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Frédéric Louzeau
Collège des Bernardins
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All content following this page was uploaded by Frédéric Louzeau on 04 January 2021.
IL BENE COMUNE
Editors
Stefano Bancalari · Stefano Semplici
Associate Editors
Enrico Castelli Gattinara · Francesco Paolo Ciglia · Pierluigi Valenza
Editorial Board
Fr ancesco Botturi · Bernhard Casper · Ingolf Dalferth · Pietro de Vitiis
Adriano Fabris · Piergiorgio Gr assi · Jean Greisch · Marco Ivaldo
Jean-Luc Marion · Virgilio Melchiorr e · Stéphan Mosès† · Adriaan Peperzak
Andrea Poma · Richard Swinburne · Fr anz Theunis
Managing Editor
Fr ancesco Valerio Tommasi
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Si invitano gli autori ad attenersi, nel predisporre i materiali da consegnare alla Direzione,
alle norme specificate nel volume Fabrizio Serra, Regole editoriali, tipografiche & redazionali,
Pisa-Roma, Serra, 20092 (Euro 34,00, ordini a: fse@libraweb.net).
Il capitolo Norme redazionali, estratto dalle Regole, cit., è consultabile Online alla pagina
«Pubblicare con noi» di www.libraweb.net.
The authors are prayed to observe, in preparing the materials for the Editor,
the rules stated in the Fabrizio Serra, Regole editoriali, tipografiche & redazionali, Pisa-Roma,
Serra, 2009 2 (Euro 34,00, orders to: fse@libraweb.net).
Our Editorial Rules are also specified at the page
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l x x x i v · 2 0 1 6 · n. 1 - 2
IL BENE COMUNE
pisa · roma
fa b r i z i o s e r r a e d i t o r e
mmxvi
Rivista quadrimestrale
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Amministrazione e abbonamenti
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Casella postale n. 1, succursale n. 8, i 56123 Pisa,
tel. 050 542332, fax 050 574888, fse@libraweb.net
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«Archivio di Filosofia»: autorizzazione del Tribunale di Pisa n. 27 del 14 giugno 2007
«Archives of Philosophy»: autorizzazione del Tribunale di Pisa n. 19 del 14 giugno 2007
Direttore responsabile: Fabrizio Serra
issn 0004-0088
SOMMARIO
Abstract
Forgotten for centuries, the concept of common good was a renewed relevance in the context
of globalization began in the late nineteenth and the two world wars and totalitarian ideologies
in the twentieth. Among all, the reflection of the French Jesuit Gaston Fessard (1897-1978) ap-
pears as the boldest and most profound. This paper presents the analysis he gave the content (i)
and form (ii) of the common good of a political society. Then it tests this for relevance in con-
fronting the challenges of the present situation : the economic and financial crisis, the political
consequences of environmental change, the political integration of Islam in Europe.
Keywords : Gaston Fessard, content and form of the common good, categories, analogy.
Introduction
ermettez-moi d’introduire mon propos en résumant l’intérêt que j’ai trouvé à
P explorer, depuis plus de 15 ans, la question du bien commun, tout en notant sa
difficulté propre.
1. Même si la notion de bien commun relève d’abord de la science pratique, elle pré-
sente néanmoins un intérêt théorique. Notion cardinale de la pensée politique de Saint
Thomas d’Aquin, 1 le bien commun peut servir de marqueur ou de critère d’évalua-
tion de toutes les théories politiques, qu’elles soient philosophiques ou théologiques.
S’interroger sur ce qu’est le bien commun, c’est réfléchir à l’origine, au sens et à la fin
(achèvement) des sociétés humaines ou plus généralement de l’être social, et par le fait
même à l’origine, au sens et à la fin de la destinée humaine. Ce qui indique d’emblée,
dans ce genre d’enquête, la nécessité d’un niveau d’analyse plus profond que celui des
sciences sociales et même du seul champ de la philosophie politique. Chez Saint Tho-
mas par exemple, le bien commun est in fine la réalité par laquelle l’homme social col-
labore à la Raison divine qui gouverne le monde.
2. C’est plus encore d’un intérêt pratique que relève l’exploration du bien commun : dans
la vision catholique de la société, le concept de bien commun est censé éclairer et atti-
rer la conscience des acteurs, qu’il s’agisse des dirigeants politiques ou économiques,
ou des simples citoyens. Je ne peux m’empêcher de rapporter deux phrases essentielles
du pape Léon XIII : « Le bien commun est, après Dieu, dans la société la loi première et
1
On pourra se référer avec grand profit à la dernière étude globale de la pensée politique de saint
Thomas en langue française : François Daguet, o.p., Du politique chez Thomas d’Aquin, Paris, Vrin, coll.
« Bibliothèque thomiste », 2015, 406 p.
doi 10.19272/201608502020 · «archivio di filosofia», lxxxiv, 1-2, 2016
234 p. frédéric louzeau
dernière » ; « Le bien commun est le principe créateur et l’élément conservateur de la
1
société humaine. D’où il suit que tout vrai citoyen doit le vouloir et le procurer à tout
prix ». 2 C’est donc au bien commun que le chrétien est invité à se référer dans chacune
de ses délibérations, discernements et décisions politiques. C’est pourquoi il importe
que la réflexion sur le bien commun ne se cantonne pas dans des formules tellement
abstraites qu’elles n’aient aucune prise sur la perception des acteurs et ne leur soient
finalement d’aucune utilité. Je ne suis pas sûr que les formules magistérielles actuelle-
ment disponibles soient exemptes de pareille difficulté. En d’autres termes, un exposé
sur le bien commun relève davantage de la raison pratique : il doit s’efforcer non seule-
ment de formuler quelques finalités générales mais plus encore de favoriser les condi-
tions ou facteurs affectifs et spirituels qui motivent les hommes à agir en vue d’un bien
collectif ou qui réveillent leur désir des choses communes.
3. La notion du bien commun est en outre une notion complexe et même plurivoque,
pour ne pas dire analogique. 3 Cette complexité-plurivocité se laisse voir d’abord dans un
fait observable par tous : il existe de multiples formes et degrés de l’être social, possé-
dant chacun un bien commun spécifique et différentes manières de s’en réclamer : fa-
mille, associations ou professions ou entreprises de taille diverse, nation ou État, com-
munauté des nations, auxquelles s’ajoutent aujourd’hui les multiples collectifs créés
par l’environnement numérique. Mais la complexité et la plurivocité du bien commun
s’apprécient encore davantage lorsque l’on réfléchit à son contenu puis à sa forme.
Cette communication se propose donc de présenter l’analyse du contenu (i) et de la
forme (ii) du bien commun d’une société politique, élaborée par le Père jésuite Gas-
ton Fessard (1897-1978) 4 durant le temps de la Seconde Guerre mondiale, et d’envisager
comment elle peut s’actualiser pour éclairer les enjeux de la situation présente. 5
1
Au milieu des sollicitudes [lettre encyclique aux archevêques, évêques, au clergé et à tous les catholiques
de France], 16 février 1892.
2
Notre consolation [lettre encyclique aux cardinaux français], 3 mai 1892.
3
En ce sens, le retour de cette notion dans d’innombrables publications depuis plus de vingt ans ne
signifie pas nécessairement une avancée vers une situation sociale plus harmonieuse mais témoigne plutôt
de la multiplication et de la dispersion des puissances d’agir. Historiquement, le bien commun n’est jamais
tant évoqué que lorsqu’il est menacé.
4
La meilleure présentation générale de la pensée du P. Fessard est celle de Michel Sales s.j., son dis-
ciple et ami, dans Gaston Fessard (1897-1978). Genèse d’une pensée, Bruxelles, Culture et vérité, 1997, 153 p.
5
La réflexion fessardienne sur le bien commun comprend d’autres points majeurs qu’il ne nous est pas
possible de traiter dans le cadre de cette communication : notamment la notion connexe de « mal com-
mun » ; l’articulation entre le singulier, le particulier et l’universel ; les relations entre Bien commun et reli-
gion ; le jeu des catégories du Bien commun dans les dialectiques anthropologiques fondamentales Maître-
Esclave, Homme-Femme et Païen-Juif etc.
6
Nous extrayons cette décomposition de G. Fessard, Collaboration et résistance au Pouvoir du Prince-Es-
clave (octobre-décembre 1942), in Frédéric Louzeau, L’anthropologie sociale du Père Gaston Fessard, Paris, P.U.F.,
2009, p. 654 et 674. Voir également le Journal de la conscience française, 1940-1944, suivi de Qu’est-ce qu’un gou-
vernement ‘légitime’ ?, Paris, Plon, coll. « Commentaire », 2001, p. 70-71 ; France, prends garde de perdre ta liberté !,
Paris, Edition du Témoignage chrétien, 2nde éd. augmentée, avril 1946, p. 274-275 ; Libre méditation sur un
message de Pie XII (Noël 1956), Paris, Plon, octobre 1957, p. 81-82.
de gaston fessard aux exigences du temps present 235
1. Le premier élément est le niveau élémentaire et immédiat du Bien commun, degré infé-
rieur ou condition primordiale de l’être social. Il consiste dans l’existence et la sécurité
des citoyens, d’où résultent l’unité et la cohésion de la société, et qui permettent, dans
la coexistence paisible, les échanges essentiels à la vie du groupe et à la satisfaction des
besoins vitaux. Il ne s’agit pas encore ici de la cime du bien commun, la communion
de chacun avec tous, mais de son niveau élémentaire et immédiatement indispensable. S’il
vient à manquer, la société n’existe pas du tout. Ce premier élément suppose d’abord la
paix entre les membres, comprise ici comme absence de guerre et de troubles.
À l’intérieur de cette strate fondamentale, il est nécessaire d’identifier deux autres
fins essentielles et complémentaires qui étaient encore implicites au moment où le
Père Fessard réfléchissait mais que les événements ont, depuis lors, obligé à prendre en
considération.
D’une part, en amont même de l’existence et de la sécurité des membres de la so-
ciété, un environnement naturel viable et durable est nécessaire pour répondre à leurs be-
soins vitaux. Comme l’explicite de manière très suggestive le philosophe et sociologue
Bruno Latour, 1 l’appréhension de ce niveau est très complexe et, comme on le sait,
âprement débattue. Elle nécessite notamment des modèles scientifiques et des dispo-
sitifs techniques particulièrement élaborés, et suppose que l’on intègre toute une série
de rétroactions des activités humaines sur la biosphère encore largement ignorées. La
puissance de la terre n’a pas fini de perturber le bien commun et par là de bouleverser
les fondements mêmes des régimes politiques, comme nous allons y revenir.
D’autre part, la croissance des échanges économiques entre les hommes et de leurs
besoins appellent un (ou des) mode(s) de coordination des comportements économiques de
plus en plus complexe(s) – ce mode pouvant prendre la forme de ce que les écono-
mistes appellent un « marché », c’est-à-dire à la fois un lieu où s’effectuent des transac-
tions et un mécanisme de fixation des prix, 2 mais pas uniquement ni nécessairement.
3. Enfin, l’élément supérieur et plus lointain, sommet du Bien commun, est l’Idéal ou
l’Idée directrice, qui comprend la concorde et les valeurs qu’un peuple veut incarner, vers
lesquelles du moins il entend progresser. 2 D’ordinaire, cet Idéal où un peuple rassemble
ses raisons de vivre se représente aux yeux de ses membres soit comme la vocation ou
la mission historique de leur communauté, soit plus radicalement comme la cause pour
laquelle existence et sécurité (1er élément) peuvent être risquées et même doivent l’être
dans certaines circonstances. 3 Ce troisième élément correspond donc à la raison d’être
et à la fin dernière de l’être social ainsi que des individus qu’il réunit.
Pour jouer son rôle unificateur, l’Idéal doit être à la fois concret et commun à tous les
membres de la société. Les valeurs qui le composent peuvent être exprimées en termes
‘humanistes’ – comme la triade républicaine française ou une déclaration universelle
des droits de l’homme – ou strictement ‘religieux’ – comme une loi divine à l’exemple
de la charia – ou parfois ‘hybride’.
Si, en outre, cet idéal se prétend absolument universel et intégrant en lui la totalité du
devenir humain, comme c’est le cas de certaines religions, divines ou séculières, il devra
s’incarner, c’est-à-dire se représenter dans la société humaine globale par la médiation
d’une unité socialement réalisée et réalisable, qu’il s’agisse d’une Église, d’une Nation,
ou encore d’un Parti, représentant par exemple une Classe sociale, comme dans le cas
du Communisme, ou une Race (Nazisme).
*
Existence et sécurité, ordre de droit et de justice, idéal ou valeurs : telles sont, pour G. Fes-
sard, les trois fins essentielles et irréductibles d’une société politique, composant donc
la trame de son Bien commun et suffisant à en déterminer le contenu. 4 Au passage, il
est essentiel de noter que ces trois niveaux sont à la fois distincts et corrélés mutuelle-
1
On pense ici aux travaux de Jürgen Habermas en particulier.
2
C’est ce niveau à propos duquel J. Ratzinger et J. Habermas s’expliquent dans leur fameuse discussion
de 2004 concernant les fondements pré-politiques de l’État libéral. C’est également ce niveau qui est en jeu
dans les principes de la théorie de la justice de John Rawls et les innombrables discussions auxquelles elle a
donné lieu. Dans les termes de l’analyse du pape Jean-Paul II, ce troisième niveau se vit et s’exprime dans
une culture, c’est-à-dire un ensemble de principes et de valeurs qui font l’ethos d’un peuple.
3
Chaque groupe humain, comme chaque individu, se comporte en fonction du sens qu’il accorde à cet
Idéal de vie, que ce sens soit explicitement assumé ou implicitement vécu. L’Idéal implicitement vécu ne se
thématise pas toujours explicitement de telle manière qu’il possède son expression théorique et réfléchie
(comme dans une constitution par exemple), mais sa réalité et sa détermination spécifique se manifestent
quand les événements obligent les individus à affirmer positivement leur vouloir-vivre, du moins à le dé-
fendre quand ils se sentent menacés.
4
On peut également reconnaître dans les trois niveaux du bien commun des rapports constitutifs de
l’être humain : de l’homme à la nature ou, si l’on préfère, au non-humain (1), de l’homme à l’homme (2), de
l’homme à la sphère du logos – compris comme sens, raison et langage (3).
de gaston fessard aux exigences du temps present 237
ment, chaque acteur ayant alors tendance à hiérarchiser les fins du bien commun selon
un ordre correspondant à ses intérêts particuliers et à son équation sociale, ainsi qu’à
son affectivité politique et à sa vision du monde. C’est donc tout autant par la distinc-
tion des niveaux que par leur hiérarchisation réciproque que cette analyse montre sa
valeur théorique et son efficacité pratique. 1
De cette décomposition du Bien commun, le P. Fessard a tiré profit pour mesurer
finement le degré de légitimité de tout pouvoir politique et par là déterminer le dosage
entre obéissance qui lui est due et résistance légitime qu’on doit lui opposer. 2 S’il s’est
surtout agi pour lui de discerner les équivoques de la politique de collaboration du
gouvernement de Vichy avec le iiie Reich, 3 la décomposition du Bien commun en élé-
ments constitutifs vaut plus largement pour évaluer une situation politique, qu’il s’agisse
de la conformité d’un programme électoral ou d’une ordonnance au Bien commun, ou
même du degré de cohésion d’une société. 4
1
Dans Collaboration et résistance au Pouvoir du Prince-Esclave (octobre-décembre 1942) et Journal de la conscience
française (1940-1944), le Père Fessard fait jouer les niveaux entre eux en ayant recours à l’analogie du composé
humain : corps-moi-âme.
2
Ce faisant, cette analyse a aussi permis au Père Fessard d’exprimer la vocation du pouvoir politique
et par là sa difficulté spécifique : effectuer au nom de tous une synthèse des valeurs et des nécessités, ce en
quoi consiste « se faire médiateur du Bien commun » (France, prends garde de perdre ta liberté, p. 277 ; Collabo-
ration et résistance au Pouvoir du Prince-Esclave, p. 674-675).
3
Également les équivoques analogues du parti communiste français dès la Libération (France, prends
garde de perdre ta liberté), puis du problème du neutralisme durant la guerre de Corée (Paix ou Guerre ? Notre
Paix, Paris, Monde Nouveau, 1951, p. 80).
4
Voir notre analyse de la crise de la démocratie en France et en Europe : « Repenser la démocratie. Dia-
logue avec Yves Charles Zarka sur le problème de la légitimité à partir de la pensée du Père Gaston Fessard
(1897-1978) », in Actes du séminaire Penser l’inappropriable (Y. C. Zarka), Collège des Bernardins, 19 mars 2015
[à paraître en 2016].
5
« Catégories » est ici à entendre dans un sens proprement métaphysique. Elles désignent les points de vue
formels sous lesquels la totalité du Bien commun est appréhendée par un observateur selon son équation
sociale et politique, qu’il s’agisse d’un gouvernant ou d’un citoyen. En d’autres termes, la volonté humaine,
individuelle ou collective, aperçoit le Bien commun sous des aspects globaux dont elle peut se servir pour
définir sa visée.
6
Gaston Fessard, Autorité et Bien commun. Aux fondements de la société, Nouvelle édition revue et aug-
mentée par le Père Frédéric Louzeau, Ad Solem, 2015, p. 83 (référé sous l’abréviation ABC dans la suite
de l’article).
238 p. frédéric louzeau
commun. Ici, la communauté est appréhendée comme une unité particulière où cha-
1
cun est mis en interaction avec tous. Pendant des millénaires, c’est sous ce premier
point de vue que les cités humaines ont aperçu non seulement leur propre bien mais
l’intégralité du Bien commun. 2 Au reste, les responsables politiques du monde entier
l’adoptent assez spontanément et légitimement pour la société dont ils ont la charge.
Car ce point de vue révèle un aspect essentiel du bien collectif face aux égoïsmes des
individus comme des groupes particuliers : c’est à lui que fait implicitement référence
le principe qui exige que « l’intérêt général prime les intérêts particuliers ». C’est au nom
de cet intérêt général que, le cas échéant, des gouvernants s’autorisent à léser, ponc-
tuellement ou durablement, les droits de tels ou tels de ses concitoyens, ou même, dans
des cas extrêmes, à risquer l’existence et la sécurité de certains de ses membres voire de
la nation tout entière. Tout légitime, décisif et puissant soit ce premier aspect formel,
il n’est pourtant pas le seul.
2. Le Bien commun peut être saisi et voulu sous un deuxième point de vue – son aspect
abstrait, subjectif et universel – en tant que la communauté a pour fin de satisfaire le
désir universel de chacun de ses membres et, dans ce but, de mettre tous en interaction
avec chacun. Ce deuxième aspect du Bien commun correspond à son essentielle ouver-
ture sur l’infini. 3 Ce qui définit cette Communauté du bien, « c’est non point la part réelle
mais toujours limitée que l’individu prend au Bien de sa communauté, mais la partici-
pation illimitée à tout bien possible qui lui est reconnue sous forme de “droits”. Droits
universels, droits de l’homme comme tel ». 4 En termes plus simples, la Communauté
du bien désigne la répartition équitable de la prospérité commune à chaque citoyen,
selon ses besoins et ses possibilités, de telle manière que soient garantis sa liberté et
l’exercice de ses droits essentiels à l’intérieur de la société.
C’est à ce point de vue que se réfèrent spontanément les individus dans leurs conflits
avec l’État et plus largement avec les autorités politiques et économiques dont ils dé-
pendent, notamment quand ils entendent résister à une loi ou une ordonnance ou une
initiative injuste. La primauté de cette Communauté du bien est caractéristique du
projet libéral moderne d’inscrire, dans le champ des sociétés politiques, l’ouverture à
l’universel héritée d’une vision chrétienne du monde et de la personne humaine. Aux
yeux du Père Fessard, pareille option qui fait prévaloir l’aspect universel du Bien com-
mun sur son aspect particulier constitue un acquis indéniable du Libéralisme de la Ré-
volution française. Elle souffre cependant de son abstraction et de son indétermination
foncière ainsi que de ses incessantes oppositions avec le Bien de la communauté (elle
tend également à dissoudre toute communauté humaine particulière). Car, s’ils sont
conçus isolément et considérés comme des catégories exclusives du Bien commun, le
Bien de la communauté et la Communauté du bien se contredisent, « au point même
de détruire le lien social ». 5
3. C’est pourquoi le Bien commun doit être envisagé selon un troisième et ultime point
de vue, à la fois universel et concret, le Bien de la Communion, qui résulte de la mise en re-
lation réciproque des deux aspects formels précédents et constitue le principe supérieur,
1 2
Cf. ABC, p. 103. Cf. ABC, p. 115.
3 4
Cf. ABC, p. 103. ABC, p. 84-85.
5
« Force et Justice. Début », in G. Fessard, Le Mystère de la Société. Recherches sur le sens de l’histoire, texte
établi et présenté par Michel Sales, Bruxelles, Culture et Vérité, Lessius, 1997, p. 591.
de gaston fessard aux exigences du temps present 239
l’âme et le nœud vital de toute société. « La communauté particulière doit inclure dans
1
son “intérêt général” comme le plus général de tous, le respect des droits de l’homme
et la réalisation de cette Communauté du bien qui peut se communiquer identique-
ment à tous : celle-ci deviendra du coup le moyen par lequel s’universalise le Bien de la
communauté particulière. Et d’autre part chacun doit user de ses droits universels pour
assurer d’abord le Bien de sa communauté particulière : celle-ci par là même servira de
moyen qui réalise et détermine la Communauté du bien ». 2
Dès lors, « sous le nom de Bien commun, c’est ce Bien de la Communion que l’auto-
rité et les membres de la communauté doivent formellement viser, l’une pour être
conforme à son essence, les autres pour promouvoir et accomplir leur existence so-
ciale ». 3 Autant l’intérêt et le devoir de l’autorité est de viser le Bien de la communauté,
et ceux des citoyens la Communauté du bien, autant l’intérêt supérieur et le devoir
commun des uns comme des autres supposent de rechercher le Bien de la Communion.
Ce dernier point de vue est celui d’une médiation réconciliatrice qu’entend mettre en
lumière, aux yeux des pouvoirs comme des membres de la société, en théorie et en
pratique, l’Église catholique. 4
*
Bien de la communauté, Communauté du bien et Bien de la Communion, constituent
donc de véritables catégories du Bien commun, qui s’appellent et s’impliquent les unes
les autres. « Infiniment simple est l’ordre de leurs relations, et en même temps suscep-
tible d’une complexité sans limites. Sur elles comme sur une assise inébranlable, tout
lien social s’institue, se développe et s’accomplit. […] Toujours identique, leur jeu est
en mesure de résoudre toutes les oppositions, d’opérer toutes les conciliations, à tous
les degrés de la communauté humaine, de l’infime à l’immense. Des relations rudimen-
taires où elles sont préformées mais invisibles, ces catégories se dégagent peu à peu
dans tout leur formalisme et en même temps elles se recomposent en structures de plus
en plus concrètes pour forcer la réflexion à les choisir toujours plus consciemment et à
s’associer à leur bienfaisance jusque sur le plan de l’universel ». 5
Quel a été l’intérêt théorique et pratique de cette analyse formelle pour G. Fessard ?
Elle lui a permis d’abord d’intégrer l’histoire politique moderne – le tournant subjectif
mis en œuvre par le Libéralisme – dans une cohérence d’ensemble qui évite une cou-
pure absolue et abstraite entre les Anciens et les Nouveaux Régimes, tout en recueillant
l’apport positif des sociétés libérales. Elle lui a également donné de déchiffrer, dès 1941,
le sens et l’issue du conflit mondial, une « guerre des dieux » où s’affrontaient non seu-
lement les deux mystiques communiste et nazie, chacune absolutisant un des aspects
fondamentaux du Bien commun, mais également la vision libérale du monde. Dans ce
sillage, le Père Fessard est parvenu à exprimer les conditions générales auxquelles tout
groupe social peut vivre et se développer harmonieusement et pacifiquement, 6 qu’il
s’agisse du politique comme de l’économique. 7
1
« Bien de la communion ou unité spirituelle des membres, à la fois principe et effet de l’interaction des
deux catégories précédentes » (Journal de la conscience française, p. 239).
2 3
ABC, p. 103. ABC, p. 104.
4
Le Bien de la communion est donc le point de vue du Christ et de l’Église comme de tout âme « natu-
5
rellement chrétienne ». ABC, p. 105.
6
Voir par exemple France, prends garde de perdre ta liberté !, p. 293.
7
Voir par exemple Journal de la conscience française, p. 245-246.
240 p. frédéric louzeau
Essayons maintenant, dans un deuxième temps, de mettre à l’épreuve ces catégories
du Bien commun, en repérant leur jeu dans quelques « lignes de fracture » de l’histoire
récente, c’est-à-dire là où se rencontrent les grandes puissances d’agir, selon la termi-
nologie de Bruno Latour, ou les grands agents historiques pour parler comme Pierre
Manent, depuis la Seconde Guerre mondiale.
1
Cf. P. Manent, p. 127.
2
On peut penser à la thématique des « communs » par exemple.
3
De même qu’on ne peut penser le social humain sans la relation constitutive de l’humanité à Dieu, on
ne peut le penser non plus sans son insertion vitale dans la biosphère.
242 p. frédéric louzeau
à fournir pour y parvenir sera considérable. Seule la visée incessante du Bien de la
Communion permettra à la Communauté du bien élargie de ne pas mettre en péril le
Bien de la communauté actuelle et au contraire de s’harmoniser pacifiquement avec
lui.
Conclusion
1. Entre autres profits, on doit d’abord à l’analyse de Gaston Fessard une possibilité
d’entrer dans la complexité et la plurivocité du Bien commun en tenant compte de la
multiplicité des fins et des aspects formels mis en jeu dans l’actualité historique. Plus
encore, on lui doit aussi l’effort d’avoir extrait de la Révélation chrétienne des règles
rationnelles pour articuler les niveaux comme les catégories, établissant ainsi en inte-
raction réciproque, sans confusion ni séparation, les niveaux politique et théologique.
Ceci lui a permis de comprendre le sens et l’issue de la 2nde Guerre mondiale, comme
de tout conflit, et de dessiner les principes d’un retour à la paix.
En effet, la diversité de contenu et d’aspects formels, à laquelle l’analyse du Père
Fessard fait droit, est justement ce qui rend possible les oppositions entre les divers
groupes qui composent l’humanité, tout spécialement les nations et les États. « Mais
il est fatal, dans la mesure même où le fondement véritable du bien est méconnu en
ces peuples et surtout par ceux qui président à leurs destinées, que se produisent
des conflits où les diverses fins du Bien commun apparaissent divisées et semblent
même s’exclure mutuellement tant au plan international, qu’à celui de telles ou
telles nations ». 5 On retrouve ici l’argument augustinien qui fait de Dieu le bien com-
mun ultime 6 (c’est-à-dire la finalité dernière de la destinée humaine), par lequel saint
Augustin discernait les causes de l’effondrement de l’Empire romain, ainsi que l’ex-
pression du rapport du bien de la société à sa fin ultime sous la forme d’une logique
de l’amour divin, ici celle de la communion qui réconcilie et unifie les diverses fins
en lutte à mort. Dans la méthode du Père Fessard, cette logique s’explicite dans une
série d’options, présentées à la liberté sous des termes rationnels (voir annexe), et
dont le fondement se trouve, en dernière analyse, dans ce qu’il a appelé « dialec-
1
Cf. P. Manent, p. 171.
2
Cf. P. Manent, p. 168. Voir également p. 96-98, 106.
3 4
ABC, p. 104. Cf. ABC, p. 137-140.
5
G. Fessard, Libre méditation sur un message de Pie XII (Noël 1956), p. 81-82.
6
Voir la troisième et dernière partie de la communication d’Émilie Tardivel dans ce présent volume.
244 p. frédéric louzeau
tique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola » 1 et « dialectique paulinienne
du païen et du juif ». 2
2. Qu’il me soit permis, pour terminer, de signaler l’écho à cette logique de l’amour
à l’œuvre dans le bien commun chez Saint François d’Assise. En effet, celui-ci fut
constamment préoccupé par la paix dans une société communale qui aspirait au bien
commun sans avoir la force suffisante de faire disparaître les conflits. Dans le cantique
de frère Soleil, il inscrivit la question de la paix en société dans la perspective beaucoup
plus large de l’harmonie du monde.
La racine du mal, qui met en péril non seulement le pécheur, non seulement la société humai-
ne, mais l’équilibre fonctionnel de la création, est dans le cœur de l’homme, quand il refuse
la fraternité du vivant, quand il oublie ce remède à tout amertume que son Seigneur ne lui a
pourtant pas marchandé : la miséricorde. François place l’homme au centre du système créé à
son intention. Mais il ne cède pas à la tentation de présenter un univers dominé par l’entreprise
humaine : il offre à la contemplation un monde apprivoisé, disponible pour un usage simple et
réciproque qui bannit toute forme d’appropriation. […] Saurons-nous nous montrer dignes du
don qui nous est fait, de ce monde fraternel prêt à nous entourer de ses soins, pourvu que nous
renoncions à lui faire violence ?. 3
1
Le Père Fessard a longuement développé cette dialectique de la liberté dans le temps et l’histoire dans
son ouvrage monumental : Dialectique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, t. i : Temps, Liberté,
Grâce (1956) ; t. ii : Fondement, Péché, Orthodoxie (1966) ; t. iii : Symbolisme et Historicité (1984). Pour voir com-
ment cette dialectique est mise en œuvre dans l’analyse du bien commun, on peut se référer à notre intro-
duction d’Autorité et Bien commun (2015), p. 28-31.
2
On ne trouve pas dans l’œuvre de Fessard une présentation synthétique de la dialectique paulinienne
du païen et du juif, pourtant majeure dans sa méthode de discernement et de décision. Pour se faire, il est
très profitable de se référer à Michel Sales, Gaston Fessard (1897-1978). Genèse d’une pensée, Bruxelles, Culture
et Vérité, 1997, p. 38-87 ; Le Corps de l’Église. Suivi de : Pour introduire à la lecture de La Promesse du cardinal
Lustiger, Paris, Communio/Parole et Silence, 2010, spécialement p. 108-134, 301-311 ; Tout Israël sera sauvé.
Contribution à l’intelligence d’un point essentiel de la pensée théologique du Père Gaston Fessard [à paraître].
3
Jacques Dalarun, Le Cantique de frère Soleil. François d’Assis réconcilié, Paris, Alma éditeur, 2014, p. 163.165.
4
Voir la partie I. de notre communication.
de gaston fessard aux exigences du temps present 245
Cette ambiguïté fut redoublée et révélée par la mise en route d’une politique de
collaboration (25 octobre 1940). D’un côté, en acceptant de collaborer avec l’Allemagne,
le gouvernement de Vichy améliorait le sort immédiat des français selon quelques
petits avantages appréciables : assouplissement de la ligne de démarcation, retour de
prisonniers de guerre… Mais, de l’autre côté, le gouvernement français faisait profes-
sion d’adhérer aux valeurs de ‘l’ordre nouveau’, c’est-à-dire aux valeurs fondamentales
du nazisme – non pas sous la contrainte d’une verge de fer, mais de manière positive,
en les reconnaissant meilleures que les anciennes valeurs qui avaient fondé la nation
française. 1
On pourrait résumer cette ambiguïté par une expression inventée par le Père Fessard :
le gouvernement de Vichy, et en premier lieu son chef, fut un Prince-Esclave. Prince, il
l’est dans la mesure où une souveraineté de façade lui est laissée pour l’administration
des affaires intérieures du pays, celles dont se désintéresse le vainqueur. Esclave, il l’est
dans la mesure où son pouvoir relatif ne s’exerce qu’avec l’agrément et sous le contrôle
du vainqueur.
Il s’ensuit une double règle pour arriver à discerner entre l’obéissance et la résistance,
dues au nom du Bien commun :
- Dans la mesure où les ordres du gouvernement tendent à assurer l’existence et
la sécurité du peuple, voire éventuellement à restaurer autant que possible l’ordre de
droit conforme à la justice, ils doivent être obéis comme ceux d’un gouvernement plei-
nement légitime.
- Au contraire, dans la mesure où ces ordres, sous la pression du vainqueur, tendent
plutôt à entraîner les citoyens vers un véritable reniement des justes valeurs nationales,
de leur mission historique et la justice de leur cause, ils ne sont pas conformes au Bien
commun, et une légitime défense, une légitime résistance doit leur être opposée.
On dispose là d’un véritable principe de discernement. Il s’applique d’abord de ma-
nière parfaitement exacte dans les cas les plus tranchés, où les mesures gouvernemen-
tales peuvent être clairement séparées : d’un côté celles qui visent exclusivement le bon
ordre du pays (règlements d’administration ou de police locale par exemple) ; de l’autre,
celles qui n’intéressent que la puissance occupante (le recrutement de mercenaires pour
le front de l’est, la livraison pure et simple des richesses nationales au vainqueur…).
Mais, ce principe éclaire également le travail des consciences face aux ordonnances
où l’intérêt national et l’intérêt du vainqueur sont intimement liés (mesures à double
effet). Par exemple, les mesures de rationnement avaient pour objectif de répartir équi-
tablement les denrées de première nécessité, mais elles permettaient aussi à l’occupant
de prélever la part du lion ! A l’inverse, le travail des usines d’armement augmentait la
puissance du vainqueur, mais fournissait aussi à nombre de citoyens un salaire indis-
pensable pour la survie de leur famille. Dans ces cas, la règle se précise ainsi : plus l’ac-
1
Voir par exemple le témoignage du cardinal Jean-Marie Lustiger le 22 septembre 2003 devant la com-
mission de réflexion sur l’application du principe de laïcité dans la République : « mes parents, qui avaient
été instruits dans une langue étrangère et pour qui le français était lié à leur nouvelle nationalité, m’ont
élevé, comme les instituteurs des écoles publiques et des lycées d’État que j’ai fréquentés, dans l’amour,
le respect, l’ambition, l’idéalisation même de cette identité française, en raison de son contenu. Dans les
temps tourmentés de la Guerre, cette confiance est allée jusqu’à l’inconscience, dans la conviction que le
statut de citoyen français était une protection qui valait toutes les garanties. C’était une erreur, puisque
sous le régime de Vichy un décret de “dénationalisation” a été appliqué et que la France a en l’occurrence
renié son identité qui avait attiré des immigrés » (Matthieu Rougé [éd.], Jean-Marie Lustiger cardinal républi-
cain, Parole et Silence, p. 169-170).
246 p. frédéric louzeau
tion commandée a un rapport direct et immédiat avec les fins injustes de l’ennemi, plus
la résistance lui est permise ; et inversement, plus elle a un rapport direct et immédiat
avec l’intérêt national, plus l’obéissance est nécessaire.
Bref, ce principe tiré du Bien commun prescrit au citoyen de toujours doser son
obéissance et sa résistance selon des proportions variables, relatives aux circonstances
de lieu, de temps, de personnes en général, et en particulier à la situation sociale plus
ou moins élevée, notamment à ses responsabilités dans l’exercice de l’autorité. Par
exemple, dans la zone occupée, où la pression allemande se faisait davantage sentir, une
attitude où la résistance l’emportait sur l’obéissance était exigée par le Bien commun,
alors qu’une attitude inverse était autorisée dans la zone non occupée, là où l’action du
gouvernement restait plus efficace. De même, un commissaire de police pouvait être,
tout en freinant au maximum sa collaboration, contraint de transmettre des ordres
qui lui répugnaient, ou un industriel de faire tourner son usine, alors que leurs subor-
donnés devaient beaucoup moins hésiter, soit à ‘manquer’ le résistant recherché, soit à
saboter le travail.
Ajoutons enfin qu’il s’agit en réalité d’un exercice de discernement à reprendre sans
cesse, comme une lumière à projeter en permanence pour démêler le bien du mal, le
vrai du faux, car l’histoire se déroule et de nouveaux problèmes surgissent.
Cette Règle du Bien commun relève d’une morale souple, infiniment souple, dont
il faut dire avec Péguy, qu’elle est infiniment plus sévère et plus astreignante qu’une
morale raide (cf. Note conjointe sur Descartes, NRF, t. ix, p. 285-286). On peut également
se référer à un beau passage de la Note conjointe sur Bergson : « la raideur est essentiellement
infidèle, c’est la souplesse qui est fidèle. C’est la souplesse qui dénonce. Contrairement à tout ce
que l’on croit, à tout ce que l’on enseigne communément, c’est la raideur qui triche, c’est la rai-
deur qui ment. Et c’est la souplesse qui non seulement ne triche pas, non seulement ne ment pas,
mais ne laisse pas tricher, ne laisse pas mentir. La raideur au contraire permet tout, ne signale
rien… Ce sont les morales raides où il peut y avoir des niches à poussières, à microbes, des moi-
sissures et des creux de pourritures… et ce sont les morales souples au contraire qui exigent un
cœur perpétuellement tenu à jour, un cœur perpétuellement pur… » (Ibid., p. 55)
C’est cette fidélité indéfectible au Bien commun, cette recherche persévérante de
l’unité qui exercera en définitive une influence unifiante sur la société. Plus que qui-
conque, le chrétien doit avoir conscience de la valeur de ce Bien commun, puisqu’il
n’ignore pas qui se cache, en dernier ressort, derrière lui : celui qui mérite une fidélité
absolue et qui, en outre, garantit même le succès temporel. « Cherchez le Royaume de
Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par surcroît ».
Faculté Notre Dame – Collège des Bernardins, Paris
frederic.louzeau@collegedubernardis.fr
co mp osto in ca r atte re serr a dant e dalla
fabr izio s er r a editor e, pis a · rom a .
sta m pato e r i l e gato nella
t i po g r a fia di ag na n o, ag nano pisano (pisa).
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Novembre 2016
(c z 2 · f g 1 3 )