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Ad. ee eR Reet COR elias (fe SREY aise 0 oie j@s.couleurs vives ! a Concert so Ga TTP) aac - Entregiuiages et y =tslaacst mats) 8 hela © (us GUITON, Philippe GLEIZES, Charles LLOYD... ‘ASCENSION n° 10. EDITORIAL ‘ASCENSION n'a pas dit son dernier mot. Plus d'un an s'est écoulé depuis la sortie du dernier numéro. Une année terrible pour le journal. Nous sommes encore sous le choc de la disparition de notre Ami Jacques Guiton. Ce numéro (et les suivants.) se devait dexister pour rendre hommage 2 cet Homme qua tant donné pour journal et Une année aussi depuis ta participation bien involontaire d ASCENSION et de MUZIK ZEUNL a Fouvage de Monsieur Philp Gonin consacré (et inversement) & MAGI Nous n‘avions pas cherché ce type de teconnaissance’! Nous sommes trés heureux, par contre, de vous —présenter deux —_entretiens exceptionnels dans nos colonnes. Dans le premier, quun autre Vampire, adorable Celu-B,a bien voulu nous accorder (entre deux guitares), Denis Goulesque évoque Tépopée des 'WURDALACKS, mythique grou e pré-MAGMA dont il était le chanteur. Si ASCENSION devait cesser dexister demain, nous aurons eu le bonheur de blier un entretien inédit avec Christian fander qui évoque une facette cachée de son ceuvre en nous faisant partager son univers pictural. Deautres beaux témoignages égrénent ce numéro. Souvenirs polyphoniques de Concerts musiciens remarguables,échos du passé... A vous de les découvrir au fil des pages. Des plumes partent, parfois pour toujours. Dautres se révelent. Ainsi va [a vie ASCENSION, entre oies et douleurs. Léquipe d' ASCENSION. page 2 POUR JACQUES... ly a des mots que on aimerait ne jamais écrire dans un journal. Surtout lorsqu'ils concernent un de ses chroniqueurs, et, au dela de ce terme séchement rédactionnel, un am. Jacques Guiton, notre «Magmafany, comme il aimait a signer ses interventions, nous a quitté brutalement le 21 juin dernier. Et le plus rude en ce qui me concerne a été d’apprendre sa disparition au hasard, cen faisant une recherche sur le net avec son nom, inquiéte de ne plus avoir de ses nouvelles depuis de longs mois, nous qui étions si souvent en contact. Fabuleux outil, cet internet, capable de sortir froidement de ses méandres un avis de décas, Apparaissant des le n°3 ’Ascension, Jacques a signé quelques-unes des plus belles pages du journal, relatant ses souvenirs de « guerre » comme il disait, revivant pour nous les concerts auxquels il avait assisté, se langant avec un enthousiasme juvénile dans des entretiens avec Laurent ‘Thibault et Francis Moze.. re fois que je 'ai euau téléphone, au mois de mai dernier, il me ravi, de son dernier projet en date : il avait convaincu Marie-Josephe Petit, la sur de Laurent Thibault, de lui montrer les ‘maquettes préparatoires de la pochette du tout premier album de MAGMA. Ca allait faire un dossier formidable pour le journal.. Il pensait aussi interviewer Stella sur son époque yéyé, qu'il avait connu et apprécié ! Sa santé ? Oh, des petits soucis, isait-i, il devait se faire opérer, mais était esans importance)... Aurais-e dit le pousser ase livrer @'avantage, cet homme, qui, avec une pudeur extréme, ne parlat jamais de Iui- méme ? Cet homme qui n'apparait sur aucun cliché photographique, car les photos, 'étaitIui qu les prenait? Cet homme, qui, de sa vie, ’auralt jamais osé approcher V'étre qu'il admirait le plus au monde si n'y avait pas été «contraint et foreé» par monami Jean-Christophe Alluin ? Jacques était né le 25 février 1948, Son petit jeu était de dire quit était né avec quatre jours de retard... Cet archiviste méticuleux, qui consignait sur son site Phistoire complete de la zeubl, est parti sans bruit, sur la pointe des pieds, et trés en avance. Personne n'a su, personne n’était la pour Vaccompagner, lui dire un dernier au revoir Un fan vraiment discret. Trop discret. Evelyne Cermolacee. Jeudi 14 octobre 2010, 2332 Javais envoyé ce message sur le net, @ certaines personnes susceptibles diétre touchées de quelque maniére que ce soit par 1a disparition brutale de Jacques Guiton, Quelle erreur...Jene sais comment, ce message a circulé bien au dela du cercle de proches auquel it avait été transmis, et fai eu des rretours indignés ! Comment cela, Jacques n’avait donc pas pris le soin de confier sa collection ? Ses archives sont perdues ? A ces vautours, ces {ignobles charognards qui lors de la disparition d'un homme, d'un étre de chair et de sang, ne se soucient que du devenir de quelques bandes ‘magnétiques, je n'ai qu'une seule chose a dire : rangez vos sourires ‘hypocrites, arrétez les faux semblants, votre facade s‘est fissurée. Jesais quivous étes. E.C-WIASIK DOIA ‘ASCENSION n° 10. page 3 EMEHNTEHTT-RE EST VIVANT ! Difficle de contenir son enthou- siasme devant ce qui s'est produit rmercredi 19 janvier au Conservatoire de Paris, Jugez plutst : un orchestre unique composé de dix neuf musiciens (dont Benoit Alziary, Philippe Bussonnet, Bruno Ruder et Ghristian Vander) pour une version unique et originale ’Emahateh-Ré, Programme simple mais 6 combien prometteur et inédlit ! avoue que je m'attendais & une version «implement» orchestrale du demier Acte de la _Trilogie Kohntarkése, et je wimaginais pas a quel point je serais surpris tant cette relecture transcenda la partition! Ilfaut dire que la liste des instruments, précisée sur le programme a l'entrée de la salle, présageait de quelque chose de grand: trompettes, saxophones, trombones, mellophone, vibraphone, percussions, guitare, violon, pianos, basse, contrebasse et batterie, rien que ca! En ce qui me conceme, je considére Eméhnieht-Ré comme un morceau assez austére, parfaitement efficace, certes, mais nous plongeant dans de lngubres entrailles, & inverse d'un Mekanik Destruktiw Kommandéh, qui, sil nilllustro pas quelque chose de plus joyeux, sait pourtant nous tirer vers Ie haut de part son approche dansante - et ses cuivres. Ce n'est donc pas sans une cerlaine préparation qu'on écoute Eméhntéhtt- é. On sait que cela va mal finir et le final & plusieurs tiroirs est éprouvant... Je fus surpris ici de découvrir une autre approche d’Eméhnteht-Ré. Fini, les couloirs sombres et les moisissures vertes collées a la carcasse du Maitre Egyptien. Termine, I'ambiance pesante (méme a la fin lors du Chant Funéraire !). la, nous étions au pied de laGrande — Pyramide, sous un soleil de plomb, et nous allions contempler Yenvol de Esprit d’Emehntétt-Ré, remontant de sa salle funéraire, Ibrisant le sommet de la Pyramide, s‘envolant dans le ciel dans un feu artifice infernal Vouverture annonga la couleur: torride et d’une envergure dantesque. Crest bien simple : toutes les parties ‘que j'adore furent magnifiées. Mais ce n'est pas tout : toutes les parties que je trouvais froides prirent une force inédite dans un immense brasier allumé par le Pharaonique Big Band. Le violon dans Hai (impossible de ne pas penser a Lockwood) me fitune trés bonne impression. Ca Tout comme Zombie dans lequel un solo de guitare littéralement fou (on pense a celui de James Mac Gaw dans MDK au ‘Trianon, ou Zéss au Triton) injecta encore plus d’énergie dans ce passage déja virevoltant. Un solo dans Zombies, c’tait évident | Le fait quill y ait tous ces instruments ajouta vraiment au coté illustratif de certains passages d'Eméhntéhn-Ré, comme les cuivres se lamentant au début de la deuxiéme partie Zombie, ow le passage Offeringien qui se trouva gratifié d'une petite pointe de Free Jazz avec en prime un solo de saxophone du plus bel effet. Et juste avant Ie Chant Funéraire, quelle belle idée d’ajouter des cloches tubulaires (me rappelant le final de la Porte de Kiev des Tableaux d'une Exposition de ‘Moussorgsid). Regarder, entendre chaque instrument, prendre plaisir a redécouvrir_ un morceau que I'en connait par coeur. Sourire en voyant que chaque musicien est visiblement ravide participer a quelque chose de fantastique, d'unique, de puissant, porté par un souffle inédit. Voila ce ‘que fut ce concert, ‘Timothy Hannem ‘ASCENSION n°10. page 4 CHRISTIAN VANDER Wa igen) Nay Patience et longueur de temps... I maura fallu attendre quatre années avant de pouvoir réaliser cet entretien, sur ce sujet qui me tenait tant & coeur, Quatre années pour convaincre Christian Vander d’évoquer un versant méconnu de son art : le dessin. Pour moi tout avait commencé en découvrant la pochette du Quartet au Sunset, et la reproduction, minuscule, hélas, de La Machine a Escargots dans le livret de la version digipack de Valbum Korutz, D’embiée cette maitrise du pastel gras associée 4 une certaine naiveté enfantine tourmentée m’avait touchée au point de vouloir en connaitre d’avantage sur cette face cachée de notre compositeur préféré. Et lorsque j’ai pu enfin avoir des reproductions de certains dessins en main, je n’ai pas été décue, Join de 1a! Ilest frappant de constater que l’on retrouve dans cette ceuvre picturale Jes mémes modes de construction, la méme rigueur d’exécution et sur- tout, la méme liberté qu’en musique, a vingt mille lieues d’un formatage queiconque, loin de la détiquescence d’un art dit contemporain. Evelyne Germolacce : Qu'est.ce qui faamené a dessiner? Christian Vander : Au départ était plutét une détente, sauf que je me détends de moins en moins, et que donc je n'ai plus de temps pour dessiner. Pour te —_répondre honnétement, j'ai commencé un jour, comme ga, ca aurait pu étre autre chose que le dessin... Quand as-tu commencé a dessiner ? Je n'ai pas toujours dessing. ’étais pour ‘une fois en vacances, en Bretagne, dans les années £0, et il pleuvait, comme assez souvent en Bretagne (rire). Quelqu’un m/avait offert des pastels et quelques feuilles de Canson parce que jlavais déja réalisé des dessins au crayon, Et done, tu t'es mis au pastel, parce que tu avais des pastels sous la main? Non, j'avais déja dessiné aux crayons de couleurs, j'en avais trouvé quelques- uns sur place, et je m'amusais a crayonner, Je crois que j'ai dd! en parler a quelqu’un qui m’a dit « tdevrais, essayer le pastel, c'est sympa », etje suis tombé sur les pastels gras. Aprés, jailuque le pastel sec était plus noble, mais je n'ai pas spécialement essayé car ce n'est pas mon truc, les couleurs trop epastelo, justement! Moi, je voulais, quelque chose de plus simple que la peinture, et le pastel gras me convenait bien, ca fondait dans les doigts, pas dans la bouche (rires), les couleurs se mélaient, ou pas, et je voyais ces pates de couleurs qui se mélaient ou non... C'était de plus plutét agréable a travailler. Mais il n'y avait pas une volonté, ga ne me brélait pas, il faut bien comprendre que je faisais vraiment ga pour me détendre. Il fallait surtout que j'ai des images, une vision de quelque chose, et ace moment-la, ca me donnait envie de le coucher sur le papier. Mais aprés, est-ce que jarrivais @ réaliser ce que jimaginais... Pas souvent (rires) En tout cas, il en restait au final quelque chose, qui comptait pour moi. Cela me suffisait. Kinsi, ce sont bien des visions? Lorsque tu te mets a ta feuille de papier, tu as déja en téte tout ce que ‘tuvas réaliser ? Oui, ’ai une ide précise, ot a partir de 1a, improvise. Il reste parfois trés pew de la vision de départ, comme je te disais, mais ce qui est intéressant aussi, ASCENSION n° 10 cest ce qu'il y a tout autour, ce qui en découle, Quand j'étais sur un dessin, je pouvais rester dix heures dessus ! Méme des jours d’affilée, pour en terminer. Quelquetois je laissais en suspens, mais un peu tout le monde fait ca... Existe-til des liens entre certains de tes tableaux ot tos compositions musicales ? Une des premiéres choses que j'ai dessinées parce que jen avais envie, ce sont des volcans, Je dessinais des voleans qui crachaient du feu, et pourquoi pas des sigles (rires), J'ai toujours aimé dessiner des paysages d'un monde qui n'existe plus, qui existera, ou qui existera ailleurs... mais rarement des personnages. Je n'ai jamais eu envie de faire un portrait, ow alors c’était une espéce d’étre iréel... A part les volcans, le premier dessin que j'ai fait, bien que complatement naif, était une cométe qui sortait de la mer. Ce dessin-l& état aux crayons de couleurs, pas aux pastels, c'était vraiment tout & fait au début. Mais la relation & la musique, a part le magma et le feu... Le pire, c'est que je n'avais pas du tout pensé a MAGMA a ce ‘moment-1a! J'avais desing instinc- tivement des vol- cans, des gens ont pu dire coui, oui, je vois bien le rapprochement», hé bien moi, non, je wavais pas vu! Pour moi, c'était normal, des paysages, genre préhistoriques ow autres... J'ai tou- jours aimé ga, des paysages trés dé- conpés, avec des montagnes bizar~ res, et des séries de volcans, qui au bout d’un moment, ne crachaientnon plus du feu, mais Marae, pastel de Yeau, Tout se mélait, au gré des couleurs. Yat'il donc une certaine recherche de couleurs, en Ah oui! Je n'aime pas les dessins fades, les couleurs fades, j'apprécie miewx aujourd'hui ce qui est pastel mais ce n'est pas ma chose. Mot j'aime les couleurs tranchantes, mais qui peuvent aussi fusionner entre elles, quelque part. Et puis, je avais pas beaucoup de données, je travaillas comme ga sur le tas, comme on dit, sans penser technique ou quoi que ce soit. La seule chose que je m'étais dite, c'est que j'allais travaller en spirales. Méme s'l ya un trait qui semble droit, en fait il appartient & une spirale qui sort carrément du papier et qui revient la... ai réalisé des choses naturelles, & partir du moment of effectivement, le geste qui formait la spirale est juste. La spirale pouvait tre immense, faire trois tours en dehorset revenir dans e papier ! Mais je situais tous les tours, et Je savais trés bien que tel trait appartenait & cette spirale. puis, parla suit, j'ai appris ane pas reprendre un trait, le rallonger, ne pas le briser. page 5 Un exemple, le tablean Manage ? Manége est un exemple, c'est un ensemble de spirales, ou de choses qui appartiennent 4 des spirales, c'est comme tne immense {te foraine avec des manéges dont les mouvernents sont différents et ne sont pas justes. Evidemment, il n'y a pas un seu! trait franchement droit, n'y a pas une forme identique a une autre, ce qui correspond bien au fait qu'il n'y a jamais deux choses pareilles, comme par exemple les feuilles d'un arbre, des exemples comme ¢a. La, c'est énorme, car ga se voit & l’ceil nu. Un arbre, on ne pourrait pas voir si les feuilles sont toutes identiques ou non. Tuas impression de voir des feuilles de platane, des feuilles de hétre, un peu identiques. Mais la, tu vois tout de suite que rien nest voult de cette maniére, on peut tout de suite comprendre ¢a, & moins qu'on se dise stiens, ila voulu faire deux triangles, mais les deux triangles sont complétement difformes, ne se ressemblent pas du tout, ils ne sont pas justeso. En effet! C'est une volonté. Travailler avec une régle et du papier millimétré n'est pas du tout ma chose. On peut regarder ce que je fais a la loupe. Bt 18, on s'apergoit quil y a des cho- ses qui ne se voient pas 4 l'ceil mu, qui sont prévues jusqu’au bout. Il n'y a pas, ‘un trait qui estlais- sé comme ¢a en plan, il continue sa vie ou alors il disparait harmo- nieusement & I'in- tériewr, ce mest méme pas fait pour étre vm. Le résultat, Yensem- ble, aprés, c'est autre chose, mais en tout cas, c'est travaillé de cette maniére. Sinon, comme le font aussi sans doute d'autres personnes, les dessins sont travaillés dans tous les sens. [allais y venir ! Pourquoi tes tableaux peuventils étre ‘vus dans tous les sens, quel est le but ? Le but, c'est qu'll n'y ait pas de sens | C’est aussi comme la musique, comme je travaille beaucoup la musique multidirectionnelle, ce qui est en haut est en bas, et pourquoi pas sur les cétés | De toute maniére, il n'y a pas de raison de fignoler un dessin qui n’ait qu'un sens, bien sir il faut qu'il ait tun sens dans le sens qu’on lui donne, mais aprés, si on travaille dans tous les sens, et qu'on essaye de respecter cette ambiance, on s’apergoit que, dans d’autre sens, il peut former d'autres choses aussi, Par exemple, La Machine & escargots, qui est un dessin en noir et blanc, si on le retourne, on peut voir un genre de canard. Cela signifie que cette machine a créer la vie ne crée pas que des escargots, elle crée la vie, donc pourquoi pas un moineau, ou autre chose. La, en occurrence, on s’apergoit que de l'autre c6té, c'est un petit colvert, ow une cane, Done, en partant d'une spirale sans ‘ASCENSION n°10. page 6 forcément chercher de formes, on en arrive quand méme A la création, & la vie, Beaucoup de choses découlent des spirales. En prolongeant les spires, les méandres, et en y croyant, on arrive & des résultats souvent étonnants. Comme en musique, toujours la notion de spirales... Oui, j'ai appliqué ga pour le dessin, je me suis dit, comme en musique ¢2 marche... Bon, &, techniquement, je suis au ras des paquerettes, el je crois. que j'y suis toujours, sauf peut-etre pour les mélanges de couleurs, les choses comme ga, mais au moins, j'avais ca pour moi. Je travaillais en fonction des spirales, donc mon dessin forcément devenait vivant, animé par les spirales. Du moins j'espére. On retrouve cette notion de spirale dans ta musique, dans tes dessins... Est-ce qu’on la retronve aussi dans tes textes of tes potmes ? Bien sir | Tout est un peu relié. Bt a, ga svest fait progressivement. Au début, quand j'ai commencé a écrire des textes en francais, c'était en rapport avec la ligne, refuser tout ce qui est ond, tout ce qui forme une bouele, tout ce qui ferme, donc toujours ouvrir a la spire, qui ouvre ala spirale menant lasphére... Ily aun exemple comme ¢a dans Ronde de Nuit justement, ce n'est pas pour rien que j'ai choisi ce titre. La, ily a pas mal d'images. C'est un texte tout de méme violent, dur, oi la mort passe, ouréde, en tout cas, et d’ailleurs, au centre du morceau, on entend quelque chose qui forme un cercle doré. Ce cercle doré se referme sur un coeur d’oiseau, je crois-, et il est doré carc'estle reflet du sang, Dans la Ronde on entend au début des «cerceaux», dans des aruisseauxn, etc. Il y a des images, comme a, on entend des signes. Et pour écrire, c'est pareil. ly a des mots qui sont interdits, comme le mot «morte, par exemple, car c'est quelque chose que nous ne pouvons pas connaitre, donc a la place j'ai substitue le mot quity. Dono, dans Ronde de Nuit, on a le mot «Nuit», avec une majuscule, quand c'est la «mort», et en minuscule quand c'est la nuit. A Topposé du jour. Rien n'est fermé, tout est ouvert, toujours, vers la vie, Un cercle n'est pas facile A tracer A vue. Si quelqu’un me dit j'ai tracé un cercle», je suis absolument certain quil y a forcément un décrochage. Celui qui veut faire un cercle le fera peut-étre avec un compas, mais il mest pas totalement sir que les deux points se rencontreront. Ils sont déja en train de reformer une spire, ot un anneau qui va former la sphere. J'appelle ga «le point de rupture ». Un instrument aussi sera prisomnier d'une mesure, par exemple, pour un architecte, de la mesure du papier millimétré, comme on travaillait ‘une certaine époque, et ce papier est, de toute maniére, pas infini, De méme Ja musique est insituable, bien que l'on arrive aujourd'hui a des précisions incroyables, ce n'est pas aussi incro- yable que le sable que I'on peut trouver sur certaines plages, a certains endroits, qui est infiniment plus fin, plus profond, oi Yon peut mettre son empreinte, une fois, pas deux, anméme endroit. Alors qu’avecle numérique, on peut «refairen, — Replacer les grains, quisont bien plus grossiers. Mais 'idée nest pas du tout la: une fois, pas deux | Dans la musique, ily aune histoire de toumneries, avec trés peu de mots, parfois, mais ce sont les notes qui font bouger les choses, comme dans un morceau que j/avais composé pour le disque de Stella, Hello : eseul la nuit il réve d'amour seul...n, la retombée, le point d’appui n'est jamais tout 4 fait au méme endroit, et relance la fin différemment. Aprés, il y a un pro- blame de ponctuation aussi. I peut aussi ne pas y en avoir. On peut lire les phrases 4 la suite, ou alors on peut décider de les diviser en couplets de trois lignes, mais sion les met par deux, ga fonctionne aussi C'est ga qui est assez intéressant, J'ai beaucoup réfléchi @ la mise en page. Evidemment, je pouvais tout mettre a la suite, mais j'ai fait le choix de mettre les couplets par trois. Is n’étaient pas prisomniers d'un endroit. Un mot qui terminait une phrase pouvait en commencer une autre Oui, il y a toujours un jou avec I mots dans tes textes, comme dans Le Temps passe est mereilleux, qui peut s'écrize de plusieurs maniéres différentes Ga,clest sir! Dy aun autre théme, qui S'appelle Cette fois encore, il est veru, que j'ai improvise a la maison et que je mettrai peut-dtre un jour au répertoire solo. Quand j'ai écouté la bande, j'ai pensé a ca et je me suis dit «cette fois encore...» Combien de fois l'ai-je dit? Hé bien, en fait, j'ai prononcé cette phrase sept fois ! Aprés ga, j'ai essayé de l’écrire. Ga avait!’ air plutét spirituel, comme son, etles mots venaient assez rapidement. Est-ce que c'est simplement «cette fois encore il est venur, comme cette fois 1a, ou alors «sept fois», le chiffre, et acette fois encore», ou «cette foi en corps» ?J’ai réussi a I'écrire six fois différemment, et la septiéme est une reprise de la premiére. Etily ala Foi, dedans... Cette phrase parait toute simple, mais en fait, pas du tout! HE non ! C'est comme Le temps passe est merveillewx, cle temps passe c'est merveilleuxo, puisqu’on peut faire une liaison... C’est étrange... Que ce soit en musique, en dessin ou dans les écrits, il y a toujours des jeux, quelque part... (Oui, ily aces mots qui tournent... Mais ga'a pas trop été ulilisé comme ga, je ne connais personne d'autre qui l'a fait... Surtout, ga va tres bien avec la ‘musique quiest en accord avec. C'estla musique qui convient a ces mots-li, c'est ga qu'll faut voir Ifaut bien savoir que ces phrases li me viennent naturellement, je ne me suis pas mis au piano en me disant «Cette fois encore...» Non, j'ai commencé chanter, et tout est arrivé comme ca. Tout correspond un peu. Il y a des ‘moments forts, comme J'ai plongé dans Jes lacs... ly en a d'autres. Et astu déja essayé de faire correspondre un texte avec une musique, avec un dessin ? Non, je ne pense pas. Quand jai une vision, en musique ou en dessin, je arrive pas toujours a Tattraper, comme avec les capteurs de réves ASCENSION’ 10 page7 qu’utlisent les indiens. Mais parfois en tiens une partie, ce qui me suffi deja pour m'inspirer, comme il m'est arrivé de composer totalement éveillé, mais encore dans le réve, en me levant, en allant au piano, en écoutant le réve qui défiait, de ne pas me réveiller, de ‘minstaller au piano consciemment, tout en étant toujours dans le réve, Je crois que je n'ai jamais fait mieux, de ‘me mettre au piano pour écouter les demniers accords que résonner dans mon réve, et trouver la basse fondamentale. C'était d’ailleurs le cas d'un morceau que je n'ai jamais terminé et qui est toujours en chantier, qui s'appelle Suffering. Le théme complet, était Suffering of the World, Yatil d'autres themes que Von connait que tu as composé de cette manidrela? Non, pas a ce point 1a, Par contve, j'ai déja révé pendant des semaines des thames que jai aussitét joués au piano, 4 Yoreille, sans savoir exactement... Je mettais le magnéto en route, et j'enregistrais. C’était au tout début de MAGMA, Par exemple, Aurae est vraiment typique du theme que j'ai révé, Stoah également. J'ai révé de Stoah pendant trois semaines, j/avais méme des tremblements, des transes, des suées, cétait trés étrange. Et un jour c'est arrive, Ily a toujours un coté magique, ga artive comme ga, méme lorsqu’il s'agit d'une phrase. L'autre soir, j'ai envoyé une phrase & un copain qui attendait un coup de fil et que je wavais pas le temps d’appeler. Bt cétait une phrase un peu mystérieuse. Pai senti qu'elle appartenait & ces ambiances 18. Il faut aussi que je trouve le final de Slag Tang, le morceau que Yon est en train de faire actuellement (il Y'a trouvé le lendemain de lentretien, dlr). Je suis aussi en train de trier toutes ies phrases que j'ai, mais dont je Wai pas la musique. Jai les titres, dans ces ambiances la, Jai une expression pour désigner certaines paroles que j'ai pu écrire : délivrer les mots, crire en termes «imprenablesp. Quand jai une vision sur un tableau, ga se rapproche de la musique, mais si je n'ai pas de vision, je ne peux pas dessiner. Ga, c'est sir et certain. Je ne peux pas mlasseoir devant une feuille et dire atiens, la, je vais faire can, chose que je peux faire au piano. Je peux jouer un pew comme ga, pour me détendre, et soudain, quelque chose vient... Oupas! Mais 14, c'est rare, je ne me mets pas & dessiner comme ga, Ga m’artive de faire quelques ébauches, et soudainement vient tne idée. Mais pas comme en musique. Mais la vision suffi, alors parfois, je n'ai pas le tableau, mais failesidées. Je me dis ctiens, ilfaut que je développe un tableau sur telle idéen, comme le titre La maison du soleil, Mais je n'ai pas toujours les noms non plus... Crest comme en musique, j'ai parfois les noms mais pas encore Ja musique. En principe le nom arrive A la fin de la alisation, suivant le résultat aussi. Parfois je n'ai pas réussi ce que je voulais, j'ai fait autre chose, qui me convient ~ si on veut, il n'y a rien qui convient jamais | - mais je suis satisfait du résultat, méme si ce n'est pas ce que je pensais, donc la prochaine fois, je tenterais encore, jusqu’a ce qu'il porte son nom, etc. Envisages-tu & l'avenir d’illustrer foi-méme les pochettes de tes disques, comme tu l'avais fait pour Valbum du Quartet au Sunset? 1a, c’était particulier. Javais réalisé une @baucke sur un canson, je voulais faire ‘un tableau beaucoup pius grand pour Seventh, et c'est ce qui est devenu la pochette de album. ly avait un coucher de soleil, un réverbere, car c'était de mut, et le réverbére éclaire le soleil, on n'a pas idée ! (rires) Il ya également un sept, pour Seventh, des eee foréts, la nature, de l'eau, peutétre, ou as, et des écorces d’arbres, Dans le Sept», il y a du marron, comme un tronc d’arbre. Et pour le live au Sunset, fai utilisé ca, en me disant que le tableau definitif pour Seventh viendrait plus tard, mais ¢a ne s'est toujours pas fait. Done la, ce n’était plus un concours de circonstances ? Oui, je ne me suis pas dit sje vais faire ce tableau pour le Sunset», C'était une @bauche sur Seventh. Je voulais réaliser ca en grand et en mieux, Je 'ai montré & Stella quil’a trouvé pas mal. Et comme ce n’était qu'un projet, et que ga tombait bien avec le Sept pour Sunset, des choses comme ¢a, j'ai dit qu'l était bien adapté pour une pochette, en plus, clest coloré, c'est joli, plutét que de faire un truc froid... C'est pour cela aussi que pour le projet du disque pour enfants, on s'était achamés, a plusieurs, @ faire de belles photos couleurs, Parce que pour moi, les enfants aiment les belles couleurs, pas des choses grisatres ou froides. Quand jétais enfant, ce qui me réjouissait, c’était la période de Noél, car il y avait toutes sortes de lumigres extraordinaires, des guitlandes, qui sortaient de Vordinaire, & l'époque les rues n’étaient pas éclairées a outrance, contrairement 4 aujourd'hui, ol la ‘ASCENSION n° 10. page 6 lumidre de ces lampadaires de 200 metres de haut aplatit tout, il y avait des ombres, et donc chaque petite boutique était illuminée a sa maniére, les jours de féte, etil y avait des reliefs de coulewss. Si une boutique était 4clairée en bleu, on la voyait de loin! I y avait celle qui tirait vers le rouge, autre vers le vert... C’était une féte! La, aujourd'hui, ga ne veut plus rien dire, c'est comme lorsqu’on va aux Champs Elysées et qu'on regarde les, viewx réverbéres qui existent encore, et qui restent allumés, mais on ne voit plus ce quiils provoquent, ils sont noyés dans la masse... Alors qu’avant, il y avait de Tombre... La, avec ces immenses lampadaire affreux qui 4éclairent tout a froid... Avant, on disait @Paris, ville lumiérey, mais il y avait beaucoup de relief | Quand j’étais gosse, on allait parfois, trop rarement, se promener, le soir, dans Paris, et de voir toutes ces Iumidres, tous ces reliefs... ly avait un cété mystérieux et magique qui s'est perdu, Les magasins de jouets aussi étaient comme ga, Toutes ces belles couleurs, les sapins illuminés, mais pas en couleurs froides comme maintenant, il y avait de jolies boules avec des couleurs profondes, qui se cassaient comme du cristal... Moi, j'ai toujours ces couleurs en moi, et elles me manquent,.. Aujourd’hui, méme 1A ‘je suis, ils ont sorti les décorations de noél, un genre de gris-bleu froid... Crest froid, glacé La machine descargots, pas Kinsi, tu es toujours a la recherche de couleurs, qui n'existent plus actuellement... Je cherche simplement des couleurs, & foison ! Parfois, j'en retrouve, sur des emballages de tablettes de chocolats, des choses comme ga... Javais fait un tableau qui s'appelait Le Volcan de Noél. I crachait des boules de noél vers le ciel, qui se transformaient en étoiles. Et une amie, Malvina, qui fait des tableaux extraordinaires (c'est la premiére femme qui a peint des scenes sous ‘marines, sous Y'eau), mavait dit «tiens, est marrant, ce tableau me fait penser a Van Gogh». Je ne connaissais pas le tableau auquel elle faisait allusion, dans lequel Van Gogh avait dessiné des étoiles de toutes les couleurs. Je ne connaissais pas grand- chose en peinture, jen avais vu comme tout le monde, sans vraiment préter attention. Et sur ce tableau, Nuit Stoilée sur le Rhéne, en effet, on voit ces étoiles de toutes les couleurs, Et moi, je pensais étre la premiére personne a faire ¢a (rires) Bon, chez moi, c'était complétement naif, on voyait des étoiles de toutes sortes de couleurs, méme du jaune, mais pas forcément... La, c’étaient des étoiles de noal, venant du volcan de noél. Et a part Van Gogh, est-ce qu'il ya d'autres peintres que tu aimes bien? Ah oui, c'est sir ! Des gens comme Gustave Moreau, ou autres... Je ne peux pas les citer comme ga... AN niveau des perspectives infinies, j'aime beaucoup le travail de Escher, ses transformations, c'est magique... Jai plusieurs livres... Je ne suis pas du tout convainen par l'art contemporain, Je vois des peintures, parfois... Je ne dirais pas que ga manque de reliefs, car on voit le travail qui est fait, mais lest un travail trés technique quelquefois, pour un résultat... Bon, ga ne va pas aussi loin que ce que j'ai pu voir dans une exposition prés de chez ‘moi : un tableau de 4 métres sur 3 qui représentait un carré blanc sur fond bleu... Bon, il y en a plein des choses comme ga, dans l'art contemporain, et ‘on aurait dit que ce tableau avait été peint au rouleau, d'un bleu béte... Et tout le monde regardait ¢a, moi, je pensais «c'est du foutage de g..! Comme une fois, j'allais 4 Vaéroport de Nice, et sur une place je vois une sorte de bonhomme Michelin en pierre, au milieu, etje dis au chauffeur de taxi diens, c'est le bonhormme Michelin % choqué, il me répond: «ah non, c'est tel artiste, qui a réalisé cela pour laville de Nic» «Ah bon, excusez- moip... Je ne sais pas ol est l'art 1A- dedans, je pense que c'est vraiment ‘une fumisterie, comme accrocher un homard géant dans la chambre de Louis XIV a Versailles ! Ga m'angoisse de voir ¢a. Je dirais méme, le homard, pendu a la place d'un lustre ou je ne sais quiest-ce, si au moins il avait quelque chose d'extraordinaire, mais non! C'est une reproduction toute béte d'un homard, il n'y a absolument rien! C'est figuratif, mais bon, ala limite, je préfererais qu'il soit mangeable! res) La, a part le cété sacrilage, je ne vois pas, je ne comprends pas. Honnétement, j'appelle ca de V'art dégénéré. C'est comme. accrocher ‘une roue de vélo dans un musée, owun japonais qui avait entassé des centaines de cuvettes de toilettes dans une piéce... Jene sais pas ce quil se passe dans la téte des gens, je crois qqiils sont a court d'idées, de visions, alors que tout est possible, toujours, il suffit d'avoir un peu d'idées | C'est ‘comme lorsqu’on va voir un bon film, aprés, ly a deux cent mille réalisateurs qui vont en faire un remake, et on attend désespérément celui qui apportera, A nouveau, du sang neuf. Regarde le film Alien, le premier est bien, c’est tout. Ilya des effets de mode, comme partout, et en musique aussi. Moi, j'ai toujours su ASCENSION n°10 page 9 uiliser les choses avec parcimonie. Bon, dans Les Cygnes et les Corbeaux, certes, j'ai utilisé un son de cordes car je n/avais pas les moyens d’utilser un orchestre & cordes. Etfectivement, on entend bien que ce n'est pas un véritable orchestre, mais c'est utilisé pour un son de cordes, pas pour un effet gadget. Parce que ces effets-1a, ‘au moment oit on les utilise, ly a un disque de rock qui est déja enregistré depuis deux mois, aux Etats-Unis ou en Angleterre, avec’ ce son la ! Je me rappelle de la sortie d'un Akt MAGMA pour lequel je voulais une photo de anit de Londres. Le gars qui faisait la pochette a piqué sur Internet une photo de Londres avec la tour de Big Ben. Hé bien, jai revu cette photo sur la Pochette d'un groupe anglais, quinze jours aprés, totalement par hasard, il avait repiqué la méme ! Don ‘ca, je ne supporte pas ! D'autant plus que de toutes maniéres ce n’était pas mon idée | J'ai laissé faire parce que c’était un probléme de temps, mais jamaisjen’auraislaissé faire ca! Javais demandé un document, une photo de Londres la nuit, il fallat prendre le temps de trouver, et des photos de Londres la nuit, iy ena t Crest pour ¢a que la solution, c'est de tout réaliser toi:méme de A aZ! Quand j'ai pu le faire, c’était mieux! Diailleurs, pour te dire & quel point les «gens sont «a c6t6», c'est que le jour of ona travaillé surla pochette du disque pour enfants, jfavais pris plein de belles photos coulewss, réalisées tres simplement, puisqu'on n’avait pas de ‘moyens, avec du papier, comme du papier & chocolat, qu’on avait plié, pour faire des grottes avec des reflets, rouges, bleus etc, éclairés avec des projecteurs que l'on bougeait pour obtenir des ambiances et des reliefs différents. Et quand jai amené les photos la-bas, personne n'a voulu les voir !ILy avait déja un gars installé la qui m’a dit : evolla ta pochette » | til a ouvert une espace de livre anglais, ‘me montrant des nounours marron, des nomours un peu bétes, qui navaient méme pas une belle expression. ly en avait cinquante sur la photo, tous les mémes, comme dans une boutique of tu n’as que le mame modéle, et c'était ca, la photo quill voulait mettre. Moi qui dit toujours, «pas de redites», 1, on était servis! Bt en plus, avec un nounours qui était méme pas beau, qui n’avait aucun charme! Moi qui voulais une pochette de disque pour enfants avec plein de couleurs, il voulait me faire ceite pochette "marron! La, j/ai it non | Jai sorti_ mes photos, ila péniblement extrait un passage, «oui, a, peutétren... Celui de la petite sorcidre... Parce que vraiment, il ne supportait pas l'ambiance de Noél, le gars ! Ine supportait pas qu'il y ait un Véritable décor pour enfants, pourtant, ilavait le choix, ily avait au moins cent cinquante photos, avec plein de choses, des ambiances, des le groupe s'appelait les WURDALAKS, c'est Chistian Vander, le batteur en question, qui avait trouvé a, en regardant un film d'horreur italien de Mario Bava. Cet univers déjanté lui allait trés bien. Ml avait vu ce film qui Yavait impressionné, les Vengewrs, la ‘connotation « vampire ». C’était deja les prémices de MAGMA, Done je suis allé rencontrer ces mecs-la, qui habitaient rue du ruisseau, dans le 18®*, métro Ordener. Ga a collé tout de suite : avec Richard Demaria, le bassiste, trés, rés bien, il était capable de suivre n'importe qui sur n'importe quelle chanson, c’était aprés Christian Vander le second meilleur du groupe ; puis un guitariste moyen, Michel Rosengarten. J'étais bien meilleur que Ini 4 la guitare, mais comme c’était lui ASCENSION n°10 ‘qui avait le pognon, il tenait le groupe ! I faut savoir que Michel Rosengarten Atait le petitfils de Rosengart, grosse ‘marque de voiture en France dans les années 80-50. Le pére de Michel avait hérité de cette fortune qu'il avait bien claquée, et Michel achevait le travail ! On allait répéter chez Ini car il état le seul qui avait une chambre qui devait avoisiner les 40 m2, il habitait dans un bel immeuble qui appartenait a sa mére. Il possédait en plus du matos professionnel, amplis Fender, guitares Gibson alors que nous autres nous contentions de copies de merde... Le pare de Christian Grégoire, guitariste soliste, était talleur du cété du Sentier, le pére de Demaria bossait a la SNCF, sijene me trompe pas, ils habitaient tous dans un mouchoir de poche. Donc, onse réunit ous les quatre, et on donne rendez-vous & Christian Vander dans im café, car Christian n'acceptait de voir les gens que dans des cafés pour les rendez-vous, il avait toujours peur d’étre suivi. Bt il changeait de liew & chaque fois ! Au premier rendez-vous, jel’ai vupasser trois, quatre fois devant le café, les autres mont dit « tiens, tu ois, c'est le batteur !» 1 faut savoir qu’a I'époque, Christian s*habillait exclusivement, comme moi daillews par la suite, quavec des fringues «qu'on allait prendre dans une espece de Resto du Coeur, qui s’appelait «1a Cancras», C’était un trac pour les artistes de theatre un peu fauchés, of on allait car Christian y trouvait des redingotes de 1890. Des grandes redingotes noires, tras serrées, avec un petit col en velours. Elles nous plaisaient beaucoup, et 18 ‘bas, on nous les donnait. On s’habillait la. Comme gaa tout de suite bien collé entre nous, car nous avions des gotits ‘communs, on a commence répéter. On jouait du rock traditionnel, du Little Richard, du Gene Vincent, matiné de Rhythim'n’Blues, et du Tom Jones, car j'ai toujours eu une voix puissante avec beaucoup d’étendue. Christian ne quittait jamais ses baguettes, qui étaient @ Pépoque des baguettes de tambour, en ébéne. Il les aimait bien car elles étaient trés lourdes et lui imposaient un effort supplémentaire pour s'entrainer, par rapport a des baguettes normales. Son truc favori Atait de faire des concours de «papa- ‘maman » (exercice de batteur, ndlr) avec nous, méme si nous étions battus davance | (rire) [allais dormir chez Christian qui vivait avec sa mere au 42 Rue René Boulanger. A l'époque, ¢aa da tre détruit maintenant,» ils habitaient au fond d'une cour, au Premier ou au second, etl y avait juste ne grande piéce trés pauvrement meublée, avec une gaziniére, méme ppas de frigo, rien. On vivait li tous les trois, et on ne mangeait pas grand- ‘chose, souvent des Wimpy (chaine de restauration rapide de I’époque, ndlr), Enréalité, les WURDALAKS étaient plus un mode de vie qu'un orchestre. Nous avions notre propre maniére de parler, ‘un peu abrupte sans étre en verlan, qui ressemblait mn peu a du Canaque... ly avait déja de la part de Christian un désir de se singulariser vocalement, dans la maniére de parler. Mais ce n'est pas nouveau, les petits voyous des années 30-40 parlaient « frappe ». Done il avait monté, comme ¢a, plusieurs phrases, et on se servait entre nous de ce langage un peu spécial. Mais ga wavait rien @ voir avec le Kobaien, qui est arrivé bien plus tard. 1A, nous ne parlions pas du tout autres planétes ou autre. Je pense ailleurs que MAGMA n'est pas arrivé du tout au hasard. MAGMA était dgja, dans Ja tte de Christian, et il ne le savait pas. Je pense qu'il s'est bati son. propre univers oitJe mal n’avait pas de place, Une vision du monde différente. Je ne savais pas, quand je V'ai rencontré, si jouait un personnage, ou silycroyait vraiment. Al’époque oii on jouait de la musique ensemble, il jouait avec moi car il avait du coup l'occasion page 11 de jouer de la batterie, mais il n’écoutait_ pas de Rythm'n'Blues a Yépoqne, il s’en foutait comme de I'an 40, ce qui Ini importait était de pouvoir jouer avec un groupe sur scéne. II s'intéressait seulement aux trucs de jazz avec lesquels il me

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