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Bütschi, Danielle und Sandro Cattacin (1991). La maîtrise du Sida en Suisse: une analyse du réseau organisationel. Annual Project Meeting “Managing Aids” 10-12 July 1991. Vienna.
Bütschi, Danielle und Sandro Cattacin (1991). La maîtrise du Sida en Suisse: une analyse du réseau organisationel. Annual Project Meeting “Managing Aids” 10-12 July 1991. Vienna.
Bütschi, Danielle und Sandro Cattacin (1991). La maîtrise du Sida en Suisse: une analyse du réseau organisationel. Annual Project Meeting “Managing Aids” 10-12 July 1991. Vienna.
UNIVERSITE DE GENEVE FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES.
DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE
La maitrise du Sida en Suisse:
une analyse du réseau organisationnel
Texte présenté lors de l'Annual Project Meeting
"Managing Aids" & Vienne, 10-12 juillet 1991
Danielle Butschi et Sandro Cattacin’
‘Mar, 27 aofi 1991, deuxiéme version
ADRESSE: 102, BOULEVARD CARL-VOGT. 1241 GENEVE 4, suIBBE.ods
Liabsence, jusqu’a présent, de possibilités médicales pour soigner le Sida donne
aux politiques adoptées dans ce champ, ainsi qu'aux acteurs qui les réalisent, une
importance cruciale dans la lutte contre 1a diffusion de cette maladie. Il convient
donc de comprendre et d'analyser la mise en place et I'exécution de politiques
visant & maitriser un défi qui nécessite non seulement des efforts dans le domaine
médical, mais aussi dans les domaines de la prévention, des services sociaux, du
contréle, de la recherche et de 1a défense d'intéréts, domaines qui mobilisent de
nombreux acteurs. Cette analyse est un premier essai de compréhension du réseau
de ces acteurs, & savoir les institutions et organisations engagées dans Ia maitrise
du Sida (ou ASO, sigle anglais signifiant AIDS Service Organisation). Elle se
base sur des données récoltées lors de létablissement d'un inventaire des ASO en
Suisse.
Afin de dresser I'inventaire des institutions et organisations intervenant dans le
champ du Vih/Sida, nous avons envoyé environ 700 questionnaires faisant
référence aux caractéristiques de base des ASO. Ainsi, 318 ASO ont été
inventoriées en Suisse et dans la Principauté du Liechtenstein. Cet inventaire ne
prétend pas étre exhaustif. Certaines ASO situées a I'extérieur des réseaux
conventionnels propres au Vih/Sida ont pu échapper & nos recherches. Par
exemple, nous avons décelé la présence de l'association ADDEPOS Suisse
(reliée au Patriarche) seulement aprés avoir terminé l'inventaire, D'autre part, du
fait de la relative nouveauté du Sida, le syst8me organisationnel étudié est encore
en développement et I'analyse ne peut représenter qu'une image statique du
paysage des ASO en Suisse au début des années quatre-vingt-dix!, Depuis lors,
autres organisations exclusivement destinées A des activités Vih/Sida ont &té
formées (par exemple, I'Association des Personnes vivant avec le Sida et
Sid’accordo), quelques-unes ont connu des changements structurels
1Létablissement de Vinventaire s'est conclu en novembre 1990.2
considérables (notamment l'Aide Suisse contre le Sida), et certaines ont cessé
Jeurs activités (comme le Schweizerische Verein Frau und Aids).
Lianalyse suivante dépeint le paysage des ASO suisses et se base sur les données
récoltées lors de cet inventaire. Ces données, outre de dresser Ia liste des ASO en
Suisse, nous permettent de décrire I’évolution du réseau des organisations et
institutions actives dans le champ du Vih/Sida, ainsi que quelques-unes de ses
spécificités,
Le Sida en Suisse
En Suisse, cest en 1982 qu'ont été observés les premiers cas de Sida, Toutefois,
on a pu établir aprés coup la présence de malades du Sida dés 1980. Si l'on
considéze les statistiques, la progression de la maladie s'est accrue depuis 1988 &
‘cause de obligation pour les médecins de déclarer les cas de Sida parmi leurs
patients, Fin 1990, 1615 cas de Sida et 12'839 cas de séropositivité avaient été
déclarés. La Suisse est ainsi le pays européen le plus touché avec 240 cas de
Sida par million d'habitants.? Quant aux cofits directs engendrés par le
‘Vih/Sida, ils représentent en 1991 0.5% des dépenses du syst8me suisse de santé
(environ 100 millions de francs)‘,
La maladie sévit surtout dans les grandes agglomérations. Les cantons de Zurich,
Gendve et Bale, qui regroupent un quart de la population, enregistrent & eux-seuls
2Le test VIH se fait généralement de manitre volontaire, S'il a lieu dans des centres
bospitaliers, 'anonymat est garanti contrairement & Ia pratique des cabinets médicaux. D'autre
part, lors de entrée &I'smée, on peut dire que le test est obligatoire étant donné que les recrues,
doivent donner leur sang sur equel le test VIH est effectué,
37oute comparaison avec d'autres pays doit étre relativisée du fait que la Suisse a un systéme
de contrOle développé propre & un petit pays,
‘Chiftres estimés par Ia Commission fédérale pour les problémes liés au Sida (1990:28).3.
plus de 50% des cas de Sida déclarés. Le Vit/Sida touche en majorité les hommes
ayant eu des relations homosexuelles et les toxicomanes qui, ensemble,
représentent en 1990 plus de 80% des cas. Ces deux demitres années, il y a eu
une stabilisation du nombre de nouveaux cas. Le tableau 1 résume I'évolution de
la maladie selon différents groupes.
Tableau 1: Cas de Sida selon le groupe et l'année de déclaration (état au 31
décembre 1990)
“Année de déclaration
Groupe 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 TOTAL
1.Hommeshomo-fbisexuels] 8 15 40 65 88 152 180 181 729
2. Toxicomanes iv. - 1 7 i 48 129 179 185 560
3. Risques 1 et 2 to 1 1 4 2 8 12 1 BL
4. Hémophiles see Re 2 8 6
5. Receveurs de sang - 2s 1 2 8 5 7 B
6. Cas hétérosexuels 8 3 6 5 19 34 61 58 194
7 Enfants jusquaisans | - - 2 4 Lt 7 4 10 2
8. Incertains/autres 1 1 21 t 4 8 10 M37
TOTAL 18 21 57 93 164 348 455 459 1615
Source: Bulletin de !'Office fédéral de la santé publique 1991/1-2
Réactions au défi du Sida
La premiére réaction politique face au Vih/Sida remonte & 1983, lorsque le
Conseil Fédéral décide la mise en place d'une commission d'experts pour le Sida
dont la tache est de conseiller I'Office fédéral de la santé publique (OFSP) qui, de
son c6té, débute un programme d'information auprés des médecins praticiens sur
Ia nouvelle maladie.4
En 1985, le Conseil fédéral accorde un premier budget de 3.5 millions de francs
pour financer la recherche en matitre de Vih/Sida, L'année suivante, !'OFSP
entame ses activités destinées au public en distribuant une brochure d'information
A tous les ménages. En février 1987, la campagne STOP-SIDA débute. Elle est
axée sur Vensemble de 1a population et ponctuellement sur des groupes cibles.
Son objectif est d'informer, de modifier l'état d'esprit et les attitudes et de eréer
une solidarité envers les personnes touchées par le Vih/Sida (voir ISH 1988:29-
33; Francioli/Chave/Glauser 1988:215-218; Staub 1990).
‘A cété de TOFSP (parfois en collaboration avec I'OFSP), de nombreuses
organisations se constituent pour prendre en charge les différents problémes
posés par Ie Vih/Sida (@ cause de leur spécificité, ces ASO seront par la suite
qualifiées d'univalentes), alors que d'autres organisations et institutions déja
présentes dans la domaine social et/ou médical intégrent la problématique du
Vih/Sida dans leurs programmes existants (nous parlerons dans ce cas d'ASO
polyvalentes). Les activités réalisées le plus fréquemnment par ces différentes ASO
rellvent des services personnels et contiennent un aspect préventif déterminant.
Dans le tableau 2 montrant Ie pourcentage des ASO effectuant chaque activité, on
remarque que l'éventail des activités entreprises par les ASO couvre bien
ensemble du champ. On voit aussi que les sept activités réalisées le plus souvent
par les ASO tiennent des services personnels et que la dimension préventive y
joue un r6le important,“5.
Tableau 2: Pourcentage des ASO réalisant différentes activités VIH/SIDA
(plusieurs réponses possibles)
%
Rang/Activités (0318)
T. Conseils personnels (relations d'aide en face & face) rr
2, Soutien psychologique et soins aux personnes atteintes par le Sida 42
3. ‘Travail d'éducation ou d'information 39
4, Formation (de volontaires, de professionnels de soins de santé, etc.) | 31
5. Prévention relative Ala drogue 27
6. Ligne téléphonique d'urgence/d'information (hotline) 27
7. Renvoi vers d'autres organisations 26
8. Production de matériel d'information 25
9. Campagne d'information 24
10, Soins de santé 22
LL. Test volontaire et consultation Vih 20
12. Coordination et réalisation d'une politique en matitre de Sida 18
13, Conseils en matitre d'assurances/de bien-étre social 7
14. Recherche épidémiologique et sociale 3
15. Droits de l'homme et civiques/protection contre les discriminations 12
Repérage du Vih, test, identification, statistiques 12
17. Groupe d'entraide de personnes atteintes du Vih/Sida 10
18. Avis Iégaux 9
19. Pressions politiques 8
20. Service de soins & domicile 8
Récolte de fonds pour des programmes Sida et activités de soutien 8
22, Hospice, refuge, facilités dhébergement 6
23. Conitdle du sang et du plasma 5
Organisation, distribution de repas 5
25, Systéme de parrainage 4
Evolution du réseau des ASO en Suisse
Lvolution du nombre d'ASO passe par deux phases qui apparaissent dans la
figue 1. Aprés una phase d’évolution rapide du réseau jusqu'en 1987
(augmentation du nombre d’ASO de plus de 60%), une phase de fléchissement
s'amorce en 1988 (le taux de croissance des ASO passe de 42% en 1988 47% en
1990).6-
Figure 1: Evolution des ASO et des cas de Sida
cas ae Ste 7200480 tna
(n=147)
= cane
\—*— AsO total ead
L ico
‘0
a
EF F FS sate
Jusque 1983
La comparaison avec I’évolution des cas de Sida déclarés ne suffit pas pour
expliquer les phases de développement du nombre des ASO. Une telle
comparaison peut valoir pour la premidre phase od il est certain que
Yaccroissement rapide du nombre des ASO soit d@ a une réaction face
Vémergence de la maladie. Pendant cette période, le réseau passe par une phase
pionnitre pendant laquelle les fondements de la prise en charge du Vih/Sida sont
établis, Mais, dans la deuxitme phase, bien qu'il y ait une évolution constante et
rapide des malades, le taux de croissance des ASO diminue et le réseau semble se
trouver dans une situation de mise en place. Plusieurs explications peuvent étre
envisagées pour comprendre ce changement de tendance:
- le réseau couvre bien ensemble du champ du Vih/Sida et il n'a plus besoin
d'une grande expansion;
les financements publics ont cessé d'augmenter;
les antennes de I'Aide Suisse contre le Sida commencent & diversifier leurs
tfiches et A mieux s‘organiser mieux entre elles plutét que de créer de nouvellesorganisations;
= bien que le réseau ne croisse plus en ce qui conceme le nombre d'ASO, il
continue A augmenter suite & une croissance inteme des ASO.
Co€volution entre le secteur public et le secteur sans but lucratif
La réponse organisationnelle aux problémes posés par le Vih/Sida est venue soit
des services publics soit d'organisations privées sans but lucratif, ces demitres
représentant environ la moitié des organisations recensées. Fin 1990, on peut
compter 146 ASO publiques en Suisse. Dans ce chiffre, les prisons ne sont pas
comprises, bien qu'une douzaine d'entre elles aient des programmes Vih/Sida et
soient souvent intégrées dans le réseau des ASO (voir Harding et al. 1990). Nous
avons préféré ne pas les intégrer & I'inventaire car les réponses aux questionnaires
étaient souvent défaillantes. Parmi les 172 organisations récensées avec statut
privé, 162 sont sans but lucratif. Les 10 restantes sont des entreprises liées au
mouvement de lutte contre le Sida vendant des préservatifs, des industries
pharmaceutiques et des laboratoires privés®. Du fait de leur petit nombre, nous
n'en tiendrons pas compte dans I'analyse qui suit.
Sion observe T’évolution du nombre d'ASO en différenciant les organisations
ayant un statut public de celles avec un statut privé sans but lucratif, on n'apergoit
guére de différences, que ce soit du point de vue de la date de I'introduction de
programme Vih/Sida ou de la création de nouvelles organisations. La figure 2
montre une coévolution entre les ASO publiques et celles sans but lucratif dans la
prise en charge du Vih/Sida.
pour s'informer sur les activités de l'industrie pharmaceutiques en matitre de Vib/Sida voir
Parolini/Berabardt 1991.8
Figure 2: Evolution des ASO publiques et sans but lucratif
Gaia
= cares
80 I—e— Org. non-luer. 80
60 boo
c T T T T 0
i
Les différences les plus importantes entre le secteur public et le secteur sans but
lucratif se trouvent dans les activités que réalisent les différentes ASO, bien que
les différences soient moins marquées entre les organisations sans but lucratif’
intervenant dans plusieurs champs (organisations polyvalentes) et les services
publics, Pour montrer cette différenciation, nous avons regroupé les activités du
tableau 2 dans les catégories suivantes: prévention, soins de santé,
contréle/recherche, défense d'intéréts et récolte de fonds. Le tableau 3 présente le
pourcentage de services publics et organisations sans but lucratif (en faisant une
distinction entre les organisations polyvalentes et les organisations univalentes)
qui ont comme activité principale une activité entrant dans les catégories précitées.9.
Tableau 3: Répartition en pourcentages des ASO selon le secteur et la tiche principale
Sans but lucratir
Secteur Public
Univalent | Polyvalent
‘Tache principale % % %
+
Prévention 35 19 34
Soins de santé 47 28 45
bépitaux=21 pour drogués=25
Contrdle - Recherche 16 5 9
Défense d'intéréts 2 12 7
Récolte de fonds 1 37 1
Total bay 100 100
(n=146) (n=43) (n=111)
Dans le tableau, on voit que les services publics et les organisations polyvalentes
se concentrent dans les domaines de la prévention et des soins de santé. Pour les
soins de santé, ceci est da au fait que 21% des services publics actifs dans le
champ du Vih/Sida sont des hépitaux et qu'un quart des organisations
polyvalentes sont des centres de traitement et de consultation pour drogués.
Si de manidre générale les organisaitons sans but lucratif sont peu présentes dans
Ie domaine de la recherche et du contréle, les services publics s'y investissent
plus. Par contre, aucun service public ne définit son activité principale comme
étant de Ia défense d'intéréts, alors que 12% des organisations univalentes et 7%
des organisations polyvalentes se décrivent ainsi. Le réseau organisationnel dans
Ie champ du Vih/Sida est done caractérisé par une division des tiches entre les
‘ASO publiques et celles sans but lucratif, de méme qu'entre organisations
univalentes et polyvalentes.-10-
Lorsque l'on considére toutes les activités que réalisent les ASO, cette
différenciation fonctionnelle est aussi visible, quoique moins marquée, comme le
monte le tableau 4,
‘Tableau 4: Repartition en pourcentage des ASO selon le secteur et les activités (2)
5 ‘Sans but lucratif
Secteur Public
. % Univalent | Polyvalent
Activités (ride) | % (n=43) | % (n=111)
Prévention
(n=228) 2 86 8
Soins de santé 65
ae 0 88
Contréle - Recherche
(n=103) 47 28 20
Défense dintéréts
ffenss 7 65 32
Récoltg de fonds : 30 4
Le total des colonnes est supérieur & 100% car une seule ASO peut réaliser plusieurs
activités entrant dans différentes catégories.
Au vu de ce tableau, il est remarquable que le message préventif soit introduit
dans trois quarts des ASO, et cela de manire relativement égale entre les services
publics et les organisations sans but lucratif. Les soins de santé sont aussi des
activités caractérisant fortement les trois types d’ASO. Par contre, on constate que
les organisations univalentes donnent plus de poids au domaine de Ia défense
dlintéréts et & celui de Ia récolte de fonds que les autres ASO et que ce sont
principalement les services publics qui se concentrent dans le domaine du contréle
et de la recherche.-L-
La co€volution du secteur public et du secteur sans but lucratif ainsi que la
division du travail entre les ASO nous montrent que les organisations sans but
lucratif n'ont pas eu un réle promoteur dans la prise en charge du Vih/Sida. Cest
le secteur public qui a mis sur pied une structure de base pour la prise en charge
du Vih/Sida en se chargeant de toutes les taches liées au Vih/Sida, & l'exception
de la défense d'intéréts. Le secteur sans but Iucratif, quant & lui, s'est attaché &
compléter les lacunes de la structure établie par le secteur public,
Liinfluence du fédéralisme sur I'articulation du réseau
Bien que le Sida entre dans I'application de la loi fédérale contre les épidémies,
les cantons et les communes jouissent, grace & la structure fédérale suisse, d'une
large autonomie dans les domaines centraux pour la lutte contre le Sida, & savoir
a santé et l'éducation.
Crest ainsi que peu d'ASO sont A vocation nationale, La majorité dentre elles
(73%) se regroupent aux niveaux local et cantonal, seulement 20% interviennent
nationalement et 7%, en plus détre présentes au niveau national, ont un rayon
d'action international.
Cette autonomie des cantons se refléte aussi en partie sur les activités des ASO.
Le tableau 5 établit une différenciation entre les ASO ayant un rayon d'action
ocal/cantonal ou national ainsi qu'entre les activité présentes dans le champ du
‘VilSida. On y voit la distribution en pourcentages des ASO selon leur rayon
d'action et les activités qu'elles réalisent.12
‘Tableau 5: Activités des ASO locales/cantonale et des ASO nationales (8)
ASO
Activités Joc,/cant. | national
% %
|Activités principalement accomplies au niveau loc./cant.
Conseil personnels (relations d'aide en face & face) 50 24
Soutien psychologique et soins aux personnes atteintes par le Sida 47 4
‘Travail d'éducation ow d'information 41 31
Prévention relative & la drogue 31 18
Ligne téléphonique d'urgence/d'information (hotline) 30 15
Renvoi vers d'autres organisations (clearing) 30 5
Soins de santé 25 B
Groupe d'entraide de personnes atteintes du Vih/Sida 12 3
Service de soins & domicile 10 4
‘Organisation, distribution de repas 7 1
Systtme de parrainage 5 1
Activités accomplies au niveau loc./cant. ou national
Formation (de volontaires, de professionnels de soins de santé, etc.) | 30 33
‘Campagne d'information 26 19
Test volontaire et consultation VIH 21 15
Coordination et réalisation d'une politique en matitre Sida 19 15
Conseils en matidre d'assurances/de bien-étre social 19 uw
Droits de homme et civiques/protection contre les discriminations art 17
Avis légaux 9 8
Pressions politiques 7 12
Récolte de fonds pour des programmes Sida et ativités de soutien 8 9
Organisation/administration hospice, de refuge 5 8
Contréle du sang et du plasma 5 6
Activités plutét accomplies au niveau national
Production de matériel d'information 20 40
Recherche épidémiologique et sociale 9 23,
Repérage du VIH, test, identification, statistiques 9 18
(n=224) | (n=85)
4 Le total des colonnes est supérieur A 100% car une seule ASO peut réaliser plusieurs activités.
Quatre observations peuvent étre faites:
- En accord avec la structure fédérale, on constate que les ASO locales et
cantonales accomplissent toutes les activités relevant du champ Vih/Sida.
~ Les ASO locales et cantonales sont naturellement trés présentes dans le domaine
des services personnels & cause de 1a proximité de leur clientéle (conseils
personnels, soutien psychologique, travail d’éducation ou d'information,
prévention relative & la drogue, hotline, clearing, soins de santé, entraide, soins“13.
domicile, distribution de repas, parrainage).
- En ce qui conceme les activités ayant un aspect logistique, on voit que les ASO
nationales y participent aussi (formation, campagne d'information, test,
coordination politique, conseils techniques, défense d'intéréts, lobbying,
récolte de fonds, hospice, contréle du sang et du plasma).
- Au niveau des ASO nationales, la recherche et la production de matériel
d'information occupent une place importante. Pour ces activités, l'influence du
‘édéralisme est partiellement suspendue du fait que la Confédération, qui a
décidé d'occuper une position centrale dans le domaine de la recherche et de
information, ne peut généralement que financer des ASO nationales.
Le fédéralisme influence non seulement les activités des ASO, mais aussi la
xépartition territoriale. Seuls les cantons de Schwyz et d'Obwald n'ont aucune
ASO sur leur territoire, mais les problames lis au Vih/Sida de leurs ressortissants
sont pris en charge par des ASO des cantons limitrophes. Toutefois, des
différences existent quant au statut légal des ASO dans différents contextes: si de
manitre générale on assiste 2 une division des taches entre les ASO publiques et
sans but Iueratif, ce sont uniquement les institutions publiques qui garantissent la
prise en charge du Vih/Sida dans les cantons périphériques. Ceci est notamment
le cas pour les cantons d'Appenzel, de Glaris, de Nidwald et d’Uri.
La concentration de la population influence elle aussi la répartition des ASO. On
remarque ainsi que les cing plus grandes villes de Suisse (Zurich, Bale, Gendve,
Beme et Lausanne), dans lesquelles vit prés d'un septitme de Ia population,
abritent sur leur sol 104 ASO, soit environ un tiers de l'ensemble des
organisations et institutions intervenant dans le champ du Vih/Sida®,
Nous n'avons par contre pu observer aucune différence entre les régions linguistiques, ce qui
dénote Labsence de facteurs culturels dans le développement organisationnel en matidre de
Vib/Sida.-14-
On constate done que le fédéralisme conduit un type de prise en charge basé sur
des interventions locales et/ou cantonales. Méme si une division du travail existe
entre les différents niveaux territoriaux, celle-ci se fait de maniére partielle et a
pour conséquence un dédoublement des structures organisationnelles. Le
fédéralisme permet avant tout une homogénéité dans Ja distribution territoriale des
ASO et garantit ainsi I'existence de telles structures dans les régions
périphériques, bien que des concentrations d'ASO existent dans les centres
urbains.
Le réle des organisations univalentes dans le réseau des ASO
La spécificité du Sida influence de manidre décisive le réseau des ASO. Les
données récoltées montrent l'importance de la prise en charge du probléme par
des organisations fortement liges A leur base et spécialisées en matigre de
Vih/Sida. Le réseau organisationnel suisse compte en effet 43 organisations sans
but lucratif spécialement crées pour lutter contre le Sida et ses implications. Bien
quielles constituent une minorité des ASO, leur poids ne doit pas étre sousestimé.
En 1990, le total de leurs budgets a recueilli plus de onze millions et demi de
francs, De plus, prés de 200 professionnels sont engagés par de telles
organisations, aidés dans leur travail par environ 750 volontaires’.
Ces organisations univalentes se distinguent principalement des organisations
polyvalentes par leurs logiques de fonctionnement interne et exteme:
- En ce qui conceme la logique interne, les ASO univalentes sont plutdt des
organisations de membres chez lesquelles la logique de membre joue un role
‘important et peut limiter leur autonomie. C'est ainsi que si seulement 57% des
Avec ces chiffres, on peut extrapoler les ressources moyennes d'une ASO univalente comme
tant 274000 francs, 5 professionnels et 17 volontaires,-15-
organisations polyvalentes ont des membres, 76% des univalentes en ont.
- Une autre différence dans la logique inteme se voit dans le degré de
professionnalisation des deux types d'organisation. On trouve ainsi plus de
volontaires et moins de professionnels dans les organisations univalente que
dans les polyvalentes. En effet, les organisations univalentes comptent en
moyenne 23 volontaires pour 10 professionnels alors que les polyvalentes n'en
cont que 9 pour 10.
~ En ce qui conceme la logique exteme des organisations, & savoir leur impact sur
Tenvironnement, les organisations univalentes se différencient des.
organisations polyvalentes par un plus grand nombre d'activités publiques
(ligne téléphonique, production de matériel d'information et réalisation de
campagnes d'information) et politiques (coordination et réalisation dune
politique en matidre de Sida, protection des droits de Thomme et civiques et
pressions politiques). En effet, 79% des organisations univalentes ont des
activités publiques et 47% interviennent politiquement alors que ces chiffres,
pour les organisations polyvalentes, sont respectivement de 35% et de 25%.
Les demitres agissent done plus en retrait.
Nous estimons que c'est surtout en raison des spécificités des groupes
homosexuels que de telles différences existent au sein des organisations sans but
lucratif, Les homosexuels étaient en effet dotés déja avant l'apparition du Sida des
ressources de base leur permettant de se mobiliser et de s'organiser. La capacité
d'auto-organisation des homosexuels leur permet de dépasser le réle de client ou
de membre passif et de partager une réalité commune. En plus, nous pensons que
si les organisations univalentes ont connu un tel développement, c'est que les
organisations polyvalentes ne sont pas des structures de référence pour les
homosexuels car elles ne répondent pas & leur besoin de défense d'intéréts devant
Témergence de toute une série de comportements discriminatoires.-16-
Liintégration du réseau des ASO
Lorsque I'on considére les données récoltées lors de I'inventaire, on constate que
le réseau des ASO suisses semble bien intégré, Verticalement, les affiliations
entre les organisations sans but lucratif sont nombreuses. Horizontalement, une
Etroite collaboration s'effectue entre les diverses ASO et les acteurs centraux du
réseau,
Pour décrire I'intégration du réseau des ASO, plusieurs points peuvent étre mis
en évidence:
~ Les organisations sans but lucratif ont constitué un réseau structuré par des
affiliations. Plus de la moitié des organisations sans but lucratif sont en effet
affiliées a d'autres ASO.
- Pani les organisations affiliées, on constate que des liens privilégiés se
constituent entre ASO de méme type. En effet, 90% des organisations
univalentes affiliées le sont & des organisations semblables, et 86% des
organisations polyvalentes affiliées suivent la méme logique.
- Lintégration horizontale du réseau sé fait principalement autour de deux ASO, &
savoir I'Aide Suisse contre le Sida (ASS) et ! Office fédéral de la santé publique
(OFSP), ce qui leur donne un réle central dans la lutte contre le Sida. Nous
avons en effet compté 21% d'ASO collaborant directement avec I'ASS.
Toutefois, ce chiffre ne saurait traduire la réalité si ’on n'intégre pas 1a
collaboration indirecte, c'est-2-dire la collaboration avec les antennes cantonales
de 'ASS. Crest ainsi que I'on trouve que 61% des ASO collaborent directement
ou indirectement avec I'ASS. L'OFSP, & travers les commissions fédérales et le
Bureau central pour le Sida peut aussi se vanter d'une forte intégration dans le
réseau des ASO puisque 18% (n=318) des organisations collaborent
directement avec l'OFSP.
Sion considére le nombre d'affiliations entre les ASO et la bonne collaboration
autour des deux acteurs principaux qui, de surcroft, travaillent étroitement
ensemble®, on peut conclure A une bonne intégration des différents acteurs
5La campagne STOP-SIDA est menée conjointement par !OFSP et ‘ASS.-17-
intervenant dans la conception et la réalisation des programmes concemant le
-Vit/Sida, donnant ainsi une possibilité aux acteurs centraux de coordiner les
différentes interventions.
Conclusion
En guise de conclusion, on peut tout d'abord dire que face &l'importance prise
par le Vih/Sida en Suisse, la réaction organisationnelle a été rapide, autant du c6té
des organisations sans but lucratif que des institutions publiques. Aprés une
phase pionnidre, le nombre de nouvelles ASO intervenant dans le réseau semble
stagner, ce qui donne & nos observations un certain sens. Cest ainsi que I'on
peut notamment constater que les ASO se sont distribuées sur le territoire suisse
de fagon relativement homogéne.
‘Sion sintéresse plus particulitrement au role des organisations sans but lucratif
dans la prise en charge de la maladie, on s'apergoit que leur fonction a surtout été
de combler les lacunes laissées par les services publics. Toutefois, les
organisations univalentes en particulier ont dépassé ce réle par des interventions
publiques et politiques dont le potentiel de critique ne doit pas étre négligé. Cette
réaction a surtout été due aux risques de stigmatisation auxquels sont confrontés
les séropositifs et les malades du Sida ainsi que les homosexuels, qu'ils soient
fouchés ou non par la maladie. Mais ces différentes actions, plutét que de
discréditer leurs auteurs, ont conduit & une légitimité des organisations
‘univalentes aux yeux des institutions publiques n'hésitant pas a les considérer
‘comme leurs partenaires parm les organisations sans but lucratif. Cest ainsi que
YASS collabore non seulement avec 'OFSP, mais est aussi largement
subventionnée par la Confédération pour réaliser sa tache de coordination.-18-
Références
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publique, Aspects économiques de la maladie d'immunodéficience SIDA, in:
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