lly a trente ans
— me EL
ae) 6 (2.
soucoupes
o>Quand passent
En 1944, l’état-major de l’armée de lair
allemande créa le premier organisme offi-
ciel chargé de réunir les témoignages de pi-
lotes de guerre évoquant des lumiéres ou
des objets volants d’origine et de compor-
tement inconnus. Mais c’est il y a exacte-
ment trente ans que débuta la grande
invasion des O.V.N.L. (objets volants non
identifiés) et que naquit, pour les désigner
famili¢rement, expression « soucoupe vo-
lante ». Depuis, on a recensé prés de cent
mille cas @observation provenant de tous
les pays du monde. Des millions de person-
nes de tout niveau social ou intellectuel ont
yu ou cru voir des O.V.N.I. Charles Gar-
reau, qui a consacré plusieurs livres au su-
jet, nous raconte comment le phénomene
commenga a prendre en 1947 une ampleur
qui n’allait cesser de grandir.
— FFE viens de voir des drdles d’engins au-
Ji du mont Rainier : on aurait dit
des soucoupes avangant sur l’eau.
Sur le terrain de Yakima (Idaho) od il vient
de poser son avion personnel, Kenneth Arnold
est encore sous le coup du spectacle insolite
dont il a été le témoin quelques instants plus t6t.
Aux mécaniciens et aux autres pilotes qui se
sont groupés autour de lui, il fait le récit de son
étrange rencontre
— En début d’aprés-midi, j’ai décollé de
Chehalis pour venir ici. Vers 15 heures, je suis
arrivé a hauteur des premigres montagnes Ro-
cheuses, 18 od un C 46 du Marine Corps a dis-
paru il y a quelques jours. J’ai décidé de le re-
chercher pendant un moment, Je suis monté
10 000 pieds (environ 3 500 metres) de facon
pouvoir scruter les crevasses géantes dans les:
quelles Pavion s’est peut-étre abimé.
«J’étais en train d’observer le sol, quand
brusquement mon attention fut attirée par une
série d’éclats lumineux sur ma gauche. Cher-
16 juillet 1952, un photographe de la base aé-
rienne de Salem (Massachusetts, U.S.A.) a pris
de son laboratoire cette photographie de quatre
Jumiéres volant en formation. Deux jours avant,
un équipage de la Pan Am avait signalé dans Je
ciel de Virginie huit lumiéres non identifiées.
28
chant ce qui pouvait les provoquer, j’ai apercu
neuf objets trés brillants, en forme de disques
ai estimé leur longueur & une quinzaine de
metres, Ils sont passés du nord au sud, sur
Vavant de mon avion. Ils volaient en échelonCHARLES GARREAU
les soucoupes
inversé (1). En avangant, ils serpentaient entre
les pics. A un moment, ils disparurent derrigre
Yun d’eux.
(1) Cest-ttite que Ia formation volt «en escalier», le premier
appari se trouvant 8 altitude la pls élewee
«Chacun avait un mouvement sautillant,
analogue a celui d’une soucoupe avancant sur
eau. J’ai estimé qu’ils se trouvaient a une ving-
taine de milles. En notant sur ma carte leur po-
sition par rapport & la mienne, et leur déplace-ment pendant le temps ot je les ai observés, j'ai
calculé qu’ils avaient parcouru 41 milles en'102
secondes, temps indiqué par mon chronometre
de bord. Ce qui donne une vitesse de
2.700 km/heure !...
Quelques heures plus tard, le récit de Ken-
neth Arnold tombe sur les téléscripteurs de tous
les journaux et de toutes les radios américaines
sous le titre : un pilote a rencontré des soucou-
es volantes!
En ce 24 juin 1947, une expression célebre
vient de naitre, que 'on retrouvera bient6t tra-
duite dans toutes les langues du monde. Pour-
tant ce n’est pas la premiere fois qu’un mysté-
rieux objet céleste est comparé & cette banale
pitce de vaisselle : le 14 aodt 1863, la Gaceta de
Madrid relate ainsi une observation qui a for-
tement intrigué les Madrilénes deux jours plus
tét:
« Une sorte de soucoupe lumineuse, rouged-
tre, surmontée d’une coupole flamboyante, a
&t€ apercue avant-hier soir & horizon, dans le
ciel de Madrid, du cté de 'est. Apres étre resté
longtemps immobile, V’engin s'est déplacé avec
rapidité, horizontalement et verticalement,
dans plusieurs directions, avant de disparaitre
Vhorizon. »
Quinze ans plus tard, le 25 janvier 1878, un
fermier texan, John Martin, va raconter une ob-
servation qui I’a fort troublé au quotidien local,
le Daily News, de Denson. Le journal la relate
sous le titre : Un étrange événement :
« :
celle de la premiére tentative de mystification.
Ce fut « l'affaire de I'ile Maury », et son drama~
tique dénouement.
Ce jour-la, le lieutenant Frank Brown, offi-
cier de renseignements a la base d’Hamilton, en
Californie, regoit un coup de téléphone de I'un
de ses informateurs :
— Jai un bon tuyau pour vous : je suis en
rapport avec deux policiers du port de Tacoma.
Lun d’eux a vu six U.F.O. au-dessus de son
embarcation. Il a récupéré quelques morceaux
de métal largués par l'un des engins.
Moins d'une heure plus tard, le lieutenant
Brown décolle de la base d’Hamilton a bord
d'un B-25. Le capitaine Davidson l'accompa-
gne. Dés leur arrivée a Tacona, ils se rendent &
Photel od leur informateur leur a donné
rendez-vous :
— Un éditeur de Chicago, & qui j'avais parlé de
Vaffaire, m’a chargé de faire une enquéte com-
plete et de lui en réserver l'exclusivité. Tl m’a
emis un cheque de 200 dollars a l'appui, expli-
que l'informateur aux deux officiers.
I ajoute :
— Je me suis trés vite rendu compte que
c’était une histoire trop délicate. C’est pourquoi
je préfére m’effacer derrigre les autorités
militaires.
QUAND PASSENT LES SOUCOUPES
Quelques instants plus tard, les deux policiers
arrivent leur tour. Rapides présentations.
L'un deux prend la parole :
— Ca s'est passé en juin, il y a environ six
semaines. Je patrouillais prés de l'lle Maury, a
5 km environ de Tacoma. A bord de la vedette,
ily avait l'équipage normal plus mon fils et son
chien. Le temps était gris. Le plafond relative-
ment bas, & peine 700 métres. Soudain, l'un
d'entre nous a repéré six objets, sous les nuages.
Ils venaient droit sur nous.
« Arrivés ala verticale de notre embarcation,
ils se sont arrétés. Ils étaient 4 150 metres envi-
ron. C’était des disques d’une trentaine de mi
tres de diamétre. Ils étaient argentés. Ils avaient
de grands hublots tout autour. Is ne faisaient
aucun bruit.
« Un de ces disques paraissait en difficulté,
Les autres tournaient autour de lui. A un cer-
tain moment, l'un de ceux-ci se rapprocha
jusqu’a le toucher. Ils restérent ainsi immobiles
pendant quelques minutes. Puis ils se séparé-
rent, avec un bruit sourd.
« Auméme moment, des morceaux d'un mé-
tal extrémement léger se détachérent du disque
qui venait d'étre « dépanné ». Ils tombérent
dans eau, tout autour de la vedette, et sur le
rivage de T'lle. L'un d’eux blessa mon fils au
bras. Un autre tua son chien, et notre embarca-
tion fut sérieusement endommagée.Pendant ce
temps, les six disques s’étaient éloignés & grande
vitesse.
« Nous avons gagné I'ille le plus rapidement
possible. J'ai ramassé des débris de métal, tan-
dis que mon opérateur radio tentait de deman-
der du secours au poste de police de Tacom:
Mais une interférence inexplicable l'en a empé-
ché. Quand j'ai raconté Phistoire & mon chef, un
peu plus tard, il n’a pas voulu me croire. Il a
fallu qu'il aille sur V’lle et qu'il voie les
fragments de métal. »
Le capitaine Davidson et le lieutenant Brown
postrent alors un certain nombre de questions
au policier. Puis ils prirent congé, sans commen-
taires, mais en refusant d’emporter des
fragments de métal. Ils rejoignirent rapidement
la base de McChord, prés de Tacoma, ot ils
avaient laissé leur B-25. Leur opinion était
faite : cette histoire n’était qu'une mystification.
Vavion s’écrase
Avant de décoller, ils le dirent a Vofficier de
renseignements de la base. Quelques heures plus
tard, le B-25 s'écrasait prés de Kelso, dans
YEtat de Washington. Seuls deux membres de
Véquipage réussirent & sauter en parachute.
Davidson et Brown, n’eurent pas le temps de
37quitter l'appareil avant qu’il ne percute le sol et
explose.
La presse et la radio s’emparérent de l'af-
faire : ignorant les confidences faites par les
deux officiers a leur collégue de McChord, elles
affirmérent que l'avion avait été saboté parce
quill transportait un matériel ultra-secret : des
débris de soucoupe volante. Ainsi naquit la lé-
gende de I’lle Maury.
Il s'agissait bien d’une tentative de mystifica~
tion, Le capitaine Edward Ruppelt, qui dirigea
plus tard le « Project Blue Book » I’a confirmé
dans « the Report on unidentified Flying Ob-
jects >:
« Cette histoire, écrit-il, n’était qu’une mysti-
fication, peut-étre la meilleure, mais en tout cas
Ja plus sordide de toutes celles enregistrées dans
les annales des U.F.O. Les deux policiers ont
avoué que les morceaux récupérés n’avaient
rien de commun avec les soucoupes volantes :
ce n’était que des scories.
« L’envoi de fragments au rédacteur en chef
dun magazine, accompagné du récit inventé de
toutes pitces, fut une farce : un des policiers
écrivit & ce journaliste que la piéce pouvait pro-
venir d'une soucoupe volante parce que c’était
ce que celui-ci désirait entendre...
«La plaisanterie avait malheureusement
échappé & leur contréle. Mais on ne pouvait
leur imputer la mort des deux officiers ni la
38
perte du B-25. C’est pourquoi le gouvernement
renonga a engager des poursuites contre eux.
De méme que contre linformateur, dont la
bonne foi, dans toute cette affaire, avait été
entire. »
L’émotion soulevée par Vaffaire de Tile
Maury est & peine apaisée que de nouveaux té-
moignages viennent confirmer la présence bien
réelle de mystéricux engins dans le ciel des
Etats-Unis.
Ainsi le 13 aoat, le passage d’un disque au-
dessus de Idaho donne lieu 4 un phénoméne
étrange, mais qui sera souvent observé par la
suite. Bien que engin passe haute altitude,
la cime des arbres est violemment tordue
« comme par un ouragan », diront les témoins.
Russes ou extra-terrestres?
Devant l'afflux des témoignages qui lui par-
viennent, le directeur de 'A.T.LC. adresse un
rapport ‘au général commandant 1'U.S. Air
Force :
« Les phénoménes signalés sont bien réels »,
écrit-il, Et il propose la création d'un bureau
spécial_ permanent pour s’occuper de cette
étude, Il estimait que ses spécialistes pourraient
répondre, en six mois ou un an tout au plus, & la
question : « Que sont les U.F.0.? »
Photos NicapLatont« L’existence de ceux-ci n’était méme plus
contestée. Pour I'A.T.LC., l'unique probleme
était de savoir si ces objets, qui violaient impu-
nément l’espace aérien américain, avaient une
origine russe ou provenaient de I'espace inter-
planétaire.
« Dans les deux cas, il fallait observer le secret
le plus absolu, écrit Ruppelt. A partir de cet
instant, seuls quelques officiers de grade élevé,
Avion Martin B57
photographié en
septembre 1954. En
encadré, un objet
dont l'agrandisse:
ment (a g.) semble-
rait correspondre &
fa description que fit
Je 11 juin 1954, Ie
docteur Pescy
Witkin. D'un bimo-
teur Convair, il aper-
gut @ environ 3 km
«des objets res-
semblant & des as-
siettes métalliques
et réfiéchissant la
lumiére du soteil »,
Ci-contre, l'une des
trois célébres pho-
tographies d'un
O.V.N.L prises par
un camionneur cali-
fornien, le 3 aodt
1965. On n‘a pas dé-
celé de truquage.
au « Pentagone », furent désormais tenus au
courant. La situation était jugée sérieuse, tres
sérieuse méme. Les autorités désiraient une so-
lution rapide toutes les enquétes. Or, il exis-
tait autant de théories que de personnes. Elles
pouvaient cependant se classer en deux grandes
catégories : terrestres et extra-terrestres.
« Dans la premiére, les Russes venaient en
téte, suivis de 'X-F-5-U-1 de la Marine, sur-
nommée «la crépe volante >, construite en
1942 par l'ingénieur Zimmermann, C’était une
aile lenticulaire, qui ressemblait davantage a un
disque qu’a un avion. Aux essais, les témoins
avaient vu avec stupéfaction le prototype s’éle-
ver presque & la verticale, planer quasi immo-
bile sans craindre la perte de vitesse, atterrir &
60 km/heure, mais aussi foncer & plus de 700 a
Vheure. Quant aux évolutions, elles avaient
semblé extrémement aisées.
« Néanmoins, le projet fut abandonné, et la
construction en série ne fut pas entreprise, la
« crépe volante » s’étant révélée trop instable
Le souci de ne négliger aucune hypothése me
fut démontré par une note personnelle du « pa-
QUAND PASSENT LES SOUCOUPES
tron» de V'A.T.LC. a un spécialiste civil :
« Etes-vous absolument certain que la Marine
ait mis le X-F-5-U-1 au rebut?
« Dans la seconde catégorie, il y avait les as-
tronefs. Mais trés vite cependant, parce qu’elle
dépassait l'entendement, Phypothese interpla-
nétaire fut reléguée au second plan. L’enquéte
se concentra sur 'U.R.SS. et prit un caractére
plus méthodique.
« Les services spéciaux américains n’avaient
pas oublié qu’a la fin de la seconde guerre mon-
diale, les Allemands tentaient de mettre au
point de nouvelles armes secretes. Ils en étaient
encore au stade préliminaire. Mais les Russes
avaient pu mettre la main sur un certain nombre
de plans et d’ingénicurs... »
les Russes ont-ils amélioré
les « V - 7 » allemands?
Parmi ces plans, il y avait celui du « V-7 »
C’est ce que révéla un technicien allemand, ré-
fugié en Egypte, Richard Miethe, qui affirmait
avoir participé a sa mise au point :
« Si des disques volants évoluent dans le ciel,
jfaila prétention de dire qu’ils ont été construits
en Allemagne, mis au point sous mes ordres, et
problablement reproduits en série par les Rus-
ses. »
Crest le 17 mai 1944 que le ¢ V - 7» aurait
effectué son premier vol. Depuis avril 1943,
dans les laboratoires de Stettin, Dortmund, Es-sen et Peenemiinde, un groupe de techniciens
allemands avaient travaillé & la mise au point
d'un hélicoptére discoidal, le « Vergel-
tungswaffe Sieben » (arme de représailles n° 7,
par abréviation : le « V -7 »). Le jour méme de
ses premiers essais, I'inventeur adressa un rap-
port & Hitler, un rapport qui donne d’intéres-
santes précisions :
« Aujourd’hui, en présence des trois colonels
de la Luftwaffe soussignés, a été expérimentée
sous ma direction le « Vergeltungswaffe Sie-
ben, » Le « V-7 >», hélicoptére supersonique,
équipé de douze turbo-réacteurs BMW - 028,
munis de compresseurs autonomes a six étages,
a atteint une premiere fois altitude de 20 803
metres, et au second essai, 20 420 métres. Aux
essais terrestres, le moteur-pilote développe
5 500 cv; sur arbre, et 2 600 kg de pression
additionnelle. En vol : 5 400 cv; et 2 900 kg.
«Cet appareil présente trés exactement la
forme d'un disque olympique, c’est-a-dire un
immense palet de forme circulaire, de 21 métres
de rayon. Il a fallu plus de vingt mois d’expé-
rience et d’incalculables essais qui ont entrainé
la mort de dix-huit pilotes pour parvenir a le
mettre au point.
«Ses caractéristiques sont les suivantes :
propulsion a réaction par 12 turbines a l'inté-
rieur dun anneau métallique tournant autour
de la masse centrale. Ni flammes ni fumée visi-
bles, les gaz de combustion étant récupérés par
un systéme spécial mis au point en 1938 par un
ingénieur britannique. Le rayon d'action de
engin, avec une consommation de 22 m® de
gaz d’hélium comprimé est de 40 000 km, ap-
proximativement le tour de la Terre. Sa vitesse
est d’environ 2 500 km a Pheure. »
Réalisant la gigantesque portée de cet appareil,
Hitler décida d’en entreprendre la fabrication
en série dans les usines souterraines du sud de
T'Allemagne. Mais il était trop tard! Déja le III*
Reich sombrait dans la débacle.
‘Une copie des plans se trouvait au domicile
personnel de Keitel, a Bad-Gandersheim, prés
de Hanovre. Les Américains, lors de leur
avance, ne purent les retrouver. Plus heureux,
les Russes mirent la main sur les moteurs mé-
mes et sur trois des ingénieurs qui les avaient
construits.
Ils emmenerent le tout en Russie!
les conclusions de la C.I.A
Alors? Les soucoupes volantes étaient-elles
des engins de reconnaissance russes, dérivés du
« V- 7», et défiant toute interception en raison
de leurs fantastiques performances?
La crainte était d’autant plus justifiée que
Ton voyait surtout les soucoupes volantes au
40
voisinage du centre d’essais de Murdoc, du ter-
rain militaire de White Sands et des usines ot
Von fabriquait les bombes atomiques. Que
cherchaient ces espions du ciel?
‘Au début de novembre, la C.I.A. entra en
action ; tous ses agents opérant en Allemagne
et en Europe de l'Est recurent une mission im-
pérative : découvrir le plus rapidement possible
le degré d’avancement des différents projets al-
Iemands tombés aux mains des Russes, ou toute
invention soviétique dans le domaine aéronau-
tique permettant de réaliser des performances
comparables a celles attribuées aux soucoupes
volantes.
Quelques semaines plus tard, les rapports
commencerent de parvenir la direction de la
C.LA. Les ingénieurs calculérent les performan-
ces maximales que on pouvait réaliser & partir
des plans qui leur étaient transmis. Ils prirent
des contacts avec des constructeurs.
Ceux-ci furent catégoriques. « Aucun avion
ne pourrait accomplir les manceuvres attribuées
aux U.F.O. » Interrogé, le laboratoire médical
de I'U.S. Air Force fit une réponse qui allait
dans le méme sens : « L’organisme humain est
incapable de résister a de telles mancu-
vres, » Les constructeurs américains affirmérent
en plus qu’aucun métal ou alliage connu ne
pouvait supporter les charges imposées par ces
manceuvres, et la chaleur développée aux vites-
ses élevées.
La conclusion qui ressortait de tout cela était
formelle ; les soucoupes volantes n’étaient pas
de construction terrestre, et, a fortiori, soviéti-
ue.
A VATLC,, od Von était plus que jamais
convaincu de l’existence des soucoupes, on re-
vint done ’hypothese interplanétaire : c’était
désormais la seule qui pouvait s’accorder avec
les centaines de témoignages qui s'accumulaient
dans les dossiers.
Plus que jamais, il apparaissait nécessaire que
VA.T.LC. disposat de moyens plus importants
pour continuer son enquéte. Le 30 décembre
1947, un décret signé par James D. Forrestal,
secrétaire d’Etat & la Défense, donne satisfac-
tion au « patron » de l’A.T.LC,; i institue une
commission d’enquéte et d’étude des objets vo-
lants non identifiés. Cette commission prend
pour nom de code : « Project Sign ».
Six mois aprés l’aventure de Kenneth Arnold,
TUS Air Force s’attaque officiellement au mys-
tére des soucoupes volantes.
Trente ans ont passé. Les commissions d’en-
quéte américaines se sont succédé, affirmant
tour & tour que les U.F.O. étaient des vaisseaux
interplanétaires ou des phénoménes naturels
encore inexpliqués.
Un grave probléme se posait aux responsa-
bles de la défense américaine : éviter que lesLe 25 aodt 1951,
une trentaine de
lumiéres bleudtres
traversent
silencieusement et
en formation Ie ciel
de Lubbock
(Texas). De
nombreux
habitants de fa ville
en sont témoins. Le
30 aout, le méme
phénoméne se
produit. I est
photographié avec
un kodak 35mm Tr
3.5 4 1/10. Sur
chacune de ces
photos on
remarque que les
Jumiéres ont
changé de position
mais que la
formation reste
inchangée. Des
antisoucoupistes
ont essayé
dexpliquer
ces images en
appelant & la
rescousse un vol de
canards sauvages/
populations ne s’affolent en découvrant que
Vespace aérien des Etats-Unis n’était pas &
Vabri d’une incursion ennemie, en dépit des
énormes moyens de détection et d’interception
dont était dotée U.S. Air Force. D'od ces
volte-face successives.
Le « Project Sign », dont les conclusions al-
laient en faveur de ’hypothése extra-terrestre,
fut relayé, le 11 février 1949, par le « Project
Grudge », qui s‘attaqua surtout a détruire la
«psychose » des soucoupes volantes. Les té-
moignages ne furent plus communiqués a la
presse. Mais les rapports d’observation_n’en
continuérent pas moins de parvenir &1'A.T.LC.
ala méme cadence.
QUAND PASSENT LES SOUCOUPES
En mars 1952, le « Project Grudge » fut
remplacé par le « Project Blue Book ». La di-
rection en fut confiée au capitaine Ruppell,
génieur en aéronautique « dans le civil »
Ruppelt donna une trés grande efficacité a
cette commission. Tres vite, celle-ci en revint &
la conclusion initiale : les U.F.O. étaient des
engins interplanétaires. D’oi nouvelle contre-
attaque des opposants avec la création, en
1967, du comité Condom.
Celui-ci, qui avait pour mission officieuse de
démolir une fois pour toutes les U.F.O., déposa
son rapport le 9 janvier 1969. C’était un mo-
nument de contradictions : bien que reconnais
sant que 12 cas sur les 90 qu’il avait exami
aravaient pu étre expliqués, le professeur
Condom n’en avait pas moins péremptoirement
conclu que les U.F.O. n’existaient pas!
LU.S. Air Force hésita longtemps avant de
faire siennes ces conclusions plus que contesta-
bles. Elle s’y résigna au bout d’un an, pronon-
ant en méme temps la dissolution de l'encom-
brant « Project Blue Book ». Elle avait enfin
trouvé une porte de sortie pour échapper a ses
carences, bluffs et contradictions. Depuis dé-
cembre 1969, il n’y a plus de commission offi-
cielle d’enquéte sur les U.F.O. en Amérique
le College invisible
Mais des scientifiques ont pris le relais, un
peu partout dans le monde. constituant entre
eux ce qu’ils ont appelé : « le College invisi-
ble ». Car si certains n’ont pas hésité a prendre
position au grand jour, d'autres préférent
te,
conserver l’anon
tion professionnelle.
‘A leur téte, le docteur Allen Hyneck, qui fut
le conseiller en astrophysique des différentes
commissions d’enquéte américaines, qui eut
connaissance ainsi de tous les dossiers, et qui
dénonca vigoureusement le bluff et la mauvaise
foi du rapport Condom.
Autour de lui, on peut citer :
nald (décédé depuis), David Saunders, tous
deux démissionnaires du comité Condom, Jac-
gues Vallée, ingénieur francais établi aux
Etats-Unis, qui participa au programme
« Apollo », Pierre Guerin, maitre de conféren-
, craignant pour leur situa-
ames McDo-
42
Photos Parimage ® Camera press
ces a l'Institut d’astrophysique de Paris, Claude
Poher, chef de la division « Engins » au Centre
national d’Etudes spatiales de Toulouse
Si, trente ans apres la rencontre de Kenneth
‘Amold et des neuf disques du mont Rainier, le
mystére reste & peu prés entier, l'étude scienti-
4 Cette photographie
d'un objet d’environ
sept métres de dia-
métre a été prise le
11 mai 1950 au-
dessus d'un hangar
4 Mac Minnville, en
Oregon. Elle fait par-
tie des rares photos
qui ont résisté aux
examens des com-
missions d’enquéte.
Tout comme
Vagrandissement
d'un cliché pris le
18 décembre 1966
au lac Trorati (N.
York). On n’en sau-
rait dire autant du
document ci-
dessus. C'est peut-
étre un nuage len-
ticulaire, phéno-
mene météo connu.
fique entreprise depuis quelques années a ap-
porté un certain nombre d’éléments, qui aide-
ront a percer le secret de ces O.V.N.L, dont
activité se poursuit selon un plan d’exploration
qui semble se dessiner mieux de jour en jour.
surveillance ?
Pourquoi les soucoupes volantes ont-elles
surgi massivement dans le ciel américain & par-
tir de ce 24 juin 1947?
Depuis des sidcles, de mystérieux objets cé-
lestes avaient été signalés par intermittence endifférentes parties du globe. Puis survint la Se-
conde Guerre mondiale avec, au cours de sa
phase finale, les gigantesques incendies noctur-
nes de villes entiéres, bombardées par l'avation
alliée.
C’est en 1945 qu’apparaissent au-dessus de
FAllemagne et du Japon, ces « chasscurs-
fantémes », petites sphéres lumineuses qui es-
cortent les avions des différents belligérants &
tel point qu’Américains et Allemands se soup-
gonneront réciproquement d’avoir inventé une
arme nouvelle.
Apres les premiers essais atomiques dans le
Nevada, puis Hiroshima et Nagasaki, les U.S.A.
poursuivent leurs expériences nucléaires. De
nombreux essais ont liew en 1946. Dans le
méme temps, les usines atomiques se multi-
plient.
Pendant cette période, les soucoupes volantes
apparaissent en nombre, et le plus souvent en
Ph. NicapLaffont
formations, sur l’ouest des Etats-Unis comme si
un mystérieux signal avertisseur les avait aler-
tées a travers l’espace. On les voit au-dessus des
régions 0 se sont déroulé les essais et od sont
installées les usines qui fabriquent les bombes :
Los Alamos (la plus souvent survolée), Oak
Ridge, Hanford, New-Port, Indiana,
Diautres objectifs semblent intéresser égale-
ment les visiteurs : les bases aériennes et sur-
tout le centre de lancement des fusées de haute
QUAND PASSENT LES SOUCOUPES
altitude installé & White Sands, ou, & plusieurs
reprises, des U.F.O. de 35 metres de diamétre,
volant 4 23 000 km/heure et 90 kilometres d’al-
titude, viennent tourner autour des fusées en.
pleine ascension, comme pour les flairer.
En cette année 1947, leurs apparitions sont
concentrées sur quatre Etats de l’ouest des
Etats-Unis : Idaho, Oregon, Nevada, Alabama.
‘Au cours des années suivantes, on assistera,
semble-t-il, & une sorte de reconnaissance géné-
rale des Etats-Unis, puis de Europe occiden
tale qui connaitra — la France en particulier —
la grande vague de 1954, au cours de laquelle
furent signalés des atterrissages avec apparition
de petits humanoides.
Entre-tenips, une trés nette recrudescence
avait été enregistrée au moment od débutérent
les lancements de satellites artificiels.
Pour certains soucoupistes, ce ne serait donc
pas le fait du hasard si l'invasion des soucoupes
NON IDENTIFIES : 26 %
En janvier 1953, le capitaine Ruppelt, directeur
du Project Blue Book, soumettait un rapport
contenant les conclusions suivantes sur ses tentati-
ves d'identification
Avions : identification certaine 1 %, probable
7,8 %, possible 3 %.
Ballons : identification certaine 1,6 %, probable
5%, possible 11,9 %.
Objets astronomiques : identification certaine
2,8 %, probable 4 %, possible 7,4 %.
Effets optiques : 4,2 %, fraudes 1,7 %, données
insuffisantes 22,7 %.
«Non identifiés » avec des rapports détaillés et
fables 26,9 %.
Ces résultats Gaient basés sur Vanalyse de 1593
cas, retenus parmi les 4400 rapports regus par
TA.TALC. (Service de Renseignements de 'U.S. Air
Force) depuis 1947.
Ruppelt estimait par ailleurs que I'U.S. Air Force
recevait une notification pour seulement 10 % des
observations faites aux Etats-Unis.
volantes s’est déclenchée en cette année 1947,
Selon eux il s’agirait d’une phase nouvelle et
renforeée de la longue surveillance dont la
Terre serait périodiquement l'objet depuis des
sitcles. Une surveillance qui n’aurait été que
simple routine jusqu’a ce matin du printemps
1945, oi V’éclair de la premiere explosion ato-
mique déchira le ciel du Nevada...
Charles Garreau
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