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Résumé
Les clérouques athéniens du Ve s. semblent avoir été non pas des colons définitivement établis dans des cités
dépeuplées, mais des garnisaires installés provisoirement dans des cités sans défense. Le kléros était pour eux
l'équivalent d'une solde. Dans le cas de Lesbos, les clérouques sont restés dans l'île jusqu'en 405.
Gauthier Philippe. Les clérouques de Lesbos et la colonisation athénienne au Ve siècle. In: Revue des Études Grecques,
tome 79, fascicule 374-375, Janvier-juin 1966. pp. 64-88;
doi : https://doi.org/10.3406/reg.1966.3859
https://www.persee.fr/doc/reg_0035-2039_1966_num_79_374_3859
magistrats (14). Tel est le cas, par exemple, de Lemnos. Or, pour
se limiter à cet exemple, il est tentant de penser que l'établissement
d'Athéniens à Lemnos au ve siècle se définissait déjà par des
caractéristiques analogues, mais qui étaient peut-être beaucoup
moins nettement précisées. Quoi qu'on puisse penser de cette
évolution juridique, un fait paraît certain : de tels établissements
aux yeux d'Hérodote et de Thucydide constituent des άποικίαι,
et sont mentionnés comme telles, ou par des expressions qui
évoquent nettement des άποικίαι. C'est le cas pour Lemnos, Skyros,
Histiée après 446, Égine, Potidée après 429, Mélos après 416 (15).
Or il n'est pas douteux qu'Isocrate pense à ces cités lorsqu'il évoque
dans le Panégyrique, à propos du ve siècle, τας κληρουχίας ας ήμεΐς
εις τας έρημουμένας των πόλεων... έξεπέμπομεν [Panég. 107). Les
cités « désertées » par leurs habitants, que les Athéniens ont occupées
— ce qui leur suscite des reproches violents encore en 380 — , ce
sont celles dont les Athéniens ont expulsé les habitants,
principalement au cours de la guerre du Péloponnèse (16). Isocrate écrit
(14) Sur tout ce qui concerne les clérouquies athéniennes au ive siècle, cf.
l'excellente étude de F. Gschnitzer, Abhàngige Orte im griechischen Altertum,
Munich (1958), p. 98-112. L'auteur souligne avec raison qu'on ne peut appliquer
aux clérouquies du ve siècle ce qu'on sait sur celles du ive. Cette confusion
est au contraire le seul défaut des études classiques et par ailleurs excellentes
de Schulthess, Pauly-Wissowa, VI (1921), s.v. κληροΰχοι col. 814-832, et de
Busolt-Swoboda, Gr. Staalskunde II2 (1926), p. 1271-1280.
(15) Pour les expressions employées par Thucydide (άποικοι, έποικοι,
οι τότε Αϊγιναν εΐχον, αυτοί την γην έ*σχον) je renvoie à l'étude d'Ehrenberg
citée à la note 13. Le passage le plus important est celui du livre VII, 57, 2 :
Lemniens, Imbriens, Éginètes et Histiéens sont tous rangés dans la catégorie
des άποικοι. — Pour Lemnos, on peut ajouter Hérodote, VI, 140 (την Λημνον
εσχον Αθηναίοι). Les Lemniens combattent à Salamine dans les rangs perses,
à l'exception d'un seul : Άντίδωρος Λήμνιος qui avec son navire rejoint le
camp des Grecs (VIII, 11). Cet épisode montre que les Lemniens ne sont pas
citoyens athéniens, cf. Graham, op. cit., p. 176-7. Le paiement du tribut impose,
pour la période suivante, la même conclusion.
(16) Isocrate se garde bien, naturellement, de citer, les exemples défavorables
à Athènes. Il ne cite ni Égine, ni Mélos (cf. au contraire Xénophon, Hell. II, 2, 9
et 10), mais l'Eubée et Skioné. Cette dernière, parce que les Athéniens, après
avoir supprimé ou expulsé toute la population, ont fait don du territoire aux
Platéens (Thucydide V, 32, 7), ce qui pouvait paraître une preuve du
désintéressement des Athéniens. L'exemple montre néanmoins qu'Isocrate songe à des
cités qui avaient reçu une nouvelle population, donc à des cas analogues à celui
d'Ëgine ou de Mélos. A propos de l'Eubée, Isocrate dit que malgré la richesse
de l'île, les Athéniens n'avaient fait aucun mal aux habitants. C'est oublier
au moins le sort d' Histiée en 446. Mais Isocrate aurait-il eu la maladresse de
LES CLÉROUQUES DE LESBOS ET LA COLONISATION ATHÉN. AU Ve S. 69
(20) Cl". I<; il2 42, encore que l'interprétation en demeure très incertaine
(voir Graham, op. cit., p. 170-2), ainsi que la datation (cf. H. B. Mattingly,
Athens and Huboea, Journ. [fell. Stud. LXXXI (1961), p. 124-132).
(21) C'est ainsi du moins que je comprends le texte, à la suite, notamment,
de Foucart et de Swoboda. Julien écrit (Histoire Variée, VI, 1) : 'Αθηναίοι
κρατήσαντες Καλχιδέων κατεκληρούχησαν αυτών την γην ες δισχιλίους κλήρους,
την Ίππόβοτον καλουμένην χώραν, τεμένη δέ άνηκαν τη ' Αθήνα εν τω
Αηλάντω όνομαζομένω τόπω, την δέ λοιπήν έμίσθωσαν. Je traduirais ainsi :
« L'ayant emporté sur les Chalcidiens, les Athéniens divisèrent le sol en
deux mille lots dans la région qu'on appelle Ilippobotos : ils consacrèrent à
Athéna des enclos dans l'endroit appelé Lélanton ; et ils louèrent le reste ». —
.1. Labarbe, up. rit., p. 148, propose une traduction différente, en s'appuyant
sur le δέ répété ( — « d'autre part, ils accordèrent des enclos à Athéna... d'autre
part enfin ils louèrent le reste »). De la sorte, pour Labarbe, c'est tout le territoire
de Chalcis qui aurait été asservi : il aurait formé trois catégories : 1° les deux mille
lots distribués à des clérouques ; "2° les lèmënè d 'Athéna ; 3° tout le reste, « objets
de μισθώσεις et constitués en domaines d'Etat» (p. 151, note 2). Il est vrai
que la traduction à laquelle je me rallie s'accommoderait mieux d'un τεμένη
μέν άνηκαν..., την δέ λοιπήν έμίσθωσαν. Mais celle de Labarbe, elle aussi,
réclamerait un μέν après κατεκληρούχησαν. D'autre part, Labarbe lui-même concède
([ne les lèménï: lélantins devaient se trouver dans Γ'Ιππόβοτος χώρα. Par
conséquent le δέ n'a pas valeur d'opposition avec ce qui précède ; et τήν λοιπήν
peut s'entendre de Γ'Ιππόβοτος χώρα également. Enfin on ne voit pas comment
les Chalcidiens auraient pu eu même temps payer des redevances sur toutes
leurs terres aux Athéniens et figurer sur les listes des tributaires avec un φόρος
de trois talents. C'est pourquoi, tout en croyant comme Labarbe que le texte
d'Élien se rapporte à 446 et non à 506, je n'admettrai pas le principal argument
de sa démonstration (p. 151-2), à savoir que les deux textes «s'opposent pour
l'essentiel : le processus et la portée de la confiscation. Chez Hérodote, la
mesure vise les grandes propriétés, détenues par les Hippobotes. Chez Élien,
elle s'applique à tout le territoire rural »... etc. (p. 151). — Sans doute la cité
de Chalcis fut-elle tenue pour collectivement responsable de la révolte. Mais
cela ne signifie pas que le châtiment toucha également tous les Chalcidiens.
On est bien obligé de constater la différence de traitement entre Chalcis et
Histiée. Ici, toute la population fut supprimée ou expulsée. Là, seuls les
principaux responsables furent victimes de la répression, et une partie des
terres confisquée (dans ce sens, Plutarque, Per., 23, 4). Aristophane (Nuées
203) fait sans doute allusion à l'Eubée, cf. vers 211-213,
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long. Dans ces conditions, on lui compte quatre oboles par jour ;
c'est la règle qui est posée dans le traité de 420, et qui est
implicitement contenue dans le texte relatif aux mercenaires thraces :
ils coûtent plus cher que les citoyens (28). Seuls les Égestains,
alliés qui se veulent fastueux, offrent une drachme par jour en 415.
Mais ce fut vraisemblablement l'affaire du ou des premiers
mois (29). On revint ensuite aux quatre oboles, et enfin, à partir
de 413, à trois oboles.
En définitive, que ce soit avant 431, lorsque les campagnes
duraient huit mois, ou pendant la guerre du Péloponnèse, les
hoplites comme les rameurs perçoivent un peu plus de deux mines
par an, ou, à partir de 413, tout juste deux mines. Ce n'est guère
plus que le minimum vital, c'est pourquoi le revenu annuel de
deux mines marque la limite entre ceux qui peuvent subvenir à
leurs besoins et... les autres (les thètes).
Ainsi les deux mines perçues par le clérouque de Lesbos —- que
le chiffre soit arrondi ou non par Thucydide — correspond à peu
près à la solde de l'hoplite (30). Il est peu vraisemblable que les
(28) Thuc. VII, 27, 2. Je cite la phrase essentielle : το γαρ εχειν προς τον εκ
της Δεκέλειας πόλεμον αυτούς πολυτελές έφαίνετο · δραχμήν γαρ της ημέρας
έκαστος έλάμβανον. Mme de Romilly et L. Bodin (Coll. Univ. de France)
traduisent : « Les conserver, avec la guerre de Décélie, apparaissait trop
onéreux ; leur solde était, en effet, d'une drachme par homme et par jour. »
Étant donné la construction (έχειν et αυτούς encadrant προς τον πόλεμον)
et le contexte (ils devaient accompagner Démosthène en Sicile ; ils arrivent
trop tard ; à quoi va-t-on pouvoir les employer ?) je crois qu'il vaut mieux
traduire : « Les garder pour la guerre de Décélie apparaissait trop onéreux. »
On ne s'était sans doute résigné à les embaucher qu'à cause de l'absolue nécessité
d'envoyer des renforts en Sicile.
(29) Cf. un arrangement du même genre en 412. Tissaphernès fait verser
aux équipages péloponnésiens 1 drachme par jour pendant le premier mois,
3 oboles ensuite (Thuc. VIII, 29, 1).
(30) Étant donné la rareté de nos informations, je ne crois pas qu'on puisse
préciser davantage. Il est cependant tentant de relever le εκάστου τοϋ ένιαυτοϋ
de Thuc. Ill, 50, 2. Ένιαυτός désigne une période comptée à partir d'un point
du temps quelconque (l'année qu'accomplit un magistrat par exemple ; cf.
Λ. Wilhelm, "Ετος und Ένιαυτός dans les Sitz. ber. Akad. Wien, Phil,
hist. Klasse CXLII (1900), p. 1-14), mais ne désigne pas nécessairement l'année
de 365 jours (cf. encore un exemple dans Thuc. III, 68). Dans l'inscription de
Pergame relatant l'accord intervenu entre Eumène et ses mercenaires (OGJS
266) il est prévu que Γένιαυτός sera de 10 mois (1. 4-6). Commentant cette
inscription, M. Launey, Recherches sur les armées hellénistiques II, p. 723 sq.
estime que le temps de service de 10 mois — attesté aussi en Egypte ptolé-
maïque — était une coutume déjà en usage au ive siècle. Si je rappelle ces faits
LES CLÉROUQUES DE LESBOS ET LA COLONISATION ATHÉN. AU Ve S. 77
il propos de Lesbos, c'est que t oboles pendant 10 mois font exactement 2 mines.
— Mais il va de soi que le retour périodique à Athènes, pendant 2 mois par an,
de près de trois mille hommes, n'était pas une mince affaire, et que ce n'est
guère compatible avec un service de garnison. Ce dernier point, il est vrai,
fait également difficulté pour les mercenaires de la période hellénistique.
(31) On ne peut pas savoir exactement comment s'effectuait le tirage au
sort (cf. λαχόντας) des clérouques. On pense d'abord qu'il ne concernait que
les thètes. Il fallait donc leur fournir leur équipement et espérer qu'ils n'auraient
pas à soutenir de luttes avant d'avoir accompli un minimum d'entraînement.
Il est plus facile d'imaginer les thètes partant dans les άποικίαι que dans les
garnisons. Comme le suggère le texte d'Hérodote cité plus haut, il est probable
que celles-ci étaient formées — au moins pour partie — de citoyens déjà
hoplites. Les deux mines qu'ils reçoivent ne représentent qu'une indemnité.
Il ne suffisait certainement pas de percevoir une solde de deux mines par an
pour être inscrit sur le catalogue des hoplites. Les thètes qui servent comme
rameurs perçoivent cette somme et restent des rameurs. La fin de la guerre
les rend à leur condition première.
(32) Je parle de deux cités, quoiqu'il y ait en fait, d'un côté les Athéniens,
de l'autre non seulement les Mytiléniens, mais les gens d'Antissa, d'Érésos, de
Pyrrha. Dans le récit de Thucydide, il n'est pas toujours aisé de distinguer ce qui
concerne uniquement les Mytiléniens et ce qui se rapporte aux Lesbiens révoltés
des quatre cités. Toutefois le rôle prédominant des Mytiléniens ne fait pas de
doute ; ce sont eux qui en 428 ont voulu contraindre les habitants des autres
cités à ξυνοικίζειν εις τήν Μυτιλήνην (III, 2, 3). C'est pourquoi les Athéniens
ne s'occupent en 428 Π que de Mytilène, Une fois la ville prise, la résistance
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cesse. Il suffît à Pachès d'envoyer quelques trières à Antissa (III, 28, 3), puis
à Pyrrha et Érésos (III, 35, 1) pour se rendre maître de cités certainement
sans défense. Aussi, bien que les kléroi fussent découpés sur le territoire des
quatre cités révoltées et que parmi les δυνατοί mis à mort il y eût certainement
des représentants des quatre cités, Cléon et Diodotos n'ont en vue dans leurs
discours que les Mytiléniens.
(33) Cf. Gomme ad II, 13, 3 et II, 47, 1.
(34) Quoiqu'ils ne soient pas eux-mêmes tout à fait prêts. Les manœuvres
des Méthymnéens et des proxènes d'Athènes les obligent à découvrir leur
position et à entrer en guerre plus tôt que prévu (III, 2, 1). Mais le contexte
(attente des renforts du Pont ; achèvement des fortifications ; attente des
Péloponnésiens) montre qu'ils n'avaient plus besoin que d'un délai de quelques
semaines ou de quelques mois.
LES CLÉROUQUES DE LESBOS ET LA COLONISATION ATHÉN. AU Ve S. 79
(35) II est remarquable que les trois grandes îles « autonomes » (Chios,
Samos, Lesbos) semblent avoir connu (jusqu'à la guerre du Péloponnèse au
moins) des régimes aristocratiques, appuyés sur des sociétés rurales et
conservatrices. Le lien qu'on établit volontiers entre le développement de la
démocratie et l'importance de la guerre sur mer paraît n'exister qu'à Athènes (il est
de toutes façons très équivoque), cf. Beloch, Gr. Gesch. II2, p. 134.
(36) C'est le schéma classique de la fin d'un régime oligarchique. En cas de
guerre, ou bien les άριστοι s'en remettent à des mercenaires, mais ils risquent
d'être victimes de leur chef ; ou bien ils arment le peuple, et c'est la fin de leur
domination ; cf. Aristote, Politique, V, 1306 a,
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(39) Sur le remboursement de la dette samienne, cf. Ath. Trib. Lists III,
p. 334-5. On ne connaît pas exactement le montant global de l'indemnité (les
1200 talents indiqués par Isocrate, Échange 111, ne sont qu'une approximation).
Les auteurs des A.T.L. proposent 1300 talents versés en 26 annuités de
50 talents ; ce qui mène jusqu'à 413. Cf. aussi Gomme, ad III, 13, 3.
(40) Cf. φόρον μέν ούκ 2ταξαν Λεσβίοις, κλήρους δέ ποιήσαντες...
LES CLÉROUQUES DE LESBOS ET LA COLONISATION ATHÉN. AU V S. 83
(43) Qu'il soit riche, cf. les § 39, 63, 76 du discours d'Antiphon. Euxithéos
semble appartenir au milieu des δυνατοί (ce qui confirmerait implicitement
la mention des αίτιώτατοι de Thucydide : seuls les plus coupables ont été
exécutés en 427, et parmi les autres certains ont pu rester). Il est dit au § 75
que ses accusateurs ont calomnié son père. Euxithéos avoue qu'il aura grande
peine à répondre à ces calomnies, parce qu'il devra invoquer des faits qu'il
était trop jeune pour connaître. On critiquait donc l'attitude qu'avait eue le
père d'Euxithéos en 428-7. Un procès comme celui-là montre bien quelle était
la méfiance entourant les δυνατοί après 427. Ce n'est pas non plus un hasard
si Euxithéos est défendu par un homme comme Antiphon.
(44) Cf. par exemple Dittenberger, ad loc. (n. 4).
(45) Dans ce sens Meritt, loc. cit.
LES CLÉROUQUES DE LESBOS ET LA COLONISATION ATHÉN. AU V* S. 85
tout danger ait disparu pour les Lesbiens après 424, même de la
part des aristocrates bannis. Le discours d'Antiphon auquel il a été
fait allusion plus haut, et qui est certainement postérieur à 424 (46),
mentionne encore la présence hostile, sur le continent, des
Mytiléniens bannis (47). Deuxièmement, le décret IG I2 60 ne
concerne que les Mytiléniens, et non l'ensemble des Lesbiens.
Faudrait-il supposer que certains clérouques soient partis, d'autres
restés (48) ? Troisièmement enfin, si tous les clérouques sont partis,
il n'en reste pas moins que les Lesbiens continuent à faire partie
de Γάρχή. Que signifie l'autonomie? Les Lesbiens devraient-ils
comme par le passé fournir des navires? Il n'en est question nulle
part (Thucydide en VII, 57, 5 mentionne les seuls Méthymnéens),
et la perte des cités de la Pérée rendait de toutes façons difficile
la reconstitution d'une Hotte. Par conséquent, l'autonomie qui est
accordée est à usage interne. Et il faut bien admettre que les
Lesbiens, dans l'hypothèse où les clérouques sont partis, devraient
se retrouver parmi les cités tributaires. Or ils ne figurent pas dans
la liste de 424, contrairement aux cités de l'Aktè (49), et ils ne sont
pas représentés dans l'expédition de Sicile, contrairement aux
Méthymnéens.
En définitive, cette hypothèse me paraît susciter beaucoup
plus de difficultés qu'elle n'en résout. Et il est plus simple, en ce
qui concerne l'inscription /(/ I2 60, de penser qu'elle traite du
règlement définitif des affaires de Mytilène en 427/6, lequel
comportait la remise des terres confisquées (et divisées) aux
habitants contre le versement des deux mines à chaque clérouque.
C'était peut-être en même temps favoriser le peuple, en lui accordant,
contre redevance, l'usage de terres qui avaient appartenu jusque-là
aux δυνατοί (50).
(VIII, 23, 6). On ne peut donc voir dans l'indication du chapitre 100
une allusion à une garnison installée depuis peu. De sorte que,
pour interpréter le récit relatif aux événements de 412, on est réduit
à l'alternative suivante : ou bien les garnisaires athéniens ne sont
pas mentionnés par Thucydide parce qu'ils ne jouent qu'un rôle
secondaire dans ces événements (53) ; ou bien ils n'étaient pas
présents à Lesbos à ce moment-là, pour une raison inconnue, mais
sont de nouveau en place à la suite de la reconquête athénienne (54).
Enfin, en 406, Gallicratidas s'empare de Méthymna, et Xénophon
signale que ce fut en dépit de la résistance de garnisaires athéniens.
Après sa victoire, le chef péloponnésien relâche les Méthymnéens
de condition libre, mais fait vendre les Athéniens (55).