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Réf. document : AT.JA.31.

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Approche sociologique

En France, la sociologie de l’adolescence est un phénomène récent. E. Durkheim, figure


emblématique de la sociologie du siècle dernier, proclama la non réalité sociologique de
l’adolescence. P. Huerre, M. Pagan Reymond et J.M. Reymond publient même en 1990 un
ouvrage intitulé « L’adolescence n’existe pas ».

Cependant, l’adolescence est bien le produit de conditions et de circonstances sociales


déterminées. Comme nous l’avons vu précédemment, c’est de la fin du XIXe siècle, avec le
développement de l’enseignement secondaire que l’on peut dater la naissance d’un âge
adolescent. Mais il faudra attendre les années soixante et la massification scolaire pour que
cette adolescence qui n’était réservée qu’à quelques uns (les jeunes bourgeois) devienne
une adolescence pour tous : garçons et filles avec le développement de la mixité scolaire.
L’émergence, puis la propagation d’une culture spécifique à cet âge vont conforter le
sentiment d’appartenance à cette « nouvelle classe d’âge » qu’évoque Edgar Morin dans un
article du monde daté de 1963 : « L’adolescence en tant que telle, apparaît et se cristallise
lorsque le rite de l’initiation de l’homme se fait graduellement. Au lieu d’une rupture, sorte de
mort de l’enfance et de renaissance à l’état adulte, se constitue un âge de transition,
complexe, ambivalent, sorte d’espace biologique, psychologique, social, qui fournit le terrain
favorable à l’éventuelle constitution d’une classe d’âge adolescente ».
C’est l’époque du rock’n roll et du cinéma américain avec James Dean. Près de quarante ont
passé et les adolescents forment aujourd’hui un véritable groupe social avec ses valeurs,
ses usages partagés.

Si il est courant de dire que l’adolescence commence au moment de la puberté (13 ans pour
les garçons et 11 ans pour les filles), certains sociologues pensent qu’elle débute avant
l’apparition des caractères sexuels secondaires : « Nous sommes enclins à penser
qu’aujourd’hui, ce sont les phénomènes culturels qui signent l’entrée en adolescence, non
les phénomènes pubertaires, et cela de plus en plus tôt »1.
Nouveaux langages, nouveaux codes vestimentaires, nouveaux goûts (sportifs, musicaux…)
forment le monde des adolescents. Conséquence : les bornes identificatoires marquant
l’entrée et la sortie dans l’adolescence demeurent bien floues.
La pré-adolescence est ainsi en passe de devenir à son tour une classe d’âge à part entière.
A l’inverse, les plus âgés des adolescents peinent de plus en plus à sortir d’une post
adolescence qui tend souvent à se prolonger jusqu’à 25 voire 30 ans.
1
Fize M. « Adolescence en crise ? », Hachette Education, 1998
Cette difficulté à cerner les limites de l’adolescence est renforcée par les acceptions
différentes qu’a la société vis à vis des adolescents eux-mêmes : l’âge de la puberté reste la
référence pour les médecins, celui de la majorité pour les juristes, 12-25 ans pour la société
Nationale des Chemins de Fer (S.N.C.F.)…
Le passage à l’âge adulte par les règles de droit est ainsi bien loin d’avoir lieu en une seule
fois. Entre 10 et 26 ans au contraire, le droit applicable à l’adolescent varie progressivement
suivant de multiples étapes.

L’adolescent et la règle de droit : des franchissements successifs


Source : commission des Affaires sociales

- Consentement pour le changement de nom et l’adoption


- Possibilité de prononcer des mesures éducatives (placement,
10 ans liberté surveillée) ou des sanctions éducatives (stage de
formation civique, mesure de réparation…)
- Retenue judiciaire (12 heures maximum renouvelable une fois),
s’il existe des indices graves ou concordants et que l’infraction
en cause est punie d’au moins cinq ans d’emprisonnement.

- Carte jeune S.N.C.F.


12 ans - Ouverture d’un livret jeune à la banque, avec autorisation et
procuration des parents ou tuteurs.

- Inscription sur le registre national des greffes


- Travail dans l’exploitation agricole des parents et sous leur
contrôle
- Garde à vue de 24 heures maximum, renouvelable une fois en
cas de délit puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement
- Contrôle judiciaire en matière criminelle et délictuelle sous
13 ans certaines conditions possibilité de placement dans un centre
éducatif fermé
- Détention provisoire en cas de crime (six mois renouvelable une
fois)ou en cas de violation de l’obligation de placement dans un
centre éducatif fermé (quinze jours renouvelable une fois, un
mois renouvelable une fois dans le cas d’un délit puni de dix de
prison)
- Mesures et sanctions éducatives possibles, peines possibles
avec application du principe de l’excuse atténuante de minorité
(les peines prononcées ne peuvent dépasser la moitié des
peines maximales prévues pour les adultes

- Autorisation d’effectuer des travaux légers pendant les vacances


14 ans scolaires
- Autorisation de conduire un deux roues de 50 cm3 maximum

- Majorité sexuelle
- Autorisation de se marier, avec le consentement des parents ou
du conseil de famille pour les filles
15 ans - Début de l’apprentissage si justification d’une fin de premier
cycle de l’enseignement secondaire
- Embarquement sur un navire comme professionnel
- Passeport individuel

- Fin de la scolarité obligatoire


- Conduite accompagnée et permis moto (moins 125 cm3)
- Possibilité de demander l’émancipation
- Ouverture et gestion d’un compte bancaire à son nom
- Apprentissage, sans justification d’une fin de premier cycle de
16 ans l’enseignement secondaire
- Entrée dans le monde du travail sous certaines conditions
- Garde à vue de 24 heures renouvelable une fois
- Contrôle judiciaire pour les crimes et délits, possibilité de
placement dans un centre éducatif fermé
- Détention provisoire jusqu’à quatre mois (renouvelable deux
fois) pour les délits, un an (renouvelable une fois) pour les
crimes
17,5 ans - Engagement dans l’armée

- Majorité civile et pénale


- Permis de conduire (Voiture, moto, poids lourds)
18 ans - Droit de se marier pour les garçons
- Droit de conclure un PACS
- Droit de vote
- Possibilité d’être élu à un mandat local

- Possibilité de donner ses organes


- Droit d’acheter des spiritueux et du tabac
- Droit d’entrer dans les établissements de jeux et de jouer

- Droit d’acheter des alcools forts


20 ans - Age limite de versement des allocations familiales aux parents

- Permis D (véhicules affectés aux transports de personnes)


21 ans - Age limite du complément familial, des aides au logement et des
allocations familiales pour les familles de trois enfants et plus,
aux parents

23 ans - Possibilité de se présenter aux élections législatives,


européennes et présidentielles

25 ans - Fermeture du livret jeune


- Fin de droit à la carte jeune S.N.C.F.

26 ans - Droit au revenu minimum d’insertion (R.M.I.)

La multiplicité de ces étapes pose un réel problème de cohérence du phénomène de


l’adolescence, tant pour les adultes que pour les jeunes eux-mêmes, car elles ne sont pas
uniquement basées sur le temps de la puberté ou sur celui de la majorité civile.
Ainsi, l’adolescence finirait-elle plus tard, notamment si on assimile adolescence et jeunesse
(la plupart des spécialistes ne distinguent d’ailleurs pas les deux âges), les sociologues
préfèrent d’ailleurs parler de jeunesse qu’ils définissent comme l’étape du cycle de vie où le
sujet est encore dans toutes les dépendances (civique, résidentielle, économique).
Aujourd’hui, on peut considérer que la sortie de l’adolescence coïncide avec la fin du lycée
ou avec le début de l’apprentissage. Avec l’entrée dans un nouveau monde, universitaire
pour les uns, professionnel pour les autres, c’est un autre âge qui débute : la jeunesse.
Or, compte tenu de l’allongement des études, de l’importance du chômage et de la précarité,
cet âge se prolonge considérablement jusqu’à 25 parfois 30 ans.
Ainsi, parle-t-on de post-adolescence, qui n’est plus tout à fait l’adolescence et de jeunes
adultes qui ne sont pas encore des adultes. O. Galland évoque « une nouvelle période
moratoire »2.
Comment alors définir la frontière entre jeunesse et âge adulte ? Toujours selon les
sociologues, le passage à l’âge adulte s’effectue quand on accède à la responsabilité sociale
et à l’autonomie financière, par la mise en couple durable et le travail stable. Si hier, ces
seuils étaient franchis simultanément, depuis 1970 ils se succèdent dans un ordre de moins
en moins régulier.
Non seulement la jeunesse tend à s’allonger, mais ses limites se brouillent et rendent moins
lisibles l’entrée dans la vie d’adulte, ce qui occasionne de nouvelles situations qui donnent
naissance à des statuts de semi liberté (et ou semi dépendance) où l’on est encore jeune par
certains côtés et adultes pour d’autres côtés.

En résumé, le passage dans le monde des adultes se fait aujourd’hui de façon chaotique,
contrairement à ce qu’il se passait il y a quelques années encore, ou les cérémonies
religieuses, les diplômes, le service national, le mariage et l’entrée dans la vie active
constituaient des repères symboliques visibles.

Puis, il y a la société paradoxale. Les adultes et les « jeunes » y sont à la fois plus qualifiés
et plus souvent sans emploi. L’amélioration de la santé des aînés a considérablement
augmenté la charge des familles, en particulier des mères qui dans 70% des cas ont une
activité professionnelle et qui cumulent, à la charge des enfants, celle de leurs propres
parents ou grands-parents.
Force est de constater que les changements sont importants mais qu’ils ont été peu
réfléchis. On n’a pas imaginé que ce nouveau monde allait avoir des incidences sur la vie
des adolescents. On n’a pas du tout préparé les parents et tous ceux qui sont au contact des

2
Galland O. « Sociologie de la jeunesse », Armand Colin, 1991
adolescents à prendre en compte la nouvelle donne de ces jeunes générations, dont on sait
maintenant qu’ils vont vivre au bas mot jusqu’à 80 ans.

a. Etre adolescent aujourd’hui

En même temps qu’elle est réalité physiologique, l’adolescence est avant tout, comme nous
venons de le voir, un fait social, dont le statut et la place dans notre société n’ont cessé
d’évoluer au cours du temps et selon les civilisations.
La situation des adolescents et des adolescentes aujourd’hui est à la fois meilleure et plus
difficile que celle de leurs devanciers.
Meilleure, car la légitimité d’un âge intermédiaire, d’un temps nécessaire à la formation est
reconnue par les familles et par la société : scolarité prolongée, grande diversification des
cycles de formation, maintien des allocations accordées aux parents depuis l’enfance,
propositions d’activités de loisirs et pédagogiques, tolérance accrue envers une sexualité qui
se cherche…
Situation plus difficile aussi. S’il n’est plus question pour les adolescents dans les sociétés
occidentales de travailler de longues heures à la mine, à l’usine, ou aux champs, les jeunes
se trouvent placés très tôt dans un contexte de concurrence où les sanctions de leurs
défaillances ne sont pas immédiates, mais d’autant plus angoissantes qu’elles sont projetées
dans un monde plus ou moins lointain : « Si tu ne travailles pas bien à l’école, tu vas rater
ton avenir ». Même les jeunes diplômés, longtemps protégés par leurs titres scolaires, sont
aujourd’hui à leur tour menacés, car « le diplôme devient un moins bon indicateur prédictif de
position social »3.
Menace précisée par la perspective d’un marché du travail où on leur dit constamment qu’ils
n’auront pas leur place. L’ambiance négative qui les attend est présentée beaucoup plus que
les faces positives, en particulier
dans les médias, et l’accent est mis fortement sur l’impuissance de chacun à résoudre ces
problèmes.
Paradoxalement, on attend des adolescents plus de maturité et on leur concède plus
d’insouciance. Très tôt ils doivent savoir qu’ils détiennent les clés de leur avenir, mais ils
peuvent vivre longtemps dans la dépendance économique et sous le toit familial.

Ainsi, le système scolaire incite les adolescents à faire des choix professionnels par le biais
des orientations de plus en plus tôt. Or, au regard de la construction de l’identité de
l’adolescent, la question se pose de savoir s’il est en capacité d’effectuer des choix
fondamentaux pour sa vie future ?

3
Galland O. « Sociologie de la jeunesse », Armand Colin, 1991
Où les adolescents peuvent-ils donc situer la réussite dont on leur parle tellement à travers
ce qui semble motiver les adultes ? Dans un travail acharné pour conquérir les bonnes
places ? Dans la recherche de l’argent par tous les moyens, afin de s’octroyer les biens de
consommations ? Dans le repli intimiste du cocon familial dont ils ont parfois profité
amplement, entourés de parents qui souhaitaient qu’ils ne manquent de rien ? Lorsque la
société évoque les valeurs qu’il faudrait transmettre aux jeunes, elle se trouve souvent à
court d’idées pour les caractériser.
De plus, aujourd’hui, les modèles de ceux ou celles qui ont précédé ces adolescents ne
peuvent guère constituer des références pour la génération qui suit. Les modèles du passé
ne sont plus adéquats, les enjeux sociaux ont évolué : les revendications des années
libertaires des années soixante n’ont plus lieu d’être, les conflits idéologiques des années
soixante dix, les affrontements entre capitalisme et communisme ont disparu et les modèles
familiaux ont bien changé. Les parents des adolescents ont construit leur identité en
s’opposant aux adultes, alors qu’aujourd’hui, les générations ne s’affrontent plus guère.
Ces parents n’ont pas « fait » 1968, même s’ils étaient déjà nés et leurs grands parents n’ont
pas connu la 2ème guerre mondiale. Ce sont les enfants des nouvelles technologies qui
manient le téléphone portable et internet mieux que quiconque. Ils vivent dans le monde de
l’information, trop parfois, au point qu’ils ne s’y retrouvent pas toujours. Ils ont expérimenté
des nouvelles sociabilités, plus variées, mais aussi plus virtuelles. Ils font « exploser les
codes commerciaux habituels et ils vous organisent une rave sans avoir besoin de publicité
et d’affiches, tout comme ils se procurent du cannabis sans qu’il y ait des points de vente
officiels.
Mais à cause de cette nouvelle indépendance, souvent en marge des adultes, ils ont aussi
plus vulnérables à toute agression extérieure, comme la pornographie et la pédophilie par
internet.

b. L’adolescent et la famille

Ils font partie des nouvelles familles où règne la « démocratie participative ou tout autre
modèle familial peu classique et jusque là socialement rejeté (monoparentalité,
homoparentalité…).
Certains ont « hérité » de frères et sœurs inattendus, parfois aussi ils les ont perdu au gré
des changements imposés par leur parents. Les uns s’y sont perdus, d’autres ont trouvé leur
compte dans ces changements. Il faut dire que leurs pères et leurs mères sont « aux petits
soins » envers eux, comme jamais. L’argent dont ils disposent souvent le prouve. Et
pourtant, cela n’a pas nécessairement amené bonheur et sérénité.
Finie l’autorité pure et dure d’antan, place au dialogue, à la négociation. L’adolescent est
devenu une personne à part entière, avec des droits propres.
Dans cet univers familial recomposé émerge une relation parents - adolescents d’un type
nouveau. Cette relation se veut ouverte : droit à la parole pour tous, libertés multiples (de
sortie, d’horaire, de look…), égalitaire (on négocie beaucoup) et pacifique. Aux sanctions, la
famille préfère l’argumentation, la réprimande voire la « bouderie » : « La famille moderne
est un univers aseptisé où l’on cultive l’art de l’évitement des conflits. On ne s’y oppose ni
sur les principes, ni sur les valeurs, c’est à dire sur l’essentiel »4. Fini l’autorité, fini le conflit,
la crise a laissé la place à une espèce d’indifférence des générations. Chacun vit dans son
monde pour le meilleur et pour le pire.
Ce changement de la relation au sein du milieu familial ne va pas sans son cortège
désillusions. Ainsi, certains parents s’efforcent de devenir les copains de leur enfant et
omettent de prendre leur responsabilité de parents, celle de poser des interdits : « Le parent
complice cherche à séduire l’adolescent, comme pour mieux s’identifier à lui et retrouver la
nostalgie des années passées. L’adolescent risque alors de ne pas trouver les limites que
précisément il recherche »5.
Or, cette relation éducative ne peut pas être réduite à une proximité affective et à une
relation de négociation, même si le dialogue est au cœur de la relation éducative, car il est
nécessaire que l’adolescent réalise qu’il y a des choses qui ne se négocient pas, afin qu’il
apprenne à contrôler ses désirs et qu’il approche au plus près la réalité.
Mais, de nombreux adultes se montrent impuissants à exercer et à jouer leur rôle de
médiateur et de régulateur entre les adolescents et la réalité. On constate que la plupart des
adolescents manquent d’images guides des adultes. Or, pour l’adolescent, l’adulte est une
référence, une sécurité, un point d ‘appui. Encore faut-il que cet adulte s’accepte comme tel,
dans son âge et dans son rôle.
Les parents n’ont pas toujours conscience qu’ils comptent aux yeux des adolescents, même
si ces derniers sont agressifs à leur égard. Il ne s’agit pas de s’ériger en modèle, mais plutôt
de signifier par son comportement la façon de faire face aux nécessités, aux difficultés et aux
problèmes de l’existence, car c’est bien aux adultes que revient la transmission des savoirs :
« La fonction parentale est paradoxale, puisqu’il s’agit d’être un refuge, de contenir et de
limiter, mais aussi de permettre des expériences, de prendre des coups et d’y survivre »6.

4
Fize M. « Adolescence en crise ? », Hachette Education, 1998
5
Marcelli D., Braconnier A. « L’Adolescence aux mille visages », Odile Jacob, 1998
6
Marcelli D., Braconnier A. « L’Adolescence aux mille visages », Odile Jacob, 1998
c. Une culture adolescente

Toutes les enquêtes sur les usages du temps libre ou sur les pratiques culturelles, mettent
en évidence l’existence d’un univers culturel propre aux adolescents.
Cet univers se caractérise en premier lieu par un investissement important dans le temps
des loisirs : « La jeunesse est aussi le temps des loisirs… Si on porte attention aux écarts
avec les autres classes d’âges, la musique, le sport, le cinéma, la fréquentation des concerts
(rock ou jazz), la peinture ou le dessin, la lecture de bandes dessinées, apparaissent comme
des activités spécifiquement juvéniles »7.
Rares sont les activités où la proportion de pratiquants ne décroît pas dès le passage à l’âge
adulte ou au plus tard vers trente, quarante ans.
Michel Fize parle d’une « culture adolescente » comme d’un véritable mode de vie. Les
adolescents instituent entre eux des rapports et des rituels (corporels, vestimentaires,
langagiers) qui visent d’abord à les faire entrer puis reconnaître dans leur propre classe
d’âge : « Ce monde est fait de valeurs, de sensibilités, de goûts, de styles particuliers,
monde trans-social où l’on retrouve adolescents des villes et des campagnes, des cités et
des beaux quartiers »8.

On peut donc dire que tout sépare aujourd’hui parents et adolescents : langage, vêtements,
goûts musicaux et sportifs… Et inversement, tout ce qui sépare les générations réunit la
jeune génération. On parle alors d’une véritable « intégration culturelle ». On observe en
effet, une grande homogénéité des attitudes, des façons d’être et de faire, des modes de
pensée, des rituels langagiers. Cette culture adolescente, véritable mode de vie sert de
support identitaire à la nouvelle génération. Elle resserre les liens, permet aux groupes des
pairs de mieux s’affirmer. En revanche, cette même culture isole parents et adolescents en
accentuant leur distance.
Mais librement choisie auparavant, cette culture adolescente est devenue au fil du temps
une redoutable contrainte. Car s’il veut exister et être reconnu par ses pairs, l’adolescent n’a
pas le choix : il doit se soumettre aux normes de son milieu. L’adolescent est donc tenu de
se comparer à ses pairs, afin de chercher à saisir ressemblances et différences, pour
s’évaluer et se situer par rapport à la norme.

7
Galland O. « Sociologie de la jeunesse », Armand Colin, 1991
8
Fize M. « Adolescence en crise ? », Hachette Education, 1998

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