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J.

Saroïhandy

La Pastorada de Perarrúa
In: Bulletin Hispanique. Tome 18, N°2, 1916. pp. 69-85.

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Saroïhandy J. La Pastorada de Perarrúa. In: Bulletin Hispanique. Tome 18, N°2, 1916. pp. 69-85.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hispa_0007-4640_1916_num_18_2_1921
Vol. XVÎH. Avril-Juin Í910 N'a.

LA PASTURADA DE PERARRUA

Perarrúa est un petit bourg de l'ancien comté de Ribagorza,


situé sur les bords de l'Essera, dans la région dont Graus est le
centre. Dans cette partie du Haut-Aragon, on trouve un théâtre
populaire qui, à en croire de bons juges, serait l'un dès plus
originaux de ceux qui existent actuellement. Dans un assez
grand nombre de localités, ordinairement le jour de la fête
patronale, on joue en plein air, sur la place publique, une
pièce qui est essentiellement un dialogue entre deux bergers
et à laquelle on donne le nom de paslorada. Celle de Perarrúa
dont nous allons donner le texte, se représente le 26 juillet,
jour de la fête de sainte Anne, patronne du village. Le curé de
la paroisse y assiste, accompagné de ses confrères des envi
rons, ses invités; le. conseil municipal y assiste également,
entouré de toute la population. Les maîtresses de maison et les
femmes âgées sont groupées aux fenêtres et aux balcons,
ou bien assises sur des chaises et de vieux bancs. Je voudrais
pouvoir donner sur la représentation des détails plus circons
tanciés, mais n'ayant jamais eu l'occasion de voir une pasto-
rada, je suis forcé de me contenter de ceux qui me sont
suggérés par le texte lui-même. Les acteurs sont probablement
des gens de l'endroit : Domingo Lacambra et Antonio Lecina
sont indiqués sur le manuscrit de Perarrúa comme devant
tenir le rôle des deux bergers. Néanmoins, dans tel et tel
Village, il y a eu parfois ce que l'on pourrait appeler des
acteurs professionnels. Dans un de ses livres, Joaquín Costa
cite en passant un certain Joaquín Gaspar, de Lagaarres, tiss
erand de son métier et, en même temps, acteur comique dans
les pièces pastorales qu'il représentait pour un salaire de cinq
francs par jour, la nourriture et une paire d'espadrilles ».
1. Joaquin Costa, Derecho consuetudinario del Alto Aragón, Madrid, 1880, p. lia.
.i IV Série. — Bull, hispan., XVIII, 191G, a. 0
70 BULLETIN HISPANIQUE
L'existence de ce théâtre aragonais, vraiment populaire et
rustique, nous fait aussitôt songer au théâtre basque, aux
pastorales de la Soûle, sur lesquelles M. Hérelle nous donnera
bientôt un travail définitif. Mais il faut se hâter d'observer que
les pièces jouées sur les deux versants des Pyrénées sont d'un
genre absolument différent. En Soûle, elles n'ont de pasto
rales que le nom, car aucun de leurs sujets n'est champêtre.
Par bien des côtés, dit M. Hérelle, elles se rattachent aux
mystères du Moyen-Age, elles représentent des « histoires »
tirées de l'Ancien et du Nouveau Testament, de l'hagiogra
phie, de l'antiquité païenne, des chansons de geste, des
romans d'aventures ou des légendes historiques et, enfin, de
l'histoire de France i. Les pièces aragonaises, au contraire,
sont de vraies pastorales. Analysons rapidement celle de
Peramia.
Paluguiño, le pastor, demande au curé de la paroisse et aux
autres prêtres, ses invités, au conseil municipal, au public
tout entier, l'autorisation de chanter les louanges de sainte
Anne, patronne de Perarrúa. Tout à coup, il feint l'étonne-
ment en apercevant Pericoñon, le repalán, qui a abandonné
son troupeau dans la montagne pour descendre à Perarrúa,
prendre part à la fête. Il se dispose à lui administrer une
rouée de coups de bâton. C'est là un remède infaillible pour
remettre un chacun dans le droit chemin. La preuve en est
que lui, Paluguiño, s'étant autrefois aperçu que sa jeune
femme, sans être malade, recevait la visite du médecin, du
vétérinaire, du barbier, du forgeron, d'un autre personnage
encore, rossa tout ce monde d'importance. A la vérité, sa
femme, est restée borgne à la suite de cette histoire; mais elle
voit maintenant beaucoup mieux d'un œil qu'auparavant avec
les deux, elle ne lui donne plus aucun sujet de plainte, et
Paluguiño est le plus heureux des maris, en même temps que
le plus heureux des bergers.
Pericoñon, portant son sac, s'approche de Paluguiño, qui
t. Voir G. Hérelle, Canico et Belt chitine, farce charivarique, traduite pour la pre
mière fois du basque en français, d'après le manuscrit unique de la Bibliothèque de
Bordeaux, et accompagnée d'une Notice sur le théâtre basque et d'un Commentaire,
Paris, Daragon, in-8», 1908, pp. vi sqq.
LA PASTURADA DE PERARRÚA 71
le prend vivement à partie. « Prenez patience, mon maître,
répond-il, j'ai remis entre bonnes mains la garde de nos
moutons, et si je suis descendu au village, c'est que j'y suis
appelé pour une affaire des plus sérieuses. Ce qui m'attire, ce
ne sont ni les dichos de sainte Anne, ni la musique du bal. Les
dichos, c'est l'affaire des vieux, le bal celle des jeunes filles et des
femmes encore jeunes; quant aux vieilles femmes, elles sont
heureuses si elles peuvent dormir et surtout boire à leur grê;
j'en connais une qui se lamente d'être réduite à la portion
congrue depuis qu'elle a marié son fils. Et nous, Monsieur Pa-
luguiño, si nous mangions d'abord un morceau de pain et
de fromage, si nous buvions un coup, je vous conterais
ensuite mes projets.
» Voici ce dont il s'agit : mon ami, Ghuanicon, m'a conseillé
de me marier et il m'a déclaré que sa sœur Mariona serait
pour moi un excellent parti. La dot n'est pas fameuse; il y
aura du moins quelques apports, et Pericoñon en fait l'énu-
mération plaisante : que ces jeunes filles là-bas, ne rient pas
tant, elles n'en apporteront pas davantage! Mariona n'est
certes pas non plus d'une grande beauté, mais, somme toute,
elle a un bon caractère, et Pericoñon serait assez disposé à la
prendre pour femme. Qu'en pense Paluguifio? » — « Mon cher,
je ne puis que te répéter le conseil que donnait un curé de
village à tous ceux qui venaient lui parler mariage. Prends
cette clochette que tu as dans ton sac, fais-la sonner et écoute
ce qu'elle te dira. Si elle te dit de te marier, fais-le; si elle te
dit de ne pas te marier, garde-toi bien d'y songer. » Pericoñon
écoute le son de la clochette; elle lui conseille, dit-il joyeux,
d'épouser Mariona sans plus tarder.
Les deux bergers sont interrompus par l'arrivée des jeunes
gens qui vont chanter la vie de sainte Anne, mise en vers.
Ces dichos de sainte Anne ne se trouvent pas, malheureuse
ment, dans le manuscrit que j'ai rapporté de Perarrúa, et
je ne pourrai les donner au Bulletin qu'après avoir pu me les
procurer. J'ai vainement essayé de le faire par correspon
dance. Les jeunes gens exécutent aussi des danses rustiques,
pour lesquelles Paluguiño réclame l'indulgence des specla-»
73 BULLETIN HISPANIQUE
teurs. Puis il prend congé de sainte Anne, des prêtres, du
conseil municipal, des danseurs et du public, adressant à
tous des compliments flatteurs. Pericoñon tient à en faire
autant de son côté, et il n'oublié pas de demander à sainte
Anne de préserver de la grêle le pays de Ribagorza.
La pièce compte ^5g vers; le prologue et les deux épilogues
en ont ensemble 1/Í7. C'est presque le tiers du nombre total,
et l'on sera frappé de l'importance donnée au début et à la fin
de la composition. M. Hérelle me dit fort justement qu'il y a
lieu de rapprocher, à ce point de vue; la pastorale aragonaise
des mystères bretons. Dans le prologue de ces derniers, on
salue les gens d'église, les clercs, lès nobles, les bourgeois, en
finissant par le commun. Dans l'épilogue ou « bouquet», on
distribue des « fleurs » aux différentes sortes de personnes,
gens en charge, gens de justice, veufs ou veuves, etc., mêlant
le tout de beaucoup de satire1. C'est un peu ce qui se passe en
Aragon.
Les vers sont de huit syllabes et 348 d'entre eux (les pre
miers) sont assonances en e-o. Un détail curieux du manusc
rit, c'est que pour ces premiers vers il n'est pas fait usage de
majuscule au début de la ligne. Il n'y a de majuscule qu'après
un point. Au contraire, dans les deux morceaux où chacun
des deux bergers prend congé des spectateurs, la majuscule
est de règle au commencement de chaque vers. La despedida
du pastor est assonancée en a-a. ïl en est de même des 16 vers
qui précèdent et qui sont eux aussi mis dans la bouche de
Paluguiño. La despedida du repatán est au contraire d'une
versification plus compliquée3.
Dans leur despedida, les bergers emploient le castillan;
ailleurs, ils sont censés se servir du dialecte local. Au point
de vue linguistique, la région de Graus est très intéressante»
On y a autrefois parlé une variété de catalan qui se distinguait
nettement du castillan. Pour n'en prendre que les traits les
plus caractéristiques, on y disait certainement porta, terra>

1. Voir Le Braz, Théâtre celtique, Paris, in-18, igoâ, pp. ¿o5-4u.


j. 8 vers sont rimes (abababab)> 10 assonances (a-a), 17 rimes (abbaabtddcddceffe),
i& assonances (a-a).
LA PASTURADA DE PERARRÚA 73
rie, jum et non puerta, tierra, rico, humo. De bonne heure,
cette langue subit l'influence espagnole : au Moyen- Age,
d'abord, elle se laissa pénétrer par la variété d'espagnol parlé
en Aragon; à l'époque moderne, elle se rapproche de plus
en plus du castillan proprement dit, et il n'est pas impossible
de distinguer, dans certains cas déterminés, ce qui appartient
à chacune de ces couches successives. Je me suis déjà occupé
plusieurs fois de ces dialectes intermédiaires entre l'espagnol
et le catalan1. Je m'occuperai de nouveau, ici même, de la
langue de Perarrúa et des environs, m'efforçant d'élucider
les passages obscurs que pourrait offrir le texte de la pastor
ale. Pour l'instant, je me contenterai d'appeler l'attention
du lecteur sur les formes verbales telles que le va dar (je lui
donnai), le va dir (je lui dis), qui le déconcerteraient par trop,
s'il n'était déjà familiarisé avec le catalan.
C'est donc en pays qui, hier encore, parlait catalan, que nous
trouvons conservé un théâtre populaire dont l'importance
n'échappera à personne. Et, à ce propos, il faut rappeler que
c'est à une autre extrémité du domaine catalan qu'on peut
encore aujourd'hui assister à la représentation populaire de
l'Assomption de la Vierge, qui se donne à Elche, le i£ et le
i5 août de chaque année. Sans doute, cet ancien drame litur
gique, entièrement chanté, qui se passe à l'intérieur de l'église,
partie dans un couloir, partie sur un échafaud3, n'a qu'un
lointain rapport avec une pastorale comme celle de Perarrúa.
Cependant (et ceci encore est une remarque de M. Hérelle),
cette pastorale, qui se joue sur la place publique, n'a pas
encore rompu toutes les attaches qu'elle avait peut-être autref
oisavec l'Église. Son but est de célébrer les louanges de
sainte Anne, et les prêtres qui y assistent occupent une place
d'honneur. J'ai eu entre les mains, mais n'ai copié que les
principaux passages d'une pastorale jouée à Ayerbe, en i855, à

i. Annuaire de l'École pratique des Hautes Études. Année 1898, pp. 85*95 (langue de
Graus); Primer Congrès internacional de la llengua catalana, Barcelona, octubre 1906,
pp. 33i-335 (El cátala del Pirineu a la ralla d'Aragó). Voir aussi Ann. Éc. H. Et., 1901,
p. n5 et ii6.
a. Voir sur le Mystère d'Elche, Milá y Fontanals : De transilu Virginis. Obras,
t. VI, pp. 119 sqq., et pp. 34i-3&7 : El tránsito y la Asunción de la Virgen.
74 BULLETIN HISPANIQUE
l'occasion de l'heureux achèvement de l'église, tombée en ruines
depuis longtemps et dont la réédification avait été différée
jusque-là*. On vante, il est vrai, la munificence du gouverne
ment et de la reine qui avaient accordé une subvention à la
municipalité, celle du marquis de Ayerbe, qui avait fait les
frais du maître-autel, mais on remercie surtout de leur inter
vention le curé Mossen Jaime, l'évêque de Huesca et la
patronne de la ville, santa Letitia.
Ayerbe se trouve entre Huesca et Jaca : les pastorales sont
à peu près perdues dans cette région. Elles sont au contraire
toujours en honneur en Ribagorza. J'en avais dit autrefois
quelques mots3. J'avoue néanmoins que, ne m'occupant guère
que de linguistique, elles ne m'intéressaient alors que comme
documents pouvant servir à l'étude des dialectes^ mais, au
cours de l'un de mes voyage-s dans les Pyrénées, je fis connais
sance à La Seu d'Urgel avec M. Hérelle, le même qui a popul
arisé en France, en d'exquises traductions, les œuvres de
Gabriel d'Annunzio et de Blasco Ibafiez. Il me parla de ses
recherches sur les pastorales de la Soûle, je lui signalai l'exi
stence des pastorales aragonaises et je le mis en relation avec
Joaquín Costa, qui fit copier pour lui la pastorale de Capella.
Cette copie a été déposée par M. Hérelle à la Bibliothèque
nationale de Paris3. Le hasard ayant voulu que je vinsse me
fixer à Bayonne, où habite M. Hérelle depuis de longues
années, c'est sur ses instances que je me décide à publier la
pastorale de Perarrúa. Il me conseille, en outre, de recueillir
celles qui se jouent encore actuellement et d'en faire l'histoire.
Le conseil est bon, peut-être le suivrai-je un jour. En atten
dant, que le lecteur parcoure les pages qui suivent, je serais
bien étonné s'il n'y trouvait pas quelque plaisir..
J. SAROÏHANDY.
Sauveterre-de-Béarn, juillet i<)i5.

maisi. après
La chapelle
l'incendie
d'undu
couvent
couventavait
pard'abord
les troupes
été mise
de Napoléon,
à la disposition
l'église de
avait
la paroisse;
proviso
irement été installée dans une grange (granero), où elle rcsia pendant plus de qua
rante ans.
a, Ann. Ée. Haut. EL, 1898, p. 93.
3. Fonds espagnol, mss., n* 56g.
LA PASTURADA DE PERARRÚA

FIESTA DE PERARRÚA EN i893

Sale el Pastor con hábito de pastor


y dice :

i Pastor. Si diz que la cortesía


reclama del hombre atento,
cuan ha de contar grans cosas,
pedir licencia primero;
5 hoy, Siñós, que per la festa,
que dir moltas cosas tiengo,
voy a fer a toz vustudes
lo debido cumplimiento,
Primero, pido permiso
10 a lo Cura reverendo
y a los demás Sacerdotes
que hospeda con tanto afeuto.
També lo pido en seguida
al ilustre Ayuntamiento;
15 y per ferio bien cumplido,
a las vicllas y a los viellos.
No digo res a los jóvenes,
pos de aquestos ya lo tengo,
y cuando hay viejas deván,
ao no he del chovem lo consello.
Mes, per que nadie se agravie,
ni tenga resentimientos,
a los presentes y ausentes,
pasados y venideros,
25 a toz les pido licencia,
pa decir con mis mancebos
los loores a Santa Ana,
patrona de aqueste pueblo;
cuyas virtudes son tantas
3o que no caben en los cielos;
siendo abuela de Jesús,
de las abuelas espejo;
y que, quitando a María,
es de las donas ejemplo,
35 pues que, por todo lo mon,
le rinden homenaje pleito.
Mas, si no m'a embacilado
alguna bruixa los huellos,
de aquellas que diz que hay
4o por Calamoc y otros cerros.
76 BULLETIN HISPANIQUE

Se asoma el Repalán a un lado.

Pericoñón lo Repatán,
o lo zagal que yo veigo,
pierden todo lo ganato,
como los del Mon han feito;
45 padece alguna derrota
o trastorno o contratiempo,
que probarán sus costillas
lo sebo de litonero.
No hay millo medicina
5o pa fer que ande alguno derecho,
con un tocho largo y gordo,
sea verde o sea seco.
Yo tenía una mulle
con lo morro un poco fresco,
55 a la cual me visitaban,
sin estar mala, lo médico,
lo barbero y el albeitá,
Catevera y el ferrero.
Y como de gente ociosa
60 nadie piensa res de bueno,
yo, de redondo queriba
cortar tales traturreos.
La mulle, toda melosa
me diba : no tengas celos,
65 que un honor es lo tratar
con mesejantes sujetos.
Mes yo, que cuan me pasaba
la mano por lo celebro,
trobaba ciertos apuntes
70 per aquí : per aquí mesmo,
agafo un tocho una tarde
que estaba malo lo genio,
perqué heba perdiu tres erabas,
me heban mordiu cuatro perros,
75 me heban picau cinco abrespas,
me heban calciau seis someros,
me heba moixau malamén
y no heba comiu un bledo,
Agafo un tocho, repito,
80 y al albeitá lo primero,
le hice ver las estrellas
e iba lo sol por sereno.
Engancho luego al dotó,
como quien casca a un somero,
LA PASTURADA DE PERARRÓA 77
85 lo poso de lomo a coda,
I ya pueden creer que bueno!
I Oh! pues a Cate vera,
me va llevar tal solfeo,
que el sombrero le quedó
90 como tortilla de huevos,
moliéndole las costillas,
quebrantándole los huesos,
y dejándolo escurrado,
como los bous, más o menos.
q5 Lo rapador, al veyer
la festa deis compañeros,
cagaba tanto cerote
que, con los brazos abiertos,
pediba misericordia
100 por toz los santos del cielo,
y así que, por compasión,
sólo le va dar tres llepos.
Lo ferrero me ofrecía
el ferrarme lo somero,
io5 y aunque fuese la burreta,
por cincuenta años, lo menos;
y, bajo aquesta promesa,
no le va tocar un pelo.
Mas la pobrota mulle
no pagó por los dos, lo menos:
se va romper dos costillas,
se va fer saltar un huello,
se va quedar medio manca,
hecho un tomate su cuerpo.
• 15 Mes, per Dios, que va ganar
por lo menos lo sosiego;
pues, después, ya no venían
Catevera, ni lo médico,
ni el barbero, ni el albeitá,
i3o ni ningún despacha muertos.
Bien tengo la mulle tuerta,
mas, para el caso, es lo mesmo,
pues, mas que antes con los dos,
ahora ve con solo un huello.
ia5 Por lo demés, va curar
en el alma y en el cuerpo,
y ya no es Visitada
ni de aligas, ni de cuervos.
Me voy hacia lo ganado,
1 3o descansado y con sosiego;
torne cuan torne, la trobo
amorosa hasta lo extremo,
78 BULLETIN HISPANIQUE
hago fiesta a los chicos
cuando está tal cual el genio,
1 35 y paso una vida alegra,
o tranquila, por lo menos,
porque, de tanto mallar,
tengo molidos los huesos,
j Vaya que todas las donas
que hay en estos aposentos,
por balcones y ventanas,
por sillas o bancos viejos,
que llevarán la mano drecha
a los confines del pecho,
i45 maldiciendo al pastorot,
echando cien mil reniegos I
Pues, ser buenas, y no dar
a los hombres nunca celos,
y así, no tendrán motivo
i5o de tocar ningún solfeo.
Mas, Pericoñon se acerca,
¿ que querrá lo rapazuelo?

Sale el Repatán con alforja y dice

i53 Repatán. Tenga, Señor, buenos días.


Pastor. Ya te los daré yo buenos,
i55 ¿ Cómo, picaro, has dejado (Le pega)
el ganado en lo desierto ?
Repatán. Tenga paciencia, señor,
y baste de pataleo.
Pastor. Los bastes son para tí, bestia,
1 6o insolente, majadero:
te he de moler las costillas
por la ruindad que has hecho
Rapatán. Escuche señor, con flema,
que no tengo culpa de ello,
i65 pues han quedado las güellas
con un pastored muy bueno. .
Pastor. Como eso sea, te suelto
y te perdono al momento.
Repatán. Usted, bastante conoce
170 a Ghuanicón lo Llobero,
el que va espaldar la dula
en Castejón de Monegros?
Pues, al tal tengo encargado
el rebaño todo entero j
LA PASTURADA DE PERARRÚA 79
i^5 y aun, a Santa Ana, mi amada,
he dicho uns padrenuestros,
porque los lobos no arriben
a hacerle mal, ni en un pelo.
Si yo, señor Paluguiño,
180 no tuviese en este puesto
un asunto de importancia,
no ese bajado a lo pueblo,
pues encara que hay gaita,
y dichos y todo aquesto,
1 85 yo no me pago de dichos,
de gaitas ni de gaiteros.
La gaita es para las mulles
y los dichos son pa viejos,
pues ellas, siempre querrían
igo pegar cuatro bailoteos
y los viejos, escuchar
de los santos los portentos.
Pastor. ¿ Y las viejas qué querrían?
Repatán. Agafar un buen pellejo,
ig5 echar veinte o treinta tragos
y dormir un año y medio.
I Mal haya mi nuera \ Amén !
me dijo una vieja luego,
que, desde que se ha casado,
aoo ya no bebo lo que quiero.
Yo, cada mes m'en chiflaba,
antes de hacer herederos,
cinco nietros, cuatre cantres
y tres pichellas, lo menos;
ao5 y ara, entre quince personas,
no'n beben encara un nietro.
Cria cuervos, repitía,
si te quiés quedar sin huellos.
Pastor. También tú debes de estar
310 zorro, cual el mismo cuero,
cuan charras sin tron ni son,
a lo bestia y lo zamueco
A fe, tiens buena fortuna
con Chuanicón lo Llobero,
ai5 que sino, le ese moliu
a puro tocho los huesos.
Repatán. Mas señor, el cuento es largo
y dos traguez fueran buenos,
pues, con el calor que fa,
aao conviene que nos sentemos.
Pastor. Si la alforja está provista,
es bueno que la aflojemos.
8o BULLETIN HISPANIQUE

Se sientan, sacan la alforja, pan, queso


y vino.

Repatán. Ese queso ya es de marras;


pica, siendo de lo nuevo.
aa5 Pastor. También sentaría mejor
el vino de aqueste cuero.
(Bebe.)
Bebe tú, Pericoñón,
bebe pa perdé lo miedo
Repatán. V salud del Mayoral
a 3o y de todos los mancebos
(Bebe.)
Pastor. Por Dios que no n'as dejado,
yo la escolo y volaverunt :
o, como dicen los latinos,
así diré yo : Laus Deo.
(Bebe.)

Se levantan.

a 35 Repatán. Alzólo todo y prosigo,


como diban de mi cuento.
El tal Chuanicón, un día
que esquilaba los borregos,
me va dir: Pericoñón,
estás muy mal de soltero;
tú no tienes qui te limpie,
ni qui te chite un remiendo,
ni qui alivie tus trabajos,
ni qui te cuide de viejo.
a45 Es preciso que te cases
y, pues una hermana tengo,
si la quiés, será mulle,
desde agora te la ofrezco.
Y bien, le va replicar?
a5o i qué dote tiene y qué cuerpo?
Pues de todos los animales
yo solas las mulles veo,
que se toman sin registro
y que encara dan dineros.
a55 De la dote no s'en hable,
dijo Chuanicón, muy serio,
pues yo sé que se traerá
una sartén por lo menos,
una jeringa sin pico,
LA PASTURADA DE PERARRÚA 81
a 60 una mano de mortero,
dos canastitas sin culo,
catorce esportón s de fiemo;
dos erabas algo sarnosas,
una güella y un borrego,
a65 un borrazo y un cañizo,
un orinal y un salero.
¿ Se rien? Pues muchas hay
de las mismas que aquí veo,
que no tendrán mejor dote,
370 y van con tanto pañuelo,
tanto gabán, tanto lujo,
con charreteras al cuello,
con tanto diaple de telas
y con tanto fachendeo.
375 En orden a la persona,
sabrás que tiene buen genio,
y encara que es algo vizca,
calva por falla de pelos,
un si es no es chibosa,
380 c hinchadota del cuello,
no le faltan propiedades
que suplen por los defectos.
Y, a la fin, amigo mío,
en eso de casamientos,
a85 a no ser por una hermana,
nadie puede dar consejo;
porque, sí es fiera, ofende;
si es maja, causa celos;
si es vieja, no tiene gracias;
290 si joven, le falla seso.
Cásate con Mariona
y estarás, zagal, contenió.
Aceplo, le va di yo,
y solamén me reservo,
395 que lo siñó Paluguiño
apruebe mi casamiento.
. Cate aquí porqué he venido,
y, si motivo no tengo,
pa búscalo en este monte,
3 00 que casi arriba a los cielos.
Pastor. Pues, ya que quiés que te dé
en este asunto consejo,
voy a decirte el que daba
el cura de cierto pueblo
3o5 a todos los que le hablaban
de bodas y casamientos :
toca esa esquilla Perico,
BULLETIN HISPANIQUE
escucha su son atento
y, si te dice que te cases,
3lO casaráste sin recelo:
mas, si te dice que no,
no te cases, ni por piensos.
i Qué dice Pericoñón ?

Saca el Repatán una esquilla de la alforja,


la toca y da grandes carcajadas.

Repatán. O estoy loco o no la siento


3i5 O me dice cásate
(Tocando la esquilla.J
cásate, cásate luego.

Vuelve a reírse a carcajada tendida.

Pastor. Soñaba un ciego que veía


y le engañaba el deseo.
¡ Cuántas de las que me escuchan
3ao están oyendo lo mesmo !
Si las campanas del Mon
se bandeasen a este efecto,
cásate sintieran todas,
de Perarrúa a Troncedo,
3a5 pues si dicen cásate,
haz tu gusto; a más mal tiempo,
podías dejar las güellas,
pues San Agustín es luego
y otro pastor entrará
33o a ocupar el tuyo puesto.
Repalán. ¿ Usted no me dará res,
Siendo tan rico y tan bueno?
Pastor. Galla que salen los mozos
muy majos y muy garceros

Van llegando y colocándose los mozos


de los dichos.

335 y van a dir las fazañas


de Santa Ana con denuedo.
Atiende Pericoñón,
que, después, hablar podremos.
Rapatán. ¡ Oh, Señor! que lo que a yo
LA PASTURADA DE PERARRÚA 83
34o me pica, en este momento,
es la boda y no los dichos;
porque, dichos, prou en tiengc
y las novias son muy furras
pa los pastores zamuecos,
345 que están como yo sin blanca
y se abrasan de deseos.
Pastor. Calla, te vuelvo a decir,
que para hablar vendrá tiempo.

Comienzan los mozos los dichos.

Repatán. Tú, amigo has dado fin,


35o con tu palabra lozana,
a los elogios egregios
de nuestra amada Santa Ana.
Ahora, resta solamén
suplicar de nuestras faltas
355 nuestro perdón a los sabios
que han presenciado estas danzas
que, si no han sido mejores,
a nosotros hay que culparlas,
porque, como somos rústicos,
36o no sabemos bien formarlas.
De los necios no fem cuenta
y, como los males en paño,
digan ellos lo que digan.
Señores, hasta otro año.

DESPEDIDA

365 Pastor. Como buen pastor que soy


De mi manada lozana,
Me cumple, cual caballero,
Despedirme de Santa Ana;
Pero, como en este sitio,
370 Hay gente que tiene gana
De oír mi despedida,
Aunque es mi palabra vana,
Voy al punto, presuroso,
A contentarla1 y honrarla.
1. Dans le mss. : contemplar.
84 BULLETIN HISPANIQUE
375 A los reverendos Guras,
Que cuidan de nuestras almas,
De corazón digo adiós,
Con la mía atribulada,
Deseando se prolongue,
38o Por siete u ocho decadas,
Su importante existencia,
Para que sean salvadas
Las almas de sus feligreses,
Con solicitud veladas ;
385 Y con voluntad divina
Vayan a la gloria amada.
Al Ilustre Ayuntamiento,
Adiós le digo con gracia;
Que largos sean sus años
3go En esta humilde morada.
Adiós os digo, muchachos,
Muchachos de mi manada;
Acordaos para siempre
De esta fiesta tan honrada,
3g5 De tantos viejos y viejas,
Todos plagados de canas,
De doncellas muy hermosas,
Honestas y recatadas;
De solteros solterones,
4oo De casados y casadas;
De viudas que dieran el sí,
Si alguno las eslimara;
Yo, de todos me despido,
Lloviendo mis ojos lágrimas.
4o5 Por último, egregia Patrona,
Madre mía y soberana,
Mi corazón fiel abona
Lo mi vestido de lana,
Adiós os doy por corona,
4 10. Mi respetable Santa Ana

DESPEDIDA

Repatán* Un repatán tan famoso»


Que cuida tan bien las erabas,
i Ha de venir algo airoso,
Con zuacas llenas de trabas,
4i5 A decirle al mayoral,
Subiéndose a las barbas,
Que se despidió algo mal)
LA PASTURADA DE PERARRUA 85
Como si fuéramos larvas,
Olvidando al repatán,
4ao Que cuida bien su manada?
No, no; esto no conviene,
Que al buen callar Sancho llaman,
Que milito en sus banderas
Y he jurado respetarlas.
4a5 Así que, a mi me cumple,
Con frases cortas o largas,
Pronunciar mi último adiós
A estas gentes tan gallardas.
Adiós, reverendos Curas,
43o Sacerdotes del Altismo,
Que nos sacáis del abismo
Do nos llevan las locuras,
Librándonos de amarguras,
Causa de nuestro cinismo;
435 Dios os conserve la vida,
En bien de vuestro rebaño;
Que por muchísimos años,
Nuestra alma arrepentida
De sus tristes desengaños,
44o Subamos, propios y extraños,
A la gloria prometida.
Adiós, digno Ayuntamiento
Que representáis al Rey,
Gobernando con la ley,
445 Cumpliendo su mandamienlo.
Adiós viejos, adiós viejas
Adiós solteros, solteras,
Tratad de vivir dichosos,
No deis entrada a las guerras,
45o Pues, sino, se marcharán
Los gaiteros de Caserras.
Y. vos, excelsa Patrona,
Nuestra adorada Santa Ana,
Libradnos de los pedriscos
455 En tierra ribagorzana,
Puesto que de Perarrúa
Sois por siempre soberana
Y, para mas obligaros,
Digamos : ¡ Viva Santa Ana 1

KlNIS COHONVT OPUS


A. M. G. D. AMEN.

Útxll. hispan.

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