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5. Francesco Pazienza Les mystéres du « Super S » Pazienza, un étrange financier ami des terroristes; des mafieux. des espions, des responsables du Vatican, de I'OLP. et de la Maison Blanche. Ce quill fit & lintérieur du SISMI et quel fut son rle dons la campagne électorale du président Reagan Ou Ion reparle de Michael Ledeen et de |a piste bulgare. Comment services secrets, terroristes et bandits se partagent l'argent d’une rangon. OU il est 4 nouveau question de la loge P2 et du massacre de la gare de Bologne € 4 mars 1985, un Italien d'une Devt @années, Francesco Pazienza, se présente au service immigration de la ville de New York accompagné de ses avocats, afin de répondre a certaines questions que les agents des douanes américaines semblent désireux de lui poser. Sir de lui, vétu d'un costume trois piéces impeccablement coupé, il n’ignore pas qu'il est Pun des hommes les plus activement recherchés par la police italienne. Les services secrets de son pays sont a ses trousses. Ils ont failli s’emparer de lui 4 plusieurs reprises. Ne Pont-ils pas mangué de peu aux iles Seychelles, dans Pocéan Indien? Ou encore en Suisse, lorsque deux policiers italiens partis @ sa recherche se font artéter et expulser, parce qu’ils agissaient clandestinement ? Malgré les mandats internationaux émis par. plusieurs juges italiens, Francesco Pazienza n’hésite pas 4 remettre son destin entre les mains des fonctionnaires américains : il espére que ses tévélations lui vaudront Pimmunité et peut-étre méme un nouveau départ dans la vie, Ex-agent des services secrets italiens, Francesco Pazienza a beaucoup pratiqué les milieux de la haute finance internationale, et cdtoyé les membres de différentes mafias. C'est dire s'il est précieux pour les agents de I’US Customs. UN HOMME DE L’OMBRE Ce nest pas la premiére fois que Pazienza rencontre des agents des douanes américaines. Tl a déja été interrogé, au moins 4 deux reprises, 4 Mexico, puis a New York, par des enquéteurs de ce service. Selon eux, Francesco Pazienza détient « des informations trés intéressantes » sur le terrorisme et d'autres dossiers vitaux pour les intéréts des Etats-Unis. C'est Tui qui leur a fouini de précieuses révélations sur les activités en Amérique latine du terroriste d’extréme droite italien, Stefano delle Chiaie. Pazienza parle aux agents américains d'un de ses anciens employeurs, le banquier de la mafia et du Vatican TRAFICS ET COMPLOTS Roberto Calvi, retrouvé pendu sous un pont de Londres le 18 juin 1982. Les douaniers américains qui savent qu’il peut encore leur livrer bien des secrets, tentent de reconstituer Pétonnant itinéraire qui a conduit Pazienza a quitter une petite ville toscane pour les gratte-ciel les plus luxueux des Etats-Unis, aprés avoir fréquenté les salons les plus réservés des banques suisses, la Maison Blanche, le Département d’Etat, lz CIA et les ambassades de la moitié du monde. Comme le disait la femme de Roberto Calvi: «Le jeune homme est passé a toute vitesse de la deux-chevaux a la Rolls-Royce, » Pazienza a cOtoyé nombre d’éminences grises de la planéte, dont Alexandre de Marenches (chef des services secrets frangais, SDECE), le général Santovito (chef des services italiens, SISMI), Yasser Arafat, dirigeant de lOrganisation pour la Libération de la Palestine (OLP), Alexander Haig, ancien secrétaire d’Etat américain, Roberto Armao, homme d’af- faires du shah d’lIran et de la famille Rockefeller, ou encore Mgr Marcinkus, responsable des finances du Vatican et garde du corps papal... Lors de ses négociations antérieures avec les douaniers américains, Francesco Pazienza avait cru comprendre qu'il pouvait obtenir la protection des autorités fédérales en échange de sa coopération, comme il est dusage dans ce genre @affaire. A son arrivée au bureau des douanes, Tespion italien apprend qu'il est désormais en état d’arrestation, a la demande de la justice italieane. Le premier mouvement de surprise passé, Pazienza tente de jouer son va- tout, Il prétend posséder assez d’éléments pour obtenir la libération d’un agent américain de la brigade des stups (DEA), enlevé au Mexique par des trafiquants de drogue. « J'ai les contacts nécessaires », affirme-t-il. Les douaniers ne doutent pas de sa bonne foi, mais ils n’y peuvent tien : les ordres sont les ordres. L’agent de la DEA sera assassiné quelque temps plus tard. Les douaniers américains, qui confirment son arrestation 4 Francesco Pazienza, le font sans nul doute 4 contre- coeur. Mais ils ne peuvent que se plier 4 um ordre venu de Washington. Le ministre de la Justice, William French Smith, serait personnellément intervenu pour qu’ll soit arrété dans les plus brefs délais. Les douaniers sont d’autant plus inguiets du sort de leur protégé, qu’ils ont appris qu’une équipe de tueurs, commandités sans doute par une frange des services secrets italiens, a été embau- chée pour le faire taire définitivement. «QUEL QUE SOIT LE MONTANT, DE LA CAUTION ! » Au Iendemain de Varrestation de Pazienza, un des hommes qui a le plus 4 craindre des révélations de ancien espion, le président du Conseil italien Bettino Craxi, rencontre 4 Washington son homologue américain Ronald Reagan. Lenjeu des conversations est Padhésion italienne au programme de défense spatiale lancé par le Président Reagan. Les deux dirigeants ont-ils profité de leur rencontre pour évoquer larrestation et extradition de Francesco Pazienza ? C'est ce que ses avocats et la presse américaine laissent entendre. En tout état de cause, aprés le sommet Craxi-Reagan, le ministére de la Justice américain fait savoir que « la détention de Pazienza est une question dintérét national ». La Cour fédérale de New York, suivant les recommandations du procu- reur, décide de refuser sa libération « quel que soit le montant de la caution » proposé par la défense. Inutile de préciser que ce genre d’attitude est des plus rares Les MYSTERES DU « SUPER S » aux Etats-Unis, Pour justifier sa position, le ministére de la Justice affirme que la décision a &€ prise conjointement et au plus haut niveau, par les gouvernements italien et américain, L’acharnement déployé par Bettino Craxi a mettre. Francesco Pazienza a Pombre est peut-étre imputable aux affaires que les deux hommes ont eu Poccasion de traiter ensemble. Encore que, sur ce point, Francesco Pazienza se soit toujours montré dune remarquable discrétion. Tout au plus sait-on que le président du Conseil italien s'est rendu au moins une fois au domicile de Pazienza afin dévoquer V'affaire de la banque ‘Ambrosiano et les démélés de son patron, Roberto Calvi, avec la justice. Si PBtat italien tient 4 voir Pazienza finir ses jours en prison, c'est en raison des dégits qu’il est susceptible de causer dans les services de renseignements et la classe politique romaine, car cet homme a longtemps été considéré comme le vétitable chef de Pagence d’espionnage de Varmée italienne, le SISMI. L’HOMME GRENOUILLE Fils d’une famille de la petite noblesse italienne, Francesco Pazienza se destine ala médecine avant de se découvrir une passion pour la plongée sous-marine. Aprés une thse de doctorat consacrée 4 Pimmersion en grandes profondeurs, le jeune Pazienza abandonne Hippocrate serments pour se consacrer 4 des activités plus lucratives et plus périlleuses. Reconstituer son curriculum vitae n'est pas chose aisée. Son dossier 2 disparu des archives du SISMI et les juges dinstruction qui s‘intéressent 4 lui ont le plus grand mal a secueillir des bribes d'informations sur son entrée dans le monde du renseignement. Selon la CIA, sa casriére commence en 1969 avec la création d'une petite société, ’Edilsub Services, .destinge aux travaux sous- marins, vite dissoute du fait de dissensions internes. Puis c'est la Coiper Spa, chargée de la manutention de navires, elle aussi abandonnée. En 1971, il part en France oi il est employé d’abord 4 la Compagnie Maritime d’Expertise puis 4 la Cocéan, une société océanographique frangaise. Pazienza affirme avoir fait partie des employés du commandant Cousteau. La chose serait d’autant moins surprenante que le pére de Pazienza qui posséde une société d’appareillage de plongée (1’Usea) travaille avec le célébre océanographe. Si Pon en croit la CIA, Francesco Pazienza commence, dés cette époque, a firter avec Punivers du renseignement. Diaprés certaines sources, il aurait fait Ta connaissance d’Alexandre de Maren- ches, chef des services d’espionnage fran- gais (@ Pépoque SDECE) et de son chef de cabinet, Michel Roussin, et commencé 4 travailler pour eux dans les années 70. ‘Alexandre de Marenches a reconnu avoir rencontré Pazienza au début des années 80. Quant 4 Michel Roussin, qui deviendra par la suite- chef de cabinet du Premier ministre Jacques Chirac, en 1986, ill semble partager la passion de Francesco Pazienza pour la plongée sous- marine. Ce qui -n’est guére étonnant de la past de quelquun qui a travaillé pendant de longues années pour un service secret surnommé « la piscine » ! Dans un jugement rendu par la cour criminelle de Rome le 29 juillet 1985, on apprend que Francesco Pazienza travaille toujours pour les services de renseigne- ments francais. Citant des documents confidentiels, les magistrats affirment que Pazienza est réguligrement appointé par la DGSE. Tous ceux qui croisent Ia piste de Francesco Pazienza ne manquent pas ate impressionnés par son savoir-faire. Crest le cas d’ Umberto Federico d’ Amato, TRAFICS ET COMPLOTS: chef des « Affaires Réservées » du minis- tére de ’Intérieue italien, P'un des hommes les plus puissants de la Péninsule : « La Philosophie de Pazienza est simple, I] veut réaliser des affaires et gagner le plus d’argent possible & travers les services secrets, grice aux hommes politiques. » L’enttegent de Francesco Pazienza est indéniable. Aprés avoir travaillé pour le commandant Cousteau, il se lance a Passaut de la haute finance internationale, @abord comme expert financier a la société Interfininvest, dirigée par le mil- liardaire saoudien Akhram Ojjeh, puis en s’associant avec Vhomme d'affaires Robert Armao, Francesco Pazienza est également employé en tant que consultant par différents groupes européens comme Lhor, Italsat, Air Liquide. Il participe aussi a certaines négociations secrétes : c'est ainsi qu'il rencontre le colonel Kadhafi i Malte, pour le compte du gouvernement italien, ou encore le chef de POLP Yasser Arafat cette fois en tant qu’émissaire du Vatican... Ses liens avec le Saint-Siége semblent atre trés étroits puisqu’ll traite aussi bien avec le responsable des finances pontifi- cales, Mgr Marcinkus, qu’avec le ministre des Affaires étrangéres, Mgr Silvestrini. Et il n’est pas rare de croiser a son domicile romain Pambassadeur du Vatican auprés des Nations Unies ou encore Péditeur de ?Osservatore Romano. Ce qui ne 'empéche nullement d’avoir d'autres relations, fort peu catholiques : homme n’bésite pas a s’alficher avec des bandits de la camorra napolitaine ou de ‘la mafia sicilienne. On imagine les bénéfices qu'il peut tirer de telles fré- quentations (on le dit un peu trafiquant de drogue), fort utiles dés lors qu'il s'agit de traiter des affaires. délicates... Dés le début de son ascension, Pazienza accepte de collaborer avec divers organes de renseignements, ce qui prouve quill connait parfaitement son affaire. En 1979, se présente l'occasion qu'il attend depuis des années : il accéde a de trés hautes responsabilités au sein d’un service secret — en occurrence celui de Varmée italienne, le SISMI. LE SISMI A Pépoque, le service est ditigé- par un général que Yon dit dénué de tout scrupule, Giuseppe Santovito. On ignore ce qui le pousse 4 embaucher Francesco Pazienza. La légende parle d’an chantage que le second aurait exercé sur le premier. On prétend aussi que le général, séduit par ce fringant jeune homme qui parle couramment cing langues, serait trés vite tombé sous son influence. A l’ége de trente-cing ans, Francesco Pazienza est embauché comme conseiller privé du chef du SISMI, Un record d’autant plus remarquable que, pendant prés de trois ans, il va développer son influence au point d’étre considéré comme le véritable patron des services de renscignements militaires italiens. Son appartenance 4 un service secret ne Vempéche ailleurs nullement de participer 4 diverses intrigues internatio- nales. La plus étonnante commence lors d'un voyage a New York, en été 1980, quand Francesco Pazienza fait la connais- sance d’un « journaliste » américain, Michael Ledeen, que lui a présenté un agent du SISMI en poste aux Nations Unies. Spécialiste des problémes du terto- risme, . Michael Ledeen est également collaborateur de la CIA avec laquelle il a eu Foccasion. de travailler notamment lors de Penlévement du président de la démocratie chrétienne italienne, Aldo Moro; survenu 4 Rome le 16 mars 1978. Les MysTERES DU « SUPER S » Séduit par Pazienza, Ledeen’ lui explique quill vient de se lancer dans une opération fort ambitieuse. Il s’agit de faire éclater un scandale contre le Président Caster afin d’empécher sa réélection, Le but de Ledeen est simple : donner un coup de main au candidat Ronald Reagan. Francesco Pazienza est d’autant plus favorable au projet de Michael Ledeen qu'il connait de longue date un délégué 4 la convention nationale du parti républicain, Alexander Haig, et que ce dernier brigue justement un haut poste dans la future administration Reagan. Michael Ledeen a trouvé un des points faibles du Président Carter. Grice 4 ses contacts au sein de la CIA, il a apptis, que Billy Carter entretient des rapports avec le colonel Kadhafi. Reste a trouver quelque histoire compromettante. L’affaire rendue publique, une bonne partie de Pélectorat juif américain ne manquerait pas de basculer dans le camp de Ronald Reagan. Pazienza pense que le SISMI n’aura aucun mal 4 découvrir la nature des relations qui unissent le chef d’Etat libyen. au frére du Président américain. Ledeen propose alors de se rendre 4 Rome: afin de mettre au point un plan d’action. Si Pon en croit Pazienza, Ledeen, a peine arrivé, rencontre des dirigeants du SISMI proches de la droite démocrate- chrétignne, qui acceptent d’engager les services secrets italiens dans une opération de déstabilisation du Président Carter. Le SISMI prend Vaffaire tres au séricux. Un plan de bataille est mis au point; la péche 4 information commence. La Libye posséde de nom- breux intéréts en Italie. En Sicile, un avocat dénommé Michele Papa est Vhomme de la Jamaharia de Tripoli. Le SISMI décide de Vapprocher et de le faire parler. Dans ce but, les services mhésitent pas 4 exposer une de leurs sources d’informations, un journaliste originaire de la méme ville que Pavvocato Michele Papa. Le journaliste sait interroger habile- ment Vavocat sicilien qui lui révéle que le frére du Président Carter a regu 50 000 dollars des Libyens afin de financer un voyage 4 Tripoli, of il aurait eu Voceasion de rencontrer deux des leaders palestiniens, Yasser Arafat et Georges Habache. Convaincu que cela suffirait a Ledeen, Pazienza appelle I’Américain rentré au pays, afin de lui rapposter les propos recueillis par Phonorable corres- pondant du SISMI. Déception : Ledeen a besoin d’entendre Phistoire de la bouche méme de Michele Papa. Ne reculant devant aucun effort, Pazienza décide de prendre lui-méme Paffaire en main et invite Michele Papa a diner dans un grand restaurant. Le repas,-arrosé au champagne, est aux frais du SISMI. Michele Papa ne fait aucune difficulté pour sépéter devant Francesco Pazienza tout ce qu'il a dit au journaliste du SISMI. Cette fois, ses propos sont enregistrés. Avant de se rendre au repas, Pazienza a pris la précaution de s’équiper d’un magnétophone ultra-sophistiqué, fourni par les services techniques du SISMI. Aprés le repas-confession, les services techniques du SISMI vont méme jusqu’a «nettoyer » la bande magnétique en effagant les bruits d’ambiance afin de la rendre plus audible. Le SISMI a mis sur Paffaire un photographe qui a non seulement pour tiche d’immortaliser la rencontre entre Pazienza et Papa mais aussi de prendre des photos compro- mettantes des réunions entre Billy Carter et des émissaires libyens. Dés qu’il apprend Vexistence de cet enregistrement, Michael Ledeen saute dans le premier avion, Sitdt arrivé a Rome, il écoute la bande magnétique en se tortillant. L’audition se passe dans un TRAFICS ET COMPLOTS restaurant. Bondissant, il hurle en anglais : «Ga y est! on Pa!» Michael Ledeen vient d’entendre Papa expliquer que le frére du Président a eu des conversations secrétes avec des dirigeants de l’OLP. Géné, Pazienza regarde autour de lui pour constater, horrifié, que tous les yeux des clients du restaurant sont rivés sur eux. De retour i Washington, Michael Ledeen décrypte la bande magnétique et entreprend de rédiger Varticle qui déclen- chera le scandale dit du « Billygate ». IL est assisté par Pun de ses collégues, Arnaud de Borchgrave, naguéte reporter a Newsweek et directeur du Washington Times, dont le propriétaire n’est autre que Pinquiétant révérend Moon. Intitulé « Qaddafi, Arafat and Billy Carter », Particle est publié par New Republic le 1 novembre 1980. Les spécialistes de la politique américaine reconnaissent qu’il a coiité au Président Carter tout ou partie du vote de l’électorat juif. ICHAEL LEDEEN Michael Ledeen est décidément un personnage aux multiples facettes. Jour- naliste, écrivain, membre du Centre pour les Etudes Internationales Stratégiques de Georgetown, il a eu plus d'une fois Poccasion de travailler pour le Départe- ment d’Etat et pour celui de la Défense. Bénéficiant de contacts privilégiés 4 Pintérieur de la CIA, il est proche du fameux chasseur de taupes de Agence, James Jesus Angleton. Grice 4 hui, Ledeen rédige a Pépoque une série darticles sur les taupes du KGB et de a CIA qui font grand bruit 4 Washington. Une fois arrivé au pouvoir, le Président Reagan saura le remercier en lui confiant, notamment, la gestion de dossiers fort délicats, Crest ainsi qu’aprés Vinvasion de la Grenade, en 1983, Michael Ledeen est chargé par la Maison Blanche de dépouil- ler les archives du gouvernement marxiste renversé par les Américains, afin de justifier aprés coup V’intervention de ’US ‘Aemy. Par la suite, il est embauché par Harper's: Magazine et pat la chaine de télévision ABC comme spécialiste de la Grenade. Sa carriére parapolitique ne Sarréte pas la. Il est Pun des cerveaux qui planifie la vente clandestine d’armes américaines 4 "Iran dans lespoir d’obtenir la libération dotages américains détenus 4 Beyrouth, Il accompagne Robert McFarlane, Pen- voyé spécial de la Maison Blanche, lors de son voyage 4 Téhéran, le 28 mai 1986, et travaille dans cette affaize en étroite liaison avec le général Richard V. Secord et les autres marchands d’armes de la CIA. Chargé de suivre les affaires iraniennes pour la Maison Blanche, Ledeen cst, selon Vancien président Bani Sadr, l'un de ceux qui auraient liveé 4 Khomeyni Pex-ministre des Afaires étrangéres, Sadegh Ghotbzadeh exécuté le 16 septembre 1982. Ledeen aurait agi dans le but d’empécher une tentative de coup @Btat contre le régime iranien, dont il apprécie les sentiments anticommunistes. Michael Ledeen participe également a une autre opération planifiée par les cow- boys de la Maison Blanche, le détour- nement d’un Boeing de la compagnie Egyptian Airways. A son bord, se trouvent les terroristes responsables de la capture du paquebot Achile Lauro — dont le responsable palestinien Abul Abas. Crest lui qui téléphone en pleine nuit au président du Conseil italien Bettino Craxi afin de Vavertir que le Boeing égyptien allait étre dérouté sur la base américaine de Sigonella en Sicile, et que les Italiens feraient mieux de ne pas intervenis. A Pépoque, pourtant, Lis MYSTERES DU « SUPER S » Ledeen est considéré comme persona non grata par le nouveau chef du SISMI, qui vient de découvrir les méfaits de Pazienza et de ses amis. Travailler pour les services secrets de la Maison Blanche et la CIA n'empéche pas Michael Ledeen de vendre ses talents 4 d’autres. Selon Francesco Pazienza, Ledeen travaillait réguliérement avec les services secrets italiens, Il aurait regu plus de 120 000 dollars du SISMI, en 1980 ou 1981, versés sur un compte secret dans une banque des Bermudes. Le nom de code de Michael Ledeen au sein du SISMT serait Z-3 ‘On prétend en outre que Michael Ledeen aurait touché 300 millions de lites (environ 1 500 000 F francais) afin de financer «un camp d’entrainement anticommuniste » en Italie. LA PISTE BULGARE De touites les affaires auxquelles sont associés les noms de Francesco Pazienza et Michael Ledeen, on ne peut oublier celle dite de la « piste bulgare ». On se souvient que Mehmet Ali Agga, le jeune turc qui tenta de tuer le pape Jean-Paul TI le 13 mai 1981, a longtemps été accusé, sinon d’étre un agent du KGB, du moins Wavoir agi sur ordre des services bulgares. Ce que l’on sait moins, c'est que Francesco Pazienza et Michael Ledeen sont a origine de certaines informations tendant accréditer cette piste. Le réle exact joué par Pazienza dans cette ténébreuse affaire est loin d’étre établi, Et le flou de ses déclarations sur le sujet ne fait que renforcer le mystére. Ainsi, Pazienza prétend-il que lui et un de ses amis, Alexandre de Marenches, alors chef des services secrets frangais, ont prévenu le Vatican que les Soviétiques tramaient un attentat contre le pape six mois avant qu’Ali Agca n’ouvre le feu sur Jean-Paul II. Par la suite, Alexandre de Marenches a confirmé Pinformation sans donner plus de précisions sur la maniére dont Pazienza et lui ont éé avertis du complot contre le Saint-Pére. Ce nvest pas le seul mystére de la piste bulgare. Quatre ans plus tard, lors de son procés, Ali Agca affirme que Pazienza est venu lui rendre visite dans sa cellule d’Ascoli Piceno, afin de lui proposer la liberté s'il affirmait que les Bulgares avaient commandité Pattentat. Vincenzo Casillo, un bandit napolitain proche de Pazienza, prétend pour sa pat que le jeune Ture a regu, durant sa détention, de nombreuses. visites d’agents du SISMI, sans pour autant pouvoir fournir des noms. Peut-étre s’agissait-l denvoyés spéciaux de Francesco Pazienza, ainsi que le prétend Ja presse italienne ? Le chef de la mafia napolitaine, Raffacle Cutolo, semble ayoir lui aussi joué un role essentiel daris cette affaire, Selon son bras droit, Giovanni Pandico, Cutolo a recu dans sa cellule le général Musumeci, un des dirigeants du SISMI, qui Paurait convaincy de faire pression sur Agga. Un autre camorriste, Giuseppe Cillieri, affirme quant a Ini que Pazienza s'est rendu personnellement 4 la prison d’As- coli Piceno afin de donner des instructions au Turc. Francesco Pazienza prétend n’avoir jamais rencontré Ali Agga. En revanche, il reconnait avoir contribué la diffusion d’informations sur la piste bulgare. Francesco Pazienza déclare avoir rencontré Ia journaliste américaine Claire Sterling, dont les révélations sont 4 Vorigine de Pintérét des médias interna- tionaux pour la « piste bulgare ». Tl dit lui avoir fourni une bonne partie des informations nécessaires 4 la rédaction de son livre, Le Réseau de la terreur, et aux différents articles publiés par la journaliste dans le New York Times. Amie de longue date de Michael Ledeen, Claire Sterling nie pourtant avoir "TRAFICS ET COMPLOTS rencontré Pazienza, mais reconnait avoir vu a deux reprises son supérieur hiérar- chique, le général Santovito, chef du SISMI. LES BRIGADES ROUGES, _LA CAMORRA ET LA DEMOCRATIE CHRETIENNE L’affaire 1a plus délicate traitée par Francesco Pazienza est sans doute celle de la libération du dirigeant démocrate- chrétien napolitain Ciro Cisillo, enlevé par un commando des Brigades Rouges au mois de mars 1981. Officiellement, la démocratie chrétienne a toujours refusé de négocier avec les tertoristes. Pourtant, tout semble indiquer qu’ travers les services secrets, ses hauts responsables ont entamé des pourparlers avec les ravisseurs dans intention d’obtenir la libération de leur malheuseux collégue. Francesco Pazienza est amené a jouer un dle non négligeable dans ces mancuvres, en raison des solides liens @amitié qu’il entretient avec des parrains de la mafia sicilienne et de sa cousine napolitaine, la camorra. Il aurait ainsi pris contact avec Pun des parrains de la camorra, Vincenzo Casillo, afin que les bandits napolitains servent d’intermé- diaires entre les Brigades Rouges et le parti de Cirillo. D’aprés les proches de Pazienza, cette démarche aurait éé ins- pirée par un de ses amis, le président de la démocratie chrétienne, Flamino Piccoli. Casillo, qui est pourtant recherché activement par la police italienne, se rend alors sectétement 4 la prison d’Ascoli Piceno afin de convaincre le chef de la camorra, Raffaele Cutolo, d’ceuvrer pour la libération de Votage des BR. Appa- remment avec suecés, puisque Ciro Cirillo est libéré aprés le paiement d'une rangon, dans le courant du mois de mai: une semaine aprés les premiers contacts entre Pazienza et Casillo. Quelque temps plus tard, Casillo est assassing. Sa voiture explose non loin du siége des services secrets italiens... Pour la rangon, on parle de milliacds de lites (environ 15 000 cco F francais) recueillis dans les caisses noires de la démocratie chrétienne et dans celles des services secrets. Selon les juges napolitains chargés du dossier, les Brigades Rouges n’auraient regu que la moitié de la somme collectée, autre moitié de la rangon ayant été détournée par le ministre de la Défense d’alors et trois hauts respon- sables du SISMI — les généraux Musu- meci et Santovito, ainsi que... Francesco Pazienza ! L’HOMME DES AMERICAINS... Francesco Pazienza prend alors une importance inquiétante au sein de la vie politique italienne, au point d’étre consi- déré par la nouvelle administration amé- ricaine, comme son interlocuteur pei légié, sinon unique, auprés du gouver- nement italien. Le premier a s’en aper- cevoir est Umberto Federico d’Amato, qui contréle la police italienne en tant que chef des « Affaires Réservées » du ministére de 'Intérieur, Les Américains le comparent d’ailleurs au légendaire Edgar G. Hoover, qui fagonna le FBI a son image. Ami de longue date de Pazienza, Federico d’Amato n’en dénonce pas moins ce.« moment fort peu connu de Phistoire des relations entre les Etats- Unis et IItalie » qui coincide avec Varrivée de Francesco Pazienza aux commandes oceultes du SISMI. «Cest une période trés étrange, explique-til. Un curieux vide dans les relations entre les Etats-Unis et PItalie stinstaure aprés V’élection de Ronald Reagan. Et cela parce que Pambassadeur ‘Les MYSTERES DU « SUPER S » américain 4 Rome, Richard Gardner, était mal vu du Président américain. Celui-ci coupa immédiatement tout contact avec son représentant au point qu’il o’attendit méme pas l’arrivée de l’ambassadeur Raab pour le liquider. Alors se produisit un phénoméne fort étrange dont je n’ai pas manqué d’informer mes supérieurs : les rapports entre la classe politique et le gouvernement italien dun c6té et la nouvelle administration américaine de Pautre reposaient sur deux hommes, Francesco Pazienza et Michael Ledeen. Liambassade américaine ne faisait plus rien et la CIA encore moins. Montgomery, qui était le chef de la station de la CIA 4 Rome, fat immédiatement remplacé. Il y eut donc un moment de paralysie ; était comme si lambassade américaine n’existait plus. » Umberto Federico d’Amato affirme encore que Francesco Pazienza et Michael Ledeen vont jusqu’d prendre en charge « des voyages organisés » d’hommes poli- tiques jitaliens. & Washington. Il est impossible de connaitre le nombre exact de voyages officiels ou semi-officiels organisés par les deux agents secrets. Tout au plus sait-on que Francesco Pazienza prépare activement le séjour du président de la démocratie chrétienne Flamino Piccoli, qui se rend 4 Washington au début de Pannée 1981 afin de prendre contact avec la nouvelle administration. Celui-ci affirme que, n’arrivant pas a rencontrer le moindre haut fonctionnaize, il a da faire appel a Pazienza qui est interven pour qu’un de ses amis, Alexander Haig, le nouveau secrétaire @Etat, accepte de le recevoir. Lancien secrétaire de Pazienza, Placido Magri, n’est pas de cet avis. « Pazienza s’est rendu aux Etats-Unis (avant l’arrivée du secrétaire démocrate-chrétien) afin de préparer le terrain. C'est le général Santovito qui le lui avait ordonné. Le général avait donné Vordre au chef de la station locale du SISMI, Marcello Campione, de Vaider dans la mesure de ses moyens. Pazienza m’a déclaré qu'il avait dépensé plus de 4o millions de lires [environ 200 000 F frangais] lors de ce voyage. Les frais étaient payés par le SISML. » II semble que la dilapidation des fonds de V’Etat italien n’ait pas été la seule indélicatesse commise durant ce voyage. Si Pon en croit un de ses ex-employés, Pazienza en aurait profité pour passer dans ses bagages quelques kilos de cocaine. La chose n’est pas surprenante, et ce n’est pas la premiére fois qu’un de ses anciens collaborateurs accuse détre un trafiquant de drogue. Du temps de sa splendeur, Francesco Pazienza a’hésitait pas s’afficher dans les boites de uit romaines ‘en compagnie de parrains de la drogue et d’éminents représentants du milieu romain, comme Domenico Balducci. L’histoire retiendra que ce dernier était un des chefs de la terrible bande de la Magliana qui ségnait sur une partie de la banlieue romaine. Recherché activement par la police ita- lienne pour une série impressionnante de délits, Balducci a trouvé, grace a Pazienza, le moyen de voyager d’un bout 4 Pautre de la planéte sans crainte des contrdles. Chaque fois que le bandit en avait besoin, Pazienza mettait 4 sa disposition un avion de la Compagnie Aéronautique Italienne, une des sociétés du SISMI... LE MASSACRE, DE LA GARE DE BOLOGNE Les rapports entre Francesco Pazienza et le crime organisé ne sont pas Paspect Je moins inquiétant de cette affaire. Si Pon en croit les juges chargés de Pinstruction du massacre de la gare de Bologne, Francesco Pazienza, le général Santovito et le général Musumeci, sous- a 'TRAFICS ET COMPLOTS: directeur du SISMI, sont impliqués dans Pexplosion de la bombe qui fit 85 morts et plus de 150 blessés le 2 aout 1980. Les trois hommes sont en effet accusés avoir orchestré une campagne de dés- information afin de brouiller les pistes. Et les juges d’affirmer que le SISMI leur a fait parvenir une masse d’informations difficilement vérifiables, afin de les lancer dans des recherches aussi improductives qwexténuantes. De fait, les informations lachées par les hommes du SISMI sont soigneusement dosées. Pazienza et ses supérieurs peuvent ainsi vérifier leur impact et éventuellement corriger le tir. Comme cela ne suffit pas a égarer les juges, les agents secrets entreprennent alors effectivement une veritable campagne de presse et a’hésitvent pas 4 convoquer certains journalistes dans les bureaux du SISMT afin de leur remettre « discrétement » des documents confidentiels discréditant Penquéte des juges de Bologne. Et parce quiils n’arrivent pas a brouiller les pistes et a éloigner les enquéteurs des vrais responsables_ de Pattentat, les responsables du SISMI montent de toute piéce une fausse organisation terroriste d’extréme droite laquelle ils attribuent le massacre. Pour conférer plus de crédibilité a leurs révélations, ils vont méme jusqu’d aban- donner, le 13 janvier 1981, dans un train qui selie Tarente 2 Milan, une valise bourrée dexplosifs et d’armes. Il faudra prés de cing ans aux juges pour approcher de la terrible vérité et parvenir a la conviction que les respon- sables du massacre de la gare sont a chercher parmi les dirigeants du SISMI. Dans les ténébres qui entourent encore cette affaire, les magistrats: de Bologne sont pourtant arrivés 4 la conclusion que la campagne de désinformation lancée par Francesco Pazienza a pour but principal de détourner leur attention de leur suspect numéro un, Licio Gelli, le chef de la loge maconnique Pz... LA LOGE Pa Les enquéteurs italiens n’ont jamais pu prouver Pappartenance de Francesco Pazienza cette organisation occulte. Contrairement a ceux des dirigeants des services secrets italiens, le nom de Vespion ne figure sur aucune des listes de la P2 découvertes 4 ce jour. La carriére de Pazienza au sein du SISMI prend fin néanmoins en 1981, avec la découverte de la liste dune partie des membres de la P2.. Parmi les hauts fonctionnaires forcés de démissionner 4 la suite du scandale se trouve le général Giuseppe Santovito, qui entraine Fran- cesco Pazienza dans sa chute. Mais la disgrice de ce dernier n'est que de courte durée ; fort de son expérience et de ses talents, il n’a aucun mal A se recycler. Il devient alors ’homme de confiance de Roberto Calvi, président de la banque Ambrosiano, un des premiers établissements bancaires. privés de la Péninsule. Ce nouveau travail ne le change pas trop du précédent : surnommé le « banquier de Dieu », Roberto Calvi S‘oceupe de gérer les finances du Vatican et de certaines familles de Ia mafia ; c'est un des membres les plus en vue de la loge Pa. Les deux hommes s’étaient vus pour la premiére fois 4 Washington lors d’une réunion du Fonds Monétaire Internatio- nal, en 1978. Trois ans plus tard, ils reprennent contact grice a la médiation du président de la démocratie chrétienne, Flamino Piccoli. Tout comme Piccoli, Calvi veut se servir de Pazienza pour rencontrer certains membres de la nou- velle administration Reagan. Séduit pas son aisance, le banguier milanais Pem- bauche aussitét. ey pe Iwsis 1839 30sis uoysseaqns op soursue6s0 snpINpUy esuajea e 2p ans syer0440 wou suey S07 weyex juouauBjesues np epuoul 27 lesuog np ywapisesd sjeuuopmpsuy suey $07 ee TRAFICS ET COMPLOTS I faut dire que Calvi comprend immédiatement Vusage qu'il peut tirer des talents de agent secret. Chargé d'administrer une partie des biens du Vatican, il ne s’entend plus avec Pun de ses associés, Mgr Paul Marcinkus, garde du corps papal et banquier véreux a ses heures. Or, il se trouve que Pazienza connait bien le dossicr Marcinkus. En 1980, le général Santovito avait chargé de rassembler tout ce qui pouvait @tre utilisé contre lui, D’aprés Pazienza, le chef du SISMI agissait pour le compte des ennemis de Marcinkus a Vintérieur du Vatican notamment pour Mgr Casaroli. Aprés une longue enquéte en Suisse, Pazienza a réuni un dossier aussi impressionnant que compromettant quil a remis a son supérieur, Début avril 1981, Pazienza donne done sa démis- sion du SISMI pour entrer officiellement au service de Calvi. Les services secrets italiens envoient une équipe faire le ménage et récupérer tout le matériel despionnage qui se trouvait au siége une société de Pazienza. Le sort de Pancien agent secret est désormais ié a celui du banguier. On connait la suite : le Banco Ambro- siano fait faillite avec un déficit de 1,3 milliard de dollars. Aprés divers démélés avec la justice de son pays, Roberto Calvi est retrouvé’ pendu sous le pont des Fréres Noirs a Londres. Pour Francesco Pazienza, heure est venue de passer 4 la clandestinité. A compter de ce jour, il est devenu Vhomme a abattre pour une partie des services secrets italiens et de la classe politique italienne. Les officiers des douanes américaines, qui ont eu occasion de travailler avec lui, sont allés jusqu’a témoigner en sa faveur devant le tribunal chargé de statuer sur la demande d’extra- dition présentée par les Tealiens au Iendemain de son arrestation. « Nous savons, ont-ils déclaré en substance, que des tueurs non identifiés sont a sa recherche. » Du fond de sa prison new- yorkaise, Francesco Pazienza comprend que, s'il veut s’en sortir, il est temps de commencer 4 parler. Tl accepte de recevoir certains journalistes et commence a lacher quelques informations. Il explique ainsi aux journalistes médusés que le 1,3 milliard de dollars disparu lors du keach de la banque Ambrosiano a éé détourné en grande partie par les banquiers du Vatican. Les sommes dérobées ont servi a financer les caisses du syndicat polonais Solidarité, PIRA, ainsi que différents groupes latino- américains hostiles 4 la « théologie de la libération. » En 1985, le Vatican accepte de rembourser aux liquidateurs du Banco Ambrosiano 244 millions de dollars, Le dossier n'est est pas clos pour autant. A la suite des accusations de Pazienza, PErat italien demande, sans Pobtenir, extradition du Vatican de Mgr Marcin. kus. S'il le souhaite, Pazienza peut aussi parler des financements accordés par le Banco Ambrosiano aux différents partis politiques italiens, puisque cest Iui qui en était chargé, ce qui lui permit de rencontrer, entre autres, Bettino Craxi, chef du parti socialiste et président du Conseil au moment de Tarrestation de Pagent secret. Selon certaines indiscrt tions, le Banco Ambrosiano aurait versé 41 millions de dollars au PSI. LE « SUPER S » Aprés avoir passé plus d’un an au centre correctionnel de Manhattan, Pazienza est finalement extradé vers Italie le 19 juin 1986, A sa demande, serait-on tenté d’écrire. Dans Pavion qui le raméne vers Milan, il semble plus agressif que jamais. Déjouant la surveillance des agents du FBI chargés de Pescorter, il trouve ‘Les MYSTERES DU « SUPER S » le moyen d’échanger quelques propos avec un journaliste et lui annonce de nouvelles révélations dés qu'il sera traduit devant un juge d’instruction. En maitre accompli de l'information et de la désinformation, il sait qu’il lui faut doser ses révélations pour parvenir A saver sa peau. Pendant plus de vingt mois, il va étre entendu par les juges instruction de Turin, Milan, Bologne, Rome et Naples, chargés d’élu- cider différentes affaires dans lesquelles il est impliqué, Pour montret sa bonne volonté, il rédige plusieurs mémoires @ attention des magistrats. L’un d’eux porte sur ce qu’il appelle le « Super S » Selon lui, il existait de son temps une structure autonome 4 Vintérieur du SISMI, un service secret a Pintérieur du service secret, dénommé « Super S », qu'il dirigeait en compagnie de quatre hauts fonctionnaires. -Le groupe de super- espions aurait opéré au Liban, en Arabie Saoudite, en France, au Maroc, en Suisse, en Libye, aux Etats-Unis et bien sir en Italie. Quelles étaient ses attributions ? Ménageant ses effets, Pazienza refuse d’en dire plus... pour le moment. Tot ou tard, il parlera. Ses ennuis avec la justice italienne sont en effet loin d’étre terminés. Dans un premier temps, les Etats-Unis n’avaient concédé extradition que pour Vaffaire du Banco Ambrosiano, jugeant sans doute que les documents fournis pour les autres demandes d’extradition n’étaient pas assez convaincants. Aprés avoir été longuement interrogé par les juges de Milan et de Turin, Pazienza a é&é remis en liberté provisoire au mois de décembre 1986. Le 7 janvier 1987, les Américains per- mettent aux juges de Bologne de pour- suivre la procédure engagée dans le cadre de Vinstruction sur le massacre de la gare de Bologne. Le méme jour, il est 2 nouveau arrété. Avant de monter dans Je fourgon cellulaire, Pazienza lance & attention des journalistes qui se pressent autour de Ii : — Ronald Reagan et Alexander Haig m’entendront. On se retrouvera devant les juges. Cette fois, je parlerai d’assas- sinats politiques. — Od ga, en Italic ?, pressent les jousnalistes. —Non, a Pétranger, dit Pazienza avant de disparaitre entre deux carabi- niers...

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