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Dans _Hérodiade_, M. Massenet a voulu faire de la couleur locale. Il y


a si bien réussi, qu'à la nouvelle d'une représentation projetée de
l'ouvrage à Londres, les Anglais se sont empressés de protester contre
la manière dont l'histoire sainte y est travestie. M. Gye, directeur
du théâtre de Covent-Garden, a déclaré aussitôt qu'il avait fait
remanier la pièce et réadapter la musique, de manière à ne rien
laisser de choquant pour les croyances religieuses de son public; le
_Times_ a enregistré la déclaration de M. Gye, comme il avait publié
les réclamations.

Dans la scène du temple, M. Massenet fait chanter quatre mots hébreux


qui, pour les auditeurs étrangers à cette langue, signifient: _Tradi
oun Marexil_. Au moins aurait-il dû conserver le texte intégral.
Toutes les cérémonies religieuses israélites commencent par le chant
d'un verset du Deutéronome contenant une profession de foi
monothéiste. M. Massenet a mutilé le verset qui, cependant, ne
comprend que six mots, et il a pratiqué une répétition de paroles
absolument déplacée. En français, le verset signifie: «Écoute Israël,
Jéhovah est notre Dieu, Jéhovah seul!» Au lieu de cela, M. Massenet
fait chanter: «Écoute Israël, Jéhovah est notre Dieu, écoute Israël!»
Le chœur répète les paroles sur une harmonie parfaitement moderne. Le
reste du texte est en français. J'ignore si la phrase mélodique sur
laquelle le prêtre dit les quatre mots hébreux est de M. Massenet; en
tout cas, elle ne saurait être authentique, à cause de la mutilation
des paroles qu'on ne se permettrait jamais dans le culte israélite. A
voir surtout les vocalises de la fin, on dirait que M. Massenet
songeait au chant du _Muëzzin_, dans le _Désert_ de Félicien David. Le
chant de la Sulamite est encore plus déplacé. Une jeune fille vient
dire une chanson d'amour pour appeler son bien-aimé. Les paroles sont
un faible écho du Cantique des Cantiques, auquel les théologiens
chrétiens attribuent un sens métaphorique et mystique, ne voulant pas
y voir une poésie érotique. En tout cas, il est aussi indécent de dire
une chanson d'amour dans un temple israélite que dans une église
chrétienne. Au temple de Jérusalem, les voix des femmes étaient
exclues des chœurs; «la voix de la femme, dit le Talmud, est une
séduction.» Loin de pouvoir être employées au service religieux comme
chanteuses, les femmes étaient reléguées dans une enceinte séparée de
celle des hommes par un mur. Cette enceinte ne donnait accès que par
deux portes, situées l'une au nord et l'autre au midi; elle était si
bien close que Titus s'en servit, après la prise de Jérusalem, pour y
enfermer les prisonniers réservés à son triomphe.

Les femmes faisaient leurs dévotions entre elles, sous la conduite


d'une coryphée, usage qui existe encore aujourd'hui dans quelques
synagogues. Des chanteuses étaient attachées à la cour des rois et
employées aux réjouissances publiques, aux festins et aux cérémonies
funèbres; mais dans le temple, les voix de femmes étaient remplacées
par celles de jeunes lévites[6].

[6] Voir le Recueil de chants religieux et populaires des


Israélites, par Naumbourg, ancien ministre officiant au temple
consistorial de Paris.

Les Anglais ont protesté, au nom de l'Evangile et du respect dû au


culte; que diront les Israélites de la manière dont la religion de
leurs ancêtres est travestie, au point d'admettre dans le temple
non-seulement des femmes débitant une chanson d'amour, mais encore des
femmes qui dansent, et vous savez comment on danse dans les opéras,
quoique les deux airs de ballet aient pour titre: «Danse sacrée?» M.
Massenet a-t-il cru sérieusement qu'au temple de Jérusalem il y avait
des danses, et qu'elles étaient exécutées par des femmes? Ce n'était
donc pas assez du grand ballet du dernier acte qui a lieu au palais du

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