Sei sulla pagina 1di 81

Invitation à la culture

Ce document vous permettra de trouver des outils qui


vous faciliteront la tâche et il vous aidera à bien com-
prendre ce que nous attendons des projets soumis dans
le cadre du Concours québécois en entrepreneuriat et
de la Mesure de sensibilisation à l’entrepreneuriat. Il est
une invitation à vous laisser imprégner par la culture
entrepreneuriale et à découvrir la passion qu’elle peut
susciter chez vos élèves.

Invitation à la culture
Guide
d’élaboration
de projet à
l’intention
du personnel
enseignant

17-3784
Invitation à la culture

Guide
d’élaboration
de projet à
l’intention
du personnel
enseignant
Responsable du projet
Giuliana Tessier
Direction de la formation
continue et du soutien
Ministère de l’Éducation, du
Loisir et du Sport

Auteur
Denis Pelletier
Conseiller d’orientation
Professeur titulaire à l’Université
Laval (1966-1996)
Président fondateur de
Septembre éditeur

Coordonnatrice
Hélène Plourde

Infographiste
Nathalie Perreault

Révision linguistique et
lecture d’épreuves
Marc Bosquart

Dans cet ouvrage, la forme masculine


est employée. Ce choix vise à ne pas
alourdir le texte et ne reflète aucune
ISBN 2-550-45893-1 intention discriminatoire.
PRÉAMBULE

Le présent document a pu être réalisé grâce à un appui financier obtenu dans


le cadre du plan d’action triennal du Défi de l’entrepreneuriat jeunesse. Il vise
notamment à mieux outiller le personnel enseignant, afin qu’il soit en mesure de
guider les élèves dans la concrétisation de projets à valeur entrepreneuriale,
conformément au volet 1 du Concours québécois en entrepreneuriat (CQE) et
de la Mesure de sensibilisation à l’entrepreneuriat (MSE), volet Entrepreneuriat
étudiant.

Le guide que nous vous proposons a été adapté au contexte de la réforme du


curriculum. Il permettra au personnel enseignant d’aider les élèves à développer
le goût d’entreprendre et à inscrire leurs projets d’entrepreneuriat étudiant
au CQE ainsi qu’à obtenir du financement pour ces projets dans le cadre de la
MSE. Il se veut donc une sensibilisation à l’entrepreneuriat et à la culture
entrepreneuriale. Il s’agit d’une réflexion pédagogique sur ces sujets dans
le cadre du Programme de formation de l’école québécoise, de la formation
professionnelle, de la formation collégiale, du CQE et de la MSE.

Ce document vous permettra de trouver des outils qui vous faciliteront la tâche
et il vous aidera à bien comprendre ce que nous attendons des projets soumis
dans le cadre du Concours québécois en entrepreneuriat et de la Mesure de
sensibilisation à l’entrepreneuriat. Il est une invitation à vous laisser imprégner
par la culture entrepreneuriale et à découvrir la passion qu’elle peut susciter
chez vos élèves.

N.B. : Ce document est un complément au guide administratif de la Mesure de sensibilisation à l’entrepreneuriat que
vous trouverez à l’adresse suivante : www.inforoutefpt.org/entrepreneuriat . Il ne vise donc pas à se substituer à ce
dernier, mais plutôt à alimenter davantage une réflexion déjà bien entamée, à savoir ce qu’est une culture entrepre-
neuriale, comment on la développe et comment elle peut se concrétiser à travers les projets de nos jeunes.

3
TABLE DES MATIÈRES

7 Introduction

8 L’entrepreneuriat en tant que valeur éducative


10 Vue d’ensemble

Chapitre 1
13 Éveiller le goût d’entreprendre

19 Les qualités entrepreneuriales


19 1. La confiance en soi
19 2. La motivation
20 3. L’effort
20 4. Le sens des responsabilités
21 5. L’initiative
21 6. La persévérance
22 7. La solidarité
22 8. L’esprit d’équipe
23 9. La débrouillardise
23 10.La détermination

24 Tableau – Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources émotives)

Chapitre 2
27 Le sens du projet

28 Le projet de nature pédagogique

28 Le projet entrepreneurial

30 Prémisses du projet et accompagnement pédagogique


30 1. Le projet : son unité
31 2. Le projet : sa singularité
32 3. Le projet : sa complexité
33 4. Le projet : ses opportunités

35 Se construire un projet : son élaboration - sa mise en œuvre


35 I. L’élaboration du projet
35 Test POP
35 1. L’analyse de la situation
37 2. L’esquisse d’un projet possible
37 3. La stratégie entrevue
37 II. La mise en œuvre du projet
38 4. La planification
39 5. La gestion des écarts
40 6. L’évaluation et ses indicateurs

4
40 Un projet entrepreneurial réussi : critères de réussite

43 Tableau – Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources cognitives)

45 Les compétences transversales et leurs composantes

Chapitre 3
47 La relation entrepreneuriale avec le milieu

47 La vision et la connaissance du marché

51 Mesure de sensibilisation à l’entrepreneuriat et ressources interactionnelles

52 Ressources interactionnelles et développement entrepreneurial

54 Comment et où se construit le capital interactionnel


54 Le milieu familial
55 La mise en réseau
55 Le milieu scolaire et le monde du travail

56 L’exercice du projet entrepreneurial

57 De l’expérience du collectif et du leadership

60 Tableau – Quelques fondements de la culture entrepreneuriale


(ressources interactionnelles)

61 En guise de conclusion

Annexe 1
65 Les diverses étapes et composantes d’un projet entrepreneurial
(Le diadème perdu)

Annexe 2
74 L’économique : la base de l’entrepreneurship

Annexe 3
77 Un comportement éthique est une sage décision d’affaires

80 Bibliographie

5
INTRODUCTION

On sait que l’entrepreneuriat a été désigné, avec l’orientation, comme l’un des cinq domaines
généraux de formation. Ces domaines généraux correspondent en quelque sorte aux grandes
problématiques auxquelles on souhaite que l’élève puisse faire face au terme de sa formation.

Dans le cas de l’entrepreneuriat, il s’agit, pour l’élève, d’actualiser son pouvoir d’agir et de mener
à terme des projets susceptibles de créer de la valeur. Celle-ci peut être sociale, culturelle,
humanitaire, mais, le plus souvent, elle est d’ordre économique. Elle contribue alors à l’en-
richissement individuel et collectif. L’entrepreneuriat a ceci en commun avec l’orientation qu’il
tente de répondre à la question de l’insertion des jeunes dans la société selon un mode pro-
fessionnel qui qualifie et selon un mode entrepreneurial qui rend autonome. En ce sens, l’entre-
preneur définit l’objet qui va déterminer son propre avenir. 1

L’entrepreneuriat fait désormais partie des intentions éducatives du système scolaire québécois.
Il s’agit bel et bien d’une reconnaissance officielle de la place de la valeur entrepreneuriale dans
le milieu scolaire.

Cela étant dit, la question se pose de savoir en quoi l’entrepreneuriat constitue une valeur
éducative. Certes, on connaît les raisons socio-politiques qui ont poussé à l’introduire dans le
programme de formation : recrutement d’une relève entrepreneuriale dans un contexte de déficit
démographique, création d’emplois et maintien de la main-d’oeuvre dans les différentes régions,
meilleure adaptabilité à la nouvelle économie, employabilité accrue (des qualités entrepre-
neuriales sont exigées dans les grandes organisations), plus grande flexibilité au regard de la
mondialisation des marchés et, surtout, moyen important de prospérité pour tous.

1. Selon la belle expression de Louis Jacques Filion (1999).

INTRODUCTION 7
Mais au-delà de la pertinence économique, par ailleurs non négligeable, il importe de savoir
comment l’entrepreneuriat rejoint les préoccupations de l’enseignant. Autrement dit, la valeur
entrepreneuriale est-elle imposée par l’extérieur ou appartient-elle à une logique inhérente à la
pratique pédagogique elle-même ou aux finalités mêmes de la mission éducative? Dans les deux
cas, la réponse est affirmative.

L’entrepreneuriat en tant que valeur éducative

Une distinction s’impose. On peut définir globalement l’entrepreneuriat comme une fonction de
production novatrice dans la sphère économique, qui entraîne la création d’entreprises et la
mobilisation de ressources matérielles, financières et humaines. En ce sens, il ne peut être que
la voie choisie par un petit nombre de personnes dans la société. Ainsi, il existe des formations
spécifiques dans ce domaine, où l’on apprend à élaborer un plan d’affaires et à lancer une entre-
prise. Des ateliers d’éducation économique peuvent aussi former des entrepreneurs potentiels
aux principes de base de la gestion.

Des activités organisées à l’école – comme la création d’une entreprise-étudiante ou d’une


micro-entreprise dans le domaine environnemental ou la mise en place de clubs d’entrepre-
neurs – peuvent constituer des voies intéressantes pour un certain nombre de jeunes qui se
sentent particulièrement concernés par un projet pour ainsi dire identitaire en rapport avec
l’entrepreneuriat. Des écoles peuvent en outre en faire leur projet principal et s’instituer en
« écoles-entreprises ». Ce sont des formules qui vont au-delà de la sensibilisation.

On peut définir aussi l’entrepreneuriat comme un ensemble de qualités et d’attitudes qu’on


associe habituellement à l’esprit d’entreprise. Quand on fait abstraction de l’entrepreneuriat
spécifique (c’est-à-dire de ses aspects matériels et concrets) pour ne considérer que la pro-
pension à entreprendre, il est clair que celle-ci, avec les caractéristiques qui l’accompagnent et
avec les conditions qui en permettent l’émergence, constitue une culture dont la valeur péda-
gogique n’échappe à personne et à laquelle il est éminemment souhaitable de permettre l’accès
du plus grand nombre.

La culture entrepreneuriale serait en effet constituée de qualités et d’attitudes exprimant la


volonté d’entreprendre et de s’engager pleinement dans ce que l’on veut faire et mener à terme :
autonomie, créativité, esprit d’initiative, confiance en soi, leadership, esprit d’équipe, sens de
l’effort, responsabilité, solidarité, persévérance. On pourrait donc considérer comme éducative
et propice au développement entrepreneurial toute activité pédagogique individuelle ou
collective favorisant leur mise à contribution.

Il se trouve que l’esprit d’entreprendre, avec la culture qui l’accompagne, s’accorde aussi d’une
manière exemplaire avec les grandes visées du programme de formation et tout particulièrement
avec le pouvoir d’action. Le Programme de formation de l’école québécoise, enseignement
secondaire, premier cycle (approuvé en 2004), présente, dans son premier chapitre, les trois
grandes visées de formation. Comme il apparaît dans la représentation ci-après, les interventions
éducatives devraient tendre à favoriser chez l’élève une organisation évolutive et constructive de
sa vision du monde, de son identité et de son pouvoir d’action. Cela correspond globalement,
dans l’ordre, à trois fonctions : connaître, choisir et agir. Il en résulte une dynamique qui est celle
du développement des compétences, qu’elles soient disciplinaires, identitaires ou adaptatives, et
qui mène à la réussite.

8 INTRODUCTION
Ces trois visées expriment toutes, chacune à sa façon, la valeur que notre époque accorde à
l’autonomie et l’exigence d’autonomie que notre société impose aux élèves. Mesure-t-on la
distance qui nous sépare du temps où la conformité aux normes et l’obéissance à l’autorité
faisaient de l’école un lieu d’instruction et d’enseignement magistral? La transformation n’est pas
encore terminée, mais elle est tout de même largement « entreprise ».

L’idée de développer le pouvoir d’action des


élèves implique que les apprentissages puis-
Construction sent se réaliser dans la perspective que la
d’une vision connaissance devienne compétence. L’esprit
du monde d’entreprise serait à la fois objet de formation
et moyen pédagogique de motiver les élèves.

ÉLÈVE
Ainsi, la culture entrepreneuriale serait tout
Structuration à fait compatible avec le pouvoir d’action
de comme visée éducative et avec les pratiques
l’identité pédagogiques où prévalent la participation, la
Développement
coopération et l’apprentissage par projet.
du pouvoir
d’action Telles sont en effet les caractéristiques de
l’esprit d’entreprise. Selon Paul Inchauspé
(2004) :

« Pour cultiver le goût d’entreprendre, l’école doit développer chez l’élève le désir de son accom-
plissement personnel, le désir de s’engager et celui d’assumer des responsabilités, le goût de la
liberté, l’acceptation de l’effort, le désir de réussir et le courage de persévérer, le sens du travail
en équipe et l’esprit de coopération (coopérer, c’est faire le travail avec d’autres).

Ce n’est pas là un petit programme! Mais ne pensez-vous pas que ces valeurs qui sous-tendent
les attitudes qui sont à la base de l’esprit d’entreprise ne soient aussi les valeurs qu’une école,
dans la logique même de sa mission qui est d’éduquer, c’est-à-dire de faire grandir et d’élever,
devrait, chez les élèves et dès leur jeune âge, valoriser autant, sinon plus, que celle du respect?
Et ne pensez-vous pas que cela est peut-être aussi important, sinon plus important, que d’in-
culquer aux élèves et aux étudiants à la fin de leurs études, à la veille de leur entrée dans la vie
professionnelle, le désir de créer leur entreprise et que de leur donner l’information nécessaire
pour le faire? »

C’est aussi le défi que se donne le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport en appuyant et
en encourageant l’entrepreneuriat jeunesse au moyen de sa Mesure de sensibilisation à
l’entrepreneuriat (MSE).

INTRODUCTION 9
Vue d’ensemble

Avant de nous engager dans l’exploration du territoire entrepreneurial, il serait bon d’en décou-
vrir la « topographie » et d’indiquer le parcours que nous entendons suivre.

L’entrepreneuriat – ou, plus exactement, l’esprit d’entreprise – consiste essentiellement en une


volonté d’agir pour créer du changement, de la nouveauté, pour fixer des buts et réaliser des
projets. Défini en ces termes, il est clair que l’esprit d’entreprise ne peut faire autrement que de
mobiliser beaucoup de ressources personnelles.

Il mobilise en fait trois types de ressources : les ressources émotives, les ressources cognitives
et les ressources interactionnelles. 2

A) Les ressources émotives

Elles sont pour ainsi dire le moteur de l’action. L’esprit d’entreprise trouve en elles sa motivation
première et son commencement. Quelles sont les valeurs, les qualités, les attitudes qui poussent
ainsi à l’action entrepreneuriale? Comment en vient-on à s’engager passionnément dans ce que
l’on fait, à fournir une telle énergie et à faire preuve d’une telle capacité de travail? Quels sont
les apprentissages et les expériences qui mènent à la confiance en soi et au besoin constant de
réussir toujours davantage?

La compréhension de la dynamique sous-jacente au goût d’entreprendre nous fournit la possi-


bilité d’agir pédagogiquement sur la réussite scolaire des élèves et sur l’intégration de la culture
entrepreneuriale dans la vie de l’école. Tout cela fait l’objet du premier chapitre.

B) Les ressources cognitives

C’est par elles qu’il est possible de concevoir l’action. En effet, toute action qui est non pas
activité de routine ou habitude mais invention, toute action qui veut faire advenir quelque chose
qui n’existe pas encore ou apporte de la nouveauté à ce qui existe, bref toute action d’envergure
fait appel à la créativité et nécessite du temps pour être accomplie.

Les ressources cognitives mobilisées dans l’art d’entreprendre servent à penser l’action, à
donner forme à l’avenir par l’élaboration et la mise en oeuvre d’un projet. La culture entrepre-
neuriale est une « culture du projet ». Mais de quoi est constitué spécifiquement un projet de
nature entrepreneuriale? Comment se construit un tel projet et quel en est l’accompagnement
pédagogique approprié? Qu’est-ce qu’un projet réussi et quelle évaluation peut-on en faire qui
soit en même temps une appropriation méthodologique et une réflexion sur le pouvoir d’agir?

L’exercice que constitue un projet se révèle être le lieu par excellence pour mobiliser les
compétences transversales 3. C’est ce qui fait l’objet du second chapitre intitulé : « Le sens du
projet ».

2. Le champ de l’entrepreneuriat foisonne d’études et de recherches, mais il demeure assez peu structuré. L’auteure Isabelle Danjou
(2004) fait exception et explique l’entrepreneuriat par la mobilisation de ces trois types de ressources.

3. Voir le Programme de formation de l’école québécoise.

10 INTRODUCTION
C) Les ressources interactionnelles

L’esprit d’entreprise comporte aussi des aspects pratiques et matériels. On ne peut rien entre-
prendre seul, avec uniquement l’énergie tirée de sa motivation, avec uniquement l’intelligence de
sa vision et de son projet. Le passage à l’acte implique une action concrète et la mobilisation des
ressources du milieu, particulièrement des ressources humaines, c’est-à-dire de ceux et celles
qui vont adhérer au projet et en devenir solidairement responsables.

L’expérience entrepreneuriale fait donc appel à la capacité de l’entrepreneur potentiel à se lier


avec d’autres personnes dans un contexte de coopération et de leadership, d’imagination et de
pragmatisme. Puisque toutes les qualités ne peuvent se retrouver chez une même personne, il
pourra être amené à conclure des alliances ou à sceller des partenariats, à faire appel à des
compétences et à se trouver des atouts complémentaires, que ce soit en matière de développe-
ment, de gestion ou d’efficience organisationnelle.

L’acte d’entreprendre et de réaliser s’applique à quelque chose dans un milieu donné. Il


suppose donc des connaissances, un savoir-faire, l’expérience d’un produit et d’un marché.
Cela signifie réseautage, apprentissage de terrain, insertion dans la culture du milieu. Les
ressources interactionnelles comportent la capacité de se lier aux autres et celle de mobiliser le
milieu au profit du projet à réaliser. D’où vient ce pouvoir d’action? D’une forme de personnalité
dite « entrepreneuriale »? Et s’il venait plutôt du fait d’entretenir, avec l’environnement, une
relation spécifique qu’on pourrait qualifier d’entrepreneuriale, l’environnement étant considéré
comme une source d’information, d’apprentissage, d’influence, de parrainage, de soutien
matériel, financier et humain? L’environnement perçu comme un lieu de ressources, l’école
perçue comme un milieu exemplaire, tout cela fait l’objet du troisième chapitre.

La conclusion permettra, pour sa part, de répartir les visées de la culture entrepreneuriale entre
les trois ordres d’enseignement en gardant l’ordre de présentation des ressources : émotives,
cognitives, interactionnelles.

La distinction des trois sortes de ressources répond à un besoin de clarté et d’ordre, mais il ne
faut jamais perdre de vue que distinction ne signifie pas séparation, mais plutôt emboîtement et,
par conséquent, complexité de plus en plus grande.

INTRODUCTION 11
CHAPITRE 1
RESSOURCES ÉMOTIVES

Éveiller le goût
d’entreprendre

L’idée d’entreprendre s’appuie sur un état d’esprit, sur une attitude


qui dispose à l’action et pousse à poursuivre des buts d’une
manière efficace et déterminée. Même si la notion paraît plutôt
vague, l’état dynamique auquel elle renvoie constitue un phéno-
mène que des chercheurs ont réussi à circonscrire. Ainsi, le champ
d’études qu’on appelle entrepreneuriat révèle des éléments d’une
grande valeur pédagogique et nous informe sur ce qui pousse quelqu’un à
vouloir réussir et à s’accomplir.

Quant à l’entrepreneur, tout ce qu’il peut gogique, et il n’y a rien d’étonnant à ce qu’elle
en dire, c’est qu’il faut travailler fort pour soit associée à la mission éducative du Pro-
réussir, mais il ne sait rien de l’énergie qui le gramme de formation de l’école québécoise,
porte. Il est une personne d’action et cette tout comme elle représente un avantage pour
explication lui suffit puisque les résultats la réussite des études au collégial et favo-
qu’il obtient lui donnent raison. Même un rise le cheminement de carrière. L’esprit qui
échec ne fait que le ralentir, avant de le diri- pousse à entreprendre, pour pouvoir être
ger vers d’autres voies plus propices, le objet et contexte de formation, doit livrer sa
temps qu’il reprenne confiance en lui. nature essentielle et révéler sa dynamique.

L’expérience entrepreneuriale mérite donc ˜˜˜


qu’on s’y intéresse pour elle-même. Pour tout
dire, elle contient une grande valeur péda-

13
La première génération de chercheurs qui chercheur, non sans un certain amusement,
se sont penchés sur l’entrepreneuriat s’est nous fera comprendre que ces traits résul-
appliquée à faire le portrait de l’entrepreneur. tent sans doute de l’activité entrepreneuriale
On croyait à l’époque que le goût d’entre- elle-même : un entrepreneur qui veut survivre
prendre avait quelque chose d’inné, qu’on dans le contexte de la concurrence n’a pas
l’avait « dans le sang » et qu’on en saisirait la d’autre choix que d’être créatif et novateur. Et
véritable nature si on connaissait les traits quiconque met en jeu son capital va faire tous
communs à l’ensemble des entrepreneurs. les efforts nécessaires pour sauver la mise et
en sortir gagnant. Ce n’est pas le gène de la
Le professeur 1 et chercheur (1997) Louis persévérance qui fait décupler la capacité de
Jacques Filion a dressé une liste assez travail de l’entrepreneur, mais l’enjeu per-
exhaustive de ces traits communs. On les sonnel et financier auquel il doit faire face. Il
trouve dans le tableau suivant. n’est pas victime de la situation : il l’a voulue.
Par contre, l’adversité le met en état de se
Caractéristiques le plus souvent trou- dépasser, ce qu’il ne déteste pas du tout.
vées chez les entrepreneurs par les spé-
cialistes du comportement Une publication récente (Rabbior, G., 1997,
traduction 2005) de la Fondation canadienne
• Novateurs d’éducation économique contient une no-
• Leaders menclature similaire des qualités entrepre-
• Capables de prendre des risques modérés neuriales :
• Indépendants
• Créateurs Les qualités
• Énergiques
• Persévérants • Le désir d’entreprendre
• Originaux • La conviction que l’on est capable d’in-
• Optimistes fluencer ou de modifier le cours d’une vie
• Orientés vers les résultats • La confiance en soi
• Flexibles • La certitude que l’on saura se tirer de la
• Débrouillards plupart des situations
• Un certain amour de soi
• Besoin de réalisation • La certitude que l’on pourra atteindre ses
• Internalité objectifs
• Confiance en soi • Une bonne dose de connaissance de soi
• Implication à long terme • L’enthousiasme et l’optimisme
• Initiative • La volonté d’agir
• Apprentissage • Le désir de prendre des initiatives
• Utilisation des ressources • Un grand sens des responsabilités
• Agressivité • La persévérance
• Sensibilité envers les autres • L’intérêt pour le changement
• Tendance à faire confiance • Une forte motivation – Le désir de réussir
• Argent comme mesure de performance • Une grande capacité de travail
• Tolérance à l’ambiguïté et à l’incertitude • Le désir d’entreprendre
• Une prédisposition à apprendre plus
L’impression que cela donne : plus on tentera • Le désir d’acquérir les connaissances per-
d’établir avec précision le profil entrepre- tinentes
neurial, plus grand sera le nombre de carac-
téristiques identifiées. Chacun peut faire 1. Titulaire de la Chaire d’entrepreneuriat Rogers-Bombardier, à
l’exercice d’y trouver un fil conducteur. Le l’École des HEC de Montréal.

14 CHAPITRE 1
• Le désir d’acquérir l’expérience nécessaire spécifiquement entrepreneurial, de manière à
• La capacité de mettre à profit les connais- ce qu’on puisse les utiliser pleinement pour
sances et l’expérience amener les jeunes de tous les ordres d’en-
• Le fait d’être axé sur les objectifs seignement à concevoir des projets?
• La créativité
• Le fait de penser aux débouchés Ces traits ont toujours leur pertinence, mais le
• L’acceptation des risques moment est venu de poser la question qui de-
vrait nous faire aller plus loin : y a-t-il un lien
En un sens, on ne peut pas dire, de tous ces entre toutes ces caractéristiques, un fil con-
traits, s’il est pertinent de les mentionner ou ducteur qui nous les ferait comprendre dans
non. Mais c’est assurément trop pour une leur unité et leur cohérence sous-jacentes?
seule personne! Cela agrandit le portrait plus Qu’ont donc en commun ces traits et fac-
que nature. Même s’il peut correspondre à teurs qu’on dit communs aux entrepreneurs?
quelques grands personnages du monde des Qu’est-ce qui les fait « tenir ensemble »?
affaires, évoquer ceux-ci rendrait la notion
d’entrepreneuriat presque mythique, voire Si nous parvenons à répondre à cette ques-
héroïque, alors que l’objectif poursuivi est tion, nous aurons accès à un des fondements
simplement de comprendre ce qu’est la cul- de la culture entrepreneuriale. Une première
ture entrepreneuriale et la richesse éducative chose est évidente : à y regarder de près,
qu’on peut y trouver. toutes ces attitudes et tous ces comporte-
ments sont nécessaires pour atteindre les
Ainsi, depuis près d’une décennie, le Con- buts que l’on poursuit. Voyons donc ce que
cours québécois en entrepreneuriat a choisi cela donne si nous redéfinissons les termes
de faire apprécier les valeurs et les qualités dans la perspective que ces attitudes et com-
entrepreneuriales, non pas à travers la réus- portements servent à atteindre des buts. 2
site des autres, mais plutôt à travers celle des
élèves eux-mêmes. Ce concours et la Mesure
de sensibilisation à l’entrepreneuriat (MSE) 1. Confiance en soi : se sentir capable de
suggèrent de concevoir et de réaliser des faire quelque chose
projets qui, de par leur nature même, favori- 2. Motivation : vouloir faire quelque chose
seraient l’émergence des valeurs et des qua- 3. Effort : se disposer à travailler fort
lités entrepreneuriales chez les jeunes. 4. Responsabilité : faire ce qui doit être fait
5. Initiative : passer à l’action
Ont été retenues les valeurs suivantes : la 6. Persévérance : terminer ce qui a été
créativité, la solidarité, le sens des responsa- commencé
bilités, l’autonomie, la confiance en soi, l’es- 7. Solidarité : collaborer en vue d’un but
prit d’équipe, le leadership et la ténacité. Ces commun
valeurs sont définissables par les attitudes et 8. Esprit d’équipe : créer avec d’autres en
les comportements qui les expriment. synergie d’action
9. Débrouillardise : recourir à ses connais-
Le nombre de valeurs retenues traduit le souci sances et à ses habiletés pour faire face
d’offrir des repères simples et clairs, compa- à l’imprévu
tibles avec les objectifs que poursuit l’école. 10. Détermination : se concentrer sur un but
En fait, le personnel enseignant ne peut être qu’on s’est fixé
en désaccord avec aucun des traits proposés,
mais il pourrait être enclin à les comprendre
seulement dans la perspective éducative qui 2. Adapté de Dorothy Rich. Career Mega Skills, Sundistar inc.,
est la sienne. En d’autres mots, ces repères ne New Orleans, 1999. La créativité, le leadership et le sens de
l’organisation ne sont pas inclus dans la liste, car ce sont des
devraient-ils pas se voir attribuer un statut compétences plus que des qualités ou des attitudes.

ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 15


Au fond, les qualités et les attitudes entre- personnelles et qui procure, s’il est relevé
preneuriales sont celles qui rendent l’action avec bonheur, une intense satisfaction. Les
efficace, le terme action devant être entendu études de l’auteur ont porté précisément sur
non pas dans un sens technique ou spécialisé, les activités que choisit une personne qui
mais dans un sens personnel, comme la ca- éprouve le besoin de réussir. Ce besoin inci-
pacité d’une personne à atteindre les buts terait en effet à opter pour des activités de
qu’elle poursuit. Cela veut dire que toute per- difficulté moyenne ou raisonnable (par oppo-
sonne devrait apprendre ou avoir appris sition aux activités très faciles ou très diffi-
comment il faut se disposer émotivement ciles à réaliser). Il obéirait également à une
pour pouvoir atteindre ses buts. C’est en sorte règle d’ajustement en fonction du niveau
une disposition fondamentale, une « attitude d’aspiration : s’attaquer à une tâche plus
souche » qui rend quelqu’un capable et con- facile après un échec ou s’attaquer à une
fiant d’obtenir ce qu’il veut dans la vie. tâche plus difficile après une réussite.

C’est pourquoi des interventions pédago- Ainsi, grâce à cette forme de régulation de la
giques en ce sens pourraient contribuer d’une réussite, les personnes qui ont l’esprit d’en-
façon significative à la culture entrepreneu- treprise savent maintenir et accroître leur
riale. Entreprendre consisterait à mener une sentiment d’efficacité personnelle. Le besoin
action efficace en rapport avec des buts à de réussite serait, par ailleurs, sans rapport
atteindre individuellement ou collectivement. avec la peur de l’échec qui, elle, inciterait à
Comme l’efficacité de l’action dépend des ne rien entreprendre et même à ne pas se
ressources émotives de la personne, c’est donner de buts. Ici apparaissent plus évi-
donc parce qu’il y a volonté et détermination dents les liens entre le pouvoir d’agir et la
qu’il y a réussite. structuration de l’identité.

˜˜˜ Pour que la personne éprouve le plaisir de la


réussite, il faut deux autres conditions que
Mais d’où vient cette motivation intense, d’où Yann Forner (1987, 2005) a su bien identifier :
vient cette exigence personnelle dans la
poursuite des buts à atteindre? En fait, le A. La personne doit s’accorder le mérite du
goût d’entreprendre viendrait du besoin de résultat et, pour cela, elle doit savoir qu’il
réussir et celui-ci se signalerait pas les mani- y a un rapport étroit entre son activité et sa
festations suivantes : réussite. Elle doit pouvoir constater que
– la capacité de faire des efforts intenses, le but n’a pas été atteint par hasard, par
prolongés, répétés, pour accomplir quel- chance ou pour une autre raison en dehors
que chose de difficile; de son contrôle. C’est ce que l’on nomme
– la capacité de travailler dans une intention (Rotter, 1966) le « locus de contrôle in-
spécifique et de tendre vers un but élevé terne ». Règle générale : si l’on croit en son
qu’on veut atteindre. pouvoir d’agir, on peut vouloir augmenter
son rendement par plus d’effort, par l’amé-
C’est le chercheur J. W. Atkinson (1993) qui a lioration de sa manière de faire ou par
compris que ce besoin de réussir créait la l’acquisition de nouvelles connaissances et
tendance à entreprendre pour pouvoir éprou- compétences, même en demandant de
ver le plaisir lié à la réussite. l’aide si nécessaire, l’important étant d’être
la cause de l’effet souhaité, d’avoir la
Le plaisir en question provient, pour une conviction de pouvoir surmonter les
bonne part, du fait d’avoir été capable de obstacles. Cela nous amène à la deuxième
surmonter des difficultés. Celles-ci repré- condition.
sentent un défi qui mobilise les ressources

16 CHAPITRE 1
B. La personne qui entreprend doit en effet plateaux nouveaux. C’est ainsi que la person-
inscrire son action dans la durée puisqu’un ne qui s’accomplit par ses réalisations est
délai est nécessaire avant qu’un but soit mue par un processus autonome, la personne
atteint. C’est grâce à la perspective tempo- autonome se donnant continuellement de
relle, à l’idée du futur, que le présent peut nouveaux buts à elle-même, en gardant la
être orienté dans une séquence efficace, même énergie et la même disposition à entre-
dans un enchaînement moyen-fin, avec ce prendre. On dit de ces personnes qu’elles
que cela suppose de persévérance et de sont passionnées.
gratification différée, car la récompense
peut parfois être lointaine. Ce constat rend évident qu’un des objectifs à
poursuivre doit être celui-ci : faire en sorte
Quant à savoir à quel point un élève peut que l’élève puisse vivre des expériences de
s’approprier le besoin de réussir, Yann réussite, en le sensibilisant aux conditions
Forner (2005) conclut ainsi : pour qu’une action soit efficace, aux attitudes
et principes d’action leur correspondant et
Susciter la motivation à la réussite chez aussi aux émotions agréables que suscite le
les élèves – et, au-delà, chez toute per- fait d’atteindre les buts fixés.
sonne en formation – pourrait per-
mettre une telle intériorisation, mais Deci et Ryan (1987) ont pu vérifier que la
avec des ressorts plus affectifs et moti- motivation augmente avec le sentiment de
vationnels. La recherche du plaisir asso- compétence. Autrement dit : qui peut veut.
cié à la réussite incite à l’action parce La conviction d’avoir en soi les ressources
qu’à court terme elle permet de ressen- nécessaires fait oser davantage et donne le
tir un agréable sentiment de fierté et goût d’entreprendre.
parce qu’à plus long terme les accumu-
lations de réussites développent l’es- Trop souvent dans le monde de l’éducation,
time de soi, à deux conditions que nous nous avons supposé que la motivation se
avons rappelées : s’attribuer au moins mesurait uniquement par le niveau d’intérêt
partiellement la cause de la réussite et de l’élève. Mais l’intérêt ne garantit pas que
agir dans une perspective temporelle. l’élève va faire preuve de la détermination
souhaitée. En isolant le facteur
Nous sommes donc en mesure intelligence, on a pu démontrer
de comprendre ce qui suscite le Trop souvent que c’est plutôt la motivation
dans le monde
goût d’entreprendre. Il provient qui est en corrélation avec la

de l’éducation,
des expériences de réussite vé- performance. L’intérêt conduit

nous avons
cues par l’élève – réussite tout à au choix, mais non à la réus-

supposé que la
fait particulière, puisqu’elle sup- site. Cela se vérifie sur le plan

motivation se
pose un certain degré de diffi- des résultats scolaires, mais
culté qui procure un plaisir aussi, selon Yann Forner, de
d’accomplissement et un senti- mesurait manière générale, c’est-à-dire
uniquement par
ment d’efficacité personnelle. bien au-delà du domaine de

le niveau
Comme le plaisir dépend d’un l’éducation, notamment dans le

d’intérêt de
certain niveau de difficulté, le domaine de l’insertion profes-

l’élève.
plaisir d’une première réussite sionnelle.
ne peut se renouveler que par
une autre de plus grande inten- On pourrait avancer que le dé-
sité. De cette manière, l’équi- veloppement de l’action entre-
libre ou l’adéquation idéale entre défis et preneuriale et de l’esprit d’entreprise, au lieu
compétences évolue constamment vers des d’être suscité par l’intérêt, l’est davantage par

ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 17


le défi et le besoin de dépassement (compéti- l’histoire du projet et du groupe, sur les
tion avec soi-même) pour les raisons que l’on points forts, sur les points faibles qu’on
sait (accomplissement et sentiment accru de pourrait améliorer et, surtout, on voudra
ses compétences). recommencer.

En fait, la perception de l’efficacité person- Sur le point de savoir si l’école peut favoriser
nelle se trouve à l’origine du goût d’entre- le goût d’entreprendre, les enseignants qui
prendre. Cette perception, selon la théorie de ont l’expérience des apprentissages par pro-
Bandura (1977), inclut la confiance en sa jets et de l’enseignement coopératif peuvent
propre capacité à faire les efforts, à mobiliser sans doute témoigner de l’impact de l’action
ses ressources cognitives et à accomplir les individuelle et collective sur la motivation de
actions nécessaires pour répondre aux exi- l’élève et sur le plaisir de la réussite.
gences d’une situation.
Les qualités et attitudes entrepreneuriales, de
Or, toujours selon cette théorie, « la percep- par leur nature, demandent à être dévelop-
tion d’efficacité personnelle s’acquiert par le pées dans l’action et sont pour ainsi dire
biais des expériences personnelles, mais connaturelles à l’exercice consistant à mener
aussi par l’exemple donné par autrui : l’expé- à bien un projet ainsi qu’à la mise en oeuvre
rience vicariante, c’est-à-dire l’opportunité de d’une pédagogie participative. En ce sens,
pouvoir observer un individu similaire à soi- leur développement sert à la fois le goût d’en-
même exécuter une activité donnée, cons- treprendre et le goût d’apprendre. Considé-
titue une source d’information rons par conséquent les fiches

Les qualités
importante influençant la per- qui vont suivre comme une
ception d’auto-efficacité et donc, première application pédago-
au-delà, l’adoption de comporte-
et attitudes gique de la culture entrepre-
entrepreneuriales
ments ». 3 neuriale dans ses dimensions

demandent à
émotives et affectives.

être développées
L’expérience vicariante nous
˜˜˜
dans l’action.
fournit l’ouverture par où entre-
voir l’action pédagogique. Si des
élèves se retrouvent ensemble En guise de rappel et
pour réaliser un projet collectif, de synthèse
ils auront à prendre des initia-
tives, à proposer des buts et des moyens, à Les qualités entrepreneuriales (voir le ta-
s’engager solidairement dans des tâches com- bleau des pages 19 à 23) :
plémentaires; ils devront coordonner leurs – Les attitudes et leurs manifestations.
activités, travailler en équipe, s’encourager, – Les apprentissages à faire : besoin de réus-
échanger de l’information, gérer les con- site, locus de contrôle, perspective tempo-
traintes, consentir à faire des efforts pour relle.
respecter les échéances. Chacun, étant une
ressource pour lui-même et pour les autres,
devra se mettre à l’épreuve dans une situa-
tion globale inédite.

Il s’ensuit une responsabilité solidaire, une


part de devoir qu’impose, dans les circons-
tances, l’urgence de faire ce qu’il faut, enfin
la réussite partagée. Après cela, on se sentira
3. Cité dans La passion d’accomplir ensemble (Isabelle Danjou,
plus estimable et on fera un retour sur 2004, p. 167).

18 CHAPITRE 1
Les qualités entrepreneuriales
1. La confiance en soi

Confiance en soi : se sentir capable de faire Exemple de projet 4


quelque chose.
• Se percevoir positivement. Des procéduriers informatiques (2004-2005)
• Être fier de ses réussites. Les élèves ont fait l’inventaire des programmes
• Miser sur ses aptitudes, ses habiletés et ses existant déjà sur les postes de travail du parc
compétences. informatique de l’école et à l’aide du pro-
• Être certain de ses possibilités. gramme Camstudio, ils ont fait une capture
• Exprimer son point de vue, même s’il di- d’écran de toutes les manoeuvres effectuées. À
verge de l’opinion généralement véhiculée. l’aide de ces images ils ont bâti un procédurier
• Reconnaître ses forces et ses faiblesses. informatique pour expliquer, aux élèves et aux
• Accepter les échecs et en tirer des leçons enseignants de l’école, comment utiliser cer-
(accepter d’essayer à nouveau une chose tains outils méconnus dans Word. Le jury a
que l’on n’a pas réussie la première fois). apprécié le fait que les enfants aient découvert
le potentiel d’un logiciel et qu’ils aient transmis
Dispositions sous-jacentes ou attitudes leurs connaissances dans leur milieu. Ils ont
fait preuve de motivation, de persévérance et
Confiance en soi et locus de contrôle interne : d’initiative.
– Estimer qu’on peut atteindre ses buts grâce
à sa compétence et à son habileté. Catégorie : Primaire (3e et 4e années)
– Constater son efficacité personnelle suite à École De La Durantaye, CS de la Rivière-du-Nord
Région des Laurentides
ses expériences de réussite.

2. La motivation

Motivation : vouloir faire quelque chose. Exemple de projet


• Désirer en savoir davantage sur un sujet
intéressant. Tours du Lac Duparquet (2003-2004)
• Se féliciter de l’avancement du projet. Expéditions en canot et kayak destinées à
• Avoir beaucoup d’initiative, apporter de une clientèle aimant les sports d’eau et désirant
nouvelles idées. en apprendre un peu plus sur les îles du Lac
Duparquet et leur histoire.
• Rester enthousiaste dans la réalisation d’un
projet et continuer malgré les embûches. Le jury a considéré le fait que, grâce à son
• S’auto-discipliner et faire un peu plus projet, cette étudiante avait créé son propre
d’efforts. emploi et qu’elle avait développé un créneau
• Développer le goût d’apprendre. dans sa région. De plus, elle s’est assurée d’une
• Reconnaître que les efforts fournis à l’occa- certaine formation et elle a bien utilisé les
sion d’un projet antérieur ont apporté beau- ressources autour d’elle. Elle a déjà mis en
coup de satisfaction. application les valeurs entrepreneuriales que
sont la créativité, l’autonomie, la confiance en
Dispositions sous-jacentes ou attitudes soi, le leadership et le sens des responsabilités.

Catégorie : Secondaire général (individuel et petit


Motivation et besoin de réussite : groupe)
• Se donner des buts présentant une certaine Cité étudiante Polyno, CS du Lac-Abitibi
difficulté. Région de l’Abitibi-Témiscamingue
• Avoir le goût du défi et anticiper le plaisir
de la réussite.

4. Tous les projets cités en exemples dans l’ensemble de ce document ont été choisis parmi les projets présentés au Concours québécois
en entrepreneuriat, sans égard aux prix reçus, puisque le but est d’illustrer l’une ou l’autre des notions entrepreneuriales.

ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 19


3. L’effort

Effort : se disposer à travailler fort. • Différer la satisfaction immédiate au profit


• Accomplir des tâches déplaisantes avec une de la récompense à venir.
attitude positive.
• Chercher à obtenir des résultats satisfai- Exemple de projet
sants pour soi et pour les autres.
• Se donner une méthode de travail pour faci- Les petits trésors (2004-2005)
liter la réalisation du projet. Production et vente, par des élèves ayant un
• Anticiper la satisfaction que l’on retire du handicap visuel, de 400 pots de conserve et
travail bien fait. préparation de semis pour la vente au prin-
• Reconnaître que les vedettes (dans les do- temps. Ils ont su créer un bon réseau d’entraide
maines sportif, artistique ou autre) ont et de soutien et bien s’entourer pour assurer la
beaucoup travaillé pour obtenir le succès réussite du projet. Les participants ont égale-
qu’elles ont. ment su surmonter des difficultés addition-
nelles et s’adapter avec brio aux obstacles
Dispositions sous-jacentes ou attitudes rencontrés. Comme ils l’ont mentionné eux-
mêmes, ils ont uni leurs forces pour mieux
Effort et besoin de réussite : réussir.
• Estimer que les chances de réussir
dépendent des efforts fournis. Catégorie : Primaire (1re et 2e années)
Effort et perspective temporelle : École Jacques-Ouellette, CS Marie-Victorin
Région de la Montérégie
• Tenir compte du futur dans les choses à
faire dans le présent.

4. Le sens des responsabilités

Sens des responsabilités : faire ce qui doit être • Maîtriser une situation à laquelle on s’est
fait. soumis par volonté personnelle.
• Assumer et réaliser ce qui a été convenu par
l’équipe, le groupe, l’organisation ou soi- Exemple de projet
même.
• Accomplir les tâches assignées en sachant Les créactifs (2004-2005)
que, si on ne les fait pas, cela peut avoir des Production et vente d’une gamme d’éléments
répercussions négatives pour soi-même ou décoratifs faits à partir de matériel recyclé,
l’entourage. dans le but d’aider les gens victimes d’un feu
• Classer par ordre de priorité les différentes qui avait fait rage dans la municipalité.
tâches à accomplir et déterminer les étapes
de leur réalisation. Le jury a souligné plusieurs éléments motivant
• Être reconnu pour sa capacité à mener à son choix : la solidarité exprimée envers la
terme les tâches dont on est responsable. communauté, l’envergure des réalisations, les
• Ne pas se laisser impressionner par l’am- apprentissages et les acquis des élèves, la place
pleur d’une tâche et l’aborder avec con- prépondérante des jeunes dans toutes les
fiance, même si on ne sait pas trop par où étapes de la réalisation depuis l’étude de mar-
commencer. ché jusqu’à la rédaction du dossier de candida-
ture au Concours en passant par la production
Dispositions sous-jacentes ou attitudes de nombreux types de produits.

Sens des responsabilités et locus de contrôle : Catégorie : Primaire (5e et 6e années)


• Faire quelque chose par devoir après l’avoir École Intégrée de Pointe-du-Lac, CS du Chemin-du-Roy
Région de la Mauricie
choisi.

20 CHAPITRE 1
5. L’initiative

Initiative : passer à l’action. Exemple de projet


• Transformer un problème en action à entre-
prendre. Offre de services en dessin industriel
• Ne pas se laisser figer par une situation. (2004-2005)
• Poser des questions, chercher des manières Services de dessin industriel destinés aux
de faire différentes. clients souhaitant fabriquer leurs propres in-
• Être « partant », prêcher par l’exemple. ventions. Les dessins produits servent d’abord
• Assumer un certain leadership. à la conception interactive de l’invention avec
• Être à l’affût des bonnes occasions. le concepteur, puis à sa fabrication. Il s’agit de
permettre aux idées novatrices d’un inventeur
Dispositions sous-jacentes ou attitudes de faire le pont entre la conception et la pro-
duction. Le jury a souligné la créativité, l’en-
Initiative et locus de contrôle : tregent, l’initiative, l’autonomie et le sens de
• Penser qu’agir augmente ses chances de l’organisation du promoteur. Il a, de plus, su
réussite. développer beaucoup de contacts avec le mi-
• Penser qu’on peut apprendre par l’action. lieu des affaires et créer un rapport de con-
• Penser qu’il vaut mieux affronter la réalité fiance avec les entreprises.
que l’ignorer. Catégorie : Formation professionnelle et Éducation
des adultes
Centre de formation Rimouski-Neigette
CS des Phares, Région du Bas-Saint-Laurent

6. La persévérance

Persévérance : terminer ce qui a été commencé. Exemple de projet


• Faire preuve de constance dans ce qu’on
entreprend. Voir plus grand (2004-2005)
• Inscrire son action dans la durée, la mener à Dans le cadre du cours « projet intégrateur »
terme. offert aux élèves du 5e secondaire, l’instigatrice
• Faire encore et encore la même chose jus- du projet vise l’amélioration des difficultés des
qu’à l’obtention d’un résultat satisfaisant. élèves handicapés visuels en secondaire régu-
• Démontrer sa capacité à poursuivre un pro- lier à l’école Jacques-Ouellette en les amenant
jet jusqu’à ce qu’il soit réalisé. passer trois jours à Ottawa. L’objectif est de
• Passer par-dessus les frustrations et les pro- développer l’autonomie, le sens des responsa-
blèmes rencontrés et poursuivre l’objectif bilités et le comportement social de ces jeunes.
initial malgré les embûches.
• Apprendre à pratiquer un nouveau sport ou à Le jury a été impressionné par l’ampleur du
jouer d’un instrument de musique ou s’adon- défi, la charge de travail et la ténacité de la
ner à tout autre hobby qui demande du jeune fille, malgré les difficultés auxquelles elle
temps avant que les résultats soient visibles. a dû faire face en raison de son propre han-
dicap visuel. Elle a fait preuve de beaucoup
Dispositions sous-jacentes ou attitudes d’ouverture et de sensibilité envers les autres.
Il s’agit d’un projet porteur d’espoir, véritable
Persévérance et perspective temporelle : modèle d’entrepreneuriat.
• Donner relativement plus d’importance à
l’avenir qu’au présent. Catégorie : Secondaire général (individuel)
• Appliquer à soi-même la fable de la cigale et École Jacques-Ouellette, CS Marie-Victorin
Région de la Montérégie
de la fourmi.
• Croire que les événements de la vie sont
souvent prévisibles (locus de contrôle).

ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 21


7. La solidarité

Solidarité : collaborer en vue d’un but commun. Exemple de projet


• Accepter de se sentir responsable des choix
et décisions du groupe ou de l’organisation. Cocktail de reconnaissance (2004-2005)
• Partager des buts communs et collaborer à Organisation d’un cocktail de reconnaissance
leur réalisation. pour remercier les entreprises et les parte-
• Être compréhensif envers les collègues de naires de la ville qui ont aidé les jeunes dans
travail. leur programme d’insertion sociale et profes-
• Porter attention aux sentiments des autres sionnelle. Les jeunes ont monté une pochette
et les soutenir quand ils rencontrent des de presse pour les médias, ils ont créé une pré-
difficultés. sentation multimédia des entreprises, des
• Participer de bon gré à une corvée. partenaires et des élèves en action, et ils ont
• Introduire un nouveau membre dans le dévoilé la nouvelle image d’I.S.P.J. lors du
groupe et faciliter son intégration. cocktail.

Dispositions sous-jacentes ou attitudes Le jury a souligné le fait que le projet est très
bien adapté à la réalité des jeunes, qu’il com-
Solidarité et besoin de réussite : porte un fort potentiel d’ouverture à la commu-
• Croire que l’on est une ressource pour les nauté et qu’il contribue au rayonnement de
autres. l’école. Centré sur le développement des qua-
• Croire que les autres peuvent apporter lités entrepreneuriales des élèves et sur leur
quelque chose. grande implication, le projet tient compte de la
Solidarité et locus de contrôle : nouvelle approche orientante.
• Estimer qu’on peut atteindre ses buts grâce
Catégorie : Secondaire (formation de type continu)
à son efficacité personnelle et grâce aux
École d’Iberville, CS de Rouyn-Noranda
relations respectueuses et même cordiales Région de l’Abitibi-Témiscamingue
établies avec les autres.

8. L’esprit d’équipe

Esprit d’équipe : créer avec d’autres en synergie Exemple de projet


d’action.
• Agir avec d’autres d’une manière concertée. Sacoutimi (2003-2004)
• Travailler avec d’autres en tenant compte Conception, fabrication et vente, par les jeunes
des responsabilités de chacun. en cheminement particulier de la Polyvalente
• Apporter ses idées à un projet de groupe. Lafontaine, de sacs à oignons, de sous-plats
• Accepter les critiques constructives. aromatisés et de sacs à flûte faits à partir de
• Travailler pour atteindre l’objectif visé, jute récupéré.
tout en considérant l’opinion des différents
membres du groupe. Le jury a considéré qu’il fallait une petite
équipe « allumée » pour penser à un projet
Dispositions sous-jacentes ou attitudes
aussi novateur. Il a été surpris par l’innovation
Esprit d’équipe et besoin de réussite : du produit, mais il a aussi été impressionné par
• Organiser les activités nécessaires pour la qualité de la vie coopérative manifestée dans
atteindre les buts fixés. le projet.
• Être capable de faire preuve de méthode et
d’organisation. Catégorie : Secondaire général (collectif)
Esprit d’équipe et locus de contrôle : Polyvalente Lafontaine, CS des Rives-du-Saguenay
• Être capable d’agir sur le fonctionnement Région du Saguenay–Lac-Saint-Jean
du groupe.

22 CHAPITRE 1
9. La débrouillardise

Débrouillardise : recourir à ses connaissances • Savoir que la marge de manoeuvre est tou-
et à ses habiletés pour faire face à l’imprévu. jours plus grande qu’on croit.
• Reconnaître que les embûches font partie
du quotidien. Exemple de projet
• Ne pas fuir les difficultés.
• Prendre le temps de réfléchir à la meilleure Centre de santé (2004-2005)
manière de résoudre un problème. Après avoir constaté que l’équipement d’en-
• Envisager les difficultés qui peuvent se traînement dont dispose l’école ne sert pas
présenter dans la réalisation d’un projet et suffisamment, des étudiants des 4e et 5e secon-
prévoir différentes solutions. daire décident de former une coopérative pour
• Démontrer de la flexibilité et de la sou- réaménager l’équipement dans un local plus
plesse face aux changements. adéquat. Puis, réalisant que leur communauté
• Être un adepte du « système D ». n’a pas accès à ce genre de services, ils déci-
dent de rendre accessible leur centre de santé
Dispositions sous-jacentes ou attitudes non seulement aux élèves mais aussi à tous les
citoyens de leur municipalité. Le jury considère
Débrouillardise et contrôle interne : qu’il s’agit d’un bel exemple de ce que la coopé-
• Estimer qu’on a les moyens d’improviser. ration peut faire pour animer le tissu social
• Considérer qu’on peut toujours voir autre- d’une communauté.
ment, agir autrement.
• Être capable de réagir en cas d’accident, Catégorie : Secondaire (collectif)
d’imprévu, de refus, de défection. École secondaire Vallée-des-Lacs,
CS du Fleuve-et-des-Lacs
Région du Bas-Saint-Laurent

10. La détermination

Détermination : se concentrer sur ce qu’on a à Exemple de projet


faire.
• Se concentrer sur un but qu’on a en tête. Exposition en ébénisterie (2003-2004)
• S’auto-discipliner. Organisation, dans un centre commercial, d’une
• S’engager à atteindre des buts tout en con- exposition des réalisations scolaires des finis-
trôlant les irritants (stress et émotions). sants et finissantes en ébénisterie. Cette expo-
• Évaluer, en cours de route, si les efforts con- sition permet aux étudiants d’obtenir une cer-
sentis entraînent les résultats escomptés. taine reconnaissance de la part du public et de
• Élaborer un échéancier réaliste et stimulant. leurs proches face à l’application pratique des
connaissances et techniques acquises durant la
Dispositions sous-jacentes ou attitudes formation. De plus, les étudiants ont créé un
site Internet pour promouvoir l’exposition et ils
Détermination et perspective temporelle : espèrent en faire éventuellement un portail
• Penser à long terme en se donnant une pour les finissants actuels et futurs. Le jury a
vision motivante du futur. souligné la qualité et l’envergure du projet, sans
• Bien organiser son temps chaque jour, afin oublier l’excellente présentation du dossier. Ils
de pouvoir s’occuper au maximum du but à ont été impressionnés par la démarche struc-
atteindre. turée du projet et son aspect accrocheur.
• Savoir que faire son possible ne suffit pas,
qu’il faut se fixer des priorités et ne pas se Catégorie : Formation professionnelle et éducation
disperser. des adultes
Centre de formation professionnelle de Neufchâtel,
• Être capable de surmonter l’épuisement.
CS de la Capitale
Région de la Capitale-Nationale

ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 23


Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources émotives)

Attitudes
Qualités Manifestations 5
Locus de Besoin de Perspective
contrôle réussite temporelle

Confiance : • Estimer qu’on • Se percevoir positivement.


se sentir capable de peut atteindre ses • Reconnaître ses forces et ses faiblesses.
faire quelque buts par sa compé- • Miser sur ses aptitudes, ses habiletés et ses
chose. tence et son compétences.
habileté. • Être certain de ses possibilités.
• Se percevoir • Exprimer son point de vue, même s’il
efficace grâce à ses diverge de l’opinion généralement véhiculée.
expériences de • Reconnaître ses forces et des faiblesses.
réussite. • Accepter les échecs et en tirer des leçons
(accepter d’essayer à nouveau une chose que
l’on n’a pas réussie la première fois).

Motivation : • Se donner des • Désirer en savoir davantage sur un sujet


vouloir faire buts présentant intéressant.
quelque chose. une certaine • Se féliciter de l’avancement du projet.
difficulté. • Avoir beaucoup d’initiative, apporter de
• Avoir le goût du nouvelles idées.
défi et anticiper le • Rester enthousiaste dans la réalisation d’un
plaisir de la réus- projet et continuer malgré les embûches.
site. • S’auto-discipliner à faire un peu plus
d’efforts.
• Développer le goût d’apprendre.
• Reconnaître que les efforts fournis à
l’occasion d’un projet antérieur ont apporté
beaucoup de satisfaction.

Effort : • Estimer que les • Tenir compte du • Accomplir des tâches déplaisantes avec une
se disposer à chances de réussir futur dans les attitude positive.
travailler fort. dépendent des choses à faire dans • Chercher à obtenir des résultats satisfaisants
efforts fournis. le présent. pour soi et pour les autres.
• Différer la satis- • Se donner une méthode de travail pour
faction immédiate faciliter la réalisation du projet.
au profit de la • Anticiper la satisfaction que l’on retire du
récompense à travail bien fait.
venir. • Reconnaître que les vedettes (dans les
domaines sportif, artistique ou autre) ont
beaucoup travaillé pour obtenir le succès
qu’elles ont.

Responsabilité : • Faire quelque • Assumer et réaliser ce qui a été convenu par


faire ce qui doit chose par devoir l’équipe, le groupe, l’organisation ou soi-même.
être fait. après l’avoir choisi. • Accomplir les tâches assignées en sachant
• Maîtriser la que, si on ne les fait pas, cela peut avoir des
situation à laquelle répercussions négatives.
on s’est soumis par • Classer par ordre de priorité les différentes
volonté person- tâches à accomplir et déterminer les étapes de
nelle. leur réalisation.
• Être reconnu pour sa capacité à mener à
terme les tâches dont on est responsable.
• Ne pas se laisser impressionner par l’ampleur
de la tâche et l’aborder avec confiance, même
si on ne sait pas trop par où commencer.

Initiative : • Penser qu’agir • Transformer un problème en action à


passer à l’action. augmente ses entreprendre.
chances de • Ne pas se laisser figer par une situation.
réussite. • Poser des questions, chercher des manières
• Penser qu’on de faire différentes.
peut apprendre par • Être « partant », prêcher par l’exemple.
l’action. • Assumer un certain leadership.
• Penser qu’il vaut • Être attentif à la bonne occasion
mieux affronter
la réalité que
l’ignorer.

5. Les « manifestations » sont autant d’énoncés à utiliser lors de l’évaluation qui suit la réalisation d’un projet.

24 CHAPITRE 1
Attitudes
Qualités Manifestations 6
Locus de Besoin de Perspective
contrôle réussite temporelle

Persévérance : • Croire que les • Donner relative- • Faire preuve de constance dans ce qu’on
terminer ce qui a événements de la ment plus d’impor- entreprend.
été commencé. vie sont souvent tance à l’avenir • Inscrire son action dans la durée, la mener à
prévisibles. qu’au présent. terme.
• Appliquer à soi- • Faire encore et encore la même chose
même la fable de la jusqu’à l’obtention d’un résultat satisfaisant.
cigale et de la four- • Démontrer sa capacité à poursuivre un
mi. projet jusqu’à ce qu’il soit réalisé.
• Passer par-dessus les frustrations et les
problèmes rencontrés et poursuivre l’objectif
initial malgré les embûches.
• Apprendre à pratiquer un nouveau sport
ou à jouer d’un instrument de musique ou
s’adonner à tout autre hobby qui demande du
temps avant que les résultats soient visibles.

Solidarité : • Estimer qu’on • Croire que l’on • Accepter de se sentir responsable des choix
collaborer en vue peut atteindre ses est une ressource et décisions du groupe ou de l’organisation.
d’un but commun. buts grâce à son pour les autres. • Partager des buts communs et collaborer à
efficacité person- • Croire que les leur réalisation.
nelle et grâce aux autres peuvent • Être compréhensif envers les collègues de
relations respec- apporter quelque travail.
tueuses et même chose. • Porter attention aux sentiments des autres et
cordiales établies les soutenir quand ils rencontrent des difficultés.
avec les autres. • Participer de bon gré à une corvée.
• Introduire un nouveau membre dans le
groupe et faciliter son intégration.

Esprit • Être capable d’a- • Organiser les • Agir avec d’autres d’une manière concertée.
d’équipe : gir sur le fonction- activités néces- • Travailler avec d’autres en tenant compte
créer avec d’autres nement du groupe. saires pour attein- des responsabilités de chacun.
en synergie d’ac- dre les buts fixés. • Apporter ses idées à un projet de groupe.
tion. • Être capable de • Accepter les critiques constructives.
faire preuve de mé- • Travailler pour atteindre l’objectif visé, tout
thode et d’organi- en considérant l’opinion des différents
sation. membres du groupe.

Débrouillar- • Estimer qu’on a • Reconnaître que les embûches font partie du


dise : recourir à les moyens quotidien.
ses connaissances d’improviser. • Ne pas fuir les difficultés.
et à ses habiletés • Considérer qu’on • Prendre le temps de réfléchir à la meilleure
pour faire face à peut toujours voir manière de résoudre un problème.
l’imprévu. ou agir autrement. • Envisager les difficultés qui peuvent se
• Être capable de présenter dans la réalisation d’un projet et
réagir en cas d’acci- prévoir différentes solutions.
dent, d’imprévu, de • Démontrer de la flexibilité et de la souplesse
refus, de défection. face aux changements.
• Savoir que la mar- • Être un adepte du « système D ».
ge de manoeuvre
est toujours plus
grande qu’on croit.

Détermination : • Penser à long • Se concentrer sur un but qu’on a en tête.


se concentrer sur terme en se don- • S’auto-discipliner.
un but qu’on a en nant une vision • S’engager à atteindre des buts tout en
tête. motivante du futur. contrôlant les irritants (stress et émotions).
• Bien organiser • Évaluer, en cours de route, si les efforts
son temps chaque consentis entraînent les résultats escomptés.
jour, afin de pou- • Élaborer un échéancier réaliste et stimulant.
voir s’occuper au
maximum du but à
atteindre.
• Savoir que faire
son possible ne suf-
fit pas, qu’il faut se
fixer des priorités et
ne pas se disperser.
• Être capable de
surmonter l’épuise-
ment.
6. Les « manifestations » sont autant d’énoncés à utiliser lors de l’évaluation qui suit la réalisation d’un projet.

ÉVEILLER LE GOÛT D’ENTREPRENDRE 25


CHAPITRE 2
RESSOURCES COGNITIVES

Le sens du projet

L’objectif à poursuivre est toujours le même : faire en sorte que


notre compréhension de la culture entrepreneuriale puisse être
mise en relation avec les conceptions et les pratiques pédago-
giques actuelles. Nous sommes maintenant davantage en mesure
de saisir le double rôle que joue le besoin de réussite dans la
volonté à la fois d’apprendre et d’entreprendre. Heureuse adéqua-
tion qui fait sentir plus que jamais la nécessité de favoriser l’activité et l’esprit
d’initiative des élèves. Que ce soit par l’enseignement coopératif, par la péda-
gogie de la découverte, par la différenciation pédagogique ou par toute autre
forme de participation, l’élève devient un sujet capable d’agir dès lors qu’il se
trouve dans une situation ouverte où il doit faire des choix, dès lors qu’il doit
réagir à une situation qui mobilise ses connaissances et ses habiletés. Il devient
un sujet qui construit ses propres compétences et qui exerce son pouvoir d’agir
(entrepreneuriat).

Nous voici face à une convergence que nous La culture entrepreneuriale se veut donc
n’avions pas prévue : dans sa signification la une « culture du projet », une culture
plus actuelle, la pédagogie partage, avec toute particulière puisqu’elle vise à pro-
l’orientation et l’entrepreneuriat, la pratique duire de la nouveauté et du changement.
du projet. Cela n’est évidemment pas le cas du pro-
jet de nature pédagogique.

LE SENS DU PROJET 27
« Cette approche pédagogique, précise Pallascio
Projet
(1992), est à la fois heuristique, car le sujet y
pédagogique

apprend à chercher des réponses à ses ques-
Construction tions; intégrante, car elle est source d’inter-
d’une vision disciplinarité; et fondatrice, car elle est com-
mune à toutes les disciplines. [Elle est]

ÉLÈVE
également sociale, car le sujet y est constam-
Projet ment en interaction avec d’autres… »
Sens du projet d’orientation

Structuration
de
Projet l’identité Le projet entrepreneurial
entrepreneurial

Développement
du pouvoir
Le projet entrepreneurial doit être distingué
d’action du projet de recherche qui conduit à un sa-
voir ou à des apprentissages disciplinaires.
C’est le cas bien connu d’une enquête qui
aboutit à la mise en commun de l’informa-
tion, à l’établissement d’un dossier, à l’élabo-
ration d’une démonstration qu’on présente en
Le projet de nature pédagogique classe, à la mise en évidence des enjeux et à
un débat sur les conclusions.
Selon Piaget, la « méthode des projets » s’ap-
puie sur un processus naturel qui est celui de Au point de départ, le projet entrepreneurial
l’action : poursuivre un but à plus ou moins s’appuie sur l’idée d’une production, d’une
longue échéance et tout subordonner à sa action productive qui crée un bien, un ser-
réalisation. C’est dans la mesure où il aura vice, un événement. L’événement peut être
conçu lui-même un projet qui l’intéresse, une exposition, un spectacle, une semaine
c’est-à-dire qui engage toute sa personnalité, thématique, une production artistique, un
que l’enfant aura l’énergie qu’il faut pour symposium, un festival, un concours ou quoi
acquérir les connaissances nécessaires et que ce soit d’autre que les élèves auront à
pour accomplir les actions utiles à sa réali- préparer et à réaliser avec toute la motiva-
sation (dans G. Gosselin, 1994). tion et la compétence dont ils sont capables.

Fonctionner par projets est, dans le fond, une Apprentissage par projet =
démarche de recherche et de découverte où expérimenter et comprendre des concepts et
les élèves se posent des questions et doivent des principes par la réalisation de projets,
essayer d’y répondre individuellement et col- de manière à construire un savoir dans le
lectivement. Autour d’un projet se concentre champ illimité de la connaissance.
en effet l’activité d’une classe : rédiger et édi-
ter un journal scolaire ou reconstruire un Projet entrepreneurial =
village médiéval ou faire revivre une journée produire de la nouveauté, innover, mener des
de l’ancienne Rome. Souvent, les règles de actions en vue d’un bien, d’un service, d’un
grammaire, les connaissances en géographie événement à créer qui a une valeur dans le
et en histoire devront être mises à contribu- milieu parce qu’il répond à un besoin.
tion. En pratique, on aura l’impression, non
pas d’étudier la grammaire, mais plutôt de C’est là sans doute la plus belle contribution
s’appliquer à imprimer un journal écrit que peut apporter la culture entrepreneuriale
correctement. à la formation de l’élève : lui fournir l’occasion
d’agir sur son environnement économique,

28 CHAPITRE 2
social, culturel ou communautaire. C’est Nous sommes donc arrivés au moment de
pourquoi, dans les écoles et depuis plusieurs définir l’essentiel de ce qui fait la culture
années, les élèves se voient proposer de entrepreneuriale :
prendre des initiatives d’ordre entrepre- – Le projet comme possibilité de faire adve-
neurial. nir un futur souhaité.
– Le projet comme mode d’organisation du
Ainsi en est-il des entreprises-étudiantes futur.
dans le cadre des J.E., des micro-entreprises – Le projet comme principe fondateur d’une
à vocation environnementale, des clubs démarche d’innovation et de changement.
d’entrepreneurs-étudiants et des formules
coopératives diverses qui sont autant d’op- La meilleure façon de prédire le futur
tions retenues par les institutions scolaires. est de le préparer.
Ce sont là des initiatives qui relèvent d’une
formation spécifique à l’activité économique Dans les pages qui suivent, nous allons donc
et aux rudiments de la création d’entreprise. exposer la démarche entrepreneuriale : com-
ment vient l’idée de créer une entreprise et
Par ailleurs la sensibilisation à la culture par quelles étapes cette idée est-elle conduite
entrepreneuriale, elle, vise tous les élèves. à sa réalisation?
C’est ainsi qu’il faut comprendre sa place et
sa pertinence dans la formation générale. La culture entrepreneuriale crée du change-
Elle ne concerne pas seulement les 10 % des ment et de l’innovation. À partir du moment
élèves qui deviendront entrepreneurs, mais où une initiative s’inscrit dans le monde éco-
tous les élèves, car tous auront, nomique (ou autre), elle doit

La meilleure
au cours de leur vie, à participer nécessairement demeurer pro-
activement à diverses formes active, car elle doit constam-
d’innovation et de changement
façon de ment se survivre à elle-même
prédire le futur
dans leur milieu. en mobilisant les ressources,

est de le
surtout humaines, dans une

préparer.
Rien n’empêche cependant que organisation qui doit sans cesse
cette culture entrepreneuriale innover.
puisse amener un plus grand
nombre d’élèves et d’étudiants à Il existe une littérature abon-
devenir des entrepreneurs dans leur vie pro- dante sur la démarche entrepreneuriale, mais
fessionnelle. Pourquoi? Parce qu’ils auront c’est l’ouvrage majeur de J.-P. Boutinet
expérimenté des projets, parce que l’art d’en- (1990) qui présente le modèle de projet le
treprendre sera démystifié et devenu possible plus universel et le plus facilement utilisable.
et accessible, parce qu’ils auront pu recon- Aussi allons-nous nous inspirer largement de
naître et développer leurs qualités entre- la structuration qu’il en a faite.
preneuriales.

Pour rejoindre 100 % des élèves, il y a deux


possibilités :
– amener les classes d’élèves à participer
chaque année au Concours québécois en
entrepreneuriat et à la Mesure de sensi-
bilisation à l’entrepreneuriat;
– intégrer la culture entrepreneuriale dans
les pratiques pédagogiques du personnel
enseignant.

LE SENS DU PROJET 29
Prémisses du projet et Important : l’innovation et le leadership vont
accompagnement pédagogique s’apprendre graduellement et permettre, à la
fin, de reconnaître facilement l’opportunité
La démarche entrepreneuriale = d’affaire et de mettre en place l’organisation
démarche d’innovation et de changement + nécessaire. La vision entrepreneuriale, dans
le projet comme principe fondateur. son aspect dynamique et structurant, repré-
sente l’ultime compétence.
Un projet, pour être un véritable projet qui
entre dans le cadre de nos propos, doit réunir Développement entrepreneurial
quatre conditions. Ainsi, on doit pouvoir
apporter la preuve de : L’unité d’un projet ne peut être assurée
1. son unité; que tardivement dans le développement
2. sa singularité; entrepreneurial. En effet, l’entrepreneur
3. sa complexité; doit à la fois saisir une occasion, conce-
4. ses opportunités. voir une action novatrice en rapport
avec une problématique de son milieu et
exercer un leadership qui mobilise des
1. Le projet : son unité ressources matérielles, financières et
humaines. Exprimer ainsi l’intégration né-
Globalement, on peut dire qu’entreprendre, cessaire des différents éléments d’un
c’est participer. C’est être acteur à la fois de projet ne peut être envisagé que chez les
l’élaboration du projet et de la réalisation du élèves qui préparent un projet d’insertion
projet. C’est être l’instigateur à la fois du but réelle en formation professionnelle, tech-
poursuivi et de la démarche mise en place nique ou universitaire.
pour atteindre ce but. Celui-ci inspire une
visée à poursuivre et la démarche pour
l’atteindre inspire un programme à réaliser. Le Concours québécois en entrepreneuriat et
la Mesure de sensibilisation à l’entrepre-
On ne peut séparer projet-visée et projet- neuriat
programme. Ainsi, le projet-visée doit être
rappelé au cours de la réalisation du pro- Il arrive assez fréquemment, surtout au pri-
gramme pour que celle-ci ne soit pas réduite maire et au début du secondaire, que l’idée
à une série d’objectifs ou d’opérations. Se de se lancer dans un projet d’ordre entre-
lancer dans un projet, c’est chercher à la fois preneurial et de mettre en place l’organisa-
à le concevoir et à le réaliser. Pour qu’un pro- tion nécessaire provienne d’un enseignant
jet soit homogène, il faut intégrer la concep- responsable. Pourquoi pas? Idéalement, un
tion d’origine et l’action subséquente dans le petit projet, conçu par une personne ou seu-
va-et-vient entre réflexion et réalité. lement quelques-unes, pourrait se prêter à
cette exigence d’intégration. Mais lorsqu’il
Un défi de taille : intégrer la conception et s’agit d’une classe ou d’un groupe de 15
l’exécution qui ne peuvent trouver leur unité élèves ou plus, la prise en charge par l’en-
qu’à travers l’auteur ou les auteurs du projet. seignant est largement justifiée pour la bonne
Les plus jeunes ne vont pas nécessairement et simple raison qu’il doit amener les élèves à
trouver seuls la visée originelle et originale et prendre des initiatives et à assumer des
ils ne vont pas non plus automatiquement responsabilités dans la perspective de faire
concevoir une organisation et une planifica- surgir les qualités qui rendent l’action effi-
tion qui soient opérationnelles. cace. Ainsi, les projets « ambitieux » laissent
de l’espace à ceux qui s’y trouvent impliqués.

30 CHAPITRE 2
Malgré tout cela, des jeunes parviennent à 2. Le projet : sa singularité
concevoir de tels projets. C’est pourquoi les
responsables du concours, d’une part, et Un projet n’est pas une abstraction. Il sert à
ceux de la MSE, d’autre part, sont en droit de penser l’action. Mais l’action qui n’est que
s’attendre à ce que l’idée du projet et sa pla- pensée n’est pas l’action réelle, car celle-ci
nification soient le fait des élèves. doit composer avec la singularité de ceux qui
y participent, avec les circonstances du mo-
Exemple de projet ment et avec les aspects matériels de l’es-
pace et des lieux.
Agenda scolaire (2004-2005)
Cette notion de singularité souligne une
Conception et réalisation complète de l’agen- évidence : chacun des élèves impliqués dans
da de l’école par les élèves. Après avoir éva- un projet arrive avec son histoire person-
lué l’actuel agenda et recueilli les commen- nelle, ses particularités, ses manières d’agir
taires, les jeunes ont mis en place différents et de réagir. Mais tous les participants vont
comités : dessins et images, marketing, être mis en présence les uns des autres. Ils
mise en pages, notes et communication, vont se comporter et comprendre la situation
plan de l’école, règlements et code de vie, etc. selon leurs particularités. Ils vont évoluer
dans un contexte donné, dans une école don-
Le jury a remarqué la grande implication née. Ainsi, le projet va voir le jour dans une
des jeunes à tous les points de vue, d’où l’ap- réalité concrète, singulière – dans la « maté-
parition d’un fort sentiment d’appartenance. rialité d’entreprendre ». Tout ce qui va se pro-
duire sera le résultat du rapport entre l’indi-
Ces jeunes ont été critiques face à l’outil vidu et son environnement. En ce sens, c’est
actuellement existant, ils ont pris l’initia- l’action, sous l’effet de la mobilisation sus-
tive d’identifier les problèmes et ils ont citée par l’environnement, qui fait de chacun
trouvé les solutions. La structure du projet un acteur authentique.
est bien développée et l’organisation du tra-
vail, des responsabilités et des rôles est bien En résumé, il est donc dans la nature du
définie. projet d’être une sorte de scénario qui doit
nécessairement se développer à chaque
Catégorie : Secondaire général instant. De plus, un projet s’appuie sur la per-
École secondaire Frenette, CS de la Rivière-du-Nord sonnalité et les particularités de chacun des
Région des Laurentides participants, et il dépend des contraintes du
lieu et du temps dans lesquels il s’insère.

Comme un projet est une unité en soi, il doit Développement entrepreneurial


nécessairement intégrer l’élaboration et
l’exécution. Il fait donc appel à des res- L’esprit d’entreprise n’a pas de sens sans
sources cognitives d’intégration. Cette notion l’expérience des aspects matériels relatifs
recouvre la plupart des compétences dites à la réalisation d’un projet. C’est précisé-
transversales et s’inscrit, pour le collégial, ment ce que réclament les jeunes de notre
dans la formation générale commune à tous temps : apprendre dans et par l’action. On
les programmes en répondant à la triple connaît la réflexion du peintre Magritte
finalité : l’acquisition d’un fonds culturel qui a écrit sur sa toile « Ceci n’est pas une
commun, l’acquisition et le développement pipe », alors qu’on l’a cependant sous les
d’habiletés génériques et l’appropriation yeux. Il a raison : c’est tout simplement un
d’attitudes souhaitables. tableau. Voilà la réalité.

LE SENS DU PROJET 31
L’exigence de la « matérialité » fait en facteurs qui pourraient lui être défavorables,
sorte que les connaissances et les habi- il va produire l’effet recherché… ou, du
letés, étant sollicitées par la situation, moins, cela entre dans l’ordre du probable.
créent une obligation d’agir et donc de s’y
adapter de façon pertinente. Ainsi se trou- La complexité et l’incertitude introduisent
vent introduites les notions d’action effi- dans le projet une tension qui mobilise les
cace et surtout de comportement spon- ressources cognitives de l’analyse et de l’an-
tané. Tout devient matière à réflexion et à ticipation, de la créativité et du réalisme.
découverte de soi, tout devient besoin de Tout projet a pour fonction de gérer l’indé-
s’améliorer, d’acquérir des compétences et termination d’une situation problématique
de se mettre à l’épreuve – parce que « c’est constituée de plusieurs éléments, facteurs et
pour de vrai »! Il faut prendre le risque de contingences qui se conjuguent et s’entre-
se confronter à la réalité et d’en sortir plus mêlent. Ainsi, la problématique qui entoure
confiant en ses capacités d’adaptation. le fait d’entreprendre rend impossible ou
C’est cela qui crée le sentiment d’efficacité presque d’avoir en main toute l’information
personnelle et aide à prendre conscience et la connaissance qu’il faudrait avoir. Le pro-
des apprentissages qui restent à faire. jet cherche à réduire cette incertitude sans
jamais y arriver vraiment, puisqu’il y a tou-
jours une part d’ombre qui demeure. C’est
3. Le projet : sa complexité pourquoi on dit « se lancer en affaires, dans
une carrière, dans la vie politique » : une
Une activité simple, une tâche à accomplir, sorte d’aveu qu’il y a risque, que des éléments
un problème dont la solution est évidente, nous échappent, qu’on va quitter une zone de
une action dont le résultat est prévisible, tout confort, qu’il va falloir prêter une attention
cela n’a pas besoin de faire l’objet d’un pro- vigilante aux conditions favorables et défa-
jet. L’exemple qui suit démontre bien cela : vorables qu’on va rencontrer.
quelqu’un inscrit son projet au Concours
québécois en entrepreneuriat et demande Développement entrepreneurial
une subvention dans le cadre de la Mesure de
sensibilisation à l’entrepreneuriat : « Nous Il y a ce mot de Paul Valéry : « Le trop sim-
avons loué un autobus pour amener des ple est faux, le trop complexe est inutili-
personnes âgées à un spectacle de danses sable. » À cet égard, on peut sans doute
folkloriques. » Que faut-il en penser? Il est à avancer que toute la problématique en-
remarquer tout d’abord que la notion de tourant un projet est rarement explicitée
« projet » ne s’applique pas ici. De plus, on ne parce que l’action prend toute la place. Il
sait pas à quel but est rattachée l’activité; on faut donc éviter la trop grande complexité
ne sait donc rien de son utilité. Enfin, elle ne et la trop grande incertitude en recourant
présente aucune incertitude ni complexité. Il à des projets qui ont moins d’envergure.
n’y a pas lieu de bâtir un projet à propos de Dans tous les cas, le développement entre-
quelque chose qui doit se passer le lende- preneurial est tributaire du pouvoir des
main. L’horizon temporel est à ce point mots, s’appuie sur le recours au langage et
inexistant qu’il n’y a rien à planifier. sur l’exercice du plan d’affaires.

Si un projet peut être défini comme une L’action doit pouvoir se rattacher à une
vision qui sert à organiser le futur, c’est bien problématique et doit pouvoir être rappor-
parce que le futur est incertain et en partie tée, racontée, pour que la pratique du pro-
imprévisible, et c’est justement cela qui fait la jet gagne en hauteur et en pragmatisme,
valeur du projet. Si celui-ci est bien conçu, en puissance et en profondeur : il faut
réduisant le plus possible la portée des donc que l’entrepreneur soit tout à la fois

32 CHAPITRE 2
entrepreneur-novateur, entrepreneur- 4. Le projet : ses opportunités
organisateur et, surtout, entrepreneur-
leader, parce qu’il doit pouvoir faire la Le projet trouve son origine dans une action
synthèse de tous les aspects du projet et le à accomplir. Il commence à voir le jour
présenter comme une véritable « vision ». quand quelqu’un se dit : « Dans la situation où
nous sommes, il doit y avoir une autre ma-
nière de voir ou d’agir qui peut prendre la
Le Concours québécois en entrepreneuriat forme d’un projet. Nous pourrions ainsi
accéder à un nouvel état de bien-être, à un
Le concours contribue à faire prendre con- nouveau mode de fonctionnement, à une
science des paramètres qui composent un liberté nouvelle. Nous pourrions tirer avan-
projet. Il requiert en effet, dans le dossier de tage d’une possibilité que nous ne faisons
candidature, les éléments suivants : qu’entrevoir actuellement. »
– Le projet raconté par des élèves (résumé
du projet, de ce qu’ils ont appris, des Témoignage d’un projet spontané
obstacles auxquels ils ont été confrontés);
et les réponses aux questions suivantes : Le projet a pris forme lorsque j’ai parlé à
– Quel est ou quels sont les buts poursuivis mes élèves de la date de la rencontre d’infor-
par le projet? mations pour leurs parents. Un jeune a dit
– Quelle est la situation ou la probléma- à la blague : « Hé, ça serait le fun qu’on la
tique concernée? fasse, nous, la réunion! » Tout de suite, les
– Comment le travail était-il organisé? autres enfants ont réagi dans le même sens.
– Y a-t-il eu un plan d’action (formation de
comités, répartition des tâches, calen- Chaque enfant a donc choisi le sujet qu’il
drier de réalisation)? voulait aborder. Des équipes se sont for-
– Quelles étaient les ressources disponibles mées. Les jeunes ont écrit leur texte. Ils ont
et qui a collaboré au projet? planifié la soirée, ont envoyé les lettres
– Quels ont été les résultats atteints? d’invitation et ont même préparé un goûter.
– Pour quelle raison le projet mérite-t-il de J’ai vu des jeunes échanger des informa-
gagner? tions, coopérer, prendre des décisions.
C’était génial. (Primaire, 2e cycle)
Ce sont là quelques-uns des éléments de
contenu qui doivent être explicites aux yeux L’exemple qui précède prouve qu’un projet
du plus grand nombre de participants. trouve aussi sa source dans un environne-
ment ouvert. Voilà en effet une enseignante
qui a su reconnaître le potentiel contenu
Commentaire pédagogique dans un souhait spontané, puis repris et assu-
mé par les autres élèves, tous portés par une
Le plan d’affaires 1 essaie de réduire l’incer- vision optimiste. Se lancer dans un projet,
titude et de reconnaître la complexité en y c’est donc estimer que la réalisation est pos-
mettant de l’ordre. Mais, dans une première sible – une réalisation aventureuse, originale
étape, il suffit, surtout au primaire, de faire le qui, ici, a pris la forme d’une « réunion » dif-
relevé, après coup, du nombre de points de férente de toutes celles qui avaient précédé.
vue qu’il a fallu considérer et de la quantité
d’aspects qu’il a fallu prévoir. « Quelle est la
part qui était hors de mon contrôle? Qu’est-
ce qui n’a pas été prévu? Qu’est-ce qui m’a 1. Un plan d’affaires fictif n’est pas admissible dans le cadre
surpris? Si c’était à refaire, que pourrais-je du Concours québécois en entrepreneuriat ni dans celui de la
Mesure de sensibilisation en entrepreneuriat. Le projet doit avoir
faire de plus ou autrement? » été réalisé.

LE SENS DU PROJET 33
Développement entrepreneurial à celle des élèves? L’enseignant préfère en
général un projet qui sert bien ses objectifs
La capacité de saisir les occasions joue un disciplinaires et ne veut pas risquer de se
rôle primordial dans la culture entrepre- laisser déborder. Comme solution de com-
neuriale. En fait, il s’agit d’une relation à promis, il est possible de laisser les élèves
l’environnement d’un type très particulier. décider librement du projet, mais dans le
Pour créer de la nouveauté qui soit « en cadre d’un thème donné par exemple, ou à
prise » avec le milieu de vie, il faut un véri- l’intérieur de contraintes et de conditions de
table état d’éveil, une disposition à se sen- temps, d’espace et de budget strictement
tir concerné par ce qui se passe autour de définies.
soi. Cela commence par une sorte d’origi-
nalité ludique au primaire, prend la forme Mais peu importe les modalités, le projet
d’une disposition à l’action novatrice au retenu devra être rattaché à une problé-
secondaire, et, enfin, cela permet, plus matique bien identifiée et bien comprise
tard, l’émergence d’un projet entrepreneu- par tout le monde.
rial en rapport étroit avec les besoins du
milieu. En psychologie cognitive, on parle Un projet est un véritable projet quand il réu-
de « sensibilité aux problèmes ». nit les quatre conditions exposées ci-dessous.
La question est maintenant de savoir com-
Commentaire pédagogique ment se construit un projet.

L’interrogation porte ici sur le point de dé-


part, sur l’idée initiale du projet. Comment un
projet naît-il? Il peut par exemple arriver
qu’on doive élaborer un projet dans le but
d’obtenir une subvention. Dans ce cas, faut-il
s’en remettre à l’initiative de l’enseignant ou

1. Son unité 3. Sa complexité

Elle est lié aux auteurs du projet; elle se Elle est liée à ce qui est imprévisible,
développe au fur et à mesure de l’élabora- parce que le projet contient beaucoup
tion du projet. Elle associe la conception d’éléments qui l’influencent. Elle requiert
et la réalisation, marie l’idée à la réalité. analyse, mobilisation, audace d’agir mal-
gré l’incertitude qui demeure.

Quatre conditions fondamentales du projet

2. Sa singularité 4. Ses opportunités

Elle est liée à la fois aux contextes et aux Elles sont présentes dans l’environnement
particularités des personnes, des lieux et et nécessitent un état d’éveil, une sensi-
du moment. C’est l’incarnation du projet si bilité aux problèmes ou aux besoins du
l’on peut dire, avec toute la réalité qui le milieu.
fait être.

34 CHAPITRE 2
Se construire un projet : son Cela dit, l’élaboration du projet (projet-visée)
élaboration – sa mise en œuvre comprend :
1. l’analyse de la situation;
I. L’élaboration du projet 2. l’esquisse d’un projet possible;
3. la stratégie entrevue.
L’idée du projet doit bien commencer par
quelque chose. Dans le cas de la classe Pour sa part, la mise en œuvre du projet
d’élèves qui a pris l’initiative de convoquer la (projet-programme) comprend :
réunion de parents, elle a surgi en un instant 4. la planification;
et elle est apparue aux autres comme allant de 5. la gestion des écarts;
soi. C’est sans doute la manière la plus natu- 6. l’évaluation et ses indicateurs.
relle et la plus spontanée de procéder, même
s’il faut se demander par la suite à quelle 1. L’analyse de la situation
situation problématique elle répond. C’est ce
que certains chercheurs appellent la « confi- Comme il s’agit de produire un changement,
guration intuitive » du projet. Il y a même des de créer de la nouveauté sous une forme qui
idées d’entreprise qui naissent ainsi : une pos- laisse des traces (un bien, un service, un
sibilité est tout à coup perçue comme neuve événement), il faut agir sur une situation qui
et prometteuse. Elle correspond aux aspi- en a besoin. C’est donc l’analyse d’une situa-
rations du concepteur – « ça me plaît », – à tion donnée qui va révéler ce qui est à pro-
ses compétences – « je suis capable » – et aux duire, ce qui va combler un manque, ce qui
ressources du milieu – « on peut y arriver »! va corriger un dysfonctionnement. La problé-
matique peut être technique ou matérielle,
La configuration intuitive (Bruyat, 1993) se sociale ou humanitaire. Elle peut avoir un
manifeste avec la même fugacité que le fait rapport avec le mode de vie, l’alimentation,
de saisir une occasion. C’est une sorte de l’état de l’environnement. Mais le seul fait
« préconception » qui allume, chez le futur que l’idée du projet se fonde sur l’observation
entrepreneur, un point focal qu’il mettra par- et l’analyse d’une situation donnée fait en
fois des années à transformer en une vision sorte qu’elle ne pourra pas être jugée arbi-
d’entreprise. À cet égard, il existe un test traire ou futile, mais qu’elle aura bien plutôt
amusant dont l’auteur est inconnu. Il se une valeur éthique et significative pour le
nomme le test POP. Il devrait être proposé milieu. Bref, l’entrepreneuriat prend tout son
aux élèves juste après qu’ils ont été sollici- sens dans sa mission implicite d’améliorer la
tés à produire leur idée de projet. Il permet qualité de vie ou la richesse collective, qu’elle
d’évaluer un projet de manière très rapide : soit économique, culturelle, humanitaire ou
écologique.
Test POP
Le projet consiste à mettre en place la visée
P Est-ce que le projet est Possible avec et le programme permettant de faire advenir
les ressources dont vous disposez? un futur désiré. Le projet doit donc plaire à
celui qui le pense (ou à ceux qui le pensent)
O Le projet est-il Original? L’idée vient-elle et l’analyse de la situation doit permettre au
de vous?
concepteur de s’y reconnaître : Que veut-il?
P Est-ce que le projet vous Passionne?
Quelles sont ses aspirations, ses inclinaisons,
ses valeurs? Pour pouvoir faire corps avec
Serait-ce un Plaisir pour vous de le
réaliser?
un projet, il faut vouloir celui-ci, parce qu’il
réalise la personne et la rapproche de ce
Pouvez-vous Persévérer et vous rendre
au bout du projet?
qu’elle cherche.

LE SENS DU PROJET 35
Ressources cognitives de projet, des solutions envisagées, des
possibilités d’action.
Deux ressources cognitives sont sollicitées – Expliquer aux élèves qu’il faut entre-
pour l’analyse de la situation : la connais- prendre un processus de découverte,
sance de soi et la sensibilité au problème à qu’il faut produire de la nouveauté, de
résoudre. l’innovation; leur proposer des mé-
thodes qui génèrent de la fluidité, de la
– La connaissance de soi est indispensable diversité et de l’originalité.
pour pouvoir s’interroger sur son effica- – Faire débattre de la question en petits
cité personnelle, sur sa mobilisation à groupes, avec forum général ensuite si
relever le défi et, surtout, sur sa détermi- nécessaire. Le projet est-il réalisable?
nation à consentir les efforts nécessaires Quelles sont les idées de projet plus
et à persévérer. appropriées par rapport à la situation
– Il faut également être sensible au pro- visée?
blème et avoir la capacité de repérer les – Faire identifier les ressources dont on
possibilités de changement que recèle dispose pour réaliser le projet.
la situation. La créativité doit donc être – Faire en sorte que le projet soit « ou-
mise au service de la situation, pour bien vert », de façon à ce que chacun puisse y
la cerner et bien l’analyser. Ce n’est pas trouver son compte, y « faire sa niche ». 2
parce qu’on a le projet de décorer un – Dans les cas où l’idée même du projet
local que ce projet est créatif. Un projet doit être trouvée, expliquer aux élèves
est créatif s’il répond à un besoin d’inno- qu’il leur faut entreprendre un proces-
vation, et il devient « entrepreneurial » sus de découverte, qu’il faut avancer
si la créativité qu’il requiert est pertinente des possibilités d’action et trouver des
et appliquée à une situation qui en a solutions en rapport avec la probléma-
besoin. tique vécue, qu’il faut produire de la
nouveauté et faire preuve d’innovation.
Accompagnement pédagogique – Animer la classe de manière à faire
ressortir les idées les plus appropriées à
Il y a deux approches possibles pour l’en- la problématique visée. Que choisir?
seignant : demander aux élèves qu’ils pro- Qu’est-ce qui plaît le plus? Qu’est-ce qui
posent un projet ou le proposer soi-même. promet le plus? Est-ce possible? Cela
Mais peu importe pour ce qui nous con- représente-t-il un bon niveau de diffi-
cerne ici : dans tous les cas, il faut une culté? Est-ce un défi qu’on a de bonnes
situation qu’on veut changer, une amélio- chances de pouvoir relever? À première
ration qu’on veut apporter, un produit, un vue, est-il raisonnable de s’engager dans
service ou un événement qu’on veut créer. cette voie?

– Amener les élèves à faire l’analyse de la


situation visée par le projet.
– Procéder de manière à ce que chacun
construise son opinion et exerce un ju-
gement critique sur le sujet.
– Faire en sorte que la compréhension du
but visé soit formulée en une phrase,
individuellement mais aussi collective-
2. Les propositions d’accompagnement pédagogique du projet
ment. entrepreneurial selon les étapes d’élaboration et de réalisation
– Encourager les élèves à poser le plus de sont largement inspirées d’un document de travail de Line
Houde, responsable de l’approche orientante à la Commission
questions possibles au regard des idées scolaire de la Capitale.

36 CHAPITRE 2
2. L’esquisse d’un projet possible 3. La stratégie entrevue

Nous ne sommes pas tous sensibles aux Une fois bien défini ce qui est recherché, se
mêmes situations ni aux mêmes aspects pose la question du chemin à suivre pour s’y
d’une situation. Les buts à poursuivre doivent rendre. Il n’est pas un chemin tout tracé et il
donc être formulés à la lumière des valeurs ne doit pas être un chemin totalement impro-
et des intérêts de chacun des intervenants. Le visé. Comment tenir compte des obstacles
projet doit correspondre à chacune des per- déjà perçus, des moyens de les contourner et
sonnes qui s’y engagent et tenir compte de la des résistances au changement qui ne man-
réalité. Cela veut dire qu’un projet commun à queront pas de survenir? Comment prendre
plusieurs devrait être choisi pour sa perti- en considération les ressources et les solu-
nence générale et que chacun devrait au tions qui pourront se présenter dans le cou-
moins pouvoir adhérer aux parties qui le con- rant de l’action? Il ne faut pas que ce soit un
cernent personnellement. Nous nous trou- questionnement défaitiste, mais plutôt l’ex-
vons donc devant la situation suivante : né- pression du besoin d’être confronté à la
cessité de s’entendre sur un but commun et réalité. C’est encore une réflexion sur la si-
situation à choix multiples permettant aux tuation, mais, cette fois-ci, dans le rôle de
participants de se différencier et, en même l’avocat du diable. Le but est de ne pas se
temps, de trouver un sens à leur participa- faire piéger, d’être sûr qu’on ne sera confron-
tion. té qu’à des obstacles surmontables. Cela s’ap-
pelle la faisabilité du projet et la manière d’y
Accompagnement pédagogique penser est de nature stratégique : comment
protéger le projet en toutes circonstances et
– Amener les élèves à identifier les qua- face à l’imprévu et, surtout, comment mettre
lités ou les forces nécessaires à l’ac- à profit les personnes ressources?
complissement des tâches; favoriser un
questionnement personnel en rapport Accompagnement pédagogique
avec les exigences spécifiques du pro-
jet. – Amener les élèves à prévoir les diffi-
– Permettre aux élèves de choisir leurs cultés qu’ils auront à surmonter, et à
tâches en fonction de leurs intérêts. prévoir des moyens pour y faire face;
– Proposer d’afficher les différentes les préparer à devoir résoudre des pro-
tâches sous forme d’offres d’emploi. blèmes et à se débrouiller.
– Demander aux élèves de poser leur – Encourager les élèves à se voir dans
candidature à l’aide d’une lettre de des rôles où ils vont réussir, mais non
présentation. sans avoir surmonté certaines diffi-
cultés.
– Annoncer aux élèves qu’ils auront à tra-
vailler dans une situation parfois incer-
taine. 3

3. « L’étudiant passe des années, du primaire à l’université, dans


une relation de quasi-passivité par rapport à l’apprentissage.
Ainsi, il évolue dans un système où les cadres de référence ont
été si bien établis qu’il éprouve beaucoup d’anxiété dès qu’il se
retrouve dans un système où tout n’est pas déjà clairement
défini. » (L.-J. Filion, 1999)

LE SENS DU PROJET 37
II. La mise en œuvre du projet Témoignage au primaire

Il n’y a pas de culture entrepreneuriale sans « Même si nous ne faisions partie que d’un
culture organisationnelle. La mise en œuvre seul comité, nous savions ce que chacun
commence par la décision d’avancer et par le avait à faire. Nous avons alors présenté ce
passage à l’acte. projet aux autres élèves de l’école. Nous pou-
vions leur expliquer tout ce que cela impli-
4. La planification quait et à quel point il fallait être plusieurs à
travailler pour avancer. Nous avons vu aussi
Le passage à l’acte ne peut se faire en toute comment il fallait s’y prendre pour être effi-
sécurité que s’il a été correctement prévu caces. » – Projet élève, primaire (5e année).
dans le processus de planification. « Quoi
faire? Comment le faire? » sont des questions Accompagnement pédagogique
qui fournissent des balises nouvelles qui
permettent de programmer les différentes – Permettre aux élèves de faire l’ex-
phases de l’action à mener. périence d’une situation de travail
d’équipe, les amener à identifier les
Tout projet qui requiert une répartition des rôles qu’ils peuvent y jouer et à devenir
tâches, la formation de comités, l’établisse- conscients de la nécessité de prendre
ment d’équipes et leur coordination devient leurs responsabilités.
une expérience propice à la culture organi- – Les élèves vont devoir travailler en
sationnelle. Celle-ci a besoin de la direction équipe (dans un secteur correspondant
d’un leader qui a le sens de la participation et à certaines tâches) et être responsables
de la concertation en rapport avec les déci- du bon fonctionnement de leur secteur
sions à prendre. (importance de la solidarité et de la res-
ponsabilité).
Ressources cognitives – La réalisation du projet permet aux
élèves d’être les acteurs principaux à
Entrepreneuriat-innovation mais aussi, cette chacun des moments de la démarche
fois, entrepreneuriat-organisation : certaines (responsabilisation, autonomie, enga-
personnes en ont le génie! Le sens de l’orga- gement).
nisation fait appel à une grande part de lo- – Demander aux élèves de trouver ou de
gistique afin de gérer les opérations, les prévoir des tâches à accomplir, des
échéances, les coûts, les priorités. La mise en idées d’intervention.
œuvre a également besoin d’un bon leader- – Les élèves ont à planifier leurs activités
ship. Il est nécessaire parce qu’on crée et dans leur secteur respectif et à prévoir
entretient des situations de mobilisation par le matériel dont ils auront besoin.
rapport aux ressources de chacun et à celles – Les élèves peuvent exercer une in-
de l’organisation. C’est pourquoi il faut un fluence sur d’autres membres du
environnement stimulant, propice à la com- groupe et les entraîner dans la réalisa-
munication, générateur de rigueur, de syner- tion du projet (leadership).
gie et de cet esprit d’engagement qui fait de – À la fin du projet, les élèves vont devoir
chacun un acteur plutôt qu’un exécutant ou voter pour désigner la personne de leur
un figurant. équipe qui s’est le plus impliquée.
– Pour sa part, le superviseur pourra
aussi saluer les efforts des élèves qui se
seront démarqués des autres.

38 CHAPITRE 2
5. La gestion des écarts 6. L’évaluation et ses indicateurs

Sur ce point, nous sommes confrontés à la Un projet ne saurait vraiment être considéré
réalité des faits. La gestion des écarts se rap- comme réalisé qu’après l’évaluation que les
porte en effet à la réalisation du projet au fur concepteurs, participants et responsables en
et à mesure que sont accomplies les tâches auront faite. L’importance pédagogique de
planifiées. Mais il se produit des imprévus qui l’évaluation ne saurait échapper à l’ensei-
dérangent le plan initial. L’expérience entre- gnant. Si l’expérience ne fait pas l’objet de
preneuriale comprend aussi le fait de s’en- commentaires approfondis, elle sera vite
tendre sur les ajustements à faire et de s’en- oubliée ou, du moins, réduite à n’avoir été
traider, en recourant à la débrouillardise qu’« une activité le fun ». Sans retour à la pro-
nécessaire au regard de l’inattendu, de la dif- blématique initiale, à sa définition concrète, à
ficulté concrète, de l’erreur commise ou de sa verbalisation claire, et sans retour sur
l’incident fortuit. l’expérience elle-même et son déroulement,
qu’aura-t-on appris, que pourra-t-on conclure
La volonté d’atteindre le but va de pair avec et déduire pour le futur?
un regard critique porté sur l’avancement de
la réalisation et avec la reconnaissance des Critères d’efficacité
écarts entre ce qui était visé et ce qui s’ac-
complit. Toutefois, ce genre de contrôle se- « Jusqu’à quel point les objectifs d’action
rait trop rigide et même obsessif s’il voulait, fixés collectivement ont-ils été atteints par le
de façon maniaque, la concordance parfaite groupe? Jusqu’à quel point les actions de cha-
entre l’un et l’autre. Aussi, deux questions se cun ont-elles été positives et ses responsabi-
posent : « Jusqu’où les écarts sont-ils accep- lités correctement assumées? »
tables? Faut-il avoir la flexibilité d’infléchir
le projet-visée pour l’adapter aux circons- Critères d’efficience
tances? » Ces questions se posent souvent
dans le domaine de la gestion des ressources « Dans quelle mesure avons-nous fait la
matérielles et financières. meilleure utilisation possible des ressources
dont nous disposions? Qu’est-ce qui nous a
Accompagnement pédagogique été le plus utile et qu’est-ce qui nous a peu
servi, collectivement et individuellement? Les
– À travers les succès et les difficultés compétences du groupe ont-elles été mises à
vécus dans les étapes de réalisation, les contribution? Peut-on parler d’une synergie
élèves ont l’occasion de développer leur d’action dans la réalisation du projet? »
estime d’eux-mêmes en prenant des
responsabilités à leur mesure et en s’en- Critères de cohérence
traidant.
– À l’occasion, suggérer aux élèves de se « En fonction des objectifs fixés, avons-nous
libérer du stress en visualisant à l’a- posé les bons gestes, avons-nous choisi les
vance ce qu’ils auront à faire. bonnes actions à faire? Avons-nous perdu de
– Les élèves devront faire face aux impré- vue les objectifs à poursuivre? Y a-t-il des
vus et faire preuve d’esprit d’initiative. Ils élèves qui ont exercé un leadership? »
devront proposer eux-mêmes les façons
de faire qui leur paraissent appropriées. Critères de pertinence
– Laisser les élèves tenter de résoudre
eux-mêmes les difficultés et intervenir « Jusqu’où le projet réalisé nous donne-t-
en cas de besoin seulement. il l’impression d’avoir accompli quelque
chose d’important et de valable à nos yeux?

LE SENS DU PROJET 39
Jusqu’où le projet réalisé crée-t-il un effet son unité, sa complexité, sa singularité et ses
perçu comme positif par le milieu ciblé par le opportunités. De même, l’avancement d’un
projet? » projet peut être résumé en six étapes : ana-
lyse de la situation, esquisse d’un projet
Accompagnement pédagogique dans la pers- possible, stratégie entrevue, planification,
pective du projet gestion des écarts et évaluation.

L’évaluation peut prendre la forme d’une


réflexion collective sur la réussite du projet Un projet entrepreneurial réussi :
et sur les possibilités qui auraient permis de critères de réussite
réussir encore mieux.
Une question demeure : qu’est-
Il est nécessaire de découvrir
Le projet, ce qu’un projet réussi?
c’est donner
ensemble les règles du jeu, les

une forme à
critères d’évaluation, les fac- « C’est un projet qui… » Cha-

l’avenir.
teurs à considérer et les leçons cun pourrait tenter de com-
que, d’un point de vue opéra- pléter le début de cette phrase.
toire et méthodologique, il est Dans cette optique, voici quel-
possible de tirer de l’expérience. ques indicateurs, un référentiel
pratique susceptible de fournir à l’éducateur
Le questionnement devrait favoriser l’expres- un aperçu de sa compréhension de la culture
sion la plus claire possible de ce qu’est la cul- entrepreneuriale...
ture du projet et la culture entrepreneuriale :
en quoi l’« art du projet » permet-il d’innover, Pour qu’un projet entrepreneurial soit réussi,
de produire de la nouveauté et d’améliorer il faut tout d’abord qu’il soit réellement en-
notre qualité de vie? Le projet, c’est donner trepreneurial et non pas seulement heuris-
une forme à l’avenir. tique. Il ne doit pas uniquement produire un
savoir mais générer une action. C’est ce qui
Accompagnement pédagogique dans la pers- le distingue de l’apprentissage par projet. La
pective de l’action efficace et des ressources structure est semblable, mais ce dernier ne
émotives de chacun (qualités entrepreneu- conduit pas à entreprendre une action nova-
riales) trice : il conduit à un travail d’enquête et à
l’élaboration d’un savoir. Il peut néanmoins
– Pour mener à terme leur projet, les élèves donner naissance à un produit culturel (par
ont dû faire preuve de ténacité et de per- exemple une pièce de théâtre, un vidéorepor-
sévérance. Il faudrait trouver une façon de tage ou autre chose, mais qui comporte une
reconnaître leur force de caractère et leur mise en marché et tout ce que cela implique).
endurance, ainsi que le temps consacré au
travail, peut-être en leur montrant simple- Pour qu’un projet entrepreneurial soit réussi,
ment que cela ne passe pas inaperçu. il doit aussi se caractériser par une action
– Le projet terminé doit amener les élèves à originale, inédite. Si une action se répète in-
évaluer leurs réalisations et leur progres- définiment (comme l’élaboration d’un recueil
sion sur le plan personnel et sur le plan du de recettes ou une levée de fonds), elle perd
travail en équipe. Ils doivent également rapidement tout attrait, à moins qu’elle tente
pouvoir évaluer les qualités de leurs co- explicitement de renouveler le genre ou de
équipiers. changer la manière de faire. De même, si le
projet lui-même se multipliait en diverses
Il existe donc quatre conditions à respecter variantes issues de la même intention, de la
pour qu’un projet soit un véritable projet : même procédure ou de la même organisation,

40 CHAPITRE 2
alors, aucune de ces variantes ne pourrait Exemple de projet
être considérée comme un projet puisqu’il
s’agirait toujours de la même action. Ce Balles de laine pour la Roumanie
serait le cas, par exemple, d’un projet de (2003-2004)
recyclage de papier pour la fabrication de
signets, puis de cartes de souhaits, de sous- Il s’agit d’un atelier de tricot conçu pour
verres, etc. Pour être entrepreneuriale, il venir en aide aux enfants d’un orphelinat
faudrait que l’action soit novatrice et s’ins- en Roumanie. 172 élèves de tous les niveaux
crive dans une problématique économique, y participent. Ils tricotent des carreaux
communautaire ou technologique, et réponde pour la fabrication de couvertures ou des
à un besoin du milieu, à la nécessité d’un foulards qui serviront aux enfants de l’or-
meilleur fonctionnement ou même à un phelinat. Les jeunes se sont associés à des
simple souhait de bien-être. femmes plus âgées, expertes en tricot, qui
les aident à réaliser leur projet. Cette asso-
Pour qu’un projet entrepreneurial soit réussi, ciation a donc également eu comme avan-
il doit également être mobilisateur. Il l’est tage de briser l’isolement des personnes
quand il réunit beaucoup d’acteurs et d’exé- âgées qui ont contribué aux ateliers. Les
cutants, quand il va chercher des personnes jurés ont été conquis. Voici leurs commen-
ressources étrangères au projet, quand il taires : « Belle dynamique, belle mobilisa-
utilise les médias, qu’il réunit des assemblées, tion, objectifs nobles, belle organisation du
qu’il rejoint une population. Un projet est travail. Bel exemple de partenariat entre
mobilisateur quand il donne naissance à un l’école et la communauté, aspect intergéné-
produit, un bien, un service ou un événement rationnel intéressant. Magnifique réussite,
qui bénéficie d’un grand retentissement (cf. le on sent l’émotion jusqu’ici. »
projet « Balles de laine » ci-dessous).
Catégorie : Secondaire général
Enfin, pour qu’un projet entrepreneurial soit École Joseph-François-Perrault, CS de la Capitale
réussi, il doit impliquer une réalisation de Région de la Capitale-Nationale
grande envergure et se signaler par la gestion
efficace des ressources matérielles et finan- L’évaluation pourrait donner lieu à une acti-
cières et par la mobilisation des ressources vité très enrichissante, surtout chez les plus
humaines. jeunes. Il serait en effet possible, en faisant
un retour sur l’expérience, de leur enseigner
Toutefois, en ce qui nous concerne, un projet le vocabulaire entrepreneurial et de nommer
entrepreneurial réussi est celui qui est for- les valeurs et les qualités qui rendent l’action
mateur pour l’élève en lui permettant de efficace et qui font de chacun une personne
mettre en valeur ses qualités et ses compé- engagée dans ce qu’elle fait. Ce serait éga-
tences entrepreneuriales, spécialement son lement le moment de leur montrer tous les
autonomie et sa responsabilité : rapports qui existent entre l’expérience
– l’autonomie de l’élève peut être favorisée vécue et leurs études et la réussite scolaire.
par la marge de manœuvre que lui laisse
l’enseignant pour participer le plus pos- L’évaluation peut comporter des questions se
sible à toutes les étapes du projet et ainsi rapportant aux ressources émotives, aux
mobiliser, d’une façon intégratrice, les ressources cognitives mobilisées, à la culture
diverses compétences transversales; organisationnelle, à l’expérience d’une res-
– la responsabilité solidaire de l’élève peut ponsabilité solidaire et à celle de l’exercice
être favorisée par la manière dont l’ensei- du leadership dans un contexte de coopé-
gnant facilite son adhésion au projet-visée ration et d’interdépendance.
et sa collaboration au projet-programme.

LE SENS DU PROJET 41
Plus formatrice encore serait une activité
consistant à demander à chacun de raconter
l’histoire du projet tel qu’il l’a compris et
vécu, à son niveau, avec les émotions qu’il a
ressenties, les défis qu’il a dû relever, les
incertitudes qu’il a vaincues, les bons coups
qu’il a réussis, les moments de fierté et d’ac-
complissement et, surtout, les conclusions
qu’il en tire pour un prochain projet.

L’histoire du projet peut être


La culture
racontée, mais elle peut aussi

entrepreneuriale
être dessinée ou mise en vidéo;

serait
elle peut donner lieu à une com-

contagieuse si
position musicale, à la recons-

les élèves qui


titution scénique d’un événe-
ment particulier survenu dans
le cours de la réalisation du ont réussi
l’expérience du
projet. On pourrait même éla-

projet
borer d’autres formules pour

entrepreneurial
rappeler l’expérience et s’ins-

pouvaient en
pirer notamment de la notion

témoigner.
d’« intelligences multiples ».

Selon le principe de la vica-


riance, l’observation, par une
personne, d’un comportement
chez quelqu’un qui lui ressemble ou d’une
performance accomplie par quelqu’un qui a
les mêmes caractéristiques qu’elle, la dispose
à croire en son efficacité personnelle et lui
insuffle par conséquent l’idée d’entreprendre,
de prendre des initiatives comme celles
qu’elle a pu observer. Bref, la culture entre-
preneuriale serait contagieuse si les élèves
qui ont réussi l’expérience du projet entre-
preneurial pouvaient en témoigner devant
leurs semblables et leurs proches. Pourquoi
pas une tournée des meilleures histoires
entrepreneuriales dans les classes de l’école
ou même dans les écoles environnantes?

42 CHAPITRE 2
Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources cognitives)
Étapes du projet Qualité de Quelques consignes 4 d’accompagnement Compétences transver-
l’action pédagogique (Chaque élève devrait être en mesure sales 5 en lien avec les
de…) étapes du projet

1. Analyse Motivation Proposer un projet : 1. Exploiter l’information.


de la – Analyser la situation visée et donner son opinion. 3. Exercer son jugement
situation – Comprendre et formuler le but visé. critique.
– Poser le plus de questions possible sur le ou les 4. Mettre en œuvre sa
projets avancés et débattre à propos de la pensée créatrice.
faisabilité du projet ou des projets. 6. Exploiter les TIC.
– Identifier les ressources disponibles et la place 9. Communiquer de façon
qu’ils pourraient occuper. appropriée.
Solliciter un projet :
– Entreprendre un processus de découverte.
– Identifier des actions possibles en lien avec une
problématique identifiée.
– Identifier le projet le plus approprié, celui qui est
Élaboration possible, prometteur, et qui présente un bon
(projet-visée) niveau de difficulté.

2. Esquisse Confiance – Identifier les qualités ou les forces nécessaires à la 5. Se donner des méthodes
d’un projet Détermination réalisation du projet en lien avec les exigences de travail efficaces.
possible spécifiques du projet. 6. Exploiter les TIC.
– Choisir ses tâches selon ses intérêts et ses 7. Actualiser son potentiel.
aptitudes. 9. Communiquer de façon
appropriée.

3. Stratégie Effort – Prévoir les difficultés. 2. Résoudre des problèmes.


entrevue Initiative – Identifier des moyens pour les surmonter. 5. Mettre en œuvre sa
– Se projeter dans des rôles où il réussira en pensée créatrice.
surmontant les difficultés. 6. Exploiter les TIC.
– Faire face à des situations incertaines; tolérer 9. Communiquer de façon
l’ambiguïté. appropriée.

4. Esprit d’équipe – Expérimenter le travail d’équipe. 8. Coopérer


Planification Responsabilité – Identifier les rôles qu’il jouera. 9. Communiquer de façon
– Prendre ses responsabilités. appropriée
– Être l’acteur principal à certains moments de la
réalisation.
– Identifier et prévoir les tâches à accomplir.
– Proposer des manières de faire.
– Planifier ses tâches et prévoir le matériel nécessaire.
– Exercer une certaine influence à l’intérieur du groupe.

5. Gestion Débrouillardise – Choisir des responsabilités valorisantes et à sa 2. Résoudre des


des écarts Solidarité mesure. problèmes.
Persévérance – Anticiper les étapes afin de contrôler le stress. 9. Communiquer de façon
– Faire face aux imprévus. appropriée.
Mise en – Faire preuve d’initiative.
œuvre – Solutionner soi-même, ou en équipe, les difficultés.
(projet-
programme) 6. Dans la perspective du projet 6 :
Évaluation – Réfléchir collectivement à la réussite du projet, à ce 3. Exercer son jugement
qui aurait pu améliorer les résultats. critique.
– Découvrir les critères, les éléments importants à 7. Actualiser son
considérer pour l’évaluation. potentiel.
– Tirer des leçons sur le plan des opérations et de la 9. Communiquer de façon
méthodologie. appropriée.
– Comprendre la culture entrepreneuriale et ses
caractéristiques.
Dans la perspective de l’action efficace et des
ressources émotives de chacun :
– Évaluer la progression et les réalisations au point
de vue personnel et du groupe.
– Identifier les qualités démontrées par ses
coéquipiers.
– Prendre conscience des apprentissages et des
qualités qu’on a pu expérimenter dans l’action.

4. Pour avoir la totalité des consignes, consulter les accompagnements pédagogiques présentés aux pages 36 à 40.
5. Voir la descrition complète des compétences transversales et leurs composantes aux pages 44 et 45.
6. Voici quatre critères d’évaluation et leur définition : Efficacité : atteinte des objectifs; Efficience : utilisation judicieuse des ressources;
Cohérence : actions entreprises pour atteindre les objectifs; Pertinence : bonne réception dans le milieu concerné.

LE SENS DU PROJET 43
Les compétences transversales et leurs
composantes
• S’appuyer sur des repères logiques, éthiques ou esthé-
tiques

1. Exploiter l’information
• Adopter une position

Exprimer son opinion


Systématiser la quête d’information • Articuler et communiquer son point de vue
• Se donner des stratégies d’investigation • Justifier sa position
• En reconnaître l’intérêt et la pertinence
• Cerner l’apport de chacune Relativiser son opinion
• Comparer son opinion à celles des autres
S’approprier l’information • La reconsidérer
• Sélectionner les sources pertinentes • Évaluer la part de la raison et de l’affectivité dans sa
• Recouper les éléments d’information provenant de démarche
diverses sources • Reconnaître ses préjugés
• Juger de la validité de l’information à partir de critères • Reprendre sa démarche au besoin

4. Mettre en œuvre sa pensée créatrice


• Dégager des liens entre ses acquis et ses découvertes
• Discerner l’essentiel de l’accessoire
• Rechercher de l’information complémentaire
S’imprégner des éléments d’une situation
Tirer profit de l’information • En cerner les objectifs et les enjeux
• Répondre à ses questions à partir de l’information • Être ouvert aux multiples façons de l’envisager
recueillie • Laisser émerger ses intuitions
• Relativiser ses connaissances antérieures • Se représenter différents scénarios et en projeter
• Réinvestir l’information dans de nouveaux contextes diverses modalités de réalisation
• Respecter les droits d’auteur

2. Résoudre des problèmes


S’engager dans l’exploration
• Accepter le risque et l’inconnu
• Jouer avec les idées
Analyser les éléments de la situation • Procéder par tâtonnement
• Cerner le contexte, en percevoir les éléments déter- • Transformer les contraintes en ressources
minants et les liens qui les unissent • Reconnaître les éléments de solution qui se présentent
• Reconnaître les ressemblances avec des situations • Être réceptif à de nouvelles idées, à de nouvelles voies
analogues résolues antérieurement
Adopter un fonctionnement souple
Mettre à l’essai des pistes de solution • Mettre à l’essai différentes façons de faire
• Générer et inventorier des pistes de solution • Exploiter de nouvelles idées
• En examiner la pertinence et en apprécier les exi- • Explorer de nouvelles stratégies et techniques
gences et les conséquences • Exprimer ses idées sous de nouvelles formes

5. Se donner des méthodes de travail


• Choisir une piste de solution, la mettre en pratique et

efficaces
juger de son efficacité
• Au besoin, en mettre une autre à l’essai

Adopter un fonctionnement souple Visualiser la tâche dans son ensemble


• Effectuer un retour sur les étapes franchies • S’approprier l’objectif visé et en évaluer la complexité
• Reprendre certaines d’entre elles au besoin • Identifier les ressources disponibles
• Dégager les éléments de réussite et analyser les • Imaginer différentes façons de faire
difficultés éprouvées • Anticiper la marche à suivre

3. Exercer son jugement critique


• Se représenter la meilleure façon de procéder

Réguler sa démarche
Construire son opinion • Mobiliser les ressources requises : personnes, matériel,
• Cerner la question, l’objet de réflexion temps, etc.
• En apprécier les enjeux sur le plan logique, éthique ou • Adapter sa méthode de travail à la tâche et au con-
esthétique texte et réajuster ses actions au besoin
• Remonter aux faits, en vérifier l’exactitude et les • Mener la tâche à terme
mettre en perspective
• Explorer différentes options et des points de vue Analyser sa démarche
possibles ou existants • Examiner rétrospectivement sa démarche

44 CHAPITRE 2
• En reconnaître l’efficacité et les limites • Déterminer des critères de réussite personnelle, sco-
• En évaluer les exigences laire et professionnelle
• Imaginer des contextes de réinvestissement • Fournir les efforts nécessaires

6. Exploiter les technologies de l’infor-


• Persévérer pour atteindre les buts fixés

mation et de la communication
• Manifester de plus en plus d’autonomie

8. Coopérer
Utiliser les technologies appropriées
• Réaliser des tâches variées en recourant aux res- Contribuer au travail coopératif
sources technologiques. • Évaluer à quel type de collaboration ou de coopération
• Évaluer le potentiel des technologies et des réseaux se prête la tâche
disponibles • Participer aux activités de la classe et de l’école de
• Choisir les outils les mieux adaptés à la situation façon active et dans un esprit de collaboration
• Appliquer des stratégies d’interaction, de commu- • Tirer parti des différences pour atteindre un objectif
nication et de dépannage, selon les besoins de la tâche commun
• Planifier et réaliser un travail avec d’autres
Tirer profit de l’utilisation de la technologie • Accomplir sa tâche selon les règles établies en groupe
• Diversifier l’usage des TIC • Gérer les conflits
• En exploiter les ressources et les fonctions dans des
apprentissages multiples Tirer profit du travail coopératif
• Reconnaître et utiliser dans un nouveau contexte les • Reconnaître les situations qui se prêtent bien à la
concepts et processus déjà connus coopération
• Anticiper de nouvelles utilisations • En mesurer les défis ou les enjeux
• Respecter les valeurs et les codes relatifs à la pro- • Apprécier les retombées du travail coopératif sur soi
priété intellectuelle et au respect de la vie privée ou sur les autres
• Évaluer sa contribution et celle de ses pairs
Évaluer l’efficacité de l’utilisation de la technologie • Cerner les améliorations souhaitables
• Confronter ses façons de faire avec celles des autres
• Reconnaître ses réussites et ses difficultés Interagir avec ouverture d’esprit dans différents
• Chercher les améliorations possibles dans sa manière de contextes
faire et proposer des avenues pour accroître son efficacité • Accueillir l’autre avec ses caractéristiques et recon-
• Examiner la pertinence de recourir aux TIC en consi- naître ses champs d’intérêt et ses besoins
dérant leur apport à la tâche • Contribuer à l’échange de points de vue, écouter

7. Actualiser son potentiel


l’autre et respecter les divergences
• Adapter son comportement aux personnes et à la tâche

Reconnaître ses caractéristiques personnelles 9. Communiquer de façon appropriée


• Identifier ses émotions, ses sentiments, ses valeurs, ses
références et ses possibilités S’approprier divers langages
• Découvrir ses forces et ses limites • En connaître et en respecter les usages, les règles, les
• Juger de la qualité et de la pertinence de ses choix codes et les conventions
d’action • En exploiter les ressources
• Reconnaître les conséquences de ses actions sur ses
succès et ses difficultés Recourir à divers modes de communication
• Évaluer ses réalisations et sa progression • Analyser la situation de communication
• Choisir un ou des langages appropriés au contexte et à
Prendre sa place parmi les autres l’intention de communication
• Reconnaître son appartenance à une collectivité • Identifier les modalités de communication appropriées
• Confronter ses valeurs et ses perceptions avec celles au destinataire et à ses caractéristiques
des autres • Utiliser des langages adaptés à la situation
• Percevoir l’influence des autres sur ses valeurs et ses
choix Gérer sa communication
• Exprimer ses opinions et affirmer ses choix • Tenir compte des facteurs pouvant faciliter ou entraver
• Respecter les autres la communication
• Ajuster la communication en fonction de la réaction
Mettre à profit ses ressources personnelles des destinataires réels ou potentiels
• Se fixer des buts à court et à long terme • Reconnaître les stratégies utilisées tout au long du
processus ainsi que leur efficacité

LE SENS DU PROJET 45
CHAPITRE 3
RESSOURCES INTERACTIONNELLES

La relation
entrepreneuriale
avec le milieu
Nous entrons maintenant dans ce qui fait la spécificité de la cul-
ture entrepreneuriale. Certes, elle se révèle comme une volonté
d’agir (ressources émotives) et comme une intelligence permet-
tant d’élaborer un projet (ressources cognitives), mais encore
faut-il que celui-ci s’insère dans un milieu qui en a besoin et qu’il
puisse être réalisé grâce aux compétences de ceux et celles qui
seront choisis et voudront s’impliquer dans l’aventure.

La vision et la connaissance du de gestion les premières années, c’est cer-


marché tain. Mais ce qui fait la différence, c’est vrai-
ment de trouver la bonne idée et de s’asso-
Dans un cahier portant sur le monde de la cier avec les bonnes personnes. » Trouver la
PME, on rapporte le commentaire d’un jeune bonne idée et bien choisir ses partenaires
entrepreneur comptable : « Ceux qui réussis- sont deux exigences qui demandent d’être en
sent comprennent bien le marché et ils ont relation étroite avec le milieu.
trouvé un créneau, souvent dans leur propre
domaine. Ce sont des gens qui ont une vision, Bien sûr, nous sommes engagés dans une
mais qui, en même temps, connaissent bien analyse particulièrement pointue, mais c’est
le secteur industriel où ils comptent opérer. précisément elle qui va rendre clair le sens
[…] Ça prend aussi de très bonnes capacités de l’entrepreneuriat.

LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 47


Ainsi, la « fonction d’entreprendre », selon L’entrepreneur cherche à réaliser quelque
Schumpeter 1 (1935), est essentiellement une chose de nouveau qui sera une réussite pour
fonction d’innovation : lui dans la mesure où cela sera bien reçu par
– Production de nouveaux produits ou dé- le marché cible auquel il s’adresse. C’est
couverte de nouvelles qualités propres à donc un projet qui doit reposer – car il faut
des produits existants; minimiser les risques – sur la connaissance
– Introduction de nouvelles méthodes de et la fréquentation assidue du milieu qu’il
production; veut convaincre et séduire, sur une étude de
– Introduction de nouvelles formes d’orga- marché et sur un plan d’affaires adapté.
nisation de l’industrie;
– Conquête de nouveaux marchés; L’entrepreneur doit considérer son milieu
– Accès à de nouvelles sources d’approvi- comme une ressource pour lui et se considé-
sionnement. rer lui-même comme une ressource pour son
milieu. De plus, ces deux conditions doivent
À l’évidence, l’innovation dont il s’agit ne doit « coïncider » l’une avec l’autre.
pas être comprise comme une originalité
ludique, une fantaisie pour se faire plaisir, Cette attitude faisant partie des ressources
mais bel et bien comme une nouveauté qui interactionnelles dont doit disposer l’entre-
correspond à un besoin, à un manque, à un preneur, on peut avancer que celui-ci se
dysfonctionnement dans le marché, dans la caractérise alors par sa disposition à consi-
production, dans les coûts d’exploitation, dérer son environnement comme une res-
dans la chaîne de distribution, dans la stra- source qu’il peut mettre au service des buts
tégie marketing ou dans quelque autre do- qu’il veut atteindre.
maine.
Il faut être bien attentif et bien
L’entrepreneur
Selon Kirzner (1973), l’oppor- « éveillé » pour s’intéresser
doit considérer
tunité se présente quand il y a ainsi à ce qui nous entoure et

son milieu
un dysfonctionnement dans un pour en repérer les insuffi-

comme une
marché, une imperfection ou un sances. L’idée de se lancer dans

ressource pour
déséquilibre économique pou- une entreprise ne jaillit pas seu-
vant être exploités par un entre- lement parce que l’occasion se
preneur qui, par son action, lui et se présente, cela ne suffit pas. Elle
considérer
ramène alors le marché à un surgit parce que l’entrepreneur
lui-même
état d’équilibre relatif. L’oppor- potentiel est en état d’éveil et

comme une
tunité consiste avant tout en que son esprit est préparé à la

ressource pour
une possibilité de profit due à recevoir.

son milieu.
l’existence d’une demande sol-
vable et à la disponibilité des
ressources requises. La nou-
veauté que saura alors mettre
sur le marché un entrepreneur possédant la
capacité de vigilance 2 peut se transformer
en revenu. Cesson (1982) considère, pour sa
part, les opportunités comme des « occasions 1. Il fut le premier à définir ce qu’est l’entrepreneuriat en tant
où de nouveaux biens, services, matières que fonction inhérente à la vie économique.
premières ou méthodes d’organisation peu- 2. Souligné par nous.
vent être présentés et vendus à un coût plus
élevé que leur coût de production. » Le para- 3. Extrait de la communication « Quatre paradigmes pour cerner
le domaine de la recherche en entrepreneuriat », par Thierry
digme de l’innovation n’est pas loin. 3 Verstraete et Alain Fayolle (2004) : www.airepme.org

48 CHAPITRE 3
Commentaires pédagogiques sur l’utilité qu’il doit avoir et sur ses applica-
tions éventuelles. L’état d’éveil, c’est aussi la
Quelles conséquences pédagogiques peut-on capacité de remettre en question les méth-
tirer de cette notion d’opportunité à saisir et odes habituelles de mise en marché.
surtout de l’état d’éveil qui la soutient et
l’entretient? L’état d’éveil dont il s’agit ne Toute cette réflexion entrepreneuriale peut
serait-il pas une manière nouvelle d’explorer conduire aussi à devenir un consommateur
et d’interpréter ce qui entoure l’élève ou l’étu- averti, comme en témoigne le projet suivant.
diant? Chaque discipline pourrait apporter ses
questions et ses propositions. Prenons l’exem- Exemple de projet
ple d’un bon livre à lire, à étudier, à com-
menter. Pourquoi ne pas amener les élèves à La soirée des saveurs (2004-2005)
s’interroger sur ce qui fait le succès d’un livre
en dehors même de sa qualité littéraire? Que Création de l’entreprise Goutzi qui a pour
savent-ils de ce qui est en jeu et du conflit qui but d’organiser une soirée des saveurs pen-
existe entre les librairies et les grandes sur- dant laquelle une quinzaine de producteurs
faces? Que fait vraiment un éditeur? Comment et de transformateurs de la région feront
décide-t-on du tirage? Sous quels angles peut- découvrir leurs produits à la population. Ce
on faire la promotion d’un livre? Les élèves projet a permis aux élèves de développer
pourraient même avoir l’idée de faire une leurs sens de l’autonomie, du leadership et
étude de marché, dans l’école même, pour de la débrouillardise.
monter éventuellement un club de lecture…
Le jury a souligné la mise en valeur des mem-
Ainsi, il arrive que des élèves choisissent de bres et des ressources de la région tout en
publier leurs propres travaux sous forme de favorisant le réseautage et les partenariats.
recueils, sous forme électronique ou en mon-
tant des stands d’exposition. Pourquoi choi- Catégorie : Secondaire collectif
sir une approche plutôt qu’une autre? Qui École secondaire La Découverte, CS de la Riveraine
intéressera-t-elle? Et comment rejoindre les Région du Centre-du-Québec
lecteurs potentiels dans leurs besoins et leurs
intérêts? Combien faut-il vendre de livres Somme toute, les produits et services qui
pour couvrir les frais ou pour faire des pro- composent la vie quotidienne peuvent être
fits qui permettent l’embauche de personnel? autant d’objets d’interrogation… Et, s’il
fallait refaire la pharmacie du coin, quels
L’état d’éveil peut aussi être favorisé par la autres services pourraient être offerts à la
mise en place d’une boîte à suggestions qui clientèle? La pharmacie pourrait-elle être
recueillerait les commentaires des élèves, conçue différemment, aménagée de manière
selon les thématiques qu’on aurait détermi- différente ou localisée ailleurs? Est-il pos-
nées en fonction des apprentissages à faire. sible d’élargir sa vocation, d’améliorer son
L’état d’éveil, c’est aussi la possibilité d’asso- image de marque?
cier les contenus disciplinaires, par exemple
dans le domaine des sciences et des tech- L’état d’éveil fait en sorte que le milieu de-
nologies, avec des objets de consommation vient une ressource pour l’élève et que celui-
courante, avec des entreprises qui fabriquent ci se sent interpellé, concerné par la réalité
ou des commerces qui vendent des produits qui l’entoure. Cette réalité, il découvre qu’il
qui dérivent d’une invention ou d’un principe peut se l’approprier selon un mode créatif,
technique particulier. Mais il faut évidem- novateur et stimulant et que celui-ci peut le
ment toujours s’interroger sur la pertinence disposer à prendre des initiatives et des
du produit, sur la manière dont on le fabrique, responsabilités.

LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 49


La vision : plus qu’un projet l’entrepreneur n’a pas le choix : il doit faire
l’apprentissage du milieu auquel s’adresse
La rêverie d’abord, la recherche du possible son idée de projet. Le projet se transforme en
ensuite, et puis le projet et enfin la vision, interaction avec ce que l’entrepreneur dé-
tout cela trace une ligne de développement couvre, jusqu’à ce que se cristallise une
qui va du simple au complexe, qui va du be- vision qui entraînera la décision d’agir et de
soin individuel au besoin collectif. Ainsi, ce mobiliser les ressources nécessaires. 5
qui est d’abord originalité ludique, voire
fantaisie pour se faire plaisir, devient inno- Les affaires, explique Louis Jacques Filion
vation, créativité au service d’une situation, (2005), la connaissance d’un secteur d’acti-
d’un contexte de société. Apparaît ainsi la vité, puis sa compréhension constituent les
suite, enrichie et cumulative, des ressources assises du processus visionniste. Pour l’entre-
émotives, cognitives et interactionnelles : preneur, il s’agit de comprendre l’évolution
rêverie – projet – vision. Mais comment s’éla- du secteur dans son ensemble. Afin de posi-
bore la vision et comment est-elle liée aux tionner ses produits sur le marché, il doit
ressources interactionnelles de l’entrepre- pouvoir identifier les leaders, connaître les
neur? Louis Jacques Filion (1999), des Hautes politiques de prix des concurrents, les confi-
études commerciales (HEC) de Montréal, en gurations de la distribution, les stratégies de
donne une explication dans une conférence promotion et de publicité en fonction des
majeure. 4 Il en ressort que la vision entre- segments de marchés visés, savoir qui fait
preneuriale est comme la projection vers le quoi et être au fait de l’architecture des orga-
futur de ce qu’il faut apprendre aujourd’hui et nisations ainsi que des tendances lourdes et à
accomplir au jour le jour pour finir par arri- court terme.
ver là où on a décidé de se rendre.
Les meilleurs indices permettant de pré-
Ce qu’il faut apprendre, l’entrepreneur le fait dire le succès d’une entreprise : la valeur,
grâce à trois niveaux relationnels distincts : la diversité ainsi que la profondeur de l’ex-
les proches, le réseau d’affaires (celui des périence acquise par l’entrepreneur ainsi
activités courantes) et les occasions infor- que la connaissance qu’il a du secteur
melles. Les entrepreneurs consacrent beau- dans lequel il veut se lancer.
coup de temps à celles-ci. Par exemple, ils
discutent avec des clients et des fournis- Bien évidemment, les considérations précé-
seurs, participent à des expositions indus- dentes dépassent la simple initiation à la cul-
trielles, etc. Ainsi ce troisième niveau est-il ture entrepreneuriale. On voit se dessiner la
celui de l’apprentissage, celui qui prépare frontière délimitant ce qui relève d’une for-
l’action. Ce qui apparaît très surprenant aux mation spécifique à l’entrepreneuriat. Pour-
nouveaux entrepreneurs, c’est qu’ils doivent tant, il faut retenir que l’esprit d’entreprise
faire de l’apprentissage par anticipation. Ils conduit inéluctablement à cette interaction
assument ainsi un rôle d’« auto-formation ». avec le milieu dont la nature nous paraît plus
Leur relation avec le milieu est une source manifeste si l’on considère, entre autres, les
constante d’information, d’influence, de col- critères utilisés pour évaluer les projets à
laboration et d’apprentissage. Cela enrichit la valeur entrepreneuriale.
vision de l’entrepreneur et le rend plus apte à
la réaliser. 4. Filion, L.J., Tintin, Minville, l’entrepreneur et la potion ma-
gique, Les éditions Fides, 1999.

Au fond, la vision, c’est le projet avec, en 5. De ce point de vue, l’entrepreneur pourrait être tenté de dé-
savouer l’école qui l’a formé. Mais il serait plus judicieux de
plus, la formation de terrain et l’acculturation l’amener à témoigner de son acharnement à comprendre au fur et
de l’entrepreneur au domaine qu’il investit. à mesure que s’est développée son activité entrepreneuriale, de la
nécessité qu’il a ressentie de mettre ses compétences à jour et de
Même s’il est scolarisé, voire très scolarisé, la façon dont il a appris à utiliser le réseau auquel il appartient.

50 CHAPITRE 3
Mesure de sensibilisation à – du plan marketing adopté (Est-ce que l’ob-
l’entrepreneuriat et ressources jectif marketing a été clairement défini?
interactionnelles Est-ce qu’une stratégie de vente à été
élaborée? Est-ce que les circuits de distri-
Dans le cadre du Concours québécois en bution retenus permettent d’acheminer le
entrepreneuriat et de la Mesure de sensibi- produit ou le service vers la clientèle visée
lisation à l’entrepreneuriat, il faut savoir que dans les meilleures conditions possibles?);
les grilles d’évaluation des projets font une – de l’impact des réalisations dans le milieu
large part aux ressources interactionnelles, (scolaire ou communautaire) sur le plan
surtout dans le contexte d’entreprendre pédagogique, sur le plan social, sur le plan
ensemble. Voici, à titre d’exemple, les cri- de l’entrepreneuriat local (ou régional),
tères qui permettent d’évaluer les aspects sur le plan économique (financement d’ac-
novateurs d’un projet et l’envergure des réali- tivités étudiantes, création d’emplois étu-
sations qui doivent en résulter. diants), etc.;
– du nombre et de la qualité des ressour-
Aspects novateurs ces extérieures disponibles et effective-
ment consultées (organismes respon-
– Le côté novateur des réalisations capte sables voués à l’entrepreneuriat, etc.);
l’intérêt. – du cheminement fait par les participants,
– Il s’agit d’un produit ou d’un service meil- du profil de la clientèle trouvée et des ré-
leur (meilleure qualité, meilleur prix, meil- sultats atteints (en les évaluant en fonc-
leure adaptation à la clientèle, distribution tion du nombre d’années d’opération).
plus adéquate, etc.) ou mieux conçu (in-
vention améliorée, nouvelle présentation, Une première lecture de ce qui fait l’enver-
solution nouvelle à un problème, etc.). gure des réalisations montre à l’évidence qu’il
– L’idée, le produit ou le service s’inscrit est absolument nécessaire de commencer par
dans les tendances du marché et répond à l’élaboration d’un plan et d’une vision. Elle
un besoin collectif jugé important (et con- prouve aussi que la production d’un bien ou
forme à l’éthique 6 ). d’un service ou l’organisation d’un événe-
ment n’a de sens que par rapport à ceux à qui
Une première lecture des aspects novateurs il est destiné. C’est pourquoi il faut concevoir
ne laisse aucun doute sur le fait que l’idée un plan de communication et une stratégie
nouvelle, le produit ou le service doit corres- de vente. Une telle entreprise ne va pas sans
pondre à un besoin reconnu dans le milieu une culture organisationnelle, sans la mobili-
ou s’inscrire dans les tendances du marché. sation des ressources de l’organisation, aussi
bien externes qu’internes, et tous les critères,
Qualité et envergure des réalisations d’une manière ou l’autre, concernent les res-
sources interactionnelles du projet.
Il faut tenir compte :
– de l’âge, des compétences et de l’expé- Exprimée de cette manière, l’évaluation
rience de l’élève ou de l’étudiant (ou du apparaît peut-être complexe et un peu tech-
groupe) et de leurs partenaires lors de nique. Il est par contre clairement indiqué
l’évaluation du projet; qu’il faut prendre en considération l’âge et
– du profil de gestion adopté, de la structure l’expérience des élèves. Étonnamment, on
du projet (ressources humaines, informa- peut s’attendre à beaucoup de la part des
tionnelles, financières, etc.), du plan d’af- jeunes du primaire.
faires, des formes de financement, de la
planification, de la réalisation et de l’éva- 6. Voir l’annexe 3 (pages 77 à 79) pour connaître les notions
luation finale du projet; relatives à l’éthique dans le domaine de l’entrepreneuriat.

LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 51


Exemple de projet Dans ce cas, le résultat vient valider le projet
et s’avère une source de fierté.
Bureau en petit (2003-2004)
On privilégie habituellement la valeur nova-
Implantation d’une procure scolaire pour trice des projets entrepreneuriaux, mais,
permettre à tous les jeunes d’avoir accès à dans le cas présent, c’est leur rentabilité qui
des fournitures de qualité à des prix abor- doit être prise en considération. Il faut savoir,
dables. Ce projet a pour but de faire vivre à ce sujet, que les notions relatives à l’éco-
un problème réel d’ordre mathématique à nomie font parfois l’objet d’un apprentissage
tous les élèves de 2e année, car ils sont tous au primaire, notamment dans certains États
impliqués dans l’une ou l’autre des étapes américains. On trouvera, en annexe, un texte
du processus, c’est-à-dire l’étude de marché, très succinct mais significatif sur les fon-
la liste des achats, l’inventaire, la publicité, dements de notre système économique.
la conception du catalogue, l’élaboration des
prix, la vente et la comptabilité.
Ressources interactionnelles et
Le jury a été conquis par l’originalité, développement entrepreneurial
l’aspect novateur, la qualité et
l’envergure des réalisations. De Si les élèves ont pu élaborer et
Un projet
plus, il a considéré favorable- mener à terme des projets plu-

à valeur
ment l’objectif social poursuivi tôt « légers » tout au long du

entrepreneuriale
par les élèves et la contribution primaire et du premier cycle

est également
du projet au développement des du secondaire, ils sont plus

une activité
qualités entrepreneuriales que aptes ensuite, grâce aux con-
sont la coopération, l’esprit naissances et aux habilités ac-
pédagogique
d’équipe, la solidarité et le lead- quises, à imaginer des idées de
car il inclut des
ership. Le jury a également été projet plus avancées, plus sus-

apprentissages
sensible à la démarche précon- ceptibles d’avoir un impact

disciplinaires.
isée par le projet ainsi qu’au dans le domaine qui est devenu
fait qu’il ait permis d’acquérir le leur. Ainsi, le fait d’avoir
des valeurs coopératives. acquis une formation profes-
sionnelle, technique ou univer-
Catégorie : Primaire (1re, 2e et 3e sitaire, permet de mettre en
années) œuvre des projets réellement profitables.
École Cœur-Vaillant, CS des Découvreurs
Région de la Capitale-Nationale C’est pourquoi, en règle générale, les élèves
et les étudiants ayant suivi de telles forma-
Un tel projet à valeur entrepreneuriale est tions présentent des projets qui se fondent
également une activité pédagogique car il sur des observations de terrain et sur une
inclut, par principe d’infusion 7, des appren- connaissance opérationnelle, leur plan d’af-
tissages disciplinaires. Ici, il s’agit des mathé- faires faisant état des ressources interaction-
matiques, mais il n’est pas rare que plusieurs nelles auxquelles ils prévoient avoir recours.
disciplines soient mises à contribution dans
de tels projets. De plus, dans le projet Bu-
reau en petit, les réalisations demeurent et 7. Le principe d’infusion s’exprime ici par l’application d’une
discipline (dans le cas présent, les mathématiques) au contexte
créent une relation pratique, d’ordre écono- d’une procure scolaire. Cela montre que la contextualisation
mique, entre les élèves, les enseignants et favorise l’apprentissage de la matière. Pour connaître les di-
verses modalités de l’infusion, consulter L’approche orientante,
les parents… et les profits sont mesurables. la clé de la réussite scolaire et professionnelle, Septembre
éditeur, 2004.

52 CHAPITRE 3
Une étude réalisée récemment (2005) et por- Création de pages Web pour petites
tant sur les projets d’entrepreneuriat au collé- entreprises (2003-2004)
gial révèle que les étudiants aiment bien
concevoir des services à la population corres- Création de pages Web pour différentes
pondant aux programmes spécialisés dans entreprises d’une région. L’objectif du projet
lesquels ils sont inscrits : par exemple, un ser- est de créer des liens entre l’école et le mar-
vice de préparation de rapports d’impôts ou ché du travail. Par équipe de deux, les
une étude de marché dans le cadre d’un DEC jeunes ont dû rencontrer un représentant de
en Techniques administratives ou la présen- chaque entreprise afin de recueillir les in-
tation d’un plan de petite embarcation dans formations pertinentes à insérer dans la
un programme de Techniques de navigation page Web. Ils ont ensuite créé un plan afin
navale. Le projet OPTIMAX constitue un bon de faire figurer les services les plus appro-
exemple d’un projet entrepreneurial conçu en priés dans le menu de départ de la page
rapport étroit avec une discipline particulière. d’accueil.
« En fait, observe Lise Lecours 8, un étudiant
qui perçoit concrètement la valeur des acquis Le jury a été sensible au fait que ce projet,
résultant de sa formation sera motivé à en plus de faire appel à l’inforoute et aux
mener son projet à terme tout en s’éveillant nouvelles technologies de l’information, éta-
aux possibilités de l’entrepreneuriat. » blit un lien concret entre l’école et le marché
du travail. Il permet aux jeunes de sortir du
Exemples de projet cadre théorique de l’enseignement et d’appli-
quer leurs connaissances aux réalités des
OPTIMAX, entreprise-école (2004-2005) entreprises auxquelles ils offrent des ser-
vices.
Création d’une entreprise-école ayant pour
objectif de stimuler les étudiants lors de Catégorie : Secondaire général
leur formation académique en établissant École secondaire Curé-Antoine-Labelle, CS de Laval
un lien entre la théorie apprise en classe et Région de Laval
la pratique professionnelle sur le terrain.
L’entreprise offre des services multiples, Solena service « spray tan » (2003-2004)
associés aux programmes techniques sui-
vants : Techniques administratives, Techno- Service de bronzage utilisant un nouveau
logies de l’électronique industrielle, Tech- procédé qui consiste à asperger l’épiderme
niques de l’informatique et Technologies du d’une solution agissant sur les cellules
génie industriel. Le jury a souligné la force mortes de la peau, rendant celle-ci plus fon-
et la polyvalence du projet : il est complet, cée instantanément, sans les dangers qu’en-
bien monté, et il est facile d’évaluer sa via- gendrent les rayons ultraviolets.
bilité. De plus, il est doté d’une bonne struc-
ture informatique et se rapporte à plusieurs Les jurés ont d’abord souligné la qualité du
champs de compétences. L’encadrement par plan d’affaires soumis par les jeunes filles
des personnes-ressources est bien pensé et le (belle présentation, photos explicatives, etc.).
financement est solide. Le jury a beaucoup
apprécié le projet et appuie fortement les Ils ont également décelé des qualités entre-
initiatives de ce genre dans les établisse- preneuriales certaines chez les promotrices :
ments scolaires. leadership, esprit d’équipe, confiance en soi
et autonomie. Le dossier contenait une
Catégorie : Collégial
Cégep de Trois-Rivières 8. Dans un document de référence sur l’entrepreneuriat présenté
Région de la Mauricie au MELS (2005).

LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 53


bonne étude de marché et un état financier formation à l’entrepreneuriat dans sa mis-
complet. Ces jeunes ont su exploiter les ten- sion éducative. C’est le cas de l’école Cœur-
dances actuelles du marché et choisir un Vaillant de la CS des Découvreurs (déjà citée
créneau prometteur. Il y avait beaucoup de précédemment).
professionnalisme et de « valeur ajoutée »
dans ce dossier.
Une étude menée auprès d’entrepreneurs
Catégorie : Collégial qui ont lancé leur entreprise lorsqu’ils
Collège André-Grasset étaient jeunes révèle qu’ils ont mis de cinq
Région de Montréal à dix ans avant de comprendre suffisam-
ment le secteur dans lequel ils opéraient,
Offre de service en dessin industriel même s’ils croyaient pour la plupart l’avoir
(2004-2005) bien compris un an ou deux après l’avoir
abordé.
Services de dessin industriel destinés aux
personnes qui désirent donner corps à leurs
propres inventions en fabriquant ce qu’ils Que faut-il comprendre de l’esprit d’entre-
ont imaginé. Les dessins produits servent prise, de sa concrétisation et de son insertion
d’abord à permettre au concepteur de pour- dans une conjoncture bien réelle? Il faut évi-
suivre son travail de conception de manière demment que le potentiel entrepreneurial
interactive et puis de réaliser concrètement s’exerce sur quelque chose à un moment
son invention. Il s’agit de permettre aux donné dans un contexte déterminé. C’est
inventeurs de « faire le pont » entre la con- dans ce contexte que l’entrepreneur met en
ception et la production. œuvre son capital interactionnel. Mais d’où
vient celui-ci? Comment se crée la relation
Le jury a souligné la créativité, l’entregent, entrepreneuriale?
l’initiative, l’autonomie et le sens de l’orga-
nisation du promoteur. Celui-ci a, de plus,
su développer beaucoup de contacts avec le Comment et où se construit
milieu des affaires et créer un rapport de le capital interactionnel
confiance avec les entreprises.
Le milieu familial
Catégorie : Formation professionnelle au secondaire
CFP de Matane, CS des Monts-et-Marées Le fait d’avoir des parents, des frères, des
Région du Bas-Saint-Laurent sœurs ou des proches qui dirigent leur
propre entreprise constitue sans doute la
Enfin, on peut constater que les ressources part la plus significative de ce qu’on appelle
interactionnelles sont généralement mises les ressources interactionnelles. Il est bien
en œuvre plus explicitement lorsqu’il s’agit établi qu’une pareille proximité est propice à
d’élèves de la formation professionnelle au l’imitation, à l’acquisition de l’entregent né-
secondaire ou d’étudiants de la formation cessaire et à l’assimilation progressive des
technique au collégial. Cela s’explique par le règles de ce milieu où on se rend des services
fait qu’ils disposent de connaissances spé- réciproques et où on apprend à reconnaître
cialement adaptées à ce genre de situations. l’autre comme une ressource apportant son
Celles-ci permettent une conception plus réseau de relations, ses informations d’initié,
élaborée et une mise en œuvre plus opéra- les avantages résultant de son appartenance
tionnelle dans un secteur mieux connu. Mais, à divers milieux.
bien sûr, il y a des exceptions, notamment au
primaire, quand l’école fait intervenir la

54 CHAPITRE 3
C’est par identification que se construit prise, des collectivités locales, de l’État, du
la relation entrepreneuriale en pareil cas. monde artistique, etc. pour faire prendre con-
L’exercice consistant à faire explorer, par les science, à la fois, de la diversité de leur con-
élèves, des modèles qui leur plaisent ou de tribution, de leur égale noblesse et de leur
leur faire rencontrer des chefs d’entreprise égale nécessité… »
ou de jeunes leaders ne peut qu’augmenter la
probabilité de les motiver. C’est encore plus Le milieu scolaire et le monde du travail
vrai si cela est fait dans la perspective de leur
permettre de se lier avec ces personnes en Une culture entrepreneuriale devrait multi-
vue d’une action ou d’une exploration : invita- plier les occasions de faire se rencontrer
tion à un colloque, à une exposition, visite l’école et les milieux d’affaires, qu’ils soient
d’un laboratoire, organisation d’une journée industriels, productifs, créatifs ou média-
en entreprise, etc. tiques. Tout projet pourrait se prêter à des
consultations. On devrait pouvoir considérer
La mise en réseau l’utilisation de ressources et de compétences
externes comme une valeur ajoutée au projet
Les jeunes issus de familles d’entrepreneurs entrepreneurial qu’on propose. La réalisation
comprennent plus rapidement que d’autres du court-métrage Le diadème perdu – dont la
l’importance du réseau. Cette culture du description est présentée en annexe 1 (pages
réseau – qui est plus qu’un apport occasion- 65 à 73) – témoigne de l’utilisation que l’on
nel d’information – est le canal par où arri- peut faire de ressources externes (école de
vent les occasions, par où se cinéma, logiciel de montage,
recrutent les personnes compé- supervision des scripts par un
tentes et par où se scellent des On devrait cinéaste, etc.).
pouvoir
alliances pour ainsi dire natu-

considérer
relles. Le réputé Serieyx (2004), Les produits, les services, les

l’utilisation de
qui la fait de la prospective sa événements qui résultent des

ressources et de
manière de voir, nous incite à projets entrepreneuriaux éla-

compétences
vivre en réseau : borés par les élèves ou les
étudiants devraient pouvoir
« L’aptitude à vivre en réseau externes comme bénéficier de l’encadrement de
une valeur
sera elle aussi tout à fait essen- professionnels volontaires qui

ajoutée au
tielle dans le monde du travail se mettraient à la disposition

projet
de demain : à l’époque de la des jeunes. Ainsi pourraient-ils

entrepreneurial.
révolution de l’information, se familiariser avec la gestion
celui qui ne saura ni constituer des ressources, avec la con-
et entretenir son réseau d’amis, duite des campagnes promo-
de complémentaires, d’alliés, ni tionnelles, avec les manières
s’insérer dans des réseaux de d’intéresser les médias, avec
compétences pour y œuvrer en coopération, les méthodes qui réduisent les prix de revient
sera rapidement un homme professionnelle- des produits qui peuvent être fabriqués à l’é-
ment condamné 9. /…/ Pour éduquer un com- cole, etc. Cette familiarisation devient alors

portement “ d’acteur de réseau , on a besoin elle-même une manière interactionnelle de
d’une école interactive et ouverte; une école penser et de collaborer globalement. 10
où les professeurs démontrent sans cesse et
activement leur complémentarité; une école
9. N.D.L.R. : « limité » serait plus juste.
qui entraîne les élèves à la coopération; une
école qui accueille largement les autres 10. Le principe de collaboration qui fonde en bonne partie
l’approche orientante s’applique parfaitement bien à la culture
acteurs de la société, les acteurs de l’entre- entrepreneuriale. Voir D. Marceau et M. Gingras (2001).

LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 55


Le recours à l’Internet et aux technologies de L’exemple qui suit illustre bien ce que signifie
l’information va aussi dans le sens inter- créer des liens de manière entrepreneuriale.
actionnel quand l’enseignant jumelle son Il présente des extraits d’un projet réalisé par
groupe (ou ses groupes) avec une classe (ou un groupe d’élèves du secondaire qui, dans le
des classes) et une école (ou des écoles) cadre d’une recherche-action (GPSAO-2004)
appartenant à d’autres milieux. en adaptation scolaire, devait se charger de
la mise sur pied et de la gestion d’une mini-
Cette idée de partenariat et de maillage est entreprise : fabrication et vente de divers
un concept ouvert qu’on n’a pas fini d’explo- objets susceptibles d’intéresser les élèves et
rer. Il fait certainement partie de la culture leur entourage.
entrepreneuriale. Ce qu’on y met dépend des
valeurs pédagogiques des enseignants et ne Exemple
suppose pas nécessairement une idéologie
utilitariste sous-jacente. Il peut au contraire [...] Puis un sondage a été réalisé auprès
consolider une philosophie progressiste. des élèves, de leurs parents et des membres
D’ailleurs, en y regardant de près, on peut du personnel scolaire, dans le but de savoir
affirmer qu’il existe un entrepreneuriat scien- quel genre d’objets décoratifs pourraient
tifique 11, un autre qui est culturel, un autre être fabriqués dans le cadre de la mini-
qui relève des sciences humaines, un autre entreprise avant d’être vendus aux per-
encore qui touche à la vie politique ou à sonnes intéressées. Les résultats de ce son-
l’économie sociale. Il reste aussi à explorer dage ont ensuite été repris dans le cours de
les possibilités de l’entrepreneuriat au regard mathématique sous l’activité « Étude de
du développement durable. marché » et les données ont été compilées
par les élèves afin de connaître les réponses
fournies par ces trois groupes de répon-
L’exercice du projet dants, tous ensemble et chacun séparément.
entrepreneurial Pour ce faire, ils ont dessiné des diagram-
mes circulaires. [Mobilisation du milieu :
Le fait d’apprendre à nouer des liens d’une sondage, étude de marché, élèves, parents,
manière entrepreneuriale en élaborant des membres du personnel scolaire]
projets semble de plus en plus perçu comme
le moyen le plus efficace de faire des appren- Les élèves ont ensuite été préparés à visiter
tissages en ce sens. Aussi, dans le cadre du une entreprise de la région, à savoir
Concours québécois en entrepreneuriat et de Shermag. Ils ont d’abord participé à l’acti-
la Mesure de sensibilisation à l’entrepreneu- vité « Je bâtis mon entreprise » dans leur
riat, combien de fois n’a-t-on pas vu des pro- cours d’anglais; de la cadre de cette activité,
jets mobiliser toute l’école, le milieu de vie et ils devaient analyser le fonctionnement
même, plus largement, la communauté elle-
même : expositions, concours, journées et 11. Par exemple, le projet Effervescience, qui s’adresse aux
semaines thématiques, services informa- élèves du deuxième cycle du secondaire et aux étudiants du
collégial, réunit notamment le mentor en affaires et le conseiller
tiques, aide à des clientèles cibles, produits scientifique. Voir www.boiteascience.com
culturels, tout cela témoigne de la vitalité des
12. Exemple : « Le projet de la radio-école, une mobilisation
jeunes en train de réaliser un projet. Bref, exceptionnelle », par N. Gingras et S. Salesas dans L’approche
l’exercice du projet ne va pas sans faire orientante, la clé de la réussite scolaire et professionnelle,
Septembre éditeur, 2004, p. 73. Un autre exemple est celui du
bouger des choses et sans laisser des traces projet intitulé La soirée des saveurs, soirée pendant laquelle une
autour de lui. De plus, il donne à l’école un quinzaine de producteurs et de transformateurs de la région ont
fait découvrir leurs produits à la population. Le jury a souligné la
rôle plus central, plus intégrateur et plus mise en valeur des ressources de la région et le fait qu’aient ainsi
significatif au sein de la société. 12 été facilités le réseautage et les partenariats. Ce projet incite à la
consommation locale et responsable. École secondaire La
Découverte. CS de la Riveraine.

56 CHAPITRE 3
d’une entreprise. Ils ont, de plus, été fami- parallèle entre cette entreprise et leur
liarisés avec le thème « Santé et sécurité au entreprise-étudiante. [Lien école-entreprise :
travail » dans leur cours de formation per- rédiger une lettre] [...]
sonnelle et sociale. De même, les informa-
tions nécessaires au bon déroulement de la ˜˜˜
visite ont aussi été transmises aux élèves à Ce qui précède n’est qu’un fragment de l’ex-
ce moment (ex. : consignes de sécurité, ori- périence entrepreneuriale (et orientante)
gine et raison d’être de l’entreprise). [Lien qu’ont pu vivre des élèves du premier cycle
école-entreprise : cours de mathématique, du secondaire. Ce programme, s’il ne refait
entreprise, cours FPS] pas le monde, n’en constitue pas moins une
mobilisation significative pour un certain
L’activité suivante était la visite même de nombre d’enseignants, de parents, de chefs
l’entreprise. La préparation directe de cette d’entreprise et de travailleurs. Le recours à
activité et le suivi nécessaire ont été faits des ressources extérieures, les visites, l’en-
dans le cours de formation personnelle et quête-sondage – sans compter la production
sociale. À cette occasion, les d’objets, leur mise en marché
élèves devaient rédiger une autour d’un événement et tout
série de questions à poser aux
L’exercice du ce qui peut s’ensuivre – con-
projet ne va pas
travailleurs et, après la visite, tribuent à la valorisation des

sans faire
ils devaient faire le bilan de élèves eux-mêmes, à celle de

bouger des
cette expérience. Les objectifs l’école et du réseau en train de

choses et sans
poursuivis par l’ensemble de la se créer. Nul doute que le

laisser des
démarche étaient de permettre principe de collaboration soit
aux élèves de faire des liens non seulement orientant mais
concrets entre la visite de l’en-
traces. également entrepreneurial.
treprise et ce qu’ils vivent à l’é- Pour le dire simplement, les
cole (ex. : création d’une entre- liens vont plus loin que la seule
prise-étudiante) et d’identifier transmission d’information :
le rôle qu’ils aimeraient y exercer. Au une familiarité s’installe, une réciprocité de
départ, l’idée de la visite était en effet venue services, une reconnaissance des rôles et des
du besoin, exprimé par les élèves, de voir de complémentarités. L’accès aux ressources
leurs yeux à quoi peut ressembler une en- devient plus facile et la culture entrepre-
treprise et de mieux comprendre son mode neuriale va de soi.
de fonctionnement. [Lien école-entreprise :
visite, questions aux travailleurs]
De l’expérience du collectif et
Dans le prolongement de cette activité, les du leadership
élèves devaient d’abord rédiger, dans leur
cours de français, une lettre de remercie- À la question de savoir comment et où se
ment et l’envoyer aux responsables de construit le capital interactionnel, on ne peut
l’entreprise Shermag. Ils devaient également faire autrement que d’évoquer la situation qui
remplir un questionnaire qui avait pour existe dans une classe.
but de vérifier quelles informations ils
avaient retenues de leur visite. Puis, lors « Chaque enseignant, observe Perrenoud
d’une autre activité réalisée dans le cours (2001), perçoit presque à l’œil nu ce rapport
d’anglais et intitulée « Je connais mon en- au monde chez certains de ses élèves. Ces
treprise », ils ont été sensibilisés à nou- élèves vont prendre des initiatives, dire “ Il
„ „
veau aux différentes constituantes d’une faudrait que… ou “ J’aimerais arriver à… ou

entreprise et ils ont été amenés à établir un encore “ Je propose qu’on s’organise pour… .

LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 57


Ils sont rapidement capables de concevoir des tendance actuelle, mais elle annonce vraisem-
projets, à la fois sur le plan de l’action indivi- blablement ce que sera le monde du travail
duelle et de l’action collective. Ils passent à des prochaines années. 14
l’acte, quêtent des ressources, récoltent des
informations, cherchent les moyens de ré- Il faut mettre au compte des ressources in-
soudre les problèmes, coordonnent les efforts, teractionnelles, non pas le leadership qui
exercent un leadership. À l’autre extrême, s’exerce selon le réglementaire et le contrac-
l’enseignant reçoit des élèves qui ne s’au- tuel, mais le leadership partagé et transfor-
torisent pas à exprimer le moindre souhait, mateur, celui qui se fonde sur une vision
parce qu’ils ne se donnent pas le droit, la com- articulée du projet et qui va chercher le
pétence, la légitimité de vouloir transformer le meilleur de chacun. 15
monde ou même de formuler un projet. »
Pour l’enseignant qui voudrait favoriser chez
Le texte de Perrenoud nous renvoie à la les élèves une réflexion, une prise de con-
question de l’internalité et à celle de l’effica- science de certaines ressources émotives et
cité personnelle. Qui peut se met à vouloir. interactionnelles mentionnées dans le pré-
L’expérience de la réussite et surtout l’ap- sent document, il est possible d’utiliser un
prentissage de l’action efficace peuvent questionnaire qu’on trouve en ligne. 16 Il
mener au goût d’entreprendre. De la même comprend les thèmes suivants : énergie et
façon, pourquoi l’apprentissage du projet au engagement – motivation – atteinte des résul-
sein de l’action collective ne serait-il pas ce tats – initiative et créativité – compétition
qui nourrit cette relation entrepreneuriale? avec soi-même – leadership.

« Comment apprend-on à former des projets? En réalité, la démarche entrepreneuriale s’ac-


[…] D’abord en participant à des projets complit en interaction constante avec le
conduits par d’autres. On est alors “ pris dans milieu puisqu’elle se rattache aux quatre

le mouvement , sans avoir à porter tout seul notions clés suivantes : opportunité – innova-
le poids de l’imagination et de la cohérence. tion – émergence d’une organisation – créa-
On joue le deuxième couteau d’un projet tion d’une valeur. Chacune de ces réalités
avant de devenir chef de projet. Si l’on veut cherche à « produire de la nouveauté », à tel
amener les élèves qui n’ont pas construit en point que le changement s’impose à l’entre-
famille le rapport au projet, le plus urgent preneur comme un mode de vie.
n’est pas de les individualiser en leur disant
de s’inventer prématurément un projet per- D’autre part, il se trouve aujourd’hui que
sonnel, c’est de les embarquer dans des pro- cette exigence de changement n’appartient
jets collectifs. » 13 plus exclusivement à l’entrepreneuriat. Elle
est presque devenue la manière de vivre de
En effet, tout projet collectif oblige à coopé- tout le monde. L’urgence d’agir qui devrait
rer et à partager des buts, à coordonner des correspondre à une situation exceptionnelle
actions, à négocier, à travailler solidairement. est devenue notre manière de vivre quoti-
Aussi bien en classe que dans les activités diennement. 17
parascolaires, on ne trouve pas de meilleures
conditions pour apprendre la notion de 13. Op. cit., Perrenoud (2001).
collectif et la poursuite des buts. 14. Julien, P.A. et R. Jacob (1999).
15. Pépin, Richard (2005).
Ainsi s’élabore tout au long du curriculum 16. Questionnaire d’auto-évaluation de mes qualités entrepre-
« un embarquement dans les projets collec- neuriales : http://gpsao.educ.usherbrooke.ca/
tifs » qui prépare à vivre dans la culture du 17. Lire à ce sujet le petit livre de Saki Laïdi, La tyrannie de
projet et du leadership partagé. C’est une l’urgence, coll. Les grandes conférences, Montréal, Fides.

58 CHAPITRE 3
En ce sens, l’esprit de notre époque nous
oblige à faire appel à la culture entrepre-
neuriale. C’est elle, avec son sens de la mobi-
lisation, qui peut nous fournir les moyens de
nous adapter avantageusement aux exi-
gences qui se présentent à nous. Elle nous
apprend à réagir par le sens de l’initiative et
de la responsabilité plutôt que par le repli et
la démission.

C’est aussi la culture entrepreneuriale qui,


avec son sens du projet, nous donne le juge-
ment nécessaire pour maintenir le cap sur les
priorités plutôt que de nous en laisser dé-
tourner par toutes sortes de sollicitations.
C’est encore elle qui, parce qu’elle nous rend
vigilants face à notre milieu, nous garde
attentifs aux possibilités intéressantes qui
peuvent se présenter dans notre
vie personnelle et surtout pro-
Quatre
fessionnelle.

notions clés :
opportunité,
Si la culture entrepreneuriale

innovation,
est bien une valeur éducative,
selon qu’il a été établi dès le
départ, elle nous révèle, en émergence dune
organisation,
finale, sa valeur adaptative par
création d’une
rapport à notre vie en société.

valeur.

LA RELATION ENTREPRENEURIALE AVEC LE MILIEU 59


Quelques fondements de la culture entrepreneuriale (ressources interactionnelles)
Étapes du projet Qualité de Quelques consignes 18 d’accompagnement péda- Ressources
l’action gogique (Chaque élève devrait être en mesure de…) interactionnelles

1. Analyse Motivation Proposer un projet : – Identifier une situation


de la – Analyser la situation visée et donner son opinion. problématique.
situation – Comprendre et formuler le but visé. – Repérer les besoins.
– Poser le plus de questions possible sur le ou les – Anticiper les tendances
projets avancés et débattre à propos de la – Élaborer une vision.
faisabilité du projet ou des projets. – Adopter des comporte-
– Identifier les ressources disponibles et la place ments de réseau.
qu’ils pourraient occuper.
Solliciter un projet :
– Entreprendre un processus de découverte.
– Identifier des actions possibles en lien avec une
problématique identifiée.
– Identifier le projet le plus approprié, celui qui est
possible, prometteur, et qui présente un bon niveau
Élaboration de difficulté.
(projet-visée)
2. Esquisse Confiance – Identifier les qualités ou les forces nécessaires à la – Évaluer ses compétences
d’un projet Détermination réalisation du projet en lien avec les exigences spé- en rapport avec le projet.
possible cifiques du projet. – Identifier les ressources
– Choisir ses tâches selon ses intérêts et ses possibles.
aptitudes. – Se mettre en mode
d’auto-formation.

3. Stratégie Effort – Prévoir les difficultés. – Procéder à une étude


entrevue Initiative – Identifier des moyens pour les surmonter. sur le terrain.
– Se projeter dans des rôles où il réussira en – Consulter, traiter diverses
surmontant les difficultés. sources d’information,
– Faire face à des situations incertaines; tolérer monter un plan d’affaires.
l’ambiguïté. – Se lier à des gens compé-
tents.
– Prendre sa décision.

4. Esprit d’équipe – Expérimenter le travail d’équipe. – Faire émerger une


Planification Responsabilité – Identifier les rôles qu’il jouera. organisation de travail.
– Prendre ses responsabilités. – Trouver les ressources
– Être l’acteur principal à certains moments de la financières, matérielles,
réalisation. humaines.
– Identifier et prévoir les tâches à accomplir. – S’assurer de la rigueur
– Proposer des manières de faire. dans les opérations de
– Planifier ses tâches et prévoir le matériel nécessaire. gestion.
– Communiquer sa vision.
– Exercer une certaine influence à l’intérieur du groupe.

5. Gestion Débrouillardise – Choisir des responsabilités valorisantes et à sa – Donner à l’entreprise un


des écarts Solidarité mesure. fonctionnement souple,
Persévérance – Anticiper les étapes afin de contrôler le stress. en interdépendance avec
– Faire face aux imprévus. les ressources externes.
– Faire preuve d’initiative. – Créer des conditions
Mise en – Solutionner soi-même, ou en équipe, les difficultés. propices à la communi-
œuvre cation dans le groupe.
(projet- – Procéder à des évalua-
programme) tions de la productivité
et de la rentabilité.
6. Dans la perspective du projet 19 : – Prioriser la clientèle
Évaluation – Réfléchir collectivement à la réussite du projet, à ce – Faire une évaluation
qui aurait pu améliorer les résultats. critique du projet, de
– Découvrir les critères, les éléments importants à l’utilisation efficiente
considérer pour l’évaluation. des ressources.
– Tirer des leçons sur le plan des opérations et de la – Se tenir au courant du
méthodologie. développement du
– Comprendre la culture entrepreneuriale et ses secteur et des politques
caractéristiques. des compétiteurs, etc.
Dans la perspective de l’action efficace et des
ressources émotives de chacun :
– Évaluer la progression et les réalisations au point
de vue personnel et du groupe.
– Identifier les qualités démontrées par ses
coéquipiers.
– Prendre conscience des apprentissages et des
qualités qu’on a pu expérimenter dans l’action.
18. Pour avoir la totalité des consignes, consulter les accompagnements pédagogiques présentés aux pages 36 à 40.
19. Voici quatre critères d’évaluation et leur définition : Efficacité : atteinte des objectifs; Efficience : utilisation judicieuse des
ressources; Cohérence : actions entreprises pour atteindre les objectifs; Pertinence : bonne réception dans le milieu concerné.
60 CHAPITRE 3
EN GUISE DE CONCLUSION

La question s’est imposée dès le départ : faut-il privilégier la sensibilisation à la


culture entrepreneuriale plutôt qu’une formation spécifique à l’entrepreneuriat?
On a préféré la première solution. Pourquoi? Pour permettre au plus grand
nombre de profiter pleinement de la valeur éducative associée à l’esprit d’entre-
prise, ce pouvoir d’agir qui mobilise des ressources émotives, des ressources
cognitives et des ressources interactionnelles.

Il est possible et utile de considérer que ces ressources correspondent, dans leur
ordre de présentation, à un schéma de développement entrepreneurial : d’abord
les ressources émotives qui sont le moteur de l’action; puis les ressources
cognitives qui servent à concevoir l’action, à construire le projet; et, enfin, les
ressources interactionnelles qui permettent de mener le projet à terme et de
l’insérer dans le milieu.

Il serait intéressant aussi, pour des raisons Sur le plan pratique, cela signifie que l’exercice
pédagogiques, d’associer le développement du projet, dans le cadre du Concours québé-
des ressources émotives à l’enseignement cois en entrepreneuriat et de la Mesure de sen-
primaire, celui des ressources cognitives à sibilisation à l’entrepreneuriat, doit impliquer
l’enseignement secondaire, et celui des res- la mobilisation de toutes les ressources, mais
sources interactionnelles à la formation pro- que son accompagnement pédagogique pour-
fessionnelle, technique et préuniversitaire. rait être différent selon l’ordre d’enseignement.

61
L’accompagnement pédagogique devrait, au – Appropriation des stratégies liées à un
primaire, se concentrer sur les qualités entre- projet :
preneuriales et l’apprentissage de l’action • visualisation de soi dans différents
efficace, avec ce que cela permet de ressour- rôles;
cement émotif et motivationnel : le besoin de • stratégies associées à diverses facettes
réussite, l’estime de soi et le sentiment de sa d’un projet;
propre efficacité. • stratégies de collaboration et de coopé-
ration.
L’accompagnement pédagogique devrait, au
secondaire, se concentrer sur la compréhen- – Connaissance du monde du travail :
sion de ce qui constitue formellement un • nature et exigences des rôles sociaux,
projet, l’élève étant impliqué dans toutes les des métiers et professions;
étapes de sa conception et de sa réalisation. • produits, biens et services associés à
La culture entrepreneuriale s’acquiert ici par ces professions;
l’importance accordée à l’évaluation du pro- • exigences du monde du travail.
jet au terme de sa réalisation.
Voici donc, mis en trois colonnes, une syn-
L’accompagnement pédagogique devrait, au thèse des ressources entrepreneuriales en
postsecondaire, se concentrer sur l’identi- rapport avec les trois ordres d’enseignement.
fication d’une situation problématique et des
opportunités d’affaires qu’elle permet, tout Une autre synthèse est disponible à la fin de
en soulignant le lien avec le savoir spécialisé l’ouvrage (annexe 1 aux pages 65 à 76). Elle
et les compétences acquises dans le cadre de présente et analyse un projet remarquable
la formation. La priorité devrait être accor- par la motivation qu’il a suscitée et par l’im-
dée aux ressources du milieu, aux comporte- pact qu’il a eu sur son milieu. Le texte est
ments de réseau – informations, celui-là même qui a été présen-

Cette invitation
compétences, services – qui té au concours, sans modifica-

à la culture
peuvent servir à la réalisation tion. En marge sont ajoutées
du projet. Une attention parti- les références aux différents
culière devrait être portée à la entrepreneuriale concepts de la culture entre-
propose une
mobilisation des ressources preneuriale (les étapes, les

vision qui
humaines et au leadership exer- ressources, etc.).

demande à être
cé dans le groupe.

partagée.
On l’aura compris, cette invita-
De plus, il se trouve que les res- tion à la culture entrepreneu-
sources correspondent, dans riale propose une vision qui
l’ordre, aux trois axes de déve- demande à être partagée. De
loppement du domaine général de formation même, elle sera enrichie par les enseigne-
« Orientation et entrepreneuriat », soit : ments d’ordre pédagogique qu’on voudra bien
y trouver et puis mettre à l’essai.
– Conscience de soi, de son potentiel et de
ses modes d’actualisation (plus spécifique
à l’entrepreneuriat) :
• motivation, goût du défi et sentiment de
responsabilité par rapport à ses succès
et ses échecs;
• satisfaction à l’égard du travail bien fait.

62 EN GUISE DE CONCLUSION
Culture entrepreneuriale et accompagnement pédagogique

Ressources émotives : Ressources cognitives pour Ressources interactionnelles


sources de l’action passer à l’action pour réaliser un projet et
l’insérer dans un milieu

(pour le primaire) (pour le secondaire général) (pour la formation profesionnelle


et la formation collégiale)
– Développer des dispositions à – Développer le sens du projet et
l’action efficace; attitudes et le mettre en rapport avec le goût – Développer le sens de ce qu’est
qualités nécessaires pour que d’entreprendre et de produire de une relation entrepreneuriale
l’élève puisse atteindre ses buts : la nouveauté. avec le milieu et percevoir celui-
confiance, motivation, effort, – Faire l’expérience de projets ci comme une ressource permet-
responsabilité, initiative, per- individuels et collectifs : tant d’atteindre ses buts.
sévérance, solidarité, esprit • en participant à toutes leurs – Développer un état d’éveil con-
d’équipe, débrouillardise, étapes (unité); duisant à la perception du milieu
détermination. • en vivant le processus entre- comme source d’informations et
– Faire l’expérience de projets preneurial (singularité); d’opportunités.
individuels et collectifs d’un • en osant agir même dans l’in- – Adopter une démarche d’auto-
niveau de difficulté approprié et certitude (complexité); formation correspondant aux
de nature à faire vivre des situa- • en utilisant des ressources objectifs à poursuivre.
tions de réussite. inattendues (opportunités). – Adopter des comportements de
– Considérer l’idée du futur (pers- réseau qui font du milieu une
pective temporelle). Accompagnement pédagogique : source d’apprentissage, d’in-
– Devenir conscient de son pou- – Soutenir le groupe si nécessaire fluence, de compétence et de
voir personnel (internalité). et, surtout, une fois le projet complémentarité.
réalisé, évaluer celui-ci de – Acquérir la capacité d’utiliser de
Accompagnement manière à ce que sa méthodolo- façon productive les ressources
pédagogique : gie et le vécu de l’élève soient matérielles et financières ainsi
– Aider chaque élève à renforcer formellement explicités. que les systèmes d’informatique
sa confiance en lui-même et le et de gestion.
sentiment de son efficacité. Axe de développement : – Intégrer ce qu’apporte la relation
– Veiller à l’appropriation des entrepreneuriale à la vision de
Axe de développement : stratégies à développer par ce que sera l’entreprise.
– Promouvoir la conscience de soi rapport à un projet. – Exercer un leadership fondé sur
et de son potentiel. une vision de l’avenir en
constante adaptation.
– Concevoir une idée d’entreprise
qui serait en rapport avec un
savoir spécialisé et des compé-
tences acquises dans le cadre de
sa formation.

Accompagnement pédagogique :
– Apprendre à utiliser les
ressources externes en matière
de consultation, à étudier un
plan d’affaires de façon détail-
lée, à considérer le projet identi-
taire en envisageant l’orientation
spécifique de l’entrepreneuriat.

Axe de développement :
– Promouvoir la connaissance du
milieu.

EN GUISE DE CONCLUSION 63
ANNEXE 1

Les diverses étapes et


composantes d’un projet
entrepreneurial

Le texte qui suit présente un projet réalisé à l’école Marguerite-Bourgeoys


(CS de la Capitale – Québec) dans la classe de M. Christian Bouchard,
enseignant du primaire. Nous reproduisons ici (en partie) le document tel qu’il
a été présenté par M. Bouchard au Concours québécois en entrepreneuriat,
volet Entrepreneuriat-étudiant.

Vous trouverez divers éléments du projet (caractéristiques, étapes ou autres


selon le cas) identifiés dans la marge.

65
Légende

École : Marguerite-Bourgeoys
ÉP : Étapes du projet

Commission scolaire de la Capitale


CT : Compétences
transversales
Responsable du projet :
QA : Qualités de l’action

Christian Bouchard, enseignant


CPE : Caractéristiques du
projet entrepreneurial
RI : Ressources interactives

Le diadème perdu
Pour amener les élèves à développer des qualités entrepreneuriales,
notre groupe-classe s’est donné comme défi de produire un court-
ÉP : Analyse de la

métrage. Le scénario présente, au moyen d’un récit fictif écrit par les
situation

élèves eux-mêmes, plusieurs aspects de la vie à l’école Marguerite-


Bourgeoys. Ce film sera projeté en première à la fin de l’année aux
dignitaires de l’école et de la commission scolaire, aux parents, amis et
élèves de l’école.

Idée du projet

L’idée de base vient de l’enseignant et repose sur un fait historique qui


s’est déroulé à l’école, ainsi que du désir de mettre en valeur les dif-
CPE : Sens du projet

férents aspects de la vie à l’école Marguerite-Bourgeoys. En 1959, la


reine Élisabeth II, lors d’un passage à Québec, manifeste le désir de
visiter une école. Le choix de l’école Marguerite-Bourgeoys, fraîchement
construite, s’impose alors de lui-même.

Le projet consiste donc à développer un récit fictif en respectant les


contraintes du schéma du récit. Tous les éléments du récit sont appor-
ÉP : Esquisse d’un

tés par les élèves et vérifiés au niveau de la cohérence chronologique et


projet possible

logique tout au long du processus d’écriture en atelier-classe. Ce récit a


CPE : Prémisses du

également comme prémisse de constituer une aventure plausible s’an-


projet

crant solidement dans le vécu quotidien des élèves. Il fait appel à une
réalité historique rapportée par le document biographique « La vie de
M. Wilbrod Bhérer » et actualisée dans la section historique du site web
de l’école. Cet exigeant travail d’écriture collective a mobilisé toutes les
énergies et les forces créatrices du groupe-classe pendant trois mois
entiers, à raison de trois heures par semaine. Les compétences en écri-
ture et en communication orale ont alors été sollicitées abondamment.

Étapes du déroulement du projet

Voici les principales étapes dans le déroulement de ce projet :

Écriture du scénario : les élèves se livrent collectivement à l’écriture


du scénario pendant une période de trois mois à raison de trois heures
CT : 1. Exploiter l’in-

par semaine. En groupe-classe, ils proposent des idées, discutent de la


formation / 3. Exercer

pertinence des éléments apportés par les parties, s’entendent pour


son jugement critique /

apporter des modifications au besoin et sur le choix d’une solution


4. Mettre en œuvre sa

finale.
pensée créatrice
QA : Esprit d’équipe

Jeu de chaque plan du scénario : tout au long de l’écriture, les


élèves jouent à tour de rôle les différentes scènes du scénario au fur et
ÉP : Esquisse d’un

à mesure qu’elles sont écrites. Cela permet de concrétiser les différents


projet possible

éléments du schéma du récit au fur et à mesure de son développement


CT : 7. Actualiser son

et d’en permettre la vérification au niveau de la cohérence.


potentiel
QA : Confiance

66 ANNEXE 1
Consultation du site web « Ciné cours » : les élèves ont consulté le site
web Cinécours qui offre de la formation à distance sur tous les métiers
ÉP : Stratégie

du cinéma. Ils ont pu également lire un document provenant de diffé-


CT : 6. Exploiter les

rents sites web et rassemblant différentes informations sur les métiers


TIC

du cinéma ainsi qu’un glossaire des termes employés au cinéma.


QA : Initiative

Demande d’emploi : Chaque élève a consulté ensuite une série d’af-


fiches présentant les différents corps d’emplois mis en évidence par la
ÉP : Esquisse d’un

réalisation de ce film ainsi que les qualités personnelles requises pour


projet possible

les occuper. Chaque élève peut donc esquisser un parallèle entre les
CT : 7. Actualiser son

qualités qu’il se reconnaît et les qualités particulières requises par le


potentiel

métier qu’il préfère.


QA : Détermination /
Planification

Visite d’un cinéaste : M. Louis Bélanger, cinéaste de renommée inter-


nationale, est venu passer une journée complète en classe. Au cours de
ÉP : Stratégie

cette rencontre, il a expliqué abondamment les différents métiers du


CT : 2. Résoudre des

cinéma, en relevant les aspects pratiques essentiels. Il a ensuite dirigé


problèmes

un atelier de révision du scénario écrit par les élèves. Au cours de cet


QA : Effort

atelier, les élèves ont pu discuter du processus d’écriture lui-même


ainsi que de différentes scènes qu’il était souhaitable de modifier afin
que le produit final reste un travail objectivement réalisable compte
tenu des contraintes de réalisation en milieu scolaire. M. Bélanger nous
a ensuite fait visionner différentes scènes de la bande originale de son
dernier film Gaz bar blues ainsi que le passage résultant de montage et
que l’on retrouve dans l’œuvre finie. Ainsi, pour plusieurs scènes de
tournage demandant un avant-midi de travail, les élèves ont pu voir le
produit fini, soit une scène d’une minute à l’écran. Cette expérience a
été révélatrice de la somme de travail énorme qui est sous-tendue lors
du travail sur un plateau de tournage et a provoqué une prise de con-
science spectaculaire de la réalité du monde du cinéma. La dernière
partie de cette rencontre a été réservée aux multiples questions des
élèves.

Répétitions : Les comédiens se préparent activement aux répétitions


sous la direction des metteurs en scène et du réalisateur.
ÉP : Gestion des écarts
CT : 8. Coopérer
QA : Effort / Initiative

Le tournage : Les équipes sont en place et tout se met en branle.


Grâce à un plan de tournage précis, les différentes scènes sont tour-
ÉP : Gestion des écarts

nées.
CT : 5. Se donner des
méthodes de travail
efficaces / 3. Exercer
son jugement critique
QA : Effort / Initiative

Test concernant les qualités développées par ce projet : À mi-


chemin, les élèves ont complété un petit questionnaire afin de découvrir
ÉP : Gestion des écarts

les qualités particulières qu’ils sont en train de développer dans l’emploi


CT : 3. Exercer son

qu’ils ont choisi.


jugement critique
RI : Évaluer ses compé-
tences en rapport avec
le projet

Le montage : Le bagage cinématographique imposant est dépouillé


grâce à l’équipe de montage. Un logiciel spécialisé aide à réaliser cette
ÉP : Gestion des écarts

tâche.
QA : Persévérance

ANNEXE 1 67
Légende
ÉP : Étapes du projet
CT : Compétences
transversales
QA : Qualités de l’action
CPE : Caractéristiques du
projet entrepreneurial
RI : Ressources interactives

Visite à l’école de cinéma : Une visite à l’école de cinéma de Québec


est organisée. Les élèves ont déjà une certaine expérience du cinéma.
ÉP : Stratégie

Ils visitent une école de cinéma où ils peuvent mettre en parallèle leur
CT : 3. Exercer son

propre expérience vécue et ce que les écoles de métiers proposent.


jugement critique

Cette prise de conscience les amène à se situer concrètement dans leur


QA : Débrouillardise /

parcours et ils prennent conscience de leurs forces et faiblesses par


Solidarité / Persévérance

rapport aux exigences du marché du travail.

Préparation de la première : Une date de présentation de la pre-


mière est retenue. Réservation de la salle, du matériel de projection,
ÉP : Gestion des écarts

préparation de la salle, vente symbolique de billets, présentation du


CT : 5. Se donner des

film aux invités (invités de marque, personnel de l’école, invités de la


méthodes de travail

commission scolaire, parents, amis et élèves de l’école).


efficaces / 8. Coopérer

Remise de la bande originale : Chaque élève se voit remettre une


copie DVD du film.

Les buts poursuivis par ce projet

Le monde fascinant du cinéma offre un élément motivationnel in-


croyable comme il me sera facile de le constater tout au long de ce pro-
ÉP : Analyse de la

jet. L’entrepreneuriat fait partie intégrante d’un grand domaine général


situation

de formation « Orientation et entrepreneuriat » contenu dans le nou-


CPE : Sens du projet

veau Programme de formation de l’école québécoise.

Un des buts poursuivis par le projet est le développement des qualités


entrepreneuriales des élèves du 3e cycle qui y participeront activement.
L’enseignant invitera les élèves, tout au long du projet, à identifier leurs
qualités entrepreneuriales, à s’auto-évaluer et à se questionner sur
eux-mêmes.

Une collaboration et un partenariat entre les enseignants et les élèves


du cycle en entier et une présentation aux élèves des autres cycles. Le
nouveau programme encourage les enseignants et les élèves à colla-
borer et à travailler ensemble. Le projet permettra à l’école d’être
avant-gardiste à ce niveau en sollicitant la coopération de plusieurs
élèves du cycle afin de compléter l’équipe de comédiens. Une classe
d’adaptation (1re année déviation multiple) a également contribué en
participant au tournage de plusieurs scènes du film. Le produit final
sera présenté en grande première à la fin de l’année devant tout le per-
sonnel de l’école, les élèves et les parents et amis.

Le projet permettra également à l’école de créer une plus grande


ouverture sur le monde car les élèves auront été en contact avec
plusieurs domaines concrets du monde du cinéma. Ce film fait par des
jeunes et à l’intention des jeunes leur permettra de saisir la réalité con-
crète du marché du travail. Il permettra aux plus jeunes de découvrir
différents aspects de la vie scolaire au 3e cycle.

68 ANNEXE 1
Ce projet permettra finalement aux élèves de structurer un peu plus
leur identité, car ils auront à évaluer leur implication personnelle dans
ÉP : Évaluation

un travail d’équipe. Ils pourront ainsi apprendre à mieux se connaître et


à être davantage motivés dans leurs études, car ils auront été à même
de vérifier que le monde appartient à ceux qui travaillent.

Pour conclure, ce projet a été une tentative d’amener les élèves à


plonger dans la réalité concrète du marché du travail. Cette brève
CPE : Sens du projet

incursion dans l’univers fascinant du cinéma leur a permis de se décou-


vrir des forces, des goûts et des talents qu’ils pourront développer tout
au long de leur vie, quel que soit leur domaine d’activité.

Aspects originaux et novateurs du projet

Les élèves de notre milieu se développent en milieu défavorisé. Les


problèmes auxquels ils sont quotidiennement confrontés sont multiples
ÉP : Analyse de la

et amènent, dans une proportion effarante, un pourcentage drama-


situation

tiquement élevé de démotivation et de décrochage scolaire. L’idée


QA : Motivation /

même d’une incursion dans un univers qui fait rêver tout le monde a
Initiative /

immédiatement séduit l’ensemble des élèves et a suscité un regain


Détermination

incroyable de motivation tout au long de cette année scolaire. Les


élèves ont littéralement plongé dans ce projet et il ne se passait pas
une journée sans qu’un élève vienne me voir pour discuter de tel ou tel
aspect du film, sans que je reçoive un courriel d’un élève qui me pré-
sente ses idées à propos d’une des dimensions du tournage. Ce projet
à même engendré différents projets secondaires. Une groupe de jeunes
filles a décidé de créer et de publier sur Internet un journal sur la vie
des vedettes de cinéma. Un autre a décidé de tenir un journal de bord
sur le tournage de notre film. Un autre encore a décidé de créer et de
monter, en dehors des heures de cours, une petite pièce de théâtre (le
Magicien d’Oz) qu’ils ont présentée aux différentes classes du 1er et
2e cycle. Ce projet est vraiment novateur, que ce soit au niveau des
moyens techniques mis en œuvre (matériel et ressources techno-
logiques et informatiques requis) ou des ressources externes (visite
d’un cinéaste à l’école et visite d’une école de cinéma) qu’il a sollicités.
Les élèves ont été extrêmement sensibles aux efforts déployés par
l’enseignant et la direction de l’école afin de mettre à leur portée une
expérience unique et enrichissante. Ils ont répondu par un engouement
et une motivation renouvelée qui nous ont étonnés. Cette expérience
demeure encore aujourd’hui une révélation autant pour les élèves que
pour l’enseignant qui a été à même de constater qu’un projet stimulant
et novateur est un moteur et un catalyseur incroyablement puissant
pour stimuler la motivation des jeunes.

Organisation du travail
Voir le tableau des tâches et l’échéancier de travail de la page suivante.
ÉP : Planification
RI : Faire émerger une
organisation de travail

ANNEXE 1 69
Tâches des élèves
Comités Nbre d’élèves Tâches

RÉALISATION 3 élèves – Diriger toutes les équipes qui se trouvent sur le plateau.
– Avoir un œil sur tous les détails.
– Être derrière la caméra ou donner des ordres de caméra.
– Planifier les séances de répétition.
– Nuancer et ajuster, si nécessaire, le jeu des comédiens.
– Superviser le travail des comités.

COMÉDIENS 8 élèves – Retenir l’information.


– Improviser.
– Jouer les rôles.

CAMÉRAMANS 3 élèves – Assembler et manipuler soigneusement la caméra, selon les directives du


ET réalisateur.
PHOTOGRAPHES – Prendre des photos en cours de montage pour le dossier de presse.

PRISE DE SON 2 élèves – Assembler et manipuler soigneusement le matériel nécessaire à la prise de son.
– Agir en tant que perchistes au cours du tournage.

ÉCLAIRAGE 3 élèves – Assembler et manipuler soigneusement le matériel d’éclairage sous la


direction du réalisateur.

JOURNALISME 1 élève – Préparer un journal de bord du déroulement du tournage afin de rédiger


périodiquement des articles pour alimenter le journal étudiant.

ACCESSOIRTISTES 3 élèves – Voir à ce que les éléments du décor soient en place avant et après le tournage.
ET TECHNICIENS – Aider au transport du matériel.
DE SCÈNE

MAQUILLAGE 3 élèves – Voir au maquillage et à la coiffure de certains comédiens.


ET COIFFURE

COSTUMES 1 élève – S’assurer que les comédiens portent les vêtements appropriés au regard du
développement chronologique du film.
– Tenir un journal des costumes.

PRÉSENTATRICE 1 élève – Présenter le film lors de la première

PRÉPARATION DE 2 élèves – Vendre les billets pour assister à la première.


LA PREMIÈRE – Aider à monter la salle.
– Placer les gens.

MONTAGE 1 élève – Assister l’enseignant lors du travail de montage.

Échéancier de travail
ACTIVITÉS Sept. à déc. Janvier Février Mars Avril Mai Juin
Écriture du scénario ★
Coordination des activités ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★
Jeu de chaque plan du scénario ★ ★ ★ ★
Consultation du site web Cinécours ★
Demande d’emploi ★
Visite d’un cinéaste ★
Appropriation du matériel ★
Répétitions ★ ★ ★ ★ ★ ★ ★
Test concernant les qualités
développées par ce projet
★ ★

Préparation de la première ★ ★
Remise de la bande originale ★

70 ANNEXE 1
Légende
Ressources disponibles pour réaliser le projet

Ressources humaines :
ÉP : Étapes du projet

Plusieurs personnes ont contribué à la réalisation de ce projet :


CT : Compétences
transversales
une directrice;
QA : Qualités de l’action

une adjointe à la direction;;


CPE : Caractéristiques du

une conseillère d’orientation


projet entrepreneurial

un cinéaste;
RI : Ressources interactives

un menuisier;
une enseignante.

Ressources matérielles et financières :


La réalisation de plusieurs étapes du projet se fait en classe régulière,
dans différents locaux de l’école, dans la cour de l’école ainsi que dans
RI : Trouver des

la résidence privée d’un membre de la communauté. Le coût d’achat du


ressources financières,

matériel cinématographique s’élève environ à 1 500 $ et est défrayé par


matérielles, humaines

le budget de classe de l’enseignant. L’école accepte de fournir une


partie du matériel nécessaire à la réalisation de ce film en achetant un
nouvel ordinateur au coût de 1 375 $ afin de compléter les opérations
de montage. Un autobus est également nécessaire pour nous permettre
d’aller visiter l’école de cinéma de Québec. Pour le lancement du film,
l’école accepte de subvenir à la préparation de la salle et à la location
de l’équipement. L’ensemble du matériel de reprographie et d’art plas-
tique, du matériel informatique et le prêt de locaux est une gracieuseté
de l’école Marguerite-Bourgeoys.

Collaboration et partenariat pour la réalisation du projet

Comme mentionné précédemment, les élèves font partie intégrante du


projet. Les autres partenaires sont sans aucun doute l’équipe-école,
dont l’équipe enseignante ainsi que la responsable locale en approche
orientante.

Évaluation

Les résultats du projet

Ce projet a permis aux élèves de se livrer à un exercice d’écriture très


ambitieux qui a nécessité, du début à la fin, un effort de discipline et de
ÉP : Évaluation

créativité. Le scénario produit a été soumis à l’examen d’un scénariste


RI : Recours à

professionnel de renom (M. Louis Bélanger) qui a loué la qualité du tra-


l’expertise

vail d’écriture et qui a amené les élèves à se livrer à un exercice positif


de révision du scénario. Ils ont développé certaines qualités fonda-
mentales et nécessaires à tout travail d’envergure : la persévérance, la
coopération et la communication qui leur ont permis d’atteindre un but
commun dont les objectifs étaient très élevés.

De plus, ils ont acquis différentes compétences disciplinaires et trans-


versales essentielles telles que :
– Écrire des textes variés en explorant toutes les ressources de la
langue française;
– Explorer une réalité historique qui fait partie de leurs racines, à
savoir le développement d’une infrastructure de leur milieu (école
Marguerite-Bourgeoys);
– Découvrir, développer et mettre à profit leurs ressources person-
nelles en établissant un parallèle avec la réalité du monde du travail;

ANNEXE 1 71
Légende
ÉP : Étapes du projet
CT : Compétences
transversales
QA : Qualités de l’action
CPE : Caractéristiques du
projet entrepreneurial
RI : Ressources interactives

– Exploiter les technologies de l’information et des communications


dans un domaine de pointe afin de réaliser une tâche significative et
d’envergure.

Ce projet, qui a pris en cours de route une dimension inattendue en


raison de l’entrée en scène de la spécialiste en communication de la
RI : Ressources média-

Commission scolaire de la Capitale afin de publiciser l’événement


tiques

auprès des médias écrits (Le Soleil), a permis aux élèves de prendre
conscience avec plus d’acuité de la qualité de leur travail. Cet événe-
ment a renforcé leur confiance en eux.

La publicisation de ce projet permettra également à l’institution de jeter


un éclairage médiatique sur son projet d’école informatisée en sensibi-
lisant les autorités concernées et les membres de la communauté à
propos du dynamisme mis en œuvre dans notre milieu par l’équipe
école afin d’amener nos élèves à parfaire leur formation.

Dans cette foulée, il n’est pas superflu de souligner l’apport considé-


rable de nouveaux partenaires qui nous aident à concrétiser ce rêve par
RI : Ressources

des entrées de fonds substantielles : La commission scolaire de la


financières

Capitale – La caisse populaire St-Sauveur – Sun Canada.

Les élèves garderont sans nul doute un souvenir impérissable de cette


expérience qui suscitera peut-être des aspirations nouvelles. Elle leur
aura certainement permis de se découvrir eux-mêmes dans un contexte
où ils auront donné le meilleur d’eux-mêmes en réalisant une partie de
leurs propres rêves.

La présentation de ce film couronnera sans nul doute une année d’ef-


forts de la part de tous les acteurs de ce projet. La présentation aura
lieu vers le 1er juin 2004. Quatre cent personnes seront invitées : les
dignitaires de la CS de la Capitale, les élèves, les parents et les amis.

Raisons pour lesquelles ce projet mériterait de gagner au


Concours québécois en entrepreneuriat

Je caressais ce projet depuis plus d’un an déjà. Au moment de l’entre-


prendre en début d’année, la curiosité et l’intérêt étaient déjà très
RI : Élaborer une

grands. Rapidement, les exigences et les contraintes se sont manifes-


vision

tées. Ce qui aurait pu devenir facilement un défi insurmontable s’est


avéré être une amusante aventure en raison de l’intérêt constant et de
la formidable implication des élèves. En effet, c’est la première fois que
je menais un projet d’une telle envergure qui a mobilisé, comme jamais
auparavant, les forces vives des élèves impliqués. Nous étions cons-
tamment stimulés et poussés à aller plus loin par les élèves eux-
mêmes, au point que les exigences de travail se sont, à ma grande sur-
prise, transformées en passion débordante. De voir les élèves proposer

72 ANNEXE 1
des projets parallèles, discuter entre eux du projet dans la cour de
récréation, se réunir en dehors des heures de classe pour pratiquer les
RI : Élaborer une

rôles, bref de les voir vivre des apprentissages réellement significatifs


vision

est une source de satisfaction incroyable. Avoir conscience ainsi d’être


un acteur privilégié dans l’édification de toutes ces petites personnalités
est vraiment satisfaisant. Il faut souligner aussi l’important dynamisme
qui anime l’équipe-école. À l’aube de mettre sur pied la première école
primaire publique informatisée du Québec, nous sommes tous emballés
de voir plusieurs années d’efforts se concrétiser. Souvent au cours de la
réalisation de ce projet, les conversations entre collègues ont animé et
éclairé ma réflexion sur la conduite de ce projet. Notre équipe-école a
la chance de compter plusieurs personnes hautement compétentes au
niveau des TIC. Cette expertise m’a souvent été utile dans l’utilisation
et la manipulation de matériel de haute technologie. L’engouement de
mes collègues pour ce projet a été aussi une source constante de sti-
mulation.

Mais ce qui, en conclusion, s’impose comme déterminant la réflexion


engendrée par ce projet, c’est le haut niveau d’intérêt et d’implication
RI : Évaluer le projet,

qui a animé les élèves tout au long de l’année. Loin de s’essouffler


l’utilisation des

comme on aurait pu le croire, cette motivation est devenue la bougie


ressources

d’allumage du projet. Ce sont les élèves, par leur niveau d’engagement


et leur désir de conclure le projet, qui m’ont sans cesse poussé à aller
plus loin. De tous les projets que j’ai conduits, jamais aucun n’a produit
de tels résultats. Autant les élèves, les collègues et la direction de
l’école que les parents sont emballés par ce projet et suivent le chemi-
nement des enfants avec grand intérêt. Les offres de collaboration sont
nombreuses (tournage de scènes extérieures au domicile de certains
élèves).

N.B. : Une version complète de ce dossier est disponible sur le Web à l’adresse suivante :
http://www.cscapitale.qc.ca/mg-bourgeoys/

Choisir le coin des jeunes – 3e cycle – classe de Christian – Le diadème perdu

ANNEXE 1 73
ANNEXE 2

L’économique: la base de
l’entrepreneurship

Le but de l’étude de l’économique est d’aider ments économiques affectent votre entre-
la société à décider comment créer, distri- prise. Vous n’avez pas besoin d’être un éco-
buer et consommer les biens. Chaque activité nomiste chevronné, mais vous devez pouvoir
humaine possède une dimension écono- évaluer l’impact des changements écono-
mique. Chaque fois que vous vous demandez miques et les effets sur votre ville, votre
s’il y aura suffisamment d’argent pour payer province, votre région et votre pays. De plus,
le loyer ou l’hypothèque, que vous vous vous devriez avoir une certaine idée de l’im-
posez des questions sur l’augmentation des pact des économies changeantes dans les
prix des aliments ou que vous décidez autres pays du monde.
d’acheter certains produits, vous agissez
comme un décideur économique. Examiner l’importance des clients pour une
entreprise. L’état de l’économie aura une
La plupart des gens désirent en savoir plus sur influence sur la quantité d’argent que les
l’économie. Il est essentiel de connaître cer- clients dépenseront et sur leur choix d’achat.
tains aspects économiques pour comprendre Cela n’est qu’un exemple de l’impact de l’éco-
ce qui se passe dans votre vie. L’économique nomie sur votre entreprise.
n’est pas toujours facile à déchiffrer et plu-
sieurs adultes et jeunes gens pensent qu’il est Chaque personne a un rôle à jouer pour mo-
difficile de comprendre de telles notions. deler l’économie. Les entrepreneurs donnent
un exemple de la manière dont les activités
En tant qu’individu, il est important de pou- individuelles peuvent créer des emplois ainsi
voir évaluer l’impact de l’économie sur votre que des nouveaux produits et services qui
vie. En tant que propriétaire d’entreprise, il peuvent être créés pour améliorer l’écono-
est important de comprendre les termes mie. Lorsque les individus sont renseignés, ils
économiques et la manière dont les change- peuvent mieux participer au modelage de

74 ANNEXE 2
l’économie. Une grande part de la compré- Lorsque l’offre est peu abondante et qu’il y
hension de ce qu’est l’économique est d’ap- a un grand besoin de ce produit ou service
prendre à « parler la langue ». dans un marché particulier, on dit que la
demande est supérieure à l’offre. Lorsque
Survol des termes employés en c’est le cas, ceux qui vendent déjà ce produit
économique peuvent exiger un prix élevé, car les gens
paieront beaucoup plus pour cet article s’ils
Le marché d’un produit ou service quel- le désirent vraiment. On peut dire, dans ce
conque se compose d’un certain nombre de cas, que la demande est forte.
clients. Ces clients sont des gens ou des
organisations qui veulent acheter votre pro- Dans ce cas, les entrepreneurs saisissent
duit ou service. Les entreprises vendent leurs souvent l’occasion d’introduire un nouveau
propres produits ou services, mais elles sont produit qui répond aux mêmes besoins des
également d’importants clients pour d’autres clients. Ou bien ils peuvent tout simplement
entreprises. Par exemple, si vous vendez des trouver une façon d’accroître l’offre du même
camions, vous pouvez cibler les proprié- produit ou service. Dans tous les cas, après
taires d’entreprises qui constituent votre mar- avoir augmenté l’offre du produit pour les
ché de camions. La majorité de vos activités clients, ils découvrent qu’ils ne peuvent exi-
de marketing seront concentrées sur les ger des prix aussi élevés parce qu’il y a main-
entreprises qui utilisent des camions dans le tenant plus de compétiteurs. Dans ce cas,
cadre de leurs opérations. Et la plupart de l’offre augmente et le prix décroît.
vos clients, dans votre créneau commercial,
seront ces propriétaires d’entreprises. Lorsque l’offre devient trop élevée pour la
demande, les propriétaires d’entreprises
Le prix que vous aller exiger pour vos pro- baissent les prix de façon à attirer des
duits et services dépendra d’un certain clients. Les entreprises doivent alors tra-
nombre de facteurs. Premièrement, avant de vailler fort pour effectuer suffisamment de
fournir ces produits ou services aux clients, ventes pour couvrir leurs frais et réaliser un
vous devez être certain de pouvoir couvrir profit. Et certaines entreprises peuvent
les frais. Certains des coûts sont fixes et ne même être forcées de se retirer des affaires si
changent donc pas, peu importe le nombre les clients n’achètent pas chez eux à un prix
d’articles que vous vendez. Ces frais fixes qui couvrira leurs frais et qui leur permettra
comprennent le loyer, l’assurance, un camion de réaliser un profit.
de livraison et le salaire du propriétaire.
D’autres coûts sont variables : il s’agit des Les entreprises doivent également essayer de
produits que vous devez acheter, qui s’addi- conserver leurs coûts aussi bas que possible
tionnent à vos coûts et qui varient selon le afin de réaliser un profit. L’un des coûts les
nombre d’articles produits ou vendus. Ces plus élevés entrant dans le prix d’un produit
coûts incluent les matériaux d’emballage, le ou service est le coût des travailleurs. Le ca-
salaire des employés de production et les pital humain est le terme économique pour
frais d’expédition. décrire les gens qui fabriquent un produit ou
donnent un service. Une augmentation de la
Lorsque vous pensez au succès potentiel de quantité de travail effectué par les travail-
votre entreprise, vous devez considérer la loi leurs sans augmentation de salaire mène à
de l’offre et de la demande, soit le nombre une augmentation de la productivité de l’en-
d’articles comme les vôtres qui sont dispo- treprise. La productivité élevée qui en dé-
nibles sur le marché (l’offre) et le nombre de coule maintient bas le coût des articles et
clients qui désirent acheter ces produits (la aide à accroître les profits de l’entreprise.
demande).

ANNEXE 2 75
Parlons « économique » – Décrire le marché de l’entreprise de
Georges et Jean.
L’activité suivante est conçue pour encou- – Quels seraient leurs frais fixes?
rager les étudiants à penser aux affaires en – Quels seraient leurs coûts variables?
recourant à des perspectives et à des termes – Quel prix devraient-ils exiger de leurs
économiques. Lisez le cas qui suit puis, en clients?
petits groupes, discutez des questions qui – De combien d’employés auront-ils be-
figurent à la fin de l’histoire en utilisant les soins? Combien à temps plein?
termes économiques expliqués à la page – Comment peuvent-ils encourager la pro-
précédente. ductivité?
– Comment devraient-ils vendre leurs ser-
En 1999, l’économie américaine était pros- vices aux clients potentiels?
père et plusieurs entreprises ont connu des – Comment la loi de l’offre et de la demande
problèmes relatifs au manque de main- affecte-t-elle ce type d’entreprise?
d’œuvre. Georges et Jean essayaient de déci- – Comment attireront-ils les travailleurs
der s’ils devaient quitter leur emploi et fon- éventuels?
der une nouvelle entreprise qui semblait très – Quels sont les principaux risques de ce
prometteuse. Ils voulaient appareiller le be- type d’entreprise?
soin de travailleurs au besoin que certains – Quel est le profit potentiel de ce type d’en-
travailleurs potentiels inexpérimentés et peu treprise?
compétents avaient de trouver du travail. Ils – Quels conseils leur donneriez-vous pour le
louaient un immeuble dans l’un des districts démarrage de leur entreprise?
à loyer modique d’une grande ville. Il était
situé sur une importante ligne de transport Partagez les idées de chaque groupe.
en commun, et ils ont pensé qu’ils pouvaient Puis discutez de la manière dont l’éco-
ouvrir une entreprise à cet endroit. nomique affecte les décisions d’affaires.

Jean voulait être responsable de la vente de (Ce problème a été publié dans Entrepre-
leurs services à des compagnies de la région. News & Views et le texte est libre de droits
Georges gérerait le bureau, cherchant des de reproduction afin de pouvoir être utilisé
travailleurs au besoin, prenant les mesures dans les salles de cours. EntrepreNews &
nécessaires pour que ceux-ci soient conduits Views est publiée par le Consortium for
au travail et payés à chaque jour travaillé, Entrepreneurship Education, Columbus,
puis s’occupant de toute la paperasse admi- Ohio)
nistrative de l’entreprise.
Ce texte est disponible en anglais sur le Web
La seule entreprise concurrente dans la à l’adresse suivante : http://www.entre-ed.org/
région ne fournissait pas le transport vers le –teach/activitis.htm
travail et pour le retour à la maison et ne
payait pas ses travailleurs à chaque jour. Les Il a été traduit par François Belle-Isle de
bureaux de cette entreprise étaient situés Belle-Isle Traduction technique inc.
dans le centre-ville, à environ 6,5 kilomètres
de l’emplacement de Georges et de Jean.

À présent, ils veulent avoir votre avis sur leur


potentiel de succès de ce projet.

76 ANNEXE 2
ANNEXE 3

Un comportement éthique est


une sage décision d’affaires

L’éthique en affaires consiste à vous assurer si vos employés font la même chose. Les
que les plus hautes normes légales et morales membres de votre famille peuvent voir l’en-
soient observées lors de vos relations avec treprise comme la leur et prendre des choses
les gens dans votre milieu d’affaires. Cela qui appartiennent en fait à l’entreprise. Les
inclut la personne la plus importante pour employés peuvent percevoir cela comme
votre entreprise, votre client. Un profit à étant un acte malhonnête s’offrant à leurs
court terme réalisé aux dépens d’un client besoins d’une augmentation de salaire.
signe la mort à long terme de votre entre-
prise. La communauté s’attend à ce que votre en-
treprise œuvre de manière éthique, amélio-
Une bonne réputation en matière d’éthique rant ainsi l’image de la communauté dans son
bâtit la confiance des associés d’affaires et ensemble. Si votre entreprise est située dans
des fournisseurs envers votre entreprise. un centre commercial, par exemple, votre
De fortes relations avec les fournisseurs sont code d’éthique aidera ou nuira à la circula-
très importantes pour le succès de votre en- tion des clients pour les autres entreprises
treprise. Considérez les problèmes que vous également. Si vous avez la réputation de dire
pourriez avoir si vous ne pouvez pas fournir aux clients tout ce qu’ils veulent entendre,
ce dont le client a besoin… au moment où il peu importe la vérité, cela nuira éventuelle-
en a besoin. ment à votre entreprise et aux autres entre-
prises autour de vous. Bien qu’il ne soit pas
L’entrepreneur est un modèle pour ses em- illégal de mentir aux clients, ce n’est pas une
ployés. Si vous mentez à vos clients, prenez bonne pratique d’affaire.
de l’argent dans la caisse ou apportez à la
maison certains articles de l’inventaire ou des Le comportement éthique consiste tout sim-
fournitures, il ne faut pas vous surprendre plement à prendre de bonnes décisions

77
d’affaires en se basant sur un « code d’é- – La vérification de la marchandise reçue
thique » établi. Les entrepreneurs devraient des fournisseurs;
établir un code d’éthique et le mettre par – La nécessité de garder les lieux propres et
écrit de manière à ce qu’il puisse servir de libres de toutes substances ou germes
cadre pour les décisions que l’entrepreneur nocifs;
est ses employés doivent prendre. Lors de – Les problèmes de performance des em-
l’élaboration de ce code d’éthique, vous de- ployés;
vriez considérer les points suivants : – La vérité qui est due aux clients.
– Identifier les principes généraux qui con-
duisent à des pratiques d’affaires justes.
– Vérifier, auprès de votre association indus- Utiliser les habiletés de prise de
trielle, les normes de base à examiner. décision pour les décisions
– Prévoir que les questions éthiques n’ont éthiques
pas toujours une réponse unique et par-
faite. Les opérations quotidiennes d’une entreprise
– Écrire les énoncés spécifiques qui vous exigent que chacun prenne des décisions en
aideront, ainsi que les autres, à prendre tout temps. L’élaboration d’un code d’éthique
des décisions éthiques au jour le jour. et son application aux diverses situations
– Développer votre code d’éthique en une sont importantes pour que se crée une
politique écrite et en un manuel de procé- bonne image de votre entreprise en matière
dures identifiant les principales règles d’éthique.
d’opération de votre entreprise.
– Former vos employés (et les membres de Tenir compte de la manière dont le pro-
votre famille) à prendre des décisions cessus de prise de décision vous aidera à
éthiques concernant l’entreprise. améliorer le succès de votre entreprise :
1. Définir le problème exigeant une déci-
Votre code d’éthique s’appliquera à tous les sion. Nous sautons souvent aux conclu-
types d’opérations d’affaires, comprenant les sions sans même prendre le temps de cla-
points suivants. Quels autres points pouvez- rifier le problème.
vous ajouter à cette liste? 2. Considérer les autres solutions aux
– La manutention de l’argent et des chèques problèmes. Il y a toujours plus d’une solu-
des clients; tion à un problème. S’entraîner à penser
– La « négociation », sans permission, de aux diverses possibilités qui s’offrent à
prix spéciaux pour un ami; nous avant d’intervenir.
– L’acceptation de cadeaux de la part des 3. Identifier les conséquences des solu-
fournisseurs et des associés d’affaires; tions alternatives. Les entrepreneurs
– La vente de la marchandise endommagée doivent penser aux conséquences à court
– Les garanties sur les produits; et à long terme qui pourraient découler de
– Les politiques de retour de la marchandise leurs décisions.
achetée par les clients; 4. Chercher de l’information complémen-
– Le retour de la marchandise chez les four- taire si vous n’avez pas suffisamment d’in-
nisseurs; formation pour prendre une décision.
– Le vol à l’étalage; C’est ici qu’une politique de compagnie et
– Les procédures comptables des ventes au un guide de procédures peuvent aider les
comptant; employés à vérifier leur approche par rap-
– Le vol par les employés; port à un problème.
– La couverture d’assurance adéquate pour
protéger l’entreprise et ses employés;
– Le respect des promesses publicitaires;

78 ANNEXE 3
Activité de groupe Il a été traduit par François Belle-Isle de
Belle-Isle Traduction technique inc.
Demander à la classe de former de petits
groupes d’environ huit personnes afin de
travailler sur les idées relatives à l’éthique
lors de la prise de décision. Leur fournir de
l’information concernant l’entreprise servant
d’exemple lors de l’activité. Cela pourrait être
une entreprise locale, une idée de compagnie
de votre choix ou de leur choix, ou encore un
échantillon de plan d’affaires sur lequel ils
ont travaillé dans le cours. Demander à
chaque groupe de faire ce qui suit :
1. Identifier les problèmes qu’un entrepre-
neur pourrait rencontrer s’il dirige son en-
treprise de manière conforme à l’éthique.
2. Développer un code d’éthique en 10 points
applicable à l’entreprise.
3. Discuter, à propos de l’entreprise retenue,
de ce que devraient être les politiques et
les procédures conformes à l’éthique.
4. Identifier un maximum de problèmes
éthiques auxquels les employés pourraient
devoir faire face durant une journée de
travail normale. Discuter des solutions
possibles aux problèmes. Considérer la
manière dont un code de procédures pour-
rait aider les employés à prendre les
meilleures décisions.
5. Les membres du groupe devraient alors
faire un jeu de rôle durant lequel ils au-
raient à faire face à un problème éthique
avec un client, un fournisseur, un compéti-
teur et le fils du propriétaire. Discuter des
résultats de l’exercice de jeu de rôle. Si né-
cessaire, vous pouvez modifier votre code
d’éthique à ce stade-ci de la réflexion.
6. Chaque groupe devrait présenter son code
d’éthique à la classe et discuter des princi-
paux résultats de leur réflexion.

Source : PACE, Unit 13 Business Management. PACE est dis-


ponible auprès du Center on Education and Training for
Employment, The Ohio State University, Columbus, Ohio.

Ce texte est disponible en anglais sur le Web


à l’adresse suivante : http://www.entre-ed.org/
–teach/activitis.htm

ANNEXE 3 79
BIBLIOGRAPHIE

Atkinson, J.W., Personality, Motivation and Action : Selected Papers, New-York, Praeger, 1983.

Bandura, A., Self-Efficacy : Toward a Unifying Theory of Behavioral Change, Psychological Review,
vol. 84, no 2, 1977, p. 191-215.

Boutinet, J.P., Anthropologie du projet, Paris, Presses universitaires de France, 1990.

Danjou, I., Entreprendre – La passion d’accomplir ensemble, Paris, L’Harmattan, 2004.

Deci, E.L. et R.M. Ryan, The Support of Autonomy and the Control of Behavior, Journal of personality
and social psychology, 1987, 53, 1024-1037.

Filion, L.J., Pour une vision inspirante en milieu scolaire, 2e édition, Cap-Rouge, Les Presses Inter
Universitaires, 2005.

Filion, L.J., Tintin, Minville, l’entrepreneur et la potion magique, Montréal, Les éditions Fides, 1999.

Filion, L.J., Le champ de l’entrepreneuriat : historique, évolution, tendances, Cahiers de recherche HEC
no 97-01, janvier 1997.

Forner, Y., À propos de la motivation et de la réussite scolaire, revue Carriérologie, vol. 10, nos 1 et 2,
2005, p. 183-194.

Forner, Y., L’attitude motivée chez les lycéens de classe terminale : modèle, structure et variabilité dans
l’orientation scolaire et professionnelle, Paris, juin 1987, vol. 16, no 2, p. 131-150.

Groupe provincial de soutien pour une approche orientante (GPSAO), Rapport du projet pilote de
recherche-action en lien avec l’approche orientante pour les élèves en difficulté d’adaptation et
d’apprentissage, Université de Sherbrooke, juin 2004.

Inchauspé, P., L’école peut-elle cultiver le goût d’entreprendre chez les élèves?, Forum de la Fondation de
l’Entrepreneurship, Québec, octobre 2004.

Julien, P.A., et R. Jacob, La transformation du rôle de l’entrepreneur et l’économie du savoir, Revue


Gestion, vol. 24, no 3, 43-50, septembre 1999.

Kirzner, I., Competition and Entrepreneurship, Chicago University Press, 1973.

Marceau, D. et M. Gingras, L’école orientante : la nécessaire contribution de la communauté, p. 89 à 110,


dans Pelletier, Denis, Pour une approche orientante de l’école québécoise, Québec, Septembre éditeur,
2001.

Pelletier, D., L’approche orientante : la clé de la réussite scolaire et professionnelle, Québec,


Septembre éditeur, 2004.

Pepin, R. Concevoir et communiquer une vision, revue Gestion, vol. 30, no 2, 2005.

Perrenoud, P., Le projet personnel de l’élève, une fiction?, http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/


perrenoud/php_main/php_2001/2001_20.html, Genève, 2001.

Rabbior, G., Les jeunes et l’argent, Fondation canadienne d’éducation économique, Toronto, 1997,
http://www.cfee.org/fr/resmoneytoc.shtml .

Schumpeter, J.A., Théorie de l’évolution économique, Dallos, 1935.

Serieyx, H., Pour les jeunes : un viatique pour l’emploi, http://herveserieyx.nexenservices.com/


article.php3?id_article=57 , février 2004.

80

Potrebbero piacerti anche