L’antidote au stress

légitime.

Introduction

Tout au long de ma carrière d’architecte et de coach, j’ai souvent été étonnée par le nombre effarant de gens stressés. C’est cette constatation qui m’a poussée à écrire ce livre sur les approches créatives permettant d’éviter les tensions nerveuses associées aux situations potentiellement stressantes — ou de les surmonter avec élégance. J’espère que cet ouvrage aura un impact social, qu’il contribuera à briser les tabous relatifs au stress et qu’il favorisera une meilleure compréhension des mécanismes susceptibles d’entraîner une réponse de stress. En m’appuyant sur ma propre expérience du processus créatif et de ses multiples facettes, j’entends faire valoir qu’il n’existe que des solutions en devenir, et j’espère inspirer les lecteurs à s’engager sur la voie de la créativité.

J’aimerais également aider les lecteurs à comprendre en quoi consistent la « danse de la conscience créative » et la notion de transition, c’est-à-dire la nécessité de se réinventer périodiquement (à cause d’un changement ou grâce à lui, selon la perspective de chacun), tant pour les entreprises que pour les gens.

Respiration essentielle de l’âme humaine, la créativité est mal connue dans plusieurs milieux et surtout dans celui des affaires. La plupart des gens ont tendance à se réfugier en lieu sûr (dans le cerveau gauche ou le mental inférieur) ; c’est comme si, en utilisant leur cerveau droit, ils lâchaient leur bouée de sauvetage, c’est-à-dire leurs repères analytiques sécurisants (le « déjà-connu ») et qu’ils allaient, par conséquent, perdre les pédales.

Je me rends bien compte que chacun d’entre nous, à sa manière et avec sa carte géographique personnelle du monde (ses perceptions), aborde la créativité d’une manière qui lui est propre.

Certains disent que la créativité n’est pas pour eux, d’autres affirment qu’ils sont incapables d’être créatifs. D’autres personnes ne savent pas pourquoi la créativité est utile ni comment l’utiliser de manière constructive, certaines en ont peur, et enfin, d’autres individus sont tombés dedans quand ils étaient petits (tel Obélix dans la potion magique) et sont totalement inconscients de la chance qu’ils ont. Ces chanceux se retrouvent avec un cerveau droit fonctionnant à plein régime, leur cerveau gauche occupant une place de moindre importance dans leur vie. Ce sont les artistes, les poètes, les peintres et les sculpteurs de ce monde.

Et il y a, au milieu, les personnes qui vivent un équilibre des deux hémisphères. Les deux côtés de leur cerveau, le gauche et le droit, ont appris à danser ensemble et même à fonctionner de façon indépendante. L’exemple d’une ingénieure qui serait aussi musicienne et compositrice à ses heures illustre bien cette dynamique. L’étude de certaines matières et l’exercice de certaines professions nécessitent une collaboration des deux hémisphères ; l’architecture en est un bon exemple. C’est également le cas du dessin de mode, où la réalisation du vêtement dessiné exige la mise en œuvre d’un patron. L’étude de la musique et la maîtrise d’un instrument nécessitent également l’équilibre des deux hémisphères, car la musique est, à sa manière, une forme de mathématique appliquée. Les deux hémisphères sont donc hautement sollicités dans ce genre de travail.

Au bout du compte, il importe d’équilibrer et d’harmoniser nos deux hémisphères de manière à en tirer le meilleur parti. Lorsque tout est en équilibre, peu importe notre point de départ, la danse entre les hémisphères nous dévoile le chemin du succès qui, lui, se situe au milieu, dans l’accomplissement de cet équilibre.

Souvent, la relation d’un couple (homme-femme) sert de modèle dans cette démarche de recherche de l’équilibre (yinyang) du cerveau. L’atteinte de cet équilibre donne accès à un portail de conscience créative et à une connaissance de nous-mêmes jusque-là hors limite.

Il est difficile d’expliquer ce processus d’évolution de la conscience. Il faut le vivre pour le comprendre et en reconnaître la véracité. Je ne me perdrai donc pas en mots à essayer de vous l’expliquer, car vous le faire vivre pendant cette lecture sera de loin préférable.

Ce livre pourra servir de repère à celui ou à celle qui souhaite :

s’engager dans un processus créatif (ne serait-ce que pour décrocher du stress) ;

remonter la pente après un arrêt de travail dû à une situation de détresse mentale liée à l’emploi ;

connaître le plaisir que procure le fait de créer à partir d’une nouvelle perspective.

Dans ma pratique de coaching, j’ai choisi d’adopter différentes approches créatives, car la variété permet d’ouvrir plus rapidement les horizons créatifs d’une personne, amenant cette dernière, selon le cas, à éveiller ou à faire fleurir sa créativité.

Toutes les références Web mentionnées dans ce livre sont également accessibles par l’onglet Références de mon site, à l’adresse suivante : www.coachingcreatif.com.

Chapitre 1

La créativité sous toutes ses formes

La créativité dans toute son essence se présente sous un éventail de formes, de couleurs, de saveurs et de textures extraordinaires. Nous la captons par nos cinq sens. Mais qu’entend-on par créativité ? Voici quelques exemples concrets.

J’ai souvent utilisé divers outils créatifs pour amener les trois principales mémoires du corps (visuelle, auditive et kinesthésique) à travailler en synchronie, et ce, afin de permettre aux gens d’accéder à un plus grand équilibre de leurs hémisphères cérébraux. Par exemple, le dessin donne un accès direct au cerveau droit et permet littéralement de visualiser la carte géographique de son propre monde. De même, les jeux de mots aident à « entendre » tandis que différentes approches, comme la danse et la méditation, permettent de « ressentir » les choses.

Le recours à trois des cinq sens améliore énormément la capacité de référencement du cerveau. Ainsi, dans le cadre de leur travail, l’œnologue et le chef cuisinier aiguisent leurs sens de l’odorat et du goût, une autre manière d’ajouter de l’information à l’équilibre des hémisphères.

Dans le cerveau, tous les sens sont reliés à des mémoires : mémoires heureuses associées au bonheur ou mémoires malheureuses associées à la souffrance. Ces mémoires se trouvent à différents endroits dans le cerveau. Ainsi, la mémoire visuelle se situe dans la partie arrière du cerveau. La mémoire de l’audition : juste au centre du cerveau. La mémoire de l’odorat : dans la partie frontale du cerveau. Et juste au-dessus : la mémoire du goût. Enfin, la mémoire du toucher se situe dans la partie supérieure du cerveau. Nous y reviendrons plus loin dans le livre.

Voici les différentes facettes que comporte la créativité chez l’être humain.

La créativité mémorielle

Toute forme de souffrance, surtout lorsqu’elle est physique, appelle une réaction de créativité. Que faire pour soulager la douleur ou rétablir l’équilibre ? L’ergonomie du corps est bien connue, et la créativité appliquée ici s’inspire du manque à combler. Nous inventons toutes sortes de prothèses pour pallier des lacunes physiques. Nous créons également toutes sortes d’équipements destinés à faciliter le travail, qu’il s’agisse de matériel de bureau ergonomique, de machinerie servant à exécuter des gestes bien précis ou de tout autre équipement qui rend les tâches quotidiennes plus rapides, faciles et joyeuses. Du moins, c’est l’objectif.

À ce niveau, la créativité (appliquée à l’objet) a pour but de faciliter le travail ou de l’accélérer, comme sur une chaîne de montage, par exemple.

Inventer un objet ou un dispositif dont tout le monde pourrait avoir besoin et auquel personne n’a encore pensé (le Car Cane¹, par exemple) est un exemple typique d’utilisation de la créativité. Tous les objets qui habitent notre environnement au quotidien (comme les outils, les instruments, les équipements et les meubles) sont le résultat d’un effort de créativité destiné à nous faciliter la vie.

La créativité systémique

Souvent appelée « processus créatif invisible », cette forme de créativité est moins reconnue, car elle n’aboutit pas nécessairement à la fabrication d’un objet. C’est à elle que l’on fait appel lorsque l’on crée à travers un processus, quel qu’il soit, comme lorsque l’on se pose la question suivante : « Que faut-il faire, et dans quel ordre faut-il le faire pour arriver au résultat final ? »

La créativité dont il est question ici se manifeste dans l’accomplissement. Il ne s’agit pas de stratégie, car la plupart du temps, cette stratégie est connue. En fait, la créativité systémique (ou créativité de processus) est utilisée pour développer une suite logique, lorsqu’il faut définir la marche à suivre et orchestrer tous les éléments nécessaires ou toutes les actions concernées pour mener le projet à terme.

Qu’il s’agisse de fabrication, de construction ou même de fiscalité (lorsqu’il faut « faire parler les chiffres »), certaines tâches doivent obligatoirement être exécutées avant d’autres. L’établissement de cet ordre chronologique fait appel à la créativité de processus. Par exemple, au moment de planifier les horaires des différents intervenants sur un chantier de construction, il faut prévoir que l’électricien et le plombier devront faire leur travail avant que l’on « ferme les murs », c’est­à­dire que l’on installe les finis intérieurs (panneaux de gypse).

Ceux et celles qui ont touché de près ou de loin à un chantier de construction (auto construction ou autre) saisiront assurément les défis associés à l’établissement des horaires, aux imprévus de dernière minute, à la gestion créative de ces derniers et aux divers remaniements de processus nécessaires pour que la marchandise soit livrée (ou que le travail soit terminé) à la date prévue. Une telle planification ne tient souvent qu’à un fil, car un seul retard incontrôlable pourrait avoir des conséquences multiples.

Les chaînes de montage d’une usine automobile constituent un autre excellent exemple de ce genre de processus créatif (processus de fabrication), tout comme les processus de mise en marché, de distribution et de vente. Tous ces processus contribuent à la réussite d’un produit.

De même, toutes les activités humaines liées au temps (météo) et aux saisons (l’agriculture, par exemple) sont tributaires d’un processus. Le cidre de glace, né au début des années 1990, probablement en conséquence d’un gel hâtif des pommes, a pris son envol au Québec. Quelqu’un a eu l’idée de s’allier à la météo afin de créer ce produit typiquement québécois.

La créativité littéraire (la mise en mots des idées)

Écrire est aussi un processus créatif. Mettre en mots des idées et des concepts, de la poésie, des histoires, des faits, des façons de voir la vie : toute cette panoplie de possibilités émane du processus créatif. C’est une façon de peindre en mots une toile littéraire. Les élites de cette forme de créativité possèdent l’art du verbe. La plume devient le pinceau qui peint la toile en décrivant d’innombrables paysages de la vie.

La créativité musicale (la vibration et le son)

Le langage musical, celui des tonalités et des mots chantés, nous plonge dans un espace sonore au-delà des autres sens. Le son porte la voix, et certains d’entre nous (les créateurs) savent saisir l’essence de ce langage et assembler les sons pour toucher l’âme et les rythmes du corps. Un ensemble d’objets (les instruments de musique) se mettent au service de l’ambiance sonore qui émane des profondeurs de l’artiste, c’est-à-dire du compositeur.

L’ambiance créée nous aide à toucher des espaces de nous-mêmes et à ressentir nos différents rythmes internes. Cela me rappelle un concert auquel j’ai participé, tenu à la basilique Notre-Dame (Montréal, Québec) peu de temps après les attentats de Paris de novembre 2015. La basilique n’avait jamais été si pleine, même pour des concerts d’artistes de grand renom. Une telle assistance représentait­elle un besoin de se rapprocher du sacré en période trouble ? Je l’ignore, mais une chose est certaine : l’art inspire.

La créativité par le mouvement (la danse)

Toutes les formes d’expression corporelle (folklore, danse sociale, danse de salon, ballet, jazz, rap, pop, break dancing et toutes les nouvelles danses qui naissent au rythme des générations) prouvent bien que la danse est l’expression de quelque chose qui vient de l’intérieur. Pour bien des jeunes, elle représente même un exutoire, une manière constructive et socialement acceptable de canaliser les frustrations. C’est l’expression corporelle d’un peuple, d’une époque et d’un vécu. La danse exprime et raconte de manière gestuelle ce qui nous habite — individus, peuples et sociétés.

La capacité du danseur à élever l’énergie de son corps dans une dynamique rendue visible par la chorégraphie lui permet de raconter les joies et les souffrances de l’histoire humaine. L’émotion, ainsi élevée à sa plus haute expression, peut enfin gravir le chemin du cœur et de l’âme.

Certains artistes expriment le côté brut de cette émotion ; d’autres, à l’inverse, en expriment le côté subtil, comme s’ils connaissaient le chemin menant à sa plus pure expression.

La créativité par les arts de la scène (le verbe en action)

J’appelle souvent cette forme de créativité la « créativité de planche ». Elle comprend toute forme de créativité qui implique de monter sur les planches pour se faire voir et entendre d’un public. Elle englobe le théâtre, le monologue comique (stand-up), les sketches humoristiques, les contes oraux et toute forme de performance permettant de créer et d’improviser dans l’instant présent en captant au vol toute ambiance, toute situation d’expression ou toute information pouvant servir la scène et faire réagir le public.

La créativité d’inspiration (les œuvres d’art)

J’inclus dans cette catégorie la sculpture, la peinture et la réalisation de tous les objets qui servent à nous connecter à la beauté, au vécu de leurs créateurs et aux messages de ces derniers. Ces œuvres sont souvent créées uniquement pour leur beauté. Elles rappellent fréquemment l’histoire d’un peuple, une époque, un style ou une mode. Ce type de création interpelle notre lien à l’inéluctable cycle de la vie, à la création elle-même et au processus d’évolution de la conscience humaine.

La créativité d’équilibre corporel

Cette forme de créativité se retrouve principalement dans les sports d’équilibre individuels, où les deux hémisphères sont sollicités dans un équilibre bien physique. Mentionnons, à titre d’exemples, le surf, le ski (alpin ou acrobatique), la planche à neige (snowboard), la planche à roulettes (skateboard), le plongeon, le funambulisme, l’acrobatie, le saut à la perche et la poutre. Le patinage artistique et la gymnastique, avec leurs triples saltos arrière, sont aussi des exemples percutants de cette forme de créativité. Le Cirque du Soleil est passé maître dans l’art de conjuguer la créativité de scène, de musique et d’équilibre corporel.

Les personnes s’adonnant à ces sports savent explorer les capacités du corps en repoussant de plus en plus ses limites.

Les sports collectifs d’équilibre physique où chaque joueur doit maîtriser le jeu pour tailler « SA » place dans l’équipe (comme le hockey, le baseball, le volleyball, et le rugby) représentent pour moi une forme de créativité collective. Je ne fais pas référence ici aux batailles entre joueurs, mais bien à l’adresse et à la finesse des bons joueurs, dont les prouesses suscitent des exclamations admiratives, tant chez les spectateurs que chez les commentateurs sportifs.

La créativité de stratégie (comment jouer pour gagner)

La créativité de stratégie consiste à déterminer comment se rendre du point A au point B. Mais comment s’y rendre et, par le fait même, devenir opportuniste dans le processus ? Pour atteindre un but, il existe, en théorie, plusieurs chemins ; mais