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et des saints disciples de notre Sauveur, document ecclésiastique du IIIe siècle de notre
ère. L’écrit original, en langue grecque, est perdu. Il n’en subsiste qu’un remaniement
dans les six premiers livres des Constitutions apostoliques et plusieurs versions. Nous
avons déjà exposé ici, voir t. III, col. 1522-1523, comment la connaissance de la
Didascalie a conduit, dès Renaudot, mais surtout au XIXe siècle, à reconnaître la nature
et l’origine des Constitutions apostoliques. Nous avons aussi indiqué les principales
modifications que l’interpolateur, auteur du dernier ouvrage, a fait subir à la Didascalie.
Ibid., col. 1523-1524. Le présent article comprendra donc seulement: I. Versions. II.
Sources. III. Enseignements. IV. Origine de la Didascalie.
1° Version latine. – Des fragments de cette version, à peu près les deux cinquièmes
de l’ouvrage, sont conservés dans un seul manuscrit palimpseste, à Vérone. L’écriture
est du VIe siècle, mais la traduction a déjà été corrigée, et, surtout, elle cite la Bible
d’après la Vetus Itala et non d’après la Vulgate. M. Hauler suppose donc que cette
traduction est du IVe siècle. Elle contient les parties qui correspondent aux Constitutions
apostoliques, I, 1-2, 5-7; 8-II, 2; 6-12; 14-15; 18-20; 20-22; 22-24; 25-28; 34-35; 57-59;
III, 6-8; 15-IV, 5; V, 7-8; VI, 7-12; 12-20; 22-23; 24-30, et à quelques canons coptes-
arabes, canons 13-20. Voir t. II, col. 1613. Tous ces fragments latins ont été édités par
M. E. Hauler, Didascaliæ apostolorum fragmenta veronensia latina, in-8°, Leipzig,
1900. M. Hauler avait déjà publié quelques-uns de ces fragments dans les Comptes
rendus de l’Académie des sciences de Vienne, t. CXXXIV, fasc. 3 (paru en 1896) sous le
titre: Eine lat. palimpsest. Uebersetzung der Didascalia apostolorum. Enfin F.-X. Funk
a réédité cette version latine en comblant ses lacunes, comme texte parallèle aux
Constitutions apostoliques. Didascalia et Constitutiones apostolorum, 2 in-8°,
Paderborn, 1906.
CONSTITUTIONS APOSTOLIQUES:
Φυτεία θεοῦ καὶ ἀμπελών ἄγιος τὴν ἀπλανῆ έκκλησίας αὐτοῦ καθολικῆς᾽
ἐκλεκτοὶ οἱ πεπιστευκότες εἰς τὴν ἀπλανῆ τῆς θεοσεϐείας αὐτοῦ, οἱ διὰ πίστεως αὐτῶν
κληρονομούμενοι τὴν αἰώνιον ἁγίον βασιλείαν, οἱ εἰληφότες δύναμιν καὶ μετουσίαν τοῦ
ἁγίον ἁγίον Πνεύματος…. ἀκούετε….
LATIN:
Dei plantatio vineæ catholica Ecclesia ejus et electi sunt, qui crediderunt in eam,
quæ sine errore est vera religio, qui æternum regnum fructuantur et per fidem regni ejus
virtutem acceperunt et participationem sancti ejus Spiritus.
Tandis que le traducteur syrien est maître de son texte et ne craint pas d’intervertir
les mots et d’ajouter ce qu’il croit nécessaire au sens; le traducteur latin se traîne dans
les non-sens et les contresens: Plantatio vineæ est censé rendre fute…a kaˆ
¢mpelèn, qui se trouve dans les Constitutions apostoliques, dans le syriaque et même
dans une citation de saint Epiphane, Hær., XLV, n. 5, P. G., t. I, col. 544, et qui
appartient donc sans conteste à la Didascalie grecque; quæ sine errore est vera religio,
semble un contresens pour rendre t»n ¢planÁ tÁj qeosebe…aj; fructuantur est un
barbarisme imaginé par l’auteur qui ne savait comment rendre karpoÚmenoi par un
équivalent latin; per fidem ejus est transposé et oblige à répéter regni ejus.
Toutes ces fautes nous ont conduit à désigner saint Paulin de Nole comme l’auteur
possible de cette traduction latine. Actes du XVIe congrès international des orientalistes,
Paris, 1906, t. I, p. 35-38.
En l’an 408, saint Paulin adresse en effet à Rufin la traduction d’un ouvrage de
saint Clément; il le remercie de l’avoir dirigé vers les études grecques et réclame son
aide pour poursuivre ces études: Nam quomodo profectum capere potero sermonis
ignoti, si desit a quo ignorata condiscam? Credo enim in translatione sancti Clementis,
præter alias ingenii mei defectiones, hanc te potissimum imperitiæ meæ penuriam
considerasse quod aliqua in quibus intelligere vel exprimere verba non polui, sensu
polius apprehenso, vel, ut verius dicam, opinata transtulerim: quo magis egeo
misericordia Dei, ut pleniorum mihi tui copiam tribuat, cito. P. G., t. I, col. 1192-1193.
Ainsi, d’une part, saint Paulin a traduit, avant l’an 408, un ouvrage attribué à saint
Clément; d’ailleurs, il a mal fait son travail, par endroits, il n’a pas compris, il n’a pas su
rendre les mots, il a tâché de se borner au sens; d’autre part, nous avons une traduction
d’un ouvrage attribué à saint Clément (Didascalie et Canons) faite par un auteur qui
avait étudié la Vetus Itala (et non la Vulgate, composée par saint Jérôme vers l’an 400),
mauvaise traduction d’ailleurs: son auteur, par endroits, n’a pas compris ni su rendre les
mots grecs, il les a donc transcrits ou bien il les a traduits et ensuite transcrits; par
endroits, il a voulu se borner à rendre le sens et est tombé comme on l’a vu dans de
nombreux contresens. Nous pouvons donc, sinon avec certitude, du moins avec
certaines probabilités, identifier le traducteur latin de la Didascalie avec saint Paulin de
Nole.
Nous avons peu de choses à ajouter sur l’importance de cette version: la seule
complète et la plus fidèle, elle remonte au moins au VIIe siècle; nous avons cité plus
haut (en grec) ses premières lignes. Ce n’est pas à dire qu’elle ne renferme pas de fautes
dues au traducteur ou aux transcripteurs. La version latine, et même les Constitutions
apostoliques, permettent par endroits de la corriger.
La version syriaque est divisée en 26 chapitres (27 dans le ms. Rendel Harris où le
c. XXIII est partagé en deux), mais cette division n’a aucune chance de remonter à
l’original, puisqu’on n’en trouve pas trace dans la version latine. Voici les titres des
chapitres et leur place:
I. De la loi simple et naturelle (Const. apost., I, 1). II. [Ce chapitre] ordonne à tout
homme de ne plaire qu’à sa femme, de ne pas se parer et de ne pas être un scandale pour
les femmes, de ne pas aimer l’oisiveté, de s’occuper des livres de vie, de fuir les livres
du paganisme et les liens de la Deutérosis (loi juive), de ne pas se baigner avec les
femmes et de ne pas se livrer à la méchanceté des courtisanes (Const. apost., I, 2, P. G.,
t. I, col. 561, avant-dernière ligne, bast£zite oân). III. Instructions aux femmes pour
qu’elles plaisent seulement à leurs maris et les honorent, qu’elles s’acquittent avec
diligence, sagesse et zèle du travail de leurs maisons, qu’elles ne se baignent pas avec
les hommes, qu’elles ne s’ornent pas et ne soient pas une cause de scandale pour les
hommes, qu’elles ne les recherchent pas, qu’elles soient pures et tranquilles, qu’elles ne
querellent pas leurs maris (Const. apost., I, 8). IV. Quel doit être celui qui est choisi
pour l’épiscopat et comment il doit se conduire (Const. apost., II, 1). V. Doctrine au
sujet du jugement (Const. apost., II, 6, P. G., t. I, col. 605, lig. 31, du de‹). VI. Des
pécheurs et de ceux qui font pénitence (Const. apost., II, 12). VII. Sur les évêques
(Const. apost., II, 18, P. G., t. I, col. 629, lig. 5, kaˆ to‹j metakooÚsin. VIII. Avis
aux évêques sur leur conduite (Const. apost., II, 24, P. G., t. I, col. 660, lig. 5, m¾
otnÒflugaj). IX. Exhortation au peuple afin qu’il honore l’évêque (Const. apost., II,
25, P. G., t. I, col. 661, lig. 38, ¢koÚete taÚta) X. Des faux frères (Const. apost., II,
37, P. G., t. I, col. 689, lig. 10, ™gcwre… g£r). XI. Exhortation aux évêques et aux
diacres (Const. apost., II, 43, P. G., t. In col. 704, lig. 4, oÙ oÞn). XI. Aux évêques,
pour qu’ils soient pacifiques (Const. apost., II, 57). XIII. Instruction au peuple, qu’il
soit fidèle à se réunir dans l’église (Const. apost., II, 59). XIV. Du temps (âge) de
l’ordination des veuves (Const. apost., III, 1). XV. Comment les veuves doivent se
conduire. Des fausses veuves. Que les veuves ne doivent rien faire sans l’ordre des
évêques. Reproche aux veuves rebelles. Qu’il ne convient pas de prier avec celui qui est
séparé de l’Eglise, qu’il n’est pas permis à une femme de baptiser. Des jalousies des
veuves menteuses entre elles. Réprimande aux veuves maudites (Const. apost., III, 5).
XVI. De l’ordination des diacres et des diaconesses (Const. apost., III, 15; P. G., t. I,
col. 793, lig. 32, di¦ toàto). XVII. De l’éducation des jeunes orphelins. Ceux qui
reçoivent une aumône sans en avoir besoin sont coupables (Const. apost., IV, 1). XVIII.
Que l’on ne doit pas recevoir l’aumône de ceux qui sont répréhensibles (Const. apost.,
IV, 5). XIX. Qu’il convient de prendre soin des martyrs affligés pour le nom du Messie
(Const. apost., V, 1). XX. De la résurrection des morts. Confirmation de la résurrection
d’après les livres des païens (sibylle) et par des exemples pris dans la nature (phénix).
Qu’il ne faut pas refuser le martyre pour le Messie (Const. apost., V, 7). XXI. De la
Pâque et de la résurrection du Messie notre Sauveur (Const. apost., V, 10). XXII. Qu’il
convient d’apprendre des métiers aux enfants (Const. apost., IV, 11; nous avons donc ici
une transposition). XXIII. Des hérésies et des schismes (Const. apost., VI, 1). XXIV.
Sur la constitution de l’Eglise. [Ce chapitre] apprend en plus que les apôtres se réunirent
pour redresser les torts (Const. apost., VI, 11). XXV. [Ce chapitre] nous apprend que les
apôtres retournèrent de nouveau aux églises (après le concile de Jérusalem) et les
constituèrent (Const. apost., VI, 13). XXVI. Des liens de la Deutérosis (loi juive). Sur
celles qui observent les jours du flux (menstruel). Des femmes qui observent le flux
menstruel et se croient impures pendant sept jours (Const. apost., VI, 18, P. G., t. I, col.
961, lig. 37, di᾽ ên).
3° Version arabe. – Presque tous les manuscrits arabes conservés remontent à une
même source: à la compilation canonique faite au commencement du XIVe siècle, par
Abou Maqarah (Macaire), moine du monastère de Saint-Jean-le-Petit, au désert de
Scété. A cette compilation appartiennent en effet les deux manuscrits arabes de Paris
251 (de l’an 1353), 252 (le ms. 243 semble un extrait des précédents), un de Londres,
deux d’Oxford, deux du Vatican et un de la bibliothèque Barbérini (de l’an 1350).
Jusqu’à ces dernières années toutes les études avaient porté sur l’un ou l’autre des mss.
de cette seule collection et les résultats ne pouvaient donc qu’être concordants. Il a
existé cependant d’autres versions arabes de la Didascalie, comme en témoignent les
analyses d’Aboul Barakat et de Vansleb; M. Baumstark vient encore d’en signaler une
(en 1903).
1. La version arabe d’Abou Maqarah. – Elle est caractérisée par les interversions
dans les l. III et IV des Constitutions apostoliques. Nous l’avions étudiée sur le ms. 252
de Paris copié au Caire sur un manuscrit de la bibliothèque patriarcale par les soins de
Vansleb. Funk, Die apostolichen Konstitutionen, Rottenbourg, 1901, p. 221-222, le
croyait différent des autres, mais il leur est identique, comme on pouvait le deviner,
puisqu’il n’est lui aussi qu’une transcription de la collection d’Abou Maqarah. En voici
une courte analyse:
Après la courte introduction et les 11 premiers chapitres qui sont, en substance, les
mêmes que dans la compilation de Maqarah, l’éthiopien suit l’ordre des Constitutions
apostoliques: XII. Des veuves (Const. apost., III, 11). XIII Que les femmes ne doivent
pas baptiser (Const. apost., III, 9). XIV. Que les laïques ne doivent pas présumer de
faire ce qui est réservé aux prêtres (Const. apost., III, 10). XV. Des veuves (Const.
apost., III, 12, P. G., t. I, col. 789, lig. 3, ἐπειδή). XVI. Qu’il n’est pas bien de faire du
mal à son prochain (Const. apost., III, 15, P. G., t. I, col. 793, lig. 13, τὸν αὐτὸν
τρόπον). XVII. Sur les orphelins (Const. apost., IV, 1). XVIII. Qu’il est ordonné à
l’évêque d’avoir soin des veuves et des orphelins (Const. apost., IV, 2-4), etc.
Il est donc certain que tous les exemplaires des Didascalies arabe et éthiopienne
découlent d’un texte grec (ou copte ou syriaque) interpolé comme le sont les six
premiers livres des Constitutions apostoliques. Ils ont d’ailleurs des omissions et des
additions propres. On doit se demander dès lors si ces Didascalies constituent une étape
intermédiaire entre la Didascalie syriaque et les Constitutions apostoliques, ou bien si ce
ne sont que des extraits des six premiers livres des Constitutions. Funk tient pour la
seconde hypothèse, voir t. III, col. 1525-1526, mais il se trompe lorsqu’il suppose que
l’auteur de la Didascalie arabe cite l’Ægyptische Kirchenordnung et les canons de
Clément. Il ne fait en réalité que rattacher la Didascalie aux canons coptes-arabes qui
précèdent et, en fait de Kirchenordnung, on ne trouve qu’un emprunt au Testamentum,
analogue à l’emprunt que fait déjà à l’Octateuque le ms. syriaque de Rendel Harris. Voir
col. 737. – Il semble donc plus probable que les didascalies arabe et éthiopienne
représentent des étapes intermédiaires entre la Didascalie syriaque et la compilation en
huit livres des Constitutions apostoliques.
Le texte arabe de Maqarah est très mauvais; ici, comme pour le Testamentum D. N.
J.-C., «c’est une traduction servile, au style aussi peu châtié que possible, confus obscur.
Les phrases ne sont pas bien liées entre elles et sont souvent très incomplètes. Quant aux
règles de la grammaire, elles y sont méconnues presque à chaque ligne». Cf. Revue de
l’Orient chrétien, t. X (1905), p. 423. Toute la suite de cet article sera donc fondée sur la
version syriaque, telle que Paul de Lagarde l’a éditée.
Lorsqu’un païen déclare qu’il croit, on le reçoit dans l’assemblée pour qu’il
entende la parole, mais il ne prend pas part à la prière et doit sortir de l’Eglise, on ne
l’admet pas aux autres actes de la vie chrétienne avant qu’il ait reçu le signe [du
baptême] et qu’il soit accompli, p. 44. L’évêque oint la tête de tous ceux qui doivent être
baptisés: des hommes et ensuite des femmes -c’est sans doute l’onction avec l’huile
d’exorcisme, Rahmani, Testamentum, p. 127-129- puis les baptisés descendent dans
l’eau et sont oints de l’huile de l’onction, les hommes par les diacres ou les prêtres et les
femmes par les diaconesses ou par une chrétienne. Cf. Rahmani, Testamentum, p. 129-
131. Il n’est pas question de l’invocation du Saint-Esprit et de la troisième onction qui
est la confirmation, Testamentum, II, 9, p. 131, mais nous ne pouvons pas conclure
qu’elle n’existait pas, car la Didascalie n’a pas de chapitre ex professo sur le baptême;
tout ce que nous venons d’exposer est tiré du chapitre sur les diaconesses et leurs
devoirs, p. 70-71.
Le baptême remet complètement les péchés, aussi doit-il être unique et suppléer
aux vaines ablutions de l’ancienne loi; il ne peut être réitéré, il rend le chrétien fils de
Dieu et lui confère le Saint-Esprit.
L’eucharistie est un sacrifice, la matière en est le pain délicat fait dans le feu et
sanctifié par les invocations, elle est offerte par l’évêque au nom de toute la
communauté, elle ne peut être agréée du Seigneur lorsque les frères sont divisés entre
eux, c’est la nourriture divine qui demeure éternellement, p. 119, 39, 54, 59. C’est
l’eucharistie sainte de Dieu, p. 39, sanctifiée par l’Esprit-Saint, p. 116, l’image du corps
royal du Christ, p. 118; on doit l’offrir pour les morts, p. 119.
4. L’évêque et les affaires temporelles. – L’évêque doit juger tout conflit entre les
fidèles, qui ne doivent pas prendre les païens pour juges ni même pour témoins, p. 49-
50; il gère les biens de l’église, tous les dons doivent venir entre ses mains, les diacres
doivent le renseigner sur les vrais nécessiteux, les veuves, les orphelins, les pauvres, les
infirmes. L’évêque dispense sans contrôle, il ne doit de comptes qu’à Dieu, p. 42.
2° La hiérarchie subalterne. – Elle comprend les presbytres, les diacres, les veuves
et diaconesses et peut-être le lecteur et le sous-diacre.
1. Les presbytres. – L’évêque les choisit, p. 40, dans les assemblées liturgiques, ils
sont assis autour du trône épiscopal, mais ils ne remplissent aucune fonction
sacerdotale, ils ne prêchent pas, ils n’administrent pas les sacrements. Ils semblent venir
après les diacres, car le diacre est comparé au Messie, la diaconesse au Saint-Esprit,
tandis que les presbytres ne sont comparés qu’aux apôtres, p. 36, et ne paraissent pas
avoir un droit strict aux obligations, p. 37.
2. Les diacres. – Ils sont vraiment les «serviteurs» de l’évêque. Durant la sainte
liturgie, ils surveillent l’entrée de l’église, maintiennent le bon ordre, servent à l’autel.
Au baptême, ils oignent le corps des hommes catéchumènes. Chaque jour, ils visitent les
malades, portent à l’évêque les offrandes des fidèles et remettent aux nécessiteux les
aumônes de l’évêque. Le diacre est «l’oreille de l’évêque, sa bouche, son cœur et son
âme», ils sont «deux en une seule volonté», p. 48.
3. Les veuves. – Au-dessus des veuves ordinaires qui ont droit à l’appui et au
secours de la communauté par cela seul qu’elles ont perdu leur mari, on trouve dans la
Didascalie une espèce d’ordre que nous appellerons «les veuves religieuses». Elles sont
établies -nous dirions presque ordonnées- par l’évêque, elles ne doivent pas avoir moins
de 50 ans, afin que leur âge ne les incite pas à prendre un nouveau mari; elles
promettent la continence, p. 62; elles prient pour les malades, les bienfaiteurs, pour
toute l’Eglise; elles visitent les malades et leur imposent les mains, p. 66; elles vivent
retirées dans leurs demeures et tissent des vêtements pour les pauvres, p. 66. Ce sont
bien là, semble-t-il, les premières «religieuses»; mais la Didascalie n’admet pas dans cet
état les jeunes veuves que leur âge pourrait porter à vouloir prendre un second mari, à
plus forte raison n’admet-elle pas, dans l’état religieux, les jeunes personnes qui n’ont
pas été mariées, sous peine d’être responsables des fautes que «leur jeunesse et la force
de leur âge» leur ferait commettre, p. 96.
5. Lecteur et sous-diacre. – Il existait parfois un lecteur qui, pour les oblations, est
assimilé aux presbytres, p. 37. S’il n’y en a pas, l’évêque remplit cet office, p. 57-58. Le
sous-diacre est mentionné en seul endroit, p. 40: l’évêque choisira dans le peuple les
hommes dont il a besoin pour l’aider, il se choisira des presbytres «ainsi que des diacres
et des sous-diacres autant qu’il en aura besoin pour le service de sa maison». Certains
regardent les mots «et des sous-diacres» comme une interpolation, Achelis et Flemming,
p. 265, mais ils figurent à la fois dans le latin et dans le syriaque; d’ailleurs, les diacres
qui servaient l’évêque ont dû songer de bonne heure dans certaines communautés à
choisir aussi des serviteurs. C’est ainsi qu’on trouve mention, p 61, «des jeunes gens de
l’église», qui semblent être aussi les auxiliaires des diacres.
2. La famille. – La chrétienne ne doit plaire qu’à son mari, elle doit le servir avec
respect et soumission, l’homme ne doit plaire qu’à son épouse, car l’important, dans le
mariage, c’est de garder le lien conjugal dans toute son inviolabilité et non de recourir
aux vaines purifications observées par les judaïsants. Les secondes noces sont licites, les
troisièmes équivalent à la fornication, p. 62. Eviter la mollesse et employer la verge
dans l’éducation des enfants, ils ne doivent pas fréquenter les enfants de leur âge, il faut
leur apprendre un métier et les marier jeunes, sous peine d’être responsables de leurs
désordres, p. 96.
2. Rapport avec les Juifs et les judaïsants. – L’auteur expose très longuement
l’abrogation de l’ancienne loi qui est remplacée par l’Evangile, l’inutilité des pratiques
juives qui étaient un joug et une punition, p. 99-100, 107-120, la substitution du
dimanche au sabbat. La question pascale occupe aussi une large place, ainsi que la
chronologie de la semaine de la passion, p. 89-95.
3. Rapport avec les païens. – Il faut fuir leurs spectacles, ne pas lire leurs livres,
éviter même de parler avec eux, parce qu’ils tournent la doctrine chrétienne en raillerie.
Cependant la plupart des fidèles sortent de la gentilité, il leur a suffi pour cela de
renoncer à leurs vaines pratiques, de croire et de recevoir le baptême. La volonté de
Dieu est de réunir «tous les peuples et toutes les langues… pour remplir la salle à
manger, c’est-à-dire la sainte Eglise catholique, afin que tous soient joyeux et contents
et louent Dieu qui les a appelés à la vie», p. 55-56.
IV. ORIGINE. – 1° Destinées. – Saint Epiphane (348-403) nous apprend que les
audiens regardaient la Didascalie comme une œuvre apostolique et il en fait plusieurs
citations, P. G., t. LXII, col. 369. Or les audiens, qui avaient été très nombreux en
Palestine, en Mésopotamie et en Arabie, s’étaient vu enlever leurs monastères et, de son
temps, n’occupaient plus que deux bourgs. Ibid., col. 373. Il s’ensuit que dès leur
origine, au moins dès 325, les audiens regardaient déjà la Didascalie comme une œuvre
apostolique, et la composition de cet ouvrage se trouve ainsi reportée, sans doute
possible, au IIIe siècle.
C’est sans doute au VIIe siècle que la Didascalie a été traduite en syriaque, du
moins on n’a pas de faits pour prouver qu’elle l’a été plus tôt. Le traducteur a pu être
Jacques d’Edesse qui traduisait déjà l’Octateuque de Clément. La Didascalie, traduite
par un jacobite au VIIe siècle, n’est donc pas connue des auteurs syriens antérieurs et ne
sert ensuite pendant longtemps qu’à l’Eglise jacobite.
Nous avons vu, par témoignage externe (saint Epiphane), que la Didascalie
remonte au IIIe siècle; pour aller plus loin, on ne dispose plus que de la critique interne,
c’est dire que le champ est ouvert à toutes les hypothèses et à toutes les incertitudes. M.
Harnack a placé la composition de la Didascalie dans la seconde moitié du IIIe siècle,
depuis il a préféré la première moitié; Funk, au contraire, a indiqué d’abord la première
moitié et depuis la seconde moitié; Kattenbusch a toujours tenu pour la fin du IIIe siècle,
pendant que Zahn et d’autres semblent tenir pour la première moitié. Achelis et
Flemming, op. cit., p. 370. M. Achelis lui-même, après avoir opiné pour les dix
premières années du IIIe siècle, reconnaît que la question est indécise et penche plutôt
pour la fin. Ibid., p. 370-377. M. Marcel Viard propose «quelques années après 258», p.
35.
Si l’on demande comment ce médecin, juif converti, d’ailleurs fort honnête homme
et pasteur dévoué, a pu commettre un tel faux littéraire. M. Achelis et M. Viard, p. 36,
répondent que bon nombre d’Eglises croyaient à l’origine apostolique de toutes leurs
traditions disciplinaires, jusque dans leurs détails divergents; il s’ensuivait que les
mettre par écrit n’était que faire œuvre de secrétaire des apôtres et que l’on avait
toujours le droit de signer l’ouvrage de leur nom. La question serait encore plus simple
si l’auteur s’était borné à remanier et à interpoler un écrit apostolique plus ancien.
I. EDITIONS ET TRADUCTIONS. – 1° Syriaque: Didascalia apostolorum
syriace, Leipzig, 1854 sans nom d’éditeur (Paul de Lagarde); The Didascalia
apostolorum in Syriac, par Margaret Dunlop Gibson (Horæ semiticæ, n. 1), Londres et
Cambridge, 1903; F. Nau, La Didascalie, c’est-à-dire l’enseignement catholique des
douze apôtres et des saints disciples de Notre Sauveur, traduite du syriaque pour la
première fois, Paris, 1902 (extrait du Canoniste contemporain, février 1901 à mai
1902); The Didascalia apostolorum in english, translated from the Syriac, par M.
Dunlop Gibson (Horæ semiticæ, n. 2), Londres et Cambridge, 1903; Die syrische
Didascalia, traduite et expliquée par Hans Achelis et Joh. Flemming, Leipzig, 1904
(Texte und Untersuch. De Gebhardt et Harnack, t. XXV, fasc. 2). – 2° Latin: E. Hauler,
Eine lat. palimpsest Uebersetzung der Didascalia apostolorum, dans les Comptes
rendus de l’Académie des sciences de Vienne, 1895, t. CXXXIV, fasc. 3, 1895 (publié en
1896); E. Hauler, Didascaliæ apostolorum fragmenta Veronensia latina accedunt
canonum qui dicuntur apostolorum et Ægyptiorum reliquiæ, fasciculus prior, Leipzig,
1900; F. X. Funk, Didascalia et Constitutiones apostolorum, Paderborn, 1906 (texte de
l’ancienne traduction latine complété à l’aide du syriaque; on trouve aussi t. I, p. III-
XIV, et t. II, p. XXVIII-XXXII, 120-136, une étude sur la Didascalie arabe avec la
traduction latine de la préface et des chapitres propres à cette version qui proviennent du
Testamentum). – 3° Arabe et éthiopien: Thomas Pell Platt, The Ethiopic Didascalia,
Londres, 1834 (texte du commencement de l’arabe, texte et traduction anglaise des
vingt-deux premiers chapitres de l’éthiopien); F. X. Funk, Die apostolischen
Konstitutionen, Rottenbourg sur le Necker, 1891, p. 207-236 (traduction allemande du
commencement et de quelques chapitres de l’éthiopien et de l’arabe).
F. NAU.
2. DIDASCALIE DE NOTRE-SEIGNEUR JESUS-CHRIST. C’est le titre
donné par le ms. grec Vatic. 2072 du XIe siècle à la «Constitution des saints apôtres»,
que nous avons analysée, t. III, col. 1536. Nous avons édité et traduit ce document, au
plus tôt du Ve siècle, peut-être du VIIe au VIIIe, dans la Revue de l’Orient chrétien, t. XII
(1907), p. 225-254.
F. NAU.