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Jean Laplanche

Entre séduction
et inspiration :
l'homme

@ Il
::

."
-

QUADRIGE/PUF
N arrativité et herméneutique .
quelques propositions*

Par « narrativité ), on peut entendre une approche de


Têtre humain quidonllellne i1l1Portallcepri1l1()r<!iª!~à
Ia façon dont ceIui-ci se f~~uJ~_ªlll!:1l1-ª~~_~2n, exis- .\lJ
!~nc:e-.Jl9_11.!lJ-ª.Jor:m.t;.4'.1l1!.:r~~c~!.j~h!s
ou J!!m.ll.LçQh.~re!1...h.
tJ r..~
La narrativité est une catégorie qui peut s'appliquer aux
groupes humains dans Ieur histoire, mais qui intéresse Ia
psychanaIyse comme réciU!J!!!<::J:lis!2i~~jndividuelle.
La catégorie de narrativité est étroitement Iiée à Ia
façon dont I'être humain se temporalise, et avec Ia
notion d'apres-coup. En psychanaIyse et en psychopa-
thoIogie, on a tendance à priviIégier Ies récits a poste-
riori: histoires de vie, de maIadie, de traitement, en
fonction même de Ia situation clinique qui est comme
par définition' rétrospective. Mais I~~arration n~~~l~~_
pas Ie récitd'lln projet de vie.
. . Du p~i~t' de 'vuê--diéori<lue, une grande partie de
l' reuvre de Ricreur est consacrée aux présupposés, aux
modalités et aux implications de Ia narrativitél•

*Revue française de psychanalyse, 1998, 3.


L Notamment: Temps et récit, 3 voL, Paris, Le Seuil, 1991.
º~~-ºtt:l.t~~.Ylled.~lllP.r.:ltique anaIytique, I'attitude On trouverait des formules analogues chez Spence ou
n-ªrrative co~siste à :Qrivil~~_~!:..!:.~l?ortà une. remé:'" chez Schafer.
mora!!9E_du passé, ou ~_l!!l.~.!:~_C::2I:ls_t!1:l~t.T~g~Y~1i~[q~~ .~!l_v~l!'ion~~<...fl'!j.Q!~>~
consiste à renvoyer finalement Ia
de cel!!!:--fh.la_const~ction d'un récit cohérent, satisfai- !,!ét~!!.d.!:1:e
cr~ª!iyi~_~_.4!!....~ªrrateurà des stru<::tu!."esfon-
san..b.il}té~ Les prill.ç,i..11uxauteurs qui se' réclam-ent ~l:l11:l~mli!~§.P!ée:x:istantes,qu'on retrouve au titre de vir-
de ce point de vue lioo..dermafi. pence-Schafer) mettent dv tualités chez l'analysant, et au titre de théories chez
l'accent sur l'importance"(Iecette mise en récit comme !:.l1l:lª!y§te: Viderman invoque" iciies «fâotâsmes ongi-
~~:I;:~e Ia cure, reuvre c0Il?:t.TIuned~!~anal~sa!lt e!-d.~ ~;-:.} naires »3, Schafer des « structures narratives)} ou des

"-"'-r---"'-- ·rr"ó"'(~'e. "\A.; -,-.)I, {'.•••


« scénarios)} organisateurs, tel le complexe d'ffidipe.
Mais ceux-ci constituent des « stratégies narratives bril-
[n iiil'0,J~J'C Iantes)} qui se suffisent à elles-mêmes, en dehors de
I, 2 toute référence historique.
J.v b AJI..ri>' Un exemple récent de l'attitude narrativiste est foumi
IX 61) .~ point de vue narrativiste se heurte d' embIée à Ia par Ie destin de Ia théorie de M. MahIer sur Ia notion de
. CrItIque du relativisme voire du « créationnisme >)qu'il symbiose. Cet auteur, on le sait, avait cru pouvoir inférer,
OV1",{{I!J suppose : Ie récit serait ~ne créàtion (éventuellement à à partir de Ia constatation clinique d' états « symbioti-
deux) qui~~~it-p~~-'ãClU:~~h~~-derÚérences,dans une ques >)psychotiques, l' existence préaIable d'une phase
quelconque réalité. ....- .... symbiotique normale, que tout enfant aurait Ia tâche de
'--Co~m~'-pol:1~ tout « relativisme >),on peut distinguer surmonter par un processus dit de « séparation-indivi-
ici une version « forte » et une version « faible >). duatiori )}.Cette théorie qui se trouve largement battue
La version « forte >)trouve une de ses formulations errl:>reche par les observations de l'enfant (Braz-eltõn~ )-
les plus'-nettes dans cette phrase de Viderman: « Peu Ste~-Domes) a trouvé son salut dans une réinterpréta-
importe ce qu'a vu Léonard (rêve ou souvenir) ; peu tion narrativiste : seIon Baumgart4, Ia notion de sym-
importe ce qu'a dit Léonard (vautour ou milan) - ce biose garderait toute sa valeur comme « scheme narra-
qui importe c'est que l'anaIyste, sans égard à Ia réalité, tif)} permettant de foumir un récit rétrospectif cohérent
ajuste et assemble ces matériaux pour construire un à certains sujets.
tout cohérent qui ne reproduit pas un fantasme On peut se demander si de telles conceptions font
préexistant dans l'inconscient du sujet, mais le fait exis-
ter en le disant. >}2 3. La bouteille à Ia mer, in RFP, 1974, XXVIII, 2-3, notamment note
p. 354 ; cf. aussi p. 330.
4. M. Baumgart (1994), Die psychoanalytische Metapsychologie
im Lichte der Sãuglingsforschung: Verwerfen oder üderdenken?, in
2. S. Viderman, La construction de l'espace analytique, Paris, Denoel, F. Pedrina et aI. (Rg.), Spielraumebegegnungen zwischen Kinder- und
1970, p. 164. Erwachsenenanalyse, Tübingen (edition diskord), 51-82.
autre chose que de remettre en vigueur l'idée de « fan-
tasme rétroactif l) dont se prévaIait déjà Jung contre
Freud. 1\,'
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Cette derniere critique, formulée par des ~en~.!s du>li JJ
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'C « tournant herméneutique l) en psychanaIyse, permet de
'-\

souIever Ia question : narrativité-herméneutique. II est
Les theses des narrativistes se sont 4<::.!1!t~~s à une V)
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~ que I'llt:~rmén~lltiqlle,prise aU~~ll_s}:i!_~~~_~?~
autre critique, non moins pertinente. Prétendant mettre v théorie de I'interprétation,de I'expIicitationou de Ia
tout l'accent sur Ia « vérité narrative l) 1âUXd6~Ia.:.}' donaifon ·de--seiis~·cô~pôrte de IlOmbre~.P2ill!sc:()m-
« vérité historique l), elles sont amen~s-ã-do~~r'- de munsave~-leii"~rrativisme'-'Mã:iS par-ailleurs I'hermé-
cette derniere une image caricaturaIe, telle que ne Ia n:;;utiq~~d-;i~~pk;tion hekleggérienne marque un pas
soutiendrait aucun empiriste. A propos de Viderman, décisif par rapport aux narrativistes. Pour Heidegger,
M. DayanS a bien montré qu'iI reste prisonnier d'une l'interprétation se situe comme seconde, comme une
opposition na'ive entre un pur imaginaire, appeIé Ie fan- explicitation (Auslegung) par rapport à un moment
tasme, et une « réaIité li, une objectivité absoIue de primaire, Ie Verstehen, qu' on peut entendre comme
I'événement, qui ne serait en rien remaniée par Ia une protocompréhension, soit Ia façon dont I'être-Ià
mémoire. La même critiqu~est adressée par Sass et (Dasein) donne un sens à sa situation initiaIe, à son être-
WooIfoIk6 à Spence qui compare- -I;--'vêritIhiStol;que à jeté (Geworfenheit). Qui pIus est, certains textes de Hei-
une ~!lotographie, et suppose, à Ia façon de i-Iume~-que degger ne contredisent pas I'idée que cette protocom-
Ie vécu archa'ique est fait de « sensations li brutes, une préhension est le fait du tout petit enfant8•
séquence chronoIogique de faits atomisés sans aucun Ainsi, pour les psychanaIystes se réclamant de Hei-
ajout de signification, et dont on pourrait donner un degger ~tre _~~_-.!eIativisme de Viderman, Spence Ile-G L

rapport neutre. Une conception des expériences origi- e.t~hafer, I'interprétation se fonderait, ~E:_~~E:li~:~_~E_a-
L"

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.
naires qu'aucun phiIosophe et aucun psychoIogue ne se
permettrait de soutenir?

5. Inconscient et réalité, Paris, PUF, 1995, p. 358-396.


6. Louis A. Sass et Robert L. Woolfolk, Psychoanalysis and the Her- _;--,,-_
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"\ meneutic tum : A critique of narrative truth and historical truth, J. Amer.
Psychoanal. Assn, 36, 1988, 2, p. 429-453 .
. 7. On s'~muse du caractere ?bsolete de ces theses, lorsqu'on se sou-I
vlent que 1 ouvrage de Maunce Halbwachs, Les cadres sociaux de·
Ia mémoire, date de 1925 et que I'un de ses chapitres majeurs s'intitule : 8. Das jrühzeitliche und jrühmenschliche Dasein, Heidegger, GA, 27,
«La reconstruction du passé I). La Phénoménologie de Ia perception de p. 123 sq. Texte aimablement signalé par le P' Greisch.
M. Merleau-Ponty est de 1945. 9. Sass et Woolfolk, lococit., p. 445.
Concretement dans les situations premieres de l'en-
faIl~~1_~~~_lpessag~s
sontceux-----lesad.iilt:esad.ressent
à l'enfant.
Étant admise cette avancée décisive, telle que Hei-
degger Ia formule, de nombreuses questions restent
ouvertes à Ia critique :
- Qu'est-ce qui est interprété, c'est-à-dire fait l'objet
de Ia mise en récit ? Les instruments de Ia protocompréhension ou des pre-
- Quels sont les instruments de Ia mise en récit ? mieres traductions sont les structures narratives, codes,
- Quels sont les résultats de Ia mise en récit, notam- mythes, proposés à l'enfant par Ie monde social.
ment en termes métapsychologiques ? A ce propos, on peut contester l'idée que le code tra-
- Quelle est Ia fonction de Ia pratique anaIytique, par ductif serait purement et simpIement le Iangage verbal
rapport à Ia mise en récit ? du monde adulte. Les structures Iangagieres, tant par
leur généraIité (s'agissant d'une même Iangue vernacu-
laire) que par les différences structuraIes souvent consi-
dérables de l'une à I'autre, sont incapables de rendre
compte de Ia spécificité des codes narratifs proposés à
L'objet de Ia protocompréhension ne peut être en l' enfant. Ces codes sont approchés d'une part par
aucun cas une situation brute. II ne peut y avoir attribu- l'ethnoIogie, d'autre part par Ia psychanaIyse elle-
tion de sens qu'à ce qui apporte déjà un sens avec Iui. même, qui en a fait l'inventaire partiel au titre de grands
Mais ici, l'objection faite à Spence et Viderman (ne pas « complexes }),« fantasmes (dits) originaires », « théories
o.pposer une narrativité pIeine de sens à un donné brut) sexuelles infantiIes », « romans familiaux », etc.
nsque de mener à une remontée à I'infini. La vaIeur « connaissance » de ces codes est inexis-I;
Or, seIon nous, cette remontée ne se trouve stoppée tante, aIors que Ieur potentieI de Iiaison et de mise en . r~J
que si l'on tient compte de l'intervention de l'autre. II forme est indéniable. IIs sont du domaine de l'idéoIogie.
convient en effet d'affirmer que Ia protocompréhension
ne porte pas sur un donné mais sur un message.
.!:~hermén~~~qu~~~!E.2P.cayan~_t~.!:!t herm~I!~~tique 4\1 (

message. Corrélativement, nous préférons quaIifier c~ o "'1f~-_I


processus - ~Q~s_~::lKe_d'un message à sa ..<.:ompréhen- Pour apprécier Ies conséquences de cette prototra- \~\",l,
~ion _- du terme qui Iui convient : trad14~i:i~n.Ü!le tra- dus.:!i2npour Ia métapsychologie il convient de prendre
J

duction qui !1'est2..::l~Q~~tment_!!!!~!!IQ~~~~ais é;~n- en compte le fait que les messages premiers de I'adulte
tuelle~!Il!)?-!~.r~.t~'~~'~~7~=~<?2~~Il).- _.--------- -- ~()Il!~9_g1P.E~lpi~
..par ..~~.sex~âi.i~~~.~!~~~Il-~e-sens;·Eni.gma-
t1"\
tiques. Dês Iors, Ia traduction a pour contrepartie néces-
saire I'échêCde-traductfon~- quT--esr-refouIemem. La
consrltutionde-i'appareÜ psychique, moi et ça, --est:ã
rappõrteraux;á~a~de"iã iraduc1:ionõriginaire-W:--
-" r-c------.-----~'-----._-----.--.- ..-------------
k0.j{o.(..v'I"""J-~ovt

On ne peut situer Ia « mise en récit » dans Ie cadre de


Ia cure, sans tenir compte de sa fonction avant tout
défensive. Sur l' exemple du rêve, Freud avait d' emblée
mis en évidence cette fonction, en Ia désignant comme
« élaboration secondaire », ou encore «prise en considé-
ration de I'intelligibilité ». Qu'il s'agisse d'une défense
éventuellement «normale », et en tout cas inévitable,
que Ia « mise en récit » doive être corrélée avec I'aspeet
psychothérapique de toute cure, cela ne modifie en rien
I'appréciation métapsychologique qui voit en elle Ie
garant et Ie ~S:_~l!:tIdu refoulement.
C' est dire gt vecteur proprement « analytique »,
celui ~~ Iaêtr~uctl'o,n ~ m!~~~l?:_:gl!~~~!9J:l
__
<i~~
structures narratlves;--et des idéaux qui Ieur som liés,
~Oi?p~sé_ da~_~j~~!~-=-~~~:~~y.is:!ijii:ie.:~
s~~§É9.ue'_E.arr~!if._

<;J JOv1b ~ '''j;''tU _~H-c,


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