« Cest tout de méme drole, pensa le jeune
homme, alors qu'il essayait une fois de plus de lire
la scene de Tenterrement par laquelle débutait le
récit, Voila bient6t deux ans que j'ai commenced lire
ce livre, et je n’arrive pas a aller plus loin que ces
quelques pages. » Méme sans la présence dun roi
pour I'interrompre, il ne parvenait pas & se concen-
trer, Il était encore hésitant. sur la décision &
prendre, Mais il comprenait maintenant une chose
importante : que les décisions représentaient seule-
ment le commencement de quelque chose,
Jai choisi de partir & la recherche de
mon trésor, je n’avais jamais imaginé de travailler
dans une boutique de cristaux, pensa-t-il, pour
confirmer son raisonnement, De la méme facon,
cette caravane peut bien correspondre a une déci-
sion prise par moi, mais son trajet restera toujours
un mystére. »
En face de lui, il y avait un Européen qui était
également en train de lire un livre. Antipathique:
avait regardé de fagon méprisante quand il était
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entré. Ils auraient pu devenir bons amis, mais
TEuropéen avait tout de suite coupé court.
Le jeune homme ferma son livre. I! ne voulait
rien faire qui pat laisser croire a une quelconque
resemblance avec cet Européen. I tira de sa poche
Ourim et Toumim et commenga a jouer avec les
deux pierres.
Létranger poussa un cri =
« Un Ourimet un Tournim ! »
En toute hate, le jeune homme remit les pierres
dans sa poche,
«Tisne sont pas a vendre, dit-il.
= Tis ne valent pas grand-chose, dit !Angiais. Ce
sont des cristaux de roche, rien de plus. Il y a des
millions de ristaux de roche sur Ia terre, mais, pour
celui qui s'y connait, ceux-ci sont Ourim et Tounim.
Te ne savais pas quills se trouvaient dans cette
région duu monde
~Cest un roi qui m’en a fait cadeau », dit le
jeune homme.
Liétranger resta coi, Puis il plongea la main dans
sa poche et en sortit, en tremblant, deux pierres
identiques.
«Vous avez parlé dun roi, ditil.
* Mais vous ne croye7. pas qu'un roi putisse par-
er A un berger, dit le jeune homme, désireux cette
fois de meitre fin a la conversation.
— Bien au contraire, Les bergers ont été les pre-
miers A rendre hommage @ un roi que le reste du
monde refusait de reconnaitre. Aussi n'y a-til sen
dextraordinaire a ce que les rois parlent aux bergers. »
Et il ajouta, de peur que le jeune homme ne com-
prit pas bien :
‘« Cest dans la Bible. Le méme livre qui m’a
appris & faire cet Ourim et ce Toumim. Ces pierres
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