a u té d e Q u m ran » la se c te relig ieu se d es M a n u sc rits. Le lieu
p ro p re m e n t d it où se tro u v a it ce « m o n astè re » s ’ap p e lle K h irb et
Très récem m ent encore, deux grands savants Q u m ran .
américains, W.F. Albright et David Noël Freed- 3. 11 c o n v ie n t à ce p ro p o s d e p ré c is e r le v o c a b u la ire : ju d aïsm e , ju if
(ou isra é lite ) d ésig n e n t la religion e t la c o m m u n a u té fo rm é e p a r le
man, reprochèrent aux théologiens — particuliè­ p e u p le q u i la p ra tiq u e . Les Sém ites so n t un en sem b le d e p eu p les
rem ent aux spécialistes du Nouveau Testam ent - liés e sse n tie lle m e n t p a r u n e p a re n té lin g u istiq u e: les lan g u es sé m itiq u e s
so n t l’a k k a d ie n , le c a n an é e n , l’a ra m é e n , l’a ra b e et le s u d a ra b iq u e.
un «boycottage» partiel des Manuscrits de la La lan g u e s é m itiq u e p a rlé e p a r les ju ifs est l’h é b re u (ra m ea u du
mer M orte: «C es manuscrits, dirent-ils, nous c a n an é e n ).

Le N ouveau T e sta m e n t s e ra it un d o c u m e n t faussé


Tout au sommet de la falaise
surplombant le Ouadi Qumran,
l'ouverture de la grotte aux manuscrits.

Docum ent exclusif 75


Les tessons retrouvés ici A u musée archéologique
aidèrent à préciser de Jérusalem, l’abbé Starcky,
la date des manuscrits. spécialiste d ’araméen,

76 Le Nouveau T e sta m e n t s e ra it un d o c u m e n t faussé


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étudie lesfragments C’est dans ces amphores, présentées à Paris en 1963,


trouvés dans les jarres. que se trouvaient les rouleaux de manuscrits,
Photos S abine W e is s /R a p h o . plus OU moins déchiquetés. P hotos K ey sto n e et G o ld n e r.

Docum ent exclusif 77


rien là que de fortuit, dû tout au plus au contexte à conclure que ces manuscrits constituaient les
historique. Le public et le clergé, mal informés restes d ’une vaste bibliothèque essénienne.
au dem eurant, se désintéressèrent peu à peu de Mais qui étaient les Esséniens? Ils étaient connus
la question qui apparaissait ardue et uniquem ent pour leur extrême piété. Ils vivaient sur des terri­
réservée à de rares spécialistes. Mais la révo­ toires communaux, plus ou moins rattachés à des
lution tant attendue s'est bien imposée à la villes et villages, à travers toute la Judée, mais
plupart de ces spécialistes! se tenaient à l’écart de leurs compatriotes. Leur
L’étude attentive des Manuscrits des grottes du com m unauté-m ère était installée sur les bords
Qumran répond, dès l’abord, aux questions qui de la mer Morte et la plupart des spécialistes
se sont posées à propos du «gnosticisme» des l’ont identifiée avec les ruines de l’édifice du
écrits de saint J e a n 4 dans le Nouveau Testament. plateau de Qumran. Les Esséniens, lecteurs
L’opposition entre «les ténèbres et la lumière», assidus de la Bible, cherchaient dans chaque mot
entre «le bien et le mal», si clairement exposée des Écritures un message applicable à leur propre
dans le quatrième Évangile et en bien d ’autres époque. Ils pratiquaient le baptêm e et une forme
endroits, apparaît m aintenant com m e inspirée de communisme en partageant leurs biens m até­
directement par la même pensée que l’on retrouve riels. Ils avaient constitué également un fonds
dans les textes de Qumran. De même que les public destiné à soigner les malades et les
forrrïules telles que les « hommes de bonne vieillards. Ils interprétaient les phénom ènes
volonté» ou les «simples d ’esprit» que l’on naturels com m e des «signes» et se faisaient fort
retrouve également dans les Manuscrits. de prédire l’avenir. Les Esséniens possédaient le
Par ailleurs, dans les paraboles du Nouveau pouvoir de guérir parce qu'ils connaissaient les
Testam ent transparaît souvent une volonté déli­ propriétés des plantes médicinales, parce q u ’ils
bérée de sectarisme — volonté d ’autant plus appa­ prétendaient dom pter les « démons».
rente quand on la com pare avec les expressions On conçoit q u ’il y a là ample matière à co m pa­
semblables des M a n u scrits—, de même que l’épi­ raisons avec le Nouveau Testam ent: nombre
sode de la Cène peut être mis en parallèle avec d ’aspects de l’enseignement chrétien s’insèrent
un texte décrivant un banquet messianique. parfaitement dans le contexte de celui de cette
secte. Ces concordances sont susceptibles de
troubler extrêmement la conscience d ’un chrétien,
Les Esséniens p ra tiq u a ie n t le b ap têm e qui a peine à croire q u ’elles puissent être for­
e t une fo rm e de c o m m u n is m e tuites. Les différences, entre le Nouveau T es­
tam ent et les Manuscrits esséniens, le rassurent.
On doit donc voir dans la secte dont sont issus Ces différences, pourtant, posent à l’historien
les Manuscrits des grottes de Q um ran la matrice désintéressé et objectif la plus profonde énigme.
même du christianisme. Ce n’est pas une surprise Considérons par exemple l’attitude du Nouveau
complète. On avait, depuis longtemps, émis Testament vis-à-vis du monde non hébreu. On sait
l’hypothèse q u ’une secte juive, celle des Essé­ évidem m ent que les différents écrits avaient
niens, pourrait se révéler comme le lien manquant notam m ent pour but la propagation de la nou ­
entre la religion de l’Ancien T estam ent et les velle foi, et il était donc normal que l’accent soit
doctrines du Nouveau. Jusque-là nous n’avions mis sur son côté universaliste: on voit donc les
entendu parler de cette secte que par quelques Grecs, les Romains, même les Sam aritains6
historiens de l’Antiquité, tels que Flavius Josèphe, — honnis pourtant par Israël — décrits favora­
dans son livre sur les G uerres de Judée, Pline blement. Il y a bien d ’autres problèmes de ce
l’Ancien ou Philon d ’Alexandrie. Les concor­ genre dans le N ouveau T estam ent: le christia­
dances entre ces témoignages de l’A n tiq u ité 5 nisme se voulant la révolution de la Nouvelle
et le contenu même des Manuscrits de Q umran Alliance, l’aboutissement prédit depuis toujours
ont am ené la quasi-unanimité des spécialistes de l’Ancien Testament, com m ent se fait-il alors

78 Le N ouveau T e sta m e n t s e ra it un d o c u m e n t faussé


qu ’on désigne très souvent les ennemis de la nou­ en «évêque» — de l’Église primitive; ou encore
velle foi sous le simple term e de «juifs»? Pour­ la« multitude» qui désigne l’ensemble des fidèles
quoi, encore, n’y a-t-il strictem ent aucune m en­ dans les Actes des Apôtres et le term e « rabbim»
tion nominale de l’essénisme et des Esséniens, — nombreux — des Parchemins. Mais nous
alors que sont ab ondam m ent citées toutes les pouvons aller beaucoup plus loin.
sectes religieuses connues de l’époque, Pharisiens, Dans un docum ent récem m ent déchiffré, on
Saducéens ou les groupes non religieux tels trouve, appliqué à un responsable adminis­
qu ’Hellénistes ou Hérodians? Com m ent, par tratif de la com m unauté essénienne, un term e
ailleurs, expliquer le fameux « Rendez à César hébreu qui est l'équivalent du surnom grec de
ce qui est à César»? Le contexte politique de «cephas»* appliqué à Simon. Ce term e hébreu
l’époque concernée aurait fait qu ’une telle parole a un sens assez complexe mais bien défini chez
ne pouvait en aucun cas passer pour une mani­ les Esséniens: il désigne un homme qui a entre
festation de sagesse et de piété. autres la faculté de lire les pensées sur les
visages. On com prend mieux alors l’origine et le
sens du passage de l’Évangile selon saint Matthieu,
Les Esséniens é ta ie n t célèbres où l’on voit Simon regarder Jésus et reconnaître
c o m m e fa ise u rs de m ira cle sa mission messianique. D ’autre part, l’action
spécifique de Simon s’explique parfaitement:
Bref, beaucoup de choses ne sonnent pas juste
4. O n tro u v e d a n s l’Évangile d e S a in t-Jea n d e s allu sio n s à la L u m ière
dans le Nouveau Testam ent, quand on l’étudie d iv in e q u e les té n è b re s n ’o n t p as co m p rise et un p assage où il est fait
à la lumière des docum ents esséniens. Ne p ar­ a p p el à la co n n a issa n ce q u e p o ssèd e le c h ré tie n : « Vous a d o re z , dit
J é su s à la S a m arita in e, ce q u e vous ne c o n n a isse z p as; n o u s a d o ro n s,
lons même pas des récits de miracles, que l’ortho­ nous, ce q u e n o u s co n n a isso n s. »
doxie la plus sourcilleuse doit se résoudre, plus 5. D ’ap rè s Pline l’A n c ie n , les E ssén ien s fo rm a ie n t « un p e u p le sans
fem m es, sans a m o u r, san s a rg e n t... un p e u p le é te rn e l où l'o n ne
ou moins, à considérer com me mythiques, et à naissait p as ». Q u a n t à F lavius J o s è p h e , il d é c la re : « C h e z les Esséniens,
interpréter dans un sens symbolique. Un premier s ’est é ta b lie l’o p in io n q u e les c o rp s so n t p érissab les, q u e le u r m atière
p e u t ê tr e a n é a n tie , m ais q u e les âm es so n t im p érissab les. S o rties des
point apparaît donc dans la résolution du pro­ plus p u res rég io n s de l’é th e r, elles o n t é té e n fe rm é e s d an s les liens du
blème général que pose la comparaison du N ou­ c o rp s co m m e d a n s un e p riso n , elles sont a ttiré e s à fo rm e r ces n œ u d s
p a r un c h a rm e n a tu re l. Q u a n d elles sont d é b a rra ssé e s d es liens de la
veau T estam ent et des écrits esséniens: il y a dans c h a ir, c o m m e si elles é ta ie n t a ffra n ch ie s d ’un long esclav ag e, elles
le Nouveau T estam ent des traits purem ent essé­ s’e n v o le n t jo y eu se s d an s les e sp ac e s. »
6. Les S a m arita in s h a b ita ie n t l'a n c ie n ro y au m e h é b re u s e p te n trio n a l
niens et im m édiatem ent détectables. Mais le plus (d o n t la c a p ita le é ta it S am arie), c o n q u is p a r les A ssyriens en 722
souvent il semble que l’apport essénien ait été a v an t Jé su s-C h rist: d e n o m b re u se s u n io n s av ec les c o lo n s é tra n g e rs
a v a ie n t fo rte m e n t m odifié leu rs cro y a n c e s relig ieu ses. M ép risés p a r
travesti, arraché à l’exclusivité de la secte les Ju ifs de rac e p u re , les S a m arita in s av aien t fini p a r b â tir leu r p ro p re
originale et utilisé à des fins nouvelles. Les tem p le su r le m ont G erizim . Les S a m arita in s se p a ssio n n a ie n t p o u r la
m agie, les rites m y stérieu x , le p ro p h étism e . En 529 a p rè s Jé su s-C h rist,
rédacteurs du Nouveau Testam ent se sont donné p resq u e to u s les S a m arita in s p é rire n t au c o u rs d 'u n e rév o lte c o n tre
apparem m en t b eaucoup ds mal pour déguiser cet l’e m p e re u r byzan tin . Il n ’y e u t qu e q u e lq u e s su rv iv an ts, d o n t les
d e sce n d a n ts a c tu e ls, 1 500 en v iro n , fo rm e n t un e p e tite c o m m u n a u té à
apport essénien. C ’est là l’aboutissement actuel p a rt d a n s l’Ê tat d ’Israël (S erg e H u tin , « les G n o s tiq u e s », P .U .F . 1963).
des recherches — et il laisse espérer des révé­ 7. O n tro u v e d a n s les M a n u sc rits d eu x te rm e s : m eb a q q e r et paq id ,
qui d ésig n en t p e u t-ê tre deux p e rso n n a g e s d iffé re n ts. Le term e
lations formidables. Ces recherches montrent « m e b a q q e r » se re n d ra it en g re c p a r « e p is k o p o s » , c 'e st-à -d ire
q u ’il y a plus q u ’une simple com m unauté d ’esprit « su rv e illa n t ». C 'e s t p o u rq u o i on est te n té de voir d a n s les « é p isc o p e s »
entre l’essénisme et le christianisme. qu e n o u s fait c o n n a ître le N o u v e a u T e s ta m e n t les su c ce sse u rs c h ré tie n s
d es m e b a q q e r ou d e s p a q id essén ien s.
C om m ençons par examiner, par exemple, les 8. Jo h n A lleg ro d é c la re à ce p ro p o s: « O n peu t faire re m o n te r l’h isto ire
de P ierre et du « r o c h e r» d e l’Êvangile selo n sain t M a tth ie u à un
noms mêmes de Jésus et des Apôtres. Depuis c e rta in passage du livre d ’Isaïe, que l'o n retro u v e ailleu rs d an s le
longtemps déjà, on a eu à faire des rappro­ N ou v eau T e s ta m e n t et d an s les P arch em in s, c o m m e tex te su r lequel se
fo n d e la C o m m u n a u té . Il y a d ’u n e p a rt un jeu de m o ts trè s co m p lex e
chements entre les termes chrétiens et esséniens: sur le tex te p ro p h é tiq u e lu i-m êm e, d 'a u tr e p a rt u n e série d e jeu x de
ainsi le «paqid» inspecteur, ou administrateur — m o ts m êlan t u n e d é n o m in a tio n a d m in istrativ e a u th e n tiq u e m e n t essé­
n ien n e, un v o c a b le a ra m é en trè s p ro ch e et u n nom s e c re t d e s anges.
de la com m unauté essénienne fut rapproché de C ’est d o n c p a rc e qu e l’a p ô tre Sim on a en q u e lq u e so rte fo n ctio n de
F« e p iskop os» 7 — qui a évolué phonétiquem ent « ro c » q u ’on lui a a d jo in t le p rén o m d e « P ierre » - e t non le c o n tra ire ».

Docum ent exclusif 79


il évoque les merveilles accomplies par Dieu, il de m o t s 12. Cet hébraïsme perm et donc aux
contrôle l’admission des nouveaux membres, Évangiles de qualifier Jésus de « fils de char­
il gère le fonds commun... C ’est la description pentier » —charpentier se disant aussi « kharash » —
même du rôle de l’« administrateur» essénien. et Jean-Baptiste «fils de sourd-muet» — sourd-
Le petit docum ent qui nous apporte cette infor­ muet se disant « kheresh ».
mation est intéressant à plus d ’un t i t r e 9. Il pré­ En outre, le mot même de « Jésus » semble signifier
cise que les Esséniens sont connus pour leur « Essénien». Il est certain q u ’il s’agit de la forme
pouvoir de guérison. Ce serait la confirmation grecque de l’hébreu « Jeshua», qui contient l’idée
d ’une hypothèse émise depuis longtemps sur le de «sauveur». Mais com me on le voit dans les
sens de leur nom 10. En effet « essénien » pourrait Actes des Apôtres à propos d ’un certain Elymas,
venir d ’un mot sumérien signifiant «devin», ce fnot signifiait également «magicien» — « celui
resté dans la langue akkadienne et, de là, passé qui accomplit des merveilles». Selon l’expression
dans l’aram éen et les autres langues sémitiques, idiomatique analysée plus haut, on l’appelait
avec un sens un peu différent: « celui qui accom ­ « b a r Jésus» — Jésus alors, nous dit-on, ayant le
plit des prodiges». Or le m é d e c in " des temps sens de « magicien ». La tradition juive a d ’ailleurs
anciens était avant tout un magicien: il alliait une longtemps considéré le Christ com me tel. Dans
connaissance rudimentaire de la physiologie à des écrits anciens, son nom nous est présenté
l’emploi des plantes médicinales, mais surtout, il sous la forme qui évoque le mot désignant les
connaissait les rites secrets capables de chasser les Esséniens: c ’est très net dans le Coran.
dém ons qui troublent le corps et l’esprit des Si l’on tente de déchiffrer les noms et titres des
hommes. Il est évidemment inutile de rappeler Apôtres selon cette même m éthode — en
combien de fois le Nouveau Testament mentionne cherchant un jeu de mots significatif renvoyant à
des guérisons et parle des « magoi». L’astrologie un te rm e essénien - on aboutit à des résultats
faisait évidemment partie des connaissances ésoté- non moins spectaculaires. Prenons par exemple
riquesdes Esséniens: on a trouvé dans les Manus­ Judas Iscariote, le « d éno nc ia teur» de Jésus. Le
crits les principaux éléments à l’origine du mythe term e traduit dans le texte chrétien par « celui qui
de Bethléem. a trahi» peut également signifier «trésorier», ce
qui était sa fonction au sein du groupe de disciples.
Jé sus e t les A p ô tre s 9. Il resse m b le en e ffet au ra p p o rt du resp o n sa b le du « d isp e n sa ire »
essén ien , ch a rg é d e s so in s e t d e la d istrib u tio n d es m é d ic a m e n ts.
p o rte n t des nom s esséniens Flavius J o sè p h e ra p p o rte q u e les c o m m u n a u té s essé n ie n n es c o m p o r­
ta ie n t b ien un tel p e rso n n a g e , p lu s s p é cia le m e n t c h a rg é d e v eiller su r
les p è le rin s se re n d a n t d ’un c a m p à l’a u tre .
Il y a un certain nombre de vocables dans les 10. O n d o n n e d ’a u tre s éty m o lo g ies. C ito n s e n tre a u tre s c elle q u i fait
v en ir essé n ie n d e la rac in e sé m itiq u e c h â sé e t lui d o n n e le sen s de
langues sémitiques pour désigner le « magos», le « fidèle ».
« magicien». Entre autres « kharash» qui, comme 11. L ’an tiq u ité , co m m e en tém o ig n e Philo n d ’A le x a n d rie , co n n a issa it
u n e se cte relig ieu se ju d a ïq u e in sta llé e en E gypte a p p e lé e les T h é ra ­
l’ancien mot sumérien, signifie également « devin ». p e u te s, c é lè b re s d o n c p a r leu rs d o n s d e g u érisseu rs. O n a p arfo is été
Or ce te rm e a été très habilement introduit à te n té d e les assim iler aux Esséniens.
12. A ce p ro p o s, J o h n A lleg ro é c rit: « C e p ro c é d é c o m p liq u é de
propos de Jésus et de saint Jean-Baptiste. Il faut jo n g le r a v ec les m o ts n ’est p as facile à c o m p re n d re p o u r n o tre civili­
savoir q u ’il existe dans les langues sémitiques une sa tio n o c c id e n ta le . T o u te fo is les lan g u es d e fam ille sé m itiq u e se p rê te n t
aisé m en t à d e tels je u x d e m ots. D an s les é c ritu re s a n c ie n n e s, seu les les
expression idiomatique pour qualifier quelqu’un c o n so n n es é ta ie n t in d iq u é e s, les v oyelles é ta n t d e m o in d re im p o rta n c e .
d ’après un de ses traits de ca ractère ou d ’après Par e x e m p le , le g ro u p e D .B .R . p o u v a it signifier « m o t » ou « il p a rla it »
ou « fléau » ou <• p â tu ra g e », selo n le c o n te x te , et c ’é ta it au le c te u r
sa profession: devant le te rm e exprim ant ce trait d ’a jo u te r les voyelles a d é q u a te s. N o u s av o n s d é jà m en tio n n é le g ro u p e
de caractère ou cette profession on met le mot Kh - R - Sh, en p a rla n t d e Jésu s e t d e sain t J e a n -B a p tis te . O n p o u rra it
ég a le m en t a ttr ib u e r à c e tte asso c ia tio n d e c o n so n n es le sen s d e « cu l­
«bar», qui signifie théoriquem ent «fils de...» tiv a te u r » , d e « la te r r e » e t « b o is» . P o u r les Ju ifs de l’a n c ie n tem p s
mais qui, en ce cas précis, a été plus ou moins d e tels jeu x d e m o ts n ’é ta ie n t p as d u to u t u n e fo rm e d ’e sp rit à bon
vidé de sa signification originale. Celle-ci m arc h é : d e s sim ilitu d es e n tre m o ts d e m êm e n a tu re , su rto u t d a n s les
é c ritu re s sain tes, d e v a ie n t a v o ir u n sen s. L ’A n c ie n T e s ta m e n t lui-m êm e
subsiste cependant assez pour perm ettre un jeu reg o rg e d e jeu x d e m o ts d e c e tte so rte .

Le N ouveau T e s ta m e n t s e ra it un d o c u m e n t faussé
Le mot « Boanergues» — que l’on a très étra n ­ les docum ents esséniens: dans quelle mesure les
gement traduit par «fils du tonnerre» — signifie, récits du Nouveau T estam ent renvoient-ils à
en fait, « ceux qui ont acquis la faculté de deviner l’Histoire réelle? Peut-on vraim ent concevoir que
la volonté de Dieu», c ’est-à-dire possédant un des textes d ’une forme si complexe, inspirés par
don de divination spécial. C ’est un qualificatif qui des traditions ésotériques, puissent être tenus
s’appliquait obligatoirement aux «juges» de la pour la description authentique d ’événem ents
com m unauté essénienne. réellement survenus il y a deux mille ans? Per­
Reprenons le N ouveau T estam ent pour y exa­ sonnellement, je ne le crois pas. Néanmoins, les
miner maintenant les descriptions de certains récits concernant Jésus et ses disciples ont p ro­
personnages: le «glouton», les «ivrognes», les bablement un fondement historique, et nous
« publicains», les « prostituées». Nous nous aper­ pourrions, avec quelque raison, le trouver dans
cevons rapidement q u ’il s’agit là aussi de term es l’histoire même du mouvem ent essénien et de son
esséniens déguisés. Par exemple l’euphémisme chef, le « maître de justice ».
«pécheresse» est tiré d ’un vocable sémitique qui Il convient alors de rechercher des similitudes
signifie également «ange» et aussi «celui qui éventuelles entre la vie du Maître essénien et
sert le Seigneur». Ce mot se retrouve non seu­ celle de Jésus telle q u ’elle est décrite dans le
lement chez Flavius Josèphe, mais aussi lorsqu’il Nouveau Testament. La mention de « l’homme
s’agit de désigner diverses sectes juives ou crucifié», dans un com m entaire essénien,
judéo-chrétiennes du monde de l’époque. apparaît com me une référence possible. Ce com­
mentaire mentionne un événem ent qui paraît
être survenu en 88 av. J.-C.: le « p rêtre maudit»
Le N ouveau T e s ta m e n t de l’époque crucifia plusieurs centaines de parti­
ne p e u t plus ê tre pris à la le ttre cipants à une révolte organisée contre lui. Ceux-
ci appartenaient à son propre peuple. Autre simi­
Il y a bien d ’autres jeux de mots similaires dans litude: dans l’opposition de Jean-Baptiste au
le Nouveau Testament. Mais pourquoi? Pourquoi mariage du roi avec sa belle-sœur on peut voir le
ces auteurs néo-esséniens ont-iîs ainsi maltraité reflet de la réaction que le mariage du « prêtre
leurs sources? Leur intention n’était certaine­ maudit» avec la femme de son frère mort aurait
ment pas de se moquer. On peut peut-être provoquée parmi les juifs de stricte obédience
conclure que les écrits chrétiens traduisent la de son temps, donc parmi les Esséniens en parti­
volonté de franchir les frontières limitées de culier. Bien sûr, les circonstances n’étaient pas
l’essénisme, pour diffuser son enseignement exactem ent les mêmes, mais le mariage d ’Hérode
sacré original à l’extérieur, mais sans le profaner. Antipas avec H érodiade peut parfaitement avoir
Cela nous conduit à une révolution complète fourni au scripteur chrétien un moyen d ’am ener
dans la façon d ’aborder et de lire le Nouveau l’épisode du martyre du « prédicateur», évoquant
Testament. C ar il apparaît q u ’il n’y a guère de auprès des initiés un autre martyre connu. Dans
termes, dans les Évangiles ou dans les Actes, ce cas, les récits sur Jean-Baptiste et Jésus
qui doivent être pris à la lettre. Ce sont chaque seraient de simples transpositions d ’épisodes de
fois autant de mystères. Pour les résoudre, il faut la vie du « Maître » essénien.
employer la m éthode dont je viens de donner Mais alors, si les Évangiles et les Actes des
quelques exemples. D ’autant plus que le sens Apôtres sont mythiques, saint Paul se retrouve
littéral de la version grecque du Nouveau Testa­ sans points de référence chronologiques. Le seul
ment est celui qui a le moins d ’importance et fait datable dans ses écrits — la présence à Damas
qui ne rend pas compte du dessein des scripteurs. d ’un gouverneur représentant le roi nabathéen
Mais alors, nous sommes am enés à nous poser Aretas —, nous donne environ l’an 85 avant
une question fondamentale, impossible à éviter Jésus-Christ et non plus l’an 40 après Jésus-
au fur et à mesure que nous déchiffrons mieux Christ selon la datation jusque-là officiellement

Docum ent exclusif 81


admise. Or, une scission avait eu lieu dans l’essé-
nisme précisém ent à cette époque et le siège de
la secte avait été transporté à Damas.
Le fait q u ’on ait placé le Christ au temps de
Ponce Pilate s’explique par référence à la mort
du« maître de justice»: la chronologie des Manus­
crits esséniens fait survenir cette mort quarante
ans après l’effondrem ent d ’une révolte armée.
Par analogie les auteurs chrétiens du Nouveau
Testament auraient choisi la chute de M ascada
sous les Romains, en l’an 73 après J.-C., ce qui
aurait déterm iné la mort du Christ à l’époque
de Ponce Pilate — p ro curateur de 26 à 36
Évidemment cette interprétation nouvelle des
traditions chrétiennes soulève les plus graves John Allegro est un théologien
problèmes. Néanmoins nous devons désormais m oderne: il s’intéresse à la reli­
nous dire que tous les travaux sur le Nouveau gion en tant que « ph é nom è n e
Testam ent devront tenir com pte en premier lieu hum ain» et non pas «révélation
des conclusions tirées de l’étude des Manuscrits divine». Il est né à Londres en
1923 et a fait, après la guerre
esséniens. Si nous ne pouvons plus estimer les
accomplie dans la Royal Navy, ses
Évangiles et les Actes — seuls pris, jusque-là, en études universitaires à M anchester.
considération — d ’après leur sens apparent, nous Il est diplômé en théologie et en
devons tout au moins déterm iner leur origine et hébreu.
savoir dans quel but ils ont été écrits. Pour ceux Après sa thèse, il enseignait à
d'entre nous qui envisagent le problèm e comme Oxford quand il fut appelé à Jéru­
celui de n’importe quelle littérature ancienne, les salem p our faire partie de l’équipe
considérations sentimentales n’entrent pas en de savants réunis po ur déchiffrer,
publier et traduire les Manuscrits
ligne de compte. 11 en va autrem ent pour ceux
de la mer Morte. Il a lui-même
qui voient dans le Nouveau Testament une source organisé des expéditions archéo­
vive de foi. Ils ne peuvent l’aborder sans émotion. logiques à Qum ran. Il a écrit des
C ’est pourquoi nos conclusions ne vont peut-être ouvrages d'analyse et de co m m e n ­
pas être du goût de tout le monde. taire et de nombreux articles sur
Car, avec l’essénisme, la chose est maintenant les écrits esséniens. Il pré pare
suffisamment éclaircie, nous sommes en marge a ctuellem ent un livre qui fait la
non seulement d ’une religion particulière — en synthèse de ses recherches et de ses
l’occurrence le judaïsme orthodoxe — mais conclusions sur l’essénisme et le
christianisme.
même de la religion proprem ent dite. Nous Etant donné l’im portance de ses
sommes dans le monde de la magie noire, de déclarations, d ’abord publiées dans
la nécromancie, des rites de sacrifices, des te ch ­ le n um éro d ’août 1966 du H a r p e r ’s
niques secrètes de ventriloquie. magazine, le professeur a revu
Nous nous trouvons au début d ’une longue route personnellem ent la version adaptée
passionnante. Mais peut-être la question est-elle et condensée que nous présentons
de savoir si notre génération aura le courage ici.
d ’assumer la vérité et toutes ses conséquences.
JOHN ALLEGRO.
Traduction Danièie Kayat, adaptation Ariette Peltant
© H a rp e r’s m ag azin e et P lan ète.

82 Le N ouveau T e sta m e n t s e ra it un d o c u m e n t faussé


Les Manuscrits de la mer Morte
Les sept grands m anuscrits trouvés dans la grotte Le Recueil des Bénédictions est un manuscrit très
de M o ha m m e d en 1947 sont les suivants: La Règle endom m agé. L’aute ur en est toujours le D oc teu r
de la C om m una u té, La Règle de la G u erre, Les de Justice. Il s’agit de poèmes solennels et lyriques.
Hymnes, La Règle de la Congrégation, Le Recueil Les Interprétatio ns de Prophètes et de Psaumes
des Bénédictions, Interpréta tio ns de Prophètes et d éro utent le lecteur m oderne : le « péshèr» n’est ni
de Psaumes, L’A pocryphe de la Genèse. Ils per­ un commentaire, ni une exégèse, ni une paraphrase,
m ettent de définir à peu près l’historique de mais réellement une « in te rp réta tio n » qui jou e le
l’essénisme et ses buts religieux. plus souvent sur le sens des mots ou m êm e sur leur
La Règle de la C o m m u n a u té est certainem ent la seule a p paren ce formelle. Ce manuscrit semble
pre mière œ uv re rédigée par la secte. Son auteur écrit à la gloire du D o c teur de Justice, suscité
est in contestablem ent le « Maître de Sagesse» qui par Dieu pour transm ettre Sa parole. C ’est d ’après
se désigne ainsi lui-même et jette les assises ces interprétations que certains savants ont fait
d ’une C o m m u n a u té fondée sur une Nouvelle du D o c teu r de Justice le prototype du Christ.
Alliance. Ce d o c u m e n t paraît bien antérieur à 110 L’Apocryphe de la G enèse est un «m id ra sh» ,
avant notre ère, époque des persécutions que term e qui désigne les œuvres de recherche sur les
devaient ra pid em en t subir les Esséniens en Israël. Écritures: la Genèse est ici enrichie de détails
La Règle de la G u e r r e — aussi intitulée « La G u e rre nouveaux, com m e dans des apocryphes classique­
des Fils de Lumière contre les Fils des T énèbres» m ent connus, et c o m porte des passages a poca ­
- réglemente de façon à la fois utopique et réaliste lyptiques. Le texte parait da te r du milieu du
la stratégie que les Esséniens devront appliquer premier siècle avant notre ère. A ces sept
pour anéantir tous leurs ennemis, juifs ou païens, manuscrits, il convient de rattacher le D ocum en t
et établir le Royaume de Dieu. C ’est une œuvre de Damas. Il s’agit de deux m anuscrits découverts
assez étrange — quelque chose comme une « liturgie en 1910 par S. Schechter dans la gueniza d ’une
de la guerre sainte». L’auteur en est certainem ent synagogue du vieux Caire. Ils datent d ’avant l’an
encore le « D o c t e u r de Justice». Des éléments 70 de notre ère. A l’époque de leur découverte, on
théologiques de cette Règle de la G u e rre se avait déjà soupçonné leurs attaches esséniennes.
retrouvent chez saint Paul. Les Hym nes sont la Désormais ils ont pris tout leur sens. Ce docu m ent
plus belle œ uvre du Maître de Sagesse essénien. donne la règle de la C o m m u n a u té essénienne sortie
Il y parle à la première personne. On voit q u ’il de Q um ran et établie à Damas, mais surtout fait
n’est pas le fondateur de la secte, mais la C o m m u ­ l’historique de la secte, née en 197 avant notre
nauté est m aintenant devenue son œuvre. Il parle ère et végétant p end an t une vingtaine d ’années
à Dieu q u ’il considère co m m e son « Père» et défi­ j u sq u ’à l’arrivée du D o c te u r de Justice. Ce serait
nit la mission à lui confiée. Il développe largement lui qui par la suite devait installer ses fidèles
sa doctrine spirituelle, d'origine biblique, mais très à Damas. Il était mort depuis quarante ans au
largement en voie d ’évolution, sinon même de m oment de la rédaction de ce docum ent. Sa
m étam orphose La Règle de la Congrégation, figure est devenue largement prophétique. Ce
manuscrit assez court, est aussi du D oc teur de docu m ent, en outre, fait état de la «Nouvelle
Justice et paraît avoir été rédigée en m êm e tem ps Alliance au pays de D am as» et des espérances
que la Règle de la Guerre. Elle prévoit l’organisation messianiques de la secte.
d'une vaste « C o n gré gation» groupée auto ur du Les autres grottes renferm ent, en fragments plus
noyau pur de la « C o m m u n a u té ». Il y est largement ou moins importants et plus ou moins bien
question du « consacré d ’Israël», du « consa cré de conservés, d ’autres doc u m e n ts esséniens, d ’autres
Justice», du « rejeton de David», et de repas plus exemplaires de ces sept manuscrits, des écrits
ou moins rituels. bibliques orthodoxes ou apocryphes.

Docum ent exclusif 83


Les questions que pose l'étude du professeur
Ce sont des questions brûlantes que soulève paroles du D octeur de Justice sont consi­
John Allegro en com parant essénisme et dérées com me de la bouche même de Dieu.
christianisme. C ’est un spécialiste qui connaît
à fond son sujet et qui ne s’attarde plus, dans
ce texte révolutionnaire que nous sommes Le Docteur de Justice
heureux de publier, aux étapes initiales de la a-t-il été crucifié?
démonstration. Car, dès l’abord, les M anus­ Une allusion à la crucifixion est faite dans
crits de la mer Morte posèrent certainem ent l’interprétation de N ahum , où il est dit que
les plus importants problèm es auxquels eut le «lionceau furieux» met en croix les
jamais à faire face le christianisme:
hommes vivants. Mais beaucoup de co m m en ­
ta teurs hésitent à appliquer cette brève
Le Docteur de Justice allusion au D octeur de Justice. Ce qui est sûr,
est-il un prototype du Christ ? c ’est que celui-ci a subi des persécutions
«M aître de Justice» ou mieux « D o c te u r de douloureuses, a été enfermé en prison et a été
Justice» traduit le te rm e « môréh hassèdèq» trahi par quelques-uns de ses propres adeptes.
et « Maître de Sagesse» traduit « maskîl». Il Les Hymnes com portent de longues - et très
est désigné sous le premier terme, mais lui- belles — lamentations sur ces persécutions.
même se présente sous le second. C ’est lui
qui, à la fin du deuxième siècle avant notre
ère, rénova la C om m unauté essénienne de L ’essénisme annonce-t-il
Q um ran et en fut l’anim ateur spirituel. Se une « Nouvelle A lliance »?
considérait-il com me le Messie? Les exégètes
La «Nouvelle Alliance» est expressément
de ses œ uvres sont divisés à ce sujet - et on
m entionnée en divers endroits, notam m ent
les com prend. Les Manuscrits semblent faire
dans les Interprétations d ’H abacuc, où sont
état d ’une double attente messianique de la
stigmatisés les « traîtres à l’alliance nouvelle»
part des Esséniens: celle du «sc ru ta te u r de
la loi — le Messie d ’A aron — et celle du et dans le D o cum e nt de Damas, où les pres­
«Prince de toute la Congrégation» — le criptions rituelles sont indiquées à « ceux qui
Messie d ’Israël —. c ’est-à-dire un Messie sont entrés dans la Nouvelle Alliance au pays
sacerdotal et un Messie laïc. Mais dans le de Damas». Dans ce même manuscrit, il est
docum ent de Damas, le temps ayant passé fait allusion à « l’engagem ent pris au pays
depuis l’existence et l’œ uvre du D octeur de de D amas» — ce qui est la Nouvelle Alliance.
Justice, le pluriel est devenu un singulier: il
n’est plus question que « du » Consacré
d ’A aron et d ’Israël. Q uant aux Interprétations, Les Manuscrits apportent-ils
leurs textes parlent du « D o cte ur de Justice une« révélation »?
auquel Dieu a fait connaître tous les secrets « Je Te rends grâces à cause des choses
des paroles de ses serviteurs les prophètes ». Les cachées» dit le D octe ur de Justice à Dieu

84 Le Nouveau T e sta m e n t se ra it un d o c u m e n t faussé


Allegro : faut-il récrire le Nouveau Testament?
dans ses Hymnes. « Tu as révélé à mes oreilles nauté pro prem ent dite ne com portait que ces
Tes secrets merveilleux. Tu as fait comprendre dix ou douze hommes.
à l’être de chair le temps de l’oracle. Moi,
le modelage d ’argile... à quel titre... as-tu
gravé les devenirs éternels dans le cœ u r de A Qumran, pratiquait-on
T on serviteur?» Dans l’analyse des Hymnes, le banquet eucharistique?
J. Carmignac déclare: « Après l’extermination Dans la Règle de la C om m unauté, il est dit
initiale de tous les impies, le m onde jouira que lorsque « dix hommes qui partagent l’idéal
d ’une paix éternelle dans le service parfait de de la C om m unauté viendront à dresser la
Dieu. Ce sera pour l’auteur et pour les justes table pour manger ou pour boire le vin doux,
le temps de l’allégresse lorsque la justice et le prêtre interviendra en premier p our bénir
la fidélité de Dieu éclateront aux yeux de au com m encem en t le pain et le vin» et dans
toutes les créatures. C ’est la prévision de La Règle de la Congrégation il est dit textuel­
cette ère de paix définitive qui réconforte lement: « Si c’est à une table com m une q u ’ils
l’auteur au milieu de ses tribulations: plus se réunissent, pour boire le m oût et dresser
tard sa C om m unauté produira des fruits mer­ la table com mune, ne sera pas versé le m oût à
veilleux dans un m onde paradisiaque ». boire et personne ne tendra la main vers les
prémices du pain et du moût avant le prêtre,
car c ’est à lui de bénir les prémices du pain
La « Communauté » préfigure-t-elle et du moût et de tendre la main vers le pain
les douze A pâtres? en premier; ensuite le Consacré d ’Israël
On lit dans La Règle de la C om m unauté: ten dra les mains vers le pain; et ensuite toute
« Dans l’objectif poursuivi par la C om m u­ la Congrégation de la C om m unauté bénira,
nauté, douze hommes et trois prêtres, parfai­ chacun selon sa dignité». Flavius Josèphe,
te m ent au couran t de toutes les vérités dans la Guerre des Juifs, précise que les
dévoilées à partir de toute la Loi, seront Esséniens revêtaient pour ces repas des habits
destinés à pratiquer fidélité, justice, droit, qui sont comme des robes sacrées: « Pour les
charité bienveillante, humilité de conduite, gens du dehors, dit-il, le silence des gens de
chacun envers son prochain; à garder la fidé­ l’intérieur apparaît com me la célébration d ’un
lité dans le pays par un caractère ferme et mystère redoutable».
un esprit brisé; à expier l’égarem ent grâce Bien d ’autres questions se posent à propos du
à ceux qui pratiquent le droit et subissent baptême, de la résurrection des corps, de
l’angoisse de la fournaise; et à se com porter l’église fondée sur le «roc», etc. L’analyse
selon la mesure de la fidélité et selon la norme exhaustive des docum ents esséniens n ’a pas
du temps». On retrouve ce chiffre de douze fini de livrer ses secrets.
- ou de dix - hom m es en de nombreux
endroits. Il semble d ’ailleurs que la C om m u­

Docum ent exclusif


Le Docteur de Justice, le Maître de Sagesse parle..
S’il est vrai que La Règle de la C om m unauté est l’œuvre initiale de la littérature religieuse essénienne,
voici les tout premiers mots, les toutes premières phrases, où,
pour la première fois, le D o cte u r de Justice, le Maître de Sagesse se manifeste:

D u M aître d e Sagesse, p o u r tous les h o m m e s ses frères, le Livre de la R ègle de


la C o m m u n a u té .
L eu r but est d e c h e r c h e r D ieu de to u t leur c œ u r et de to u te leur âm e, de faire
ce qui est bien et ju s te d e v a n t Sa F ace, selon ce q u ’il a p rescrit p a r
l’in term éd iaire de M oïse et de tous Ses serviteurs les p r o p h è te s ; d ’a im e r to u t
ce q u ’il a choisi et de haïr to u t ce q u ’il a reje té; de s’ab sten ir de to u t mal et de
po u rsu iv re to u te s b o n n e s œ u v re s ; d ’a c c o m p lir la fidélité, la ju stic e et le d roit
dans le pays; de ne plus m a rc h e r dans la d u re té d ’un c œ u r c o u p a b le et d ’yeux
d é b a u c h é s en faisant to u te so rte de mal; de faire e n tre r tous ceux qui d é sire n t
ac c o m p lir les p rescrip tio n s de D ieu dans l’alliance de faveur, en s’unissant
dans le dessein de D ieu; de se c o m p o r te r d ev an t Sa F a c e d an s la p e rfe c tio n de
to u tes les vérités dévoilées aux te m p s où II leur m an ifestait Ses oracles;
d ’aim e r tous les fils de L u m ière, c h a c u n selon son sort dans le dessein de D ieu
et de haïr tous les fils des T é n è b re s , ch ac u n selon sa culpabilité d an s la
v en g ea n ce de D ie u .

L’essénisme est fondé. Son chef spirituel nous parle à travers les temps:

P a r moi T u as illuminé la face de b e a u c o u p


et T u as m o n tré T a puissance un n o m b re incalculab le de fois.
C a r T u m ’as instruit dans T es secrets m erveilleux
et dans T o n plan m erveilleux T u as m o n tré T a puissance envers moi,
p o u r agir m e rv e illeu sem en t d e v a n t b e a u c o u p en vue de T a gloire,
p o u r instruire tous les vivants de T es actes de puissance.
Q u ’est-ce qu e la ch air en c o m p a ra is o n de cela?

Oui, à D ieu a p p a rtie n t m a justification,


dans Sa m ain se tro u v e la p erfe c tio n de m a voie

Le Nouveau T e sta m e n t se ra it un d o c u m e n t faussé


ainsi q u e la d ro itu re de m on c œ u r
et p a r Ses ju stices II efface m a faute.
C a r de la fo ntaine de Sa c o n n a iss a n c e II a fait jaillir Sa lum ière,
mes yeux c o n te m p le n t Ses m erveilles
et m on c œ u r est illuminé p a r le se c re t de l’avenir.

Voici p o u r vous le signe q u e cela arrivera,


q u a n d s e ro n t s éq u estrée s les p ro g é n itu re s de la p erv ersio n:
l’im p iété s’é v a n o u ira d e v a n t la justice,
c o m m e s’év a n o u isse n t les té n è b re s d e v a n t la lu m ière;
c o m m e la fu m ée disp araît et n’existe plus,
ainsi l’im piété d isp a ra îtra p o u r toujours.
L a ju stice s’é p a n o u ir a c o m m e le soleil qui règle le m o n d e ,
et to us ceux qui re tie n n e n t les secrets m erveilleux n ’e x istero n t plus.
L a c o n n a issa n c e rem p lira le m o n d e
et il n’existera plus à ja m a is de folie.
C e tte p a ro le est sûre de se réaliser
et la p ré d ic tio n est véritable.

A lors se p ré c ip ite ra l’é p é e de D ieu à l’é p o q u e du ju g e m e n t,


tous Ses fidèles se réveilleront,
p o u r m e ttre le feu à l’im piété,
et to u s les fils de culpabilité n’existeron t plus.
C a r Toi m on D ieu T u m ’as abrité en p ré s e n c e des enfan ts des h o m m e s
et T u as c a c h é T a loi en moi
ju s q u ’à l’é p o q u e de la révélation de T o n salut p o u r moi,
c a r dans la d étre sse de m on âm e T u ne m ’as pas a b a n d o n n é .
T u as e n te n d u m on cri dan s les a m e r tu m e s de m on âm e
et T u as accueilli la c la m e u r de m on affliction dans m on gém issem ent.

J ’ai été c o m m e celui qui p é n è tr e d an s un e ville fortifiée


et se réfugie sur un re m p a r t élevé ju s q u ’à la d élivran ce,
et je me suis a p p u y é sur T a fidélité, m on D ieu.

Docum ent exclusif 87


C a r T o i tu p la ces le fo n d e m e n t sur le roc,
la c h a r p e n te sur le c o r d e a u ju ste ,
et le fil à p lo m b exact
en r e c o u v r a n t d e p ie rre s é p ro u v é e s
la face du re m p a r t solide et in ébranlab le.

P o u r moi, de calam ité en c a ta s tro p h e ,


de m aladie en infection,
d e to u rm e n ts en d é c h ire m e n ts ,
m on â m e m édite sur T es merveilles.
T u ne m ’as pas privé d e T es faveurs d ’in stant en instant,
m on âm e se d é le c te dans la foule de T es tendresses.
J ’ai re n d u ré p o n s e à qui m ’engloutissait
et réfu ta tio n à qui se je ta it sur moi.
J ’ai d éclaré injuste son p ro c è s
et je d é c la re ju s te T a se n te n c e ,
ca r j ’ai eu c o n n a issa n c e de T a vérité.
J ’ai ratifié m a s e n te n c e
et j ’ai a c c e p té m o n ép reu v e ,
car j ’ai esp éré en T es faveurs.
T u as mis une supp licatio n dans la b o u c h e de T o n serviteur,
Tu n ’as pas rep oussé m a vie,
T u n ’as pas éloigné m a paix,
T u n ’as pas a b a n d o n n é m on e s p é ra n c e
et d e v a n t l’é p re u v e T u as relevé m o n co u rag e .

J e ne re n d ra i à p e rs o n n e u n e rétrib u tio n m auvaise


mais p a r le bien je p ou rsu iv rai ch ac u n .
C a r à D ie u a p p a r tie n t le ju g e m e n t de to u t vivant
et c ’est Lui qui re n d à l’h o m m e sa rétrib ution .

J e p ra tiq u e ra i la fidélité, le droit, la justice,


la ch arité bienv eillante en vers les humiliés,
l’e n c o u ra g e m e n t en vers les indécis de c œ u r,
envers les esprits égarés, l’intelligence

Le N ouveau T e sta m e n t se ra it un d o c u m e n t faussé


p o u r re n d re sages ceux qui m u r m u r e n t c o n tre la discipline,
p o u r r é p o n d re p a r l’hum ilité en p ré s e n c e des esprits s u p erb es
et p ar un esprit d éféren t aux h o m m es qui p o rte n t le b â to n (de c o m m an d em en t),
qui te n d e n t l’index et disent des vanités
et qui p o s sè d e n t la fo rtune.

Q u ’est-il m ê m e lui, l’e n fa n t des h o m m es, parm i T es œ u v re s m erveilleuses?


... Lui qui est p é tri de p o u ssière
et qui est destiné à d e v e n ir la n o u rritu re des vers,
lui qui est... créé d ’argile,
lui q u e vers la po ussière m è n e son instinct.
Q u ’o b je c te r a l’argile q u ’une m ain a faç o n n é e ?
Q u el dessein co m p re n d ra-t-il?

C a r Toi plus qu e m on p è re T u m ’as co n n u


... e t plus que m a m è re T u t ’es o ccu p é de moi.
... D e p u is m a je u n e ss e T u m ’es a p p a ru dans la sagesse de T o n ju g e m e n t
... e t T a paisible vigilance p r o c u re la sau vegarde de m on âm e.
L ’a b o n d a n c e des p a rd o n s a c c o m p a g n e mes pas.
... J u s q u ’à la vieillesse c ’est T o i qui m e susten teras,
c a r m on p è re ne m ’a p as c o n n u
et m a m ère m ’a a b a n d o n n é sur Toi.
C a r T u es un p è re p o u r tous T es fils fidèles.

M oi, le M a ître de Sagesse, je T ’ai c o n n u , m on D ieu,


p ar l’esprit q u e T u as mis en moi,
et fidèlem ent j ’ai obéi à T o n m erveilleux conseil.
P ar T o n esp rit de sainteté T u as o u v e rt au milieu de moi la c o n n aissan c e
dans le se c re t de T a sagesse et la so u rce de T a p uissance.

Béni sois-tu, m on Seigneur,


D ieu d es te n d re sse s et p è re de to u te faveur!
Extraits des Textes de Qumran
traduits et annotés par J. Carmignac, P. Guilbert, Ê. Cothenet et H. Lignée.
(Nihil obstat, Paris, 30 août I960. Imprimatur, Paris, 2 septembre I960).
Letouzey et A né, éditeurs, Paris 1961.

Docum ent exclusif 89

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