LE POINT DE VUE PHILOSOPHIQUE 87
SRO RE VUE PRILOSOPHIQUE 87
le composé terminus @ quo soit d’autant mieux
isposé que le terminus ad quem est plus parfait. (34)
Le composé terminus a quo doit oéder, doit dispa-
aitre devant le composé terminus ad quem, en étant,
non pas annihilé, mais réduit & la puissance de
la matigre. C'est en cela que consiste la corrup-
tion. Lorsque les chromosomes du spermatozoide
(envisagés ici comme signes) s'unissent & ceux de
Vovule, et qu’un étre nouveau est né, le sperma-
tozoide et Vovule sont corrompus — méme si
les chromosomes du nouvel étre sont les mémes
au point de vue expérimental, et qu’on les a suivi
A la trace jusqu’en leur nouvel ensemble. (35)
(G4) Oportet namque in materia qualibat esse aptitadinem ad
formam. Non enim quodlibet srtifciatum potest eri ex qualitet
materia, sed ex determinata, Sieut serra non ft ex lana,
ted ex’ ferro.” Comm. in VIE Melaphy lect 8, n. 1437,
“..nom enim materia quocumque modo se hahent patest subesse
forme, quis proprium actum in propria materia oportet esse. Cum
ergo est materia in dispositione que non compett forme alicu,
‘non potest & principio incorporeo, a quo forma depeadet per a
eam consequi immediate ; unde oportet quod sit aliquid trans.
‘mutans materiam j et hoc est aliquod agens eorporeum, eujus est
‘agere movendo, Et hoo quidem agit in virtute principi incorporei,
ct ejus actio determinatur ad hane formar, secundum quod tlie
{forma est ine0, actu (siout in agentibua univoes) vel virtute (cut
in agentibus equivocia).”” De Pol, q. 5, & 1.
(85) Cependant, lorsque cette cellule unique constituant le
nouvel étre se scinde en deur parties, en deux eellules nouvelles,
‘commengant ainsi le développement de Vembryan, cette biparta
tion ne touche plus Ia substance comme dans le cas de bactéries.
On 2's plus affair & deux nouveaux tres, mais A une erbissance
par bipartition d'un méme étre, Alors que des bactéries afes dans88. LE POI
DE_VUE PHILOSOPHIQUE
Et lorsque meurt un chien, donnant ainsi nais-
sance A dautres composés, il est réduit a la
puissance de la matire. La forme du chien étant
indivisible, elle est, ou elle n'est pas. Ce n'est
pas sa forme qui peut étre presqu’une forme canine.
De -cette corruption résulte nécessairement une
génération, puisque la matiére ne peut étre & aucun
instant dépourvue d'une forme, étant par défini-
tion puissance d’un composé: étre corrompu,
clost étre réduit & In puissance d’un autre com-
posé. Sinon, la corruption — qui n'est pas une
annihilation (86) — serait la génération de matiére
premigre qui est par définition ingénérable. (37)
Vétranglement de la cellulemére mineront une vie désormais
indépendante, les colules de Vembryon ne sont que des partis.
Je ne dis pas que la coordination interdépendante des parties est
toujours signe d'individuallt ontologique. Ces signes pouvent &tro
plus ou moins manifeste, et souvent insufisants
(26) “Via onim qua est in simpliciter non ens, quam dicit,
(Aristoteles) sso corruptionsm simpliciter, non potest intelligi
in id quod est omigo nihil: quis omnis naturalis eorruptio St
per resolutionem in aliquam materiam, Similiter etiam non potest
inteligi non ens simplciter, quod sit privatio pura sine forma
quia materia nunquam denudatur ab omni forma, its quod sit
sub sola privatione. Ergo oporiat per non ens in quod teadit cor
ruptio simples, intolligprivationem qua est adjunetaalieai forme.”
Comin. én I de Gen. e Corr, lect. 8, n. 8. — Voir Jzax De Saxe
‘Tuowss, Cursus Philosophicus, Philosophis Naturalis, I. P.
qT, 8 1: Quomade difera! corruplio in ratione muationie a
generatione et ab annihilatione, La corruption est opposte & Is
aéaératon, alors que Vannbilation eet opposte & la eréation.
(7) “Bt ite non sequitur quod id quod comumpitur secedat &
foie rerum natura : quia quamvis fat non ens hoo quod est cor|
[
‘LE POINT DE VUE PHILOSOPHIQUE, 89
Puisque d’une part la substance est racine des
accidents du composé, et que d’autre part sa forme
substantielle ne pout actuer qu’immédiatement
Ja matiére premiére, il faut que le tout du composé
précédent soit corrempu et résolu jusqu’a la matiére
premidre (quod fiat resolutio usque ad materiam
primam). Et cependant, si cette résolution est,
intégrale, il faut qu’ll existe entre les deux composts
une relation de dépendance mutuelle, puisque
Yengendré provient d’un composé, et que celui-ci
ne peut se corrompre sans que celui-ld soit en-
gendré. La génération de l'un et la corruption de
Fautre sont si intimement liées qu’elles doivent
avoir lieu simultanément, En effet, la génération et,
ruptum, emanct tamen aliquid aliud, quod est generatum, Unde
‘non potest materia remanere quin sit.suhjecta alieui forme: et
inde est quod uno corrupto aliud generatur, et uno generato aliud
corrumpilur : et sic consideratur quidem cieulus in generstione
ct corruptioee, rations cujus habet aptitudinem ad perpetuitatem.”
InT de Generations et Corrupione, lect. VIL, 1. 6. Mais alors
quAristote croysit que les étres corruptibles poureuivent ln perpé
uation de leur espéee comme ff saint Thomas *appore & cette
vue. Le fondement philosophiquo de cette divergeace ext exposé
non & Vendroit eité (quod taren fides eatholiea non _supponit)
‘mais dans les Q. de Potontia, IY, a. 5, ot dansle Comm. in T de Calo,
lect.29, n. 12: "Eo vero quie (e Deo) sc produeta sunt ut in
sempiternum sint, habent potentiam et virtutem ad semper
essendum, et nullo mado ad hoo quod aliquande non sint. Quando
enim non erant, talem potentiam non habebant : quaado autem jam
sunt, nos babent potentinm respect non esse quod prius fult,
sed expecta esse quod nunc est vel erit; quia potentia non respi
preterit, sed presens vel futurum." Cette idée découle d’ail-
leurs logiquement de V'adage aristotéicien “in perpetuis non
diflert esse et posse”
a