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L’influence du Yogacara sur la Mahamoudra
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Ebook180 pages2 hours

L’influence du Yogacara sur la Mahamoudra

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Quelles est la relation entre la philosophie du Yogacara et letantrisme bouddhiste ? G.n.ralement, les gens ignorentl'.tendue de l'influence qu'a exerc.e la philosophie du Yogacarasur le tantrisme bouddhiste et ses d.veloppements ult.rieurs.C'est une relation que l'on n'a jamais explicitement trait.e,m.me si la pens.e du Yogacara impr.gne les textes du tantrismebouddhiste. Vous pouvez ais.ment retrouver des notions dephilosophie Yogacara dans les textes tantriques.Concepts communs au Yogacara et à la MahamoudraLes Trois Niveaux de Conscience dans le YogacaraLes Trois Aspects de la Réalité dans le YogacaraIntroduction à la MahamoudraLes Concepts de Base de la MahamoudraLa Transformation de la ConscienceLa Nature de Bouddha et l'Esprit En SoiLes Notions de Réalité Absolue
LanguageFrançais
Release dateMar 25, 2020
ISBN9780648686309
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    L’influence du Yogacara sur la Mahamoudra - Traleg Kyabgon

    Les Concepts Communs au Yogacara et à la Mahamoudra

    Quelles est la relation entre la philosophie du Yogacara et le tantrisme bouddhiste ? Généralement, les gens ignorent l’étendue de l’influence qu’a exercée la philosophie du Yogacara sur le tantrisme bouddhiste et ses développements ultérieurs. C’est une relation que l’on n’a jamais explicitement traitée, même si la pensée du Yogacara imprègne les textes du tantrisme bouddhiste. Vous pouvez aisément retrouver des notions de philosophie Yogacara dans les textes tantriques. La philosophie du Yogacara, elle-même, a été développée en réaction contre les théorisations excessives, en mettant l’accent sur l’expérience personnelle et la pratique. D’où le nom de Yogacara qui fait référence aux « pratiquants de yoga ». Yoga, dans ce sens, ne veut pas dire que vous vous tournez les pouces ou que vous pratiquez des asanas ; il s’agit ici de méditation. Ainsi, le Yogacara, ou ceux qui pratiquent le yoga, fait référence aux méditants. En tant que système, ce sont deux frères, Asanga et Vasubandhu, qui l’ont élaboré. Ils ont conçu la philosophie de telle sorte qu’en fin de compte, tout nous renvoie à notre pratique personnelle et à notre propre expérience. Vous ne pouvez pas vous engager dans l’élaboration de théories sans avoir médité au préalable, dans la philosophie du Yogacara. En fait, vous ne pouvez pas être un philosophe de Yogacara si vous ne méditez pas. Si vous lisez les écrits des yogacarins, vous vous apercevrez qu’ils mentionnent, explicitement ou implicitement, de nombreux concepts tantriques.

    La philosophie du Yogacara et le tantrisme bouddhiste partagent certains concepts, tels que la transformation de nos aspects psychologiques malsains ou nuisibles en quelque chose de plus élevé, de supérieur. En d’autres termes, nous ne percevons pas nos négativités, telles que la passion, l’agression, l’ignorance, la stupidité, la confusion, ou autre, comme étant quelque chose dont on doive se séparer. Nous les considérons comme quelque chose qui doit être transformé ou transmué. Notre configuration psychologique ne s’en trouve pas altérée pour autant. Cependant, la façon dont ces négativités vont ensuite se manifester, change drastiquement. Ceci est un concept tantrique très important, ainsi que beaucoup d’entre vous le savent déjà. La transformation de nos névroses et de notre instabilité émotionnelle, fait partie intégrante de l’approche tantrique. Nous ne rejetons pas ce qui nous pose problème, nous apprenons à l’accepter et à le transformer. En fait, on retrouve les mêmes idées dans les textes originaux du Yogacara.

    Un autre concept particulièrement important que l’on retrouve dans la philosophie du Yogacara comme dans les tantras, est l’attention qui est accordée à la nature éveillée de chaque être humain. Les écoles du Yogacara, tout comme les écoles tantriques, soulignent ce fait, que chaque être humain est fondamentalement éveillé. L’ignorance et la confusion sont totalement accidentelles ; elles ne font pas partie intrinsèque de la nature humaine. La nature humaine est un état totalement éveillé et sain. Aucune négativité ou instabilité émotionnelle, quelle qu’elle soit, ne peut corrompre cet état fondamental d’intelligence intrinsèque ou de sagesse – cette nature fondamentalement éveillée.

    Ce que l’on connait sous la dénomination de tathagatagarbha dans les textes du Yogacara, signifie en fait « la matrice de l’Eveil ». Notre nature éveillée existe en nous à l’état de potentialité, de même qu’une matrice a le potentiel d’accueillir un être en son sein. Chaque être humain possède le tathagatagarbha, cette matrice de l’Eveil. On traduit habituellement tathagatagarbha par « nature de bouddha ». En fait, la nature de bouddha est un concept qui appartient aux yogacarins. Les bouddhistes ont tendance à associer la nature de bouddha avec le Mahayana en général, mais ce n’est pas le cas. Toutes les écoles du Mahayana n’acceptent pas cette idée. Par exemple, l’école du Madhyamaka rejette totalement la notion de tathagatagarbha, car pour eux il ne s’agit là que d’un concept de plus. Les madhyamikas rejettent toute forme de conception métaphysique. Selon eux, le Bouddha a enseigné la notion de tathagatagarbha uniquement à des pratiquants débutants, dans le but de leur permettre de réaliser graduellement que le Madhyamaka est la solution. Ce n’est rien d’autre qu’un exercice d’échauffement en quelque sorte, une « entrée », alors que le plat principal n’a pas encore été servi.

    La tradition tantrique utilise elle aussi la notion de tathagatagarbha, mais l’exprime différemment. Elle l’appelle la « claire lumière » (‘od gsal), ce qui n’est pas une traduction particulièrement heureuse. On la traduit aussi par « luminosité ». C’est le même concept que le tathagatagarbha, car il communique un sens de l’incorruptibilité fondamentale de la nature humaine ; c’est un aspect que nous allons explorer plus en détails, au fur et à mesure de notre discussion.

    Un autre concept important est la notion de shunyata ou « vacuité ». Normalement, shunyata possède une connotation négative, dans le sens où les choses sont dépourvues d’existence propre ou bien les choses sont dépourvues de toute substantialité. Cependant, dans le cadre de la philosophie du Yogacara, la vacuité est investie d’une connotation positive. C’est également le cas dans les tantras. On ne professe plus que la vacuité est la négation complète de la substantialité des choses. Elle assume maintenant le rôle de l’absolu, la base à partir de laquelle le monde phénoménal fonctionne et existe. Elle devient ce que l’on nomme une négation affirmative.

    C’est quelque chose de vraiment très intéressant. Normalement, lorsque l’on réfute quelque chose, il n’y a rien d’autre. La négation est absolue. Cependant, dans le cadre de la conception des choses qui est spécifique au Yogacara comme aux tantras, la négation de quelque chose devient du même coup l’affirmation de ce à quoi nous ne pouvons pas, habituellement, avoir accès. Shunyata est une réalité que l’on peut percevoir et à laquelle on peut se connecter - non pas par le biais de nos moyens de connaissance ordinaires cependant, mais par le biais d’une forme supérieure de connaissance.

    En nous engageant à transformer nos négativités en quelque chose de positif ou de supérieur, nous commençons également à percevoir la réalité de shunyata beaucoup plus clairement. Dans les tantras, on appelle shunyata « le vajra immuable ». Elle est si réelle et si solide, que l’on ne peut pas nier son existence. Strictement parlant, dans le contexte du Madhyamaka, ce serait choquant de dire cela. Lorsque la chaise sur laquelle vous êtes assis est dépourvue de substantialité, et que le verre dans lequel vous venez de boire l’est également, comment se peut-il que la vacuité – quelque chose que nous ne pouvons même pas voir – soit plus réelle et solide qu’eux ? On pourrait presque dire que les yogacarins et les tantrikas substantialisent la notion de vacuité. Elle devient ainsi la base ou la réalité sur laquelle l’existence du monde phénoménal est, en fait, construite.

    Le dernier concept que l’on pourrait traiter ici est l’importance que ces deux écoles donnent au fonctionnement de l’esprit. Les yogacarins et les tantrikas ne spéculent pas sur le statut du monde externe. Ils réduisent l’objet et le sujet au fonctionnement de l’esprit. Notre compréhension du monde extérieur dépend du fonctionnement de notre esprit. Tout ce dont on fait l’expérience en termes de la dualité du sujet et de l’objet, est dû à l’esprit, donc il s’ensuit que l’esprit est la cause de tout ce qui vient à se manifester. Les deux écoles partagent cette vue, et disent que, non seulement l’esprit crée le sujet et l’objet, mais il crée également le samsara et le nirvana. Atteindre la libération est dû à l’esprit et c’est à l’esprit aussi que l’on doit notre esclavage dans le samsara. Que nous soyons libérés ou asservis, tout est dû au fonctionnement de l’esprit. On ne peut se libérer qu’en travaillant avec, et en transformant, nos états d’esprit négatifs en quelque chose de beaucoup plus positif.

    Nous reviendrons en détail sur tous ces points dans les chapitres qui suivent, en traitant chaque point au fur et à mesure, pour arriver graduellement à le maîtriser. On ne s’est jamais vraiment penché sur la connexion qui existe entre le Yogacara et le tantrisme. Du point de vue tantrique cependant, nous ne nous aventurerons pas trop dans le traitement des tantras inférieurs, car ceux-ci se concentrent sur l’aspect rituel plutôt que sur l’aspect philosophique. Nous nous intéresserons aux concepts philosophiques qui gouvernent le tantrisme, plutôt que d’apprendre comment souffler dans une trompe ou respirer par le nez, ou encore comment élaborer des visualisations. Nous nous en tiendrons surtout aux tantras supérieurs ou anuttarayogatantras, lesquels possèdent une relation directe avec la tradition de la Mahamoudra. En d’autres termes, nous allons comparer et contraster les enseignements de la Mahamoudra avec la philosophie du Yogacara, et examiner la nature de leur relation et de leur interaction.

    Questions et Réponses

    QUESTION : A quelle période historique peut-on situer l’élaboration de la philosophie d’Asanga ?

    RINPOCHÉ : Demandez à David Templeman, c’est lui l’historien.

    DAVID TEMPLEMAN : Elle a débuté au 2ème siècle de notre ère, et s’est développée ensuite jusqu’au milieu du 5ème siècle, où elle a atteint son apogée.

    DR. RAJAPATIRANA : La datation est toujours problématique en ce qui concerne l’histoire de l’Inde. On ne peut jamais arriver à une date correcte. Dans le cas des textes bouddhistes, par exemple, c’est grâce aux textes traduits en chinois que l’on peut retrouver des dates fiables, car nous savons que les chinois tenaient d’excellentes archives. Tout ce que l’on sait, c’est qu’à partir d’une traduction de texte datée par les chinois, le texte existait avant cette date. Mais parfois c’est difficile.

    RINPOCHÉ : On n’est même pas certain qu’il n’y ait eu plusieurs Vasubandhu, mais tout cela est secondaire, en un sens. Les indiens et les tibétains ont une relation très intéressante à la datation. Moi-même, je ne sais pas quand je suis né, et je suis quand même bien vivant !

    QUESTION : Rinpoché, est-ce que la luminosité et la félicité sont deux choses différentes ?

    RINPOCHÉ : Non, la félicité découle de la réalisation de la luminosité.

    QUESTION : On qualifie souvent le Yogacara d’école du « Tout est Esprit », pour indiquer que les yogacarins croyaient que rien n’existait en dehors de l’esprit.

    RINPOCHE : La seule chose qui existe en dehors de l’esprit, c’est la réalité, et nous aborderons ce sujet plus loin. La réalité ne peut pas être conditionnée par l’esprit. La réalité, c’est la réalité. Si la réalité pouvait être conditionnée par l’esprit, ce ne serait pas la réalité, car chaque fois que votre humeur change, la réalité changerait également. Les yogacarins disent que ce sont le sujet et l’objet qui sont produits par l’esprit, mais cela ne veut pas nécessairement dire que la table ou la chaise se trouvent dans votre tête. Nous construisons notre expérience du monde extérieur, ce qui implique que nous ne faisons pas l’expérience du monde tel qu’il est. L’expérience que nous avons du monde, est celle que nous voulons en avoir. C’est pour cela que l’on dit : « le sujet et l’objet sont, tous deux, des constructions de l’esprit ». Nous sommes incapables de percevoir la réalité, parce que notre esprit est constamment en train de construire des choses. En vertu de certaines caractéristiques que nous possédons en commun, tous les êtres humains partagent un monde plus ou moins semblable. Néanmoins, l’expérience que chaque individu a du monde, diffère de celle des autres.

    QUESTION : Pourriez-vous nous donner les mots tibétains et sanskrits pour l’esprit, ainsi qu’une traduction plus appropriée de ces termes ? « Esprit » semble être une description très vague.

    RINPOCHE : Nous allons en parler plus loin, dans les chapitres qui suivent. Brièvement, sachez seulement que les yogacarins et les tantrikas ne s’intéressent pas à l’esprit ordinaire, celui dont on fait normalement l’expérience. A chaque instant, nous faisons l’expérience de la séquence temporelle linéaire de nos pensées et de nos perceptions, mais il y a quelque chose qui fournit à nos pensées et à nos images internes une base qui leur permette de se manifester. Il y a quelque chose qui se trouve derrière nos expériences temporaires et ponctuelles de pensées et d’images. En tibétain, on utilise le terme sems nyid pour faire référence à l’esprit qui fournit la base à partir de laquelle le sujet et l’objet se manifestent, et sems est utilisé pour faire référence à l’esprit ordinaire de sujet et d’objet. Sems et sems nyid sont tout-à-fait différents. Dans la Mahamoudra, en particulier, cette distinction est très clairement exprimée.

    QUESTION : Pourriez-vous expliquer le sens du terme tantra et le placer dans le contexte de la pensée bouddhiste en général ?

    RINPOCHE : Tantra (rgyud) signifie littéralement « continuité ». Il faut admettre qu’il nous est impossible de mettre une date sur le commencement ou la fin du tantrisme. L’expérience tantrique est quelque chose de continu. Vous ne pouvez pas dire à quel moment elle a commencé, ni quand elle prendra fin, car c’est une situation qui perdure. Cependant, on l’appelle aussi le Vajrayana. Tantra est une expression communément employée par les hindous comme par les bouddhistes, alors que le Vajrayana, la « Voie Adamantine », suggère que ce continuum est absolument immuable. A nouveau, il s’agit d’un processus plutôt que du résultat de la pratique bouddhiste. C’est un voyage qui n’a pas de fin.

    QUESTION : Est-ce que la nature de bouddha est la même chose que l’atman dans le système hindou ?

    RINPOCHE : Il y a une différence. La nature de bouddha est un concept philosophique autant qu’un concept expérientiel, mais ce n’est pas quelque chose de solide comme l’atman. La nature de bouddha n’est pas une entité de quelque sorte que ce soit, alors que l’atman est traité comme une entité. L’atman est quelque chose que vous possédez et qui vous permet de continuer à vous réincarner. Votre identité personnelle est associée à la notion d’atman. Cependant, ce n’est pas la nature de bouddha qui vous permet de savoir qui vous, et ce n’est pas non plus la nature de bouddha qui vous permet de vous souvenir de vos expériences de vies passées. La nature de bouddha est simplement la condition fondamentale qui vous rend capable d’atteindre l’Eveil. La nature du sel est de se dissoudre,

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