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Alphonse Raes

L'authenticité de la liturgie byzantine de saint Basile


In: Revue des études byzantines, tome 16, 1958. pp. 158-161.

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Raes Alphonse. L'authenticité de la liturgie byzantine de saint Basile. In: Revue des études byzantines, tome 16, 1958. pp. 158-
161.

doi : 10.3406/rebyz.1958.1179

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1958_num_16_1_1179
L'AUTHENTICITÉ DE LA LITURGIE
BYZANTINE DE SAINT BASILE

II ne sera pas inutile de faire remarquer que la recherche autour


de l'auteur de la Liturgie de saint Basile ne peut porter que sur les
prières sacerdotales de cette Liturgie et d'une manière particulière
et probablement exclusive sur celles qui constituent l'anaphore. En
tout cas, c'est à celles-ci que nous nous limitons présentement.
Plusieurs témoignages parlent nettement en faveur de l'authent
icité basilienne (1). Le plus ancien semble être celui d'un latin,
Pierre le Diacre, qui tire pour sa thèse un argument de Γ « oratio
sacri altaris » de saint Basile, en usage, dit-il, dans presque tout
l'Orient : « quam pêne universus fréquentât oriens ». Il cite même
un passage de l'anaphore, plus précisément de la prière d'interces
sion (2). Les 140 à 150 années qui séparent Pierre le Diacre de
saint Basile sont un laps de temps assez considérable; mais cette
attribution, faite au moins au vi° siècle, s'est conservée très ferme
jusqu'à nous. On ne voit d'ailleurs pas ce qui dans le contenu, le style
ou la langue de ces prières pourrait nous induire à l'infirmer.
La question n'est pas là. Sans doute saint Basile est l'auteur de
l'anaphore qui porte son nom, on peut l'affirmer avec une grande
probabilité; mais, comme de cette anaphore il y a deux recensions
fondamentalement différentes, on se demande à juste titre de laquelle
des deux il est l'auteur : de la longue ou de la brève, de l'égyptienne
ou de la byzantine avec laquelle la syriaque va assez bien d'accord
et aussi l'arménienne, quoique sans une mesure beaucoup moindre (3).
(1) On les trouvera réunis dans J. M. Hanssens, Institutiones lilurgicae de ritibus orien-
talibus, t. III (1932), p. 574-576.
(2) Cf. Migne, P. L., 62, 90 et 65, 449. Voici le texte de la prière : « Dona, Domine, vir-
tutem et tutamentum : malos quaesumus bonos facito, bonos in bonitate conserva : omnia
enim potes, et non est qui contradicat tibi : cum enim volueris, salvas, et nullus resistit
voluntati tuae ». Il faut avouer que seulement quelques mots de cette citation, .ceux que
nous avons soulignés, se trouvent dans le texte connu de l'anaphore basilienne. Gela prou
verait qu'elle a pu être remaniée entre le vie et le vine siècle.
(3) Voir H. Engberding, Das eucharislische Hochgebet der Basileiosliturgie, Coesfeld. 1931:
excellente étude philologique qui donne tous les renseignements voulus sur les diverses
recensions et versions, sur leurs manuscrits et éditions. Ce livre présente aussi une analyse
très fouillée de la prière qui précède et de celle qui suit le Sanctus.
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Une comparaison entre les deux recensions principales donne ce


résultat global qui suffit à notre propos.
Prière avant le Sanctus : les premiers mots 6 ων δέσποτα sont iden
tiques dans les deux recensions; le début de cette prière est d'ailleurs
assez insolite, le « vere dignum et iustum est » étant inséré d'une
manière gauche dans le texte byzantin et totalement absent dans le
texte égyptien. Les deux adressent cette prière à la même personne,
invoquée dans les mêmes termes : « Pater Domini nostri Iesu Christi
Salvatoris ». Mais le reste de la prière est différent, d'autant plus que
la recension byzantine en fait une prière adressée aux trois personnes
de la Sainte Trinité par de longs développements indiquant les pro
priétés du Fils et du Saint-Esprit ajoutés après la prière au Père.
La transition introduisant le Sanctus est aussi différent. Si on n'avait
que cette première prière on hésiterait fort à leur trouver une parenté
à tel point que, dans la supposition que la byzantine est postérieure
à l'égyptienne, celle-là n'apparaît pas comme un développement
mais comme une refonte de celle-ci.
Prière après le Sanctus : elle raconte l'histoire du salut : création
de l'homme, son péché et son exil du paradis, la condescendance
divine, l'envoi des prophètes, puis du Fils de Dieu, l'incarnation du
Verbe en vue de la régénération du peuple qu'il s'est acquis, notre
délivrance du péché et de la mort par sa passion et sa résurrection,
son ascension, sa session à la droite du Père, sa seconde venue glo
rieuse au jour de la rétribution finale. Les moments principaux de
cette histoire merveilleuse se retrouvent tous dans le même ordre
et parfois dans les mêmes termes dans les deux recensions. Les expres
sionscommunes ne sont pas nombreuses mais assez caractéristiques
pour permettre de conclure à une parenté entre les deux textes;
voici des exemples : « plasmasti hominem; posuisti in paradiso volup-
tatis; suasione serpentis; de paradiso exiliasti; quando venit pleni-
tudo temporis locutus es nobis in Filio; acquirens nos sibi populum
acquisitionis ; sanotifîcans Spiritu Sancto, dédit seipsum commu-
tationem morti in qua detinebamur, venditi sub peccato, et descen-
dens per crucem ad inferos; venturus es reddere unicuique secundum
opera sua ». Dans la finale surtout les deux textes sont très proches
l'un de l'autre, comme aussi dans la transition à la partie suivante :
« reliquit nobis hoc magnum pietatis mysterium (égyptien) — reliquit
nobis memorialia salubris suae passionis, ista quae proposuimus
secundum tua mandata (byzantin) ».
Narration de la Dernière Cène et Anamnese : il est difficile de se pro-
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noncer ici, parce que la ressemblance assez forte entre les deux textes
provient probablement de la byzantinisation du texte égyptien
tel que nous le possédons aujourd'hui. La preuve la plus évidente
s'en trouverait dans la finale de l'anamnèse égyptienne identique
presque à la byzantine, mais en opposition flagrante avec l'anaphore
vraiment égyptienne de saint Marc (saint Cyrille en copte).
Epiclèse : l'épiclèse byzantine commence par une prière du prêtre
pour lui-même absente de l'égyptienne; mais l'invocation au Saint-
Esprit est presque identique avec l'exprès, ion commune mais peu
habituelle : « cum beneplacito tuae bonitatis ». Alors que la demande
de transformation du pain et du vin est assez semblable dans les deux
recensions, la dernière partie qui met en avant les fruits de la parti
cipation à ces dons transformés est nettement différente; et cependant,
dans la finale, les deux recensions se retrouvent dans une série d'expres
sions : « et efficiamur unum corpus et unus spiritus et inveniamus
partem et consequamur haereditatem cum omnibus sanctis qui a
saeculo tibi placuerunt (égyptien) — coadunati invicem in unius
Spiritus communione... ut inveniamus misericordiam et gratiam
cum omnibus sanctis qui a saeculo tibi placuerunt (byzantin) ».
En somme, il ne s'agit pas de deux textes remontant à une source
commune, mais de la refonte d'un premier texte que le deuxième
auteur a voulu enrichir par des développements théologiques et par
des textes tirés de l'Écriture.
On a voulu aller plus loin et on a voulu montrer que ces dévelop
pements théologiques et scripturaires étaient certainement dus à
saint Basile lui-même; pour prouver cette thèse on a apporté des textes
parallèles disséminés dans les œuvres du saint docteur (1). On sait
combien les arguments de cette espèce laissent le plus souvent per
plexe. Dans le cas présent, on est rendu d'autant plus méfiant que
l'auteur de l'article en question veut prouver sa thèse non seulement
pour les prières de l'anaphore mais pour toutes les prières de la Litur
gie basilienne et même pour les litanies diaconales.
Le P. Hanssens se déclare d'accord avec le P. Engberding où celui-
ci conclut que l'évolution du formulaire basilien a progressé du plus
court et du plus simple au plus ample et au plus emphatiquement
théologique. Il est encore d'accord avec lui lorsqu'il dit que saint Basile
ne peut avoir été Fauteur d'une abréviation qui aurait supprimé

(1) M. J. Lubatchiwskyj, Des heiligen Basilius liturgischer Kampf gegen den Arianismus.
Ein Beitrag zur Textgeschichte der Basilius liturgie, in Zeitschrift für Theologie, t. LXVI
(1942), p. 20-38.
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dans la prière eucharistique deux éléments que précisément il voulait


y voir toujours présents, l'usage des textes scripturaires et l'action
de grâces pour l'œuvre de notre rédemption. A cause de la présence
plus ample de ces deux éléments dans l'anaphore byzantine, le P. Eng-
berding croit que saint Basile est Fauteur de l'anaphore longue. Ici
se marque le désaccord entre les deux éminents liturgistes. Le P. Hans-
sens, en effet, trouve que ces deux éléments ne manquent pas enti
èrement dans l'anaphore égyptienne et que celle-ci, quoique plus sobre,
peut donc satisfaire aux exigences de saint Basile. Il propose de consi
dérer saint Basile comme le rédacteur du premier noyau de l'ana
phore et un de ses premiers successeurs sur le siège de Césarée comme
l'auteur de la recension longue. Et il se sent poussé à faire cette hypo
thèse parce qu'autrement on n'arrive pas à expliquer comment la
recension courte a été admise en Egypte et y porte le nom de
saint Basile, si elle ne se recommandait pas de l'autorité de l'évêque de
Gésarée (1). Le P. Heiming, qui défendait avec force la position du
P. Engberding, devait convenir, d'ailleurs avec celui-ci, qu'il y a là
« ein dunkler Restbestand » (2).
Et cependant, n'y aurait-il pas une solution toute simple à cette
difficulté, et en même temps élégante puisqu'elle ne donnerait tort
à aucun des deux partis? Ce serait de supposer et d'affirmer que
saint Basile est Fauteur des deux recensions, de la courte qui sous
son nom aurait pris le chemin de l'Egypte, et de la longue, refonte de
la première, qui remplaça la rédaction originale à Césarée, se répand
it très tôt chez les Arméniens et chez les Syriens, et pénétra partout
où arriva plus tard le rite byzantin.
Cette hypothèse ne paraîtra pas simplement possible, mais acquerra
un brin de probabilité, si on veut lire les pages écrites par le P. J. Gri-
bomont sur les rédactions basiliennes des Ascétiques. On y verra entre
autres que « le Petit Ascéticon a disparu en grec, étouffé par les recen
sions ultérieures. Nous en avons conservé d'anciens manuscrits
syriaques et de très nombreux manuscrits latins » (3).
Voilà donc un cas analogue à celui de notre anaphore : une première
rédaction, plus brève, perdue dans sa patrie d'origine, mais conser
vée à l'étranger, et une ou plusieurs rédactions subséquentes, dévelop
pées par saint Basile lui-même.
Rome, le 5 mars 1958. Alphonse Raes, S. J.
(1) Cf. Orientalia Christiana, t. XXVI (1932), p. 220-223.
(2) Cf. Jahrbuch für Liturgiew., t. XI (1931), p. 303.
(3) Histoire du texte des Ascétiques de saint Basile, Louvain 1953, p. 325.
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