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CULTURE(S), LANGUES-CULTURES,
CULTURÈMES, ÉQUIVALENCES
Victor UNTIL
Université Libre Internationale de Moldova
The cultural diversity of the world highlights a distinctive opposition of the ways
of thinking, feeling, acting and of building their verbal expression. Being placed at the
confluence of linguistic and psychological, representing mental structures and elements of
the language, culturemes constitute a manifestation by excellency, characteristic to a
worldview of reality carving and of the cultural subjectivity.
Avoiding the neglect of the existing theories/researches in the modern
translatology, exceeding the “universals quarrel” of translation on the equivalences in the
case of culturemes in general, and of popular expressions in particular, we advocate a
dynamic and functional bipolar interconnectionism language-culture. This researche reveals
the three-dimensionality (Reality-Symbol-Imaginary) plenary expressed through the
dimensions of linguistic variation: of civilization, diachronic, semantic, diatopic, diastratic,
diaphasic (stylistic), functional which influences the strategies of translatology, ensuring a
genuine integrity and/or gearing of the languages and cultures, emphasizing and
conjugating the general, particular, singular and thereby profiling true linguistic-cultural
equivalences.
Key-words: cultural diversity, language-culture, culturemes, dynamic and
functional bipolar interconnectionism, linguistic variation, linguistic-cultural equivalence.
Défis de la culture
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fois des produits artistiques ou culinaires, des manières d’être, des façons de réagir
face à l’imprévu, des modalités pour forger du lien social, des rituels face aux
différents moments de l’existence, etc. La culture est donc un rapport au monde, à
soi et à l’autre, qui se traduit sous de multiples formes.
Dans le monde cosmopolite du XXI siècle, nous sommes plus que jamais
confrontés aux différences culturelles et nous sommes théoriquement beaucoup
mieux préparés à accepter la diversité que ne l’était le siècle passé. La cohabitation
culturelle est une question fondamentale, car le XXI siècle ouvre une ère nouvelle
où les problèmes de la mondialisation culturelle sont devenus des enjeux
incontournables. Les affrontements entre cultures explosent aujourd’hui dans des
conflits très violents et le choc des civilisations menace la survie même de
l’humanité. Toute la question, le grand défi, est de savoir comment nous
parviendrons à pacifier le rapport entre des cultures différentes. En même temps les
cultures continuent à s’identifier au niveau de leurs structures culturelles
spécifiques en profilant une vision du monde propre. Il n’existe pas un fonds
culturel commun, lié aux mêmes valeurs, au même modèle de rationalité, même si
on essaie de le délimiter on retombe vite dans les différences, pour ne pas dire dans
les antagonismes. Mais si dans les sciences naturelles l’antagonisme régulateur
(réel) constitue la référence fondamentale, l’approche compréhensive-explicative
des cultures devrait mettre en fonction un antagonisme adaptatif, qui conjoint les
contraires. L’étude étendue et approfondie des cultures pourrait nous conduire à la
possibilité d’entrevoir et de construire le système antagoniste des régulations
manquées, « faire jouer ensemble les trois perspectives de l'antagonisme ternaire :
multiculturel, interculturel, transculturel » (Demorgon 399), et d’intégrer
l’interculturel dans la perspective co-actionnelle et co-culturelle (voir Ch. Puren). Il
n’existe pas d’identité du moi sans l’identité de nous. L’approfondissement de la
connaissance de l’Autre ne peut aboutir à rien de bon par l’abandon de la pensée de
l’universel. Le postmodernisme avec ses dérives déconstructivistes et le règne
impérialiste du néo-libéralisme individualiste et relativiste, la mondialisation
politique, économique et culturelle impose le retour de l’anthropologie culturelle et
sociale pour répondre aux défis du XXI siècle.
Langues-cultures
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La complexité traductologique
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de celles dernières. Pour ce faire les seules compétences linguistiques du traducteur
ne suffisent pas. Il doit posséder des connaissances vastes, avoir des compétences
interprétatives et savoir manipuler les types d’interprétation. Bref, travailler sur la
traduction des cultures – comme l’affirme T. Cristea :
c’est non seulement se demander ce que l’on traduit, pourquoi l’on traduit,
comment on traduit, c’est aussi s’interroger sur les récits contemporains
de l’intraduisible et, par là, mettre en question la thématique de
l’incompatible, celle de l’original /originel et de la traduction /trahison.
Bref, traduire, c’est penser la culture comme rapport entre les cultures.
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culturelle différente. Définis par le caractère mono culturel, la relativité du statut
et l’autonomie par rapport à la traduction, la non traduction (in)volontaire des
culturèmes mène à un échange culturel et informationnel dissymétrique. L’effort
des chercheurs sur les rapports et apports des cultures (Cordonnier) de trouver des
relations réciproques bénéfiques proposant des méthodes, procédés/procédures
souvent voisines ou se chevauchant vont de la naturalisation/domestication extrême
(paraphrase, substitution, explication) à la plus grande exoticisation (emprunt
direct, transfert). Ainsi, Izir (1987) proposait 7 procédures ; Newmark (1988) – 8
méthodes et 15 procédures ; Hervey, Higgins (1992) – 4 ; Franco (1995) – 11 ;
Mailhac (1996) – 12 ; Mayoral (2000) – 7 ; Davie (2003) – 7 ; Chesterman – 30
stratégies ; Molino, Hurtado – 18 techniques de traduction etc. (voir Gambier)
Le quiproquo de l’équivalence
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domaine pragmatique (actionnel) sur le plan du discours et la perçoivent comme le
fruit de l’interaction entre le traducteur et son texte. De ce fait, l’opération
traduisante est considérée comme un processus dynamique de production et non
pas comme un simple processus de remplacement de structures ou d’unités
préexistantes dans une langue par celles d’une autre langue. L’équivalence idéale
serait donc celle qui, dans une situation d’asymétrie, permettrait au texte d’arrivée
de fonctionner ou d’avoir une utilité, un but pratique dans la culture réceptrice de la
traduction. Les théoriciens traductologues assurent avoir identifié plus de
cinquante-sept équivalences. Pourtant, les équivalences les plus souvent analysés
sont : linguistiques, paradigmatiques, stylistiques, sémantiques, formelles,
référentielles, pragmatiques, dynamiques et fonctionnelles. Il faut noter que ces
équivalences se placent sur des plans différents. L’équivalence linguistique, par
exemple, se place sur le plan de la sémantique, l’équivalence paradigmatique se
place sur le plan grammatical et l’équivalence pragmatique se place sur le plan
extralinguistique.
Dans le cas des expressions populaires l’équivalence fonctionnelle serait la
plus adéquate, parce que c’est le processus par lequel le traducteur recherche, dans
la langue d’arrivée, les éléments linguistiques, contextuels et culturels lui
permettant de rendre un texte qui peut être fonctionnel dans la culture réceptrice.
Le qualificatif fonctionnel doit être compris ici dans le sens pragmatique. C’est-à-
dire que le but du traducteur est de rendre un texte qui permet d’accomplir les
mêmes actes que le texte de départ. Pour y parvenir, le traducteur utilise souvent
des moyens parfois controversés. Traduire selon l’équivalence fonctionnelle
signifie accepter que la traduction soit une activité pouvant être qualifiée
d’analogique, dans ce sens qu’elle n’est pas une science comportant des termes
précis et univoques mais plutôt des termes approximatifs, à la rigueur équivalents,
et inégaux la plupart du temps. Les proverbes et les expressions idiomatiques
fournissent de bons exemples d’équivalence fonctionnelle. L’équivalence ne doit
pas être recherchée dans les éléments linguistiques du proverbe ou de l’expression
idiomatique, ni dans la phrase en soi, ni dans les images contenues dans cette
dernière, mais plutôt dans la fonction (la pragmatique) du proverbe ou de
l’expression idiomatique. Le proverbe ou l’expression idiomatique de départ est
remplacé par une expression dans la langue d’arrivée ayant les mêmes fonctions
dans la culture réceptrice. Le processus employé dans ce cas est le remplacement
d’un signe de la langue de départ par un signe de la langue d’arrivée. Traduire est
un processus qui va au-delà du simple remplacement des éléments lexicaux et
grammaticaux d’une langue par ceux d’une autre langue. L’atteinte de
l’équivalence peut, en fait, comprendre „la perte” d’éléments linguistiques de base
présents dans le texte de départ, auxquels se substituent des éléments linguistiques
de la langue d’arrivée ayant une fonction équivalente. Cela veut dire que dans sa
recherche de l’équivalence fonctionnelle, le traducteur s’éloigne de l’équivalence
linguistique, en usant et chevauchant divers procédés accommodatio : de
reformulation, de l’adaptation, de la modulation etc. pour pouvoir tenir compte de
la différence entre les réalités culturelles de chaque société et exprimer le même
effet, impliquant souvent une restructuration grammaticale, sémantique et
stylistique laissant intacte le constituant fondamental (le signifié) de l’unité de
traduction.
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La complexité des expressions populaires
Application traductologique
C’est justement ce que nous avons essayé de réaliser dans le cadre des ateliers de
traduction avec les étudiants, ainsi que dans quelques mémoires de licence, en
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exploitant dans des buts traductologiques l’anthologie de Claude Duneton La puce
à l’oreille. Anthologie des expressions populaires, qui a le mérite d’avoir exploré
en profondeur les dimensions civilisationnelle, diachronique, sémantique,
diatopique, diastratique, diaphasique (stylistique), fonctionnelle qui influencent
pleinement les démarches traductologiques. Organisées dans 3 chapitres
thématiques : Les plaisirs (105 expressions) ; Les institutions (79 expressions) ; La
vie et les jours (73 expressions) et « décortiquées » par l’auteur, les expressions
populaires constituent un matériel précieux pour l’analyse culturaliste et
traductologique. Bien sûr, la grande majorité des expressions se retrouvent dans les
sources lexicographiques existantes. Pourtant, dans le corpus du livre on pourrait
dégager des expressions populaires françaises qui ne se retrouvent pas encore dans
les sources lexicographiques. Par exemple : 4 des 19 expressions du chapitre La vie
et les jours (p. 275), de la rubrique Les us et les coutumes (p. 279) ne se retrouvent
pas dans le dictionnaire phraséologique français-roumain et roumain-français de E.
Gorunescu, édition Teora, 2005 : tomber en quenouille (ne pas confondre avec
l’expression tomber en grenouille présente dans le dictionnaire) ; sans feu ni lieu ;
un nom à coucher dehors; passer à tabac. La sitowebographie actuelle permet la
consultation en ligne des diverses sources et facilite la pénétration linguistico
culturelle presque de tout le trésor de la langue française. La démarche
traductologique conseillée à suivre c’est construire une compréhension complexe,
basée sur les dimensions énoncées plus haut pour pouvoir procéder à la recherche
de l’équivalent cible, qui demandera à son tour l’implication totale ou partielle des
dimensions de la variation linguistique déjà de la langue cible. Faute d’espace nous
tâcherons d’exemplifier notre approche par un seul exemple, le plus significatif,
qui n’a trouvé que partiellement son équivalent dans les sources
lexicographiques de langue roumaine :
Tomber en quenouille :
Le sens initial de la locution, au XVIe siècle, était passer, par succession, dans la
propriété d'une femme. Si déjà, la signification première est quelque peu misogyne,
son évolution ne l’est pas moins. En effet, si un domaine tombait en quenouille,
expression méprisante, c’est parce qu’il aboutissait dans des mains tout juste
bonnes aux travaux ménagers, dont le filage de la quenouille, le mot ayant, par
métonymie, désigné ensuite la matière textile qui entourait l’extrémité de la
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quenouille (le bâton lui-même). Puis, si le domaine était laissé à l'abandon ou s'il
perdait de la valeur (sens actuel depuis le début du XXe siècle), c'est bien parce
que la femme qui en avait hérité était incapable de s'en occuper correctement (sous-
entendu : comme toute femme qui se respecte).
Après avoir décortiqué l’expression d’après les sources, qui sont d’ailleurs
nombreuses et permettent non seulement d’établir l’équivalent sémantique (le
signifié, le sens dénotatif (neutre) : 1) a trece prin mo tenire în posesie feminin ;
2) a fi l sat uit rii, abandonului, a pierde din valoare, din for , a se periclita, mais
aussi l’exploration multidimensionnelle (la variation linguistique mentionnée plus
haut), dans notre cas ce seront les dimensions civilisationnelle,diachronique,
sémantique, diastratique, diaphasique (stylistique), fonctionnelle.
Cette exploration ouvre le passage à la deuxième étape – la négociation
interculturelle de l’équivalent en utilisant un interactionnisme des mêmes ou
diverses dimensions de la langue cible. Ainsi, utilisant les variations linguistiques
civilisationnelle, sémantique, diatopique et/ou diastratique, diaphasique
(stylistique), fonctionnelle on pourrait proposer les équivalences suivantes :
Conclusions
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propre à une culture qui ne se retrouve pas nécessairement dans une autre
remplissant deux fonctions : transmission d’information et transfert/inter
trafic culturel.
Les dimensions de la variation linguistique : civilisationnelle,
diachronique, sémantique, diatopique, diastratique, diaphasique
(stylistique), fonctionnelle contribuent à l’émergence des
dénotations/conotations et influencent pleinement les démarches
traductologiques sur les culturèmes.
Le transfert des culturèmes devrait suivre, selon nous, une approche
interconnexioniste dynamique et fonctionnelle bipolaire mettant en valeur
la tridimensionnalité du langage (Réalité, Symbole, Imaginaire) pour
assurer une véritable intérité et/ou engendrement réel des langues et
cultures, en distinguant et en conjuguant ce qui leur est particulier, général
et singulier et qui pourrait faire émerger des véritables équivalences
linguistiques et culturelles.
Références bibliographiques
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---. Contextul extralingvistic în traducerea culturemelor. Cazul limbilor francez i
român . Tez de doctorat, Coordonator prof. univ.dr. Ileana Oancea. Timi oara:
Universitatea de Vest din Timi oara, 2003.
Sitowebographie:
www.expressio.fr/
fr.wiktionary.org/wiki/tomber_en_quenouille
dictionnaire.reverso.net/francais.../tomber%20en%20quenouille
www.expressio.fr/expressions/tomber-en-quenouille.php
www.mon-expression.info/tomber-en-quenouille
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