Un avenir en héritage

[Retour à la TM]

La pensée est une symphonie dont les notes sont des mots.

Les causes des difficultés de nos jeunes sont multiples. Mais, avec le bon éclairage, les parents pourront percevoir clairement au moins une d'entre elles, et prendre en main un des aspects les plus importants de l'éducation de leur enfant. Ils trouveront ici une source de points de repères destinés à les aider à percevoir une avenue cohérente d'intervention.

Cet ouvrage est divisé en trois parties principales:

Partie 1 - Éveil de l'intelligence chez l'enfant

La période de la vie allant de la naissance à l'âge scolaire est d'une importance fondamentale et détermine directement l'avenir intellectuel de l'enfant.

La progression du degré d'éveil de l'intelligence qui se produit avant l'âge scolaire, et qui doit normalement continuer au fur et à mesure de l'apprentissage, peut cependant être mise en danger par certaines méthodes d'enseignement mal adaptées, et l'esprit de l'enfant peut être engourdi par ces méthodes d'une manière qu'il sera difficile de récupérer par la suite.

Les parents doivent donc être vigilants, et nous verrons qu’il est possible de protéger l’acquis intellectuel de l’enfant contre les effets négatifs de ces méthodes.

Partie 2 - Perception de la Réalité

Plus nous réussissons à comprendre clairement les circonstances réelles des situations dans lesquelles nous nous trouvons, plus il nous semble facile, et pour cause, de régler les problèmes avec lesquels nous sommes confrontés.

Il semble clair que si nous nous illusionnons sur notre situation, des problèmes que nous comprenons mal, ou à moitié, ont peu de chances d'être résolus de manière satisfaisante.

Il semble donc important pour chacun d'entre nous de trouver un moyen fiable qui nous permettrait de comprendre aussi clairement que possible la réalité objective, c'est-à-dire, la réalité extérieure qui existe peu importe qu'on y croit ou non, qu'on la comprenne ou non, bref, la seule réalité qui existe.

Partie 3 - Structure fondamentale du langage

Dans cette partie, nous découvrirons en détail les liens qui existent entre le langage et la pensée. Nous explorerons le fonctionnement de la partie du cerveau qui nous permet de penser, et nous comprendrons pourquoi il est si important de favoriser au maximum la pratique du langage lors de l'apprentissage de la parole chez le jeune enfant, et pourquoi il est si important de favoriser cet usage de manière extensive tout au long de sa croissance.

Nous explorerons, en fin de compte, la structure fondamentale qui est commune à toutes les langues et qui peut permettre à tout être humain, s'il s'y prend correctement, de percevoir objectivement le monde qui l'entoure.

Partie 1 - L'Éveil de l’intelligence chez le jeune enfant

Qu’est-ce que l’intelligence

[Retour à la TM]

Une notion très répandue veut que la pensée soit quelque chose d'abstrait, d'insaisissable, que nous ne comprendrons jamais vraiment.

Rien n'est plus loin de la vérité. En fait, les fondements de la pensée humaine ont été compris par Ivan Pavlov dans les années 20, au moment ou il a pris conscience du lien direct qui existe entre la pensée et le langage.

Relation Pensée-Langage-Intelligence

Le docteur Paul Chauchard, neurophysiologiste éminent, qui fut directeur de recherche à l'École pratique des hautes études de France dans les années 50, a compris et poursuivi ces recherches jusqu'au point ou il prit conscience du lien direct qui existe entre la pensée, le langage et l'intelligence.

Ce lien est beaucoup plus direct qu'on aurait tendance à le penser. En fait, il apparaît que le degré d'éveil de l'intelligence est en relation directe avec le degré de maîtrise de la langue.

Il semble qu'on ne puisse pas comprendre plus finement les nuances des situations avec lesquelles nous sommes confrontés que le degré de finesse avec lequel nous contrôlons la langue que nous avons apprise pour en parler.

Développement des goûts et des aptitudes

Les goûts des enfants se développent en fonction des choses qui viennent à leur attention et pour lesquelles ils développent un intérêt.

Les talents des enfants se développent en fonction des activités pour lesquelles ils ont développé un intérêt et en fonction de l'intensité de l'effort qu'ils vont déployer pour devenir habiles à les exécuter.

Maîtrise de la langue

Lorsqu'on parle de maîtrise de la langue, on ne fait pas spécifiquement allusion ici à l'étendue du vocabulaire, ni au fait qu’une personne arrive à écrire sans faire de fautes d’orthographe.

Bien sûr, un vocabulaire étendu et une orthographe correcte ne peuvent qu'aider, et c’est l’idéal qu’il faut viser. Mais au risque de choquer bien des puristes, la maîtrise de la langue signifie autre chose dans le présent contexte.

Il s'agit plutôt du degré de facilité qu'une personne aura développé à exprimer avec toute la finesse souhaitée, la moindre nuance de ce qu'elle voudra exprimer dans le contexte où elle aura à l'exprimer.

Cette maîtrise peut se manifester complètement à travers l’usage strict du langage lui-même comme lorsqu’on écrit, ou à travers l’usage d’un langage oral plus simple, typiquement associé à une gestuelle complémentaire comme lorsque nous parlons avec une autre personne.

Nous explorerons plus avant la méthode qu'il faut utiliser pour concrétiser cette maîtrise dans le chapitre "Comment affiner notre compréhension de la réalité objective".

Comparaison Caméra-Détails / Langage-Détails

[Retour à la TM]

Pour comprendre réellement la situation, on peut prendre un exemple facile à saisir et qui en donnera une image exacte. Un peu tout le monde est familier avec l'idée de ces satellites qui peuvent photographier la surface de la terre à partir de l'espace.

Il semblerait que le plus petit objet qui puisse être identifié sur ces photos, en 1997, étaient de la grosseur d'une automobile. Puisque ces photographie sont des assemblages digitaux de points, comme les image d'un téléviseur, tout objet plus petit qu'une automobile n'est pas visible, pour la simple raison qu'il est plus petit que le plus petit point (pixel) qui était utilisé pour enregistrer les photos.

Cela ne nous empêche toutefois pas de savoir que des objets plus petits que les automobiles existes. En ce qui concerne notre capacité de compréhension, l’habileté que nous avons à utiliser le langage correspond dans cette comparaison, au degré de sensibilité de la caméra, et les nuances de ce que nous essayons de comprendre correspondent aux détails réels de la surface de la terre, qui souvent sont plus petits que les automobiles.

En pratique, il semble bien qu’il nous soit impossible de comprendre les choses plus finement que le degré de maîtrise que nous avons de l'instrument que nous utilisons pour le faire, c'est-à-dire le langage.

Relation Intelligence versus Facilité d'expression

La notion selon laquelle chaque personne possède un degré d'intelligence fixe, déterminé par son hérédité, est complètement fausse. C'est un fait que chaque personne démontre un degré de capacité de compréhension qui lui est propre et qui semble varier d'un individu à l'autre (quelquefois considérablement), mais cette condition n'est pas fixe ni héréditaire.

Elle est uniquement le reflet du degré de facilité d'expression verbale que chaque individu aura développé, en conjonction avec l'habitude qu'elle aura acquise de remettre ses propres conclusions en question.

Cette facilité d'expression verbale et cette volonté de remise en question sont variables et peuvent augmenter ou diminuer au cours de la vie d'une personne en fonction du type d'activités intellectuelles qu'elle pratique. En d'autres mots, le degré d'intelligence d'une personne peut varier tout au long de sa vie, avec des hauts et des bas.

Une personne qui réfléchit beaucoup pour comprendre des situations ou résoudre des problèmes de toutes natures, qui lit beaucoup ou qui parle beaucoup sur des sujets variés a tendance à acquérir une capacité de compréhension plus profonde qu'une personne qui ne pratique aucune de ces activités.

De même, une personne qui ne pratiquait aucune de ces activités et qui commence à en pratiquer une de manière soutenue, verra sa capacité de compréhension augmenter. Si une personne qui pratiquait une de ces activités cesse de le faire, elle verra sa capacité de compréhension progressivement diminuer.

Tous ces changements d'état sont progressifs, bien sûr, et sont suffisamment lents pour que nous ne nous en rendions pas vraiment compte. En pratique, comme pour toute autre activité, plus une personne utilise le mode de pensée verbale, plus elle devient habile à l'utiliser. Le système nerveux est ainsi fait que plus ses diverses parties sont utilisées, plus elles deviennent faciles à utiliser.

Selon ce qu'a découvert Pavlov, la pensée humaine se présente sous deux formes différentes, soit la pensée par images, qui est le résultat de notre conscience directe des perceptions de nos sens et de nos émotions, et la pensée verbale, qui est le moyen que nous utilisons pour associer consciemment et comprendre les perceptions dont nous prenons conscience (Voir la Partie 3 pour plus de détails)

Bref, notre conscience d'être, quoi qu'elle puisse être, observe le monde extérieur qui nous entoure et le monde intérieur de nos émotions par le biais de la pensée par images (pensée non-verbale), mais le décrit et le comprend par le biais de la pensée verbale (le langage).

La pensée non-verbale nous procure un mécanisme simple de pensée par association d'images. C'est ce mécanisme que nous utilisons par exemple lorsque nous rêvassons, lorsque nous évitons machinalement les obstacles en circulant à pied, lorsque nous réagissons, sans trop nous donner le temps de réfléchir, aux diverses situations de la vie courante avec lesquelles nous sommes confrontés, etc.

Nous partageons ce mode de pensée par associations d'images sensorielles avec les autres animaux qui ont un cerveau. Dans notre cas cependant, la complexité beaucoup plus grande de notre cerveau nous procure une pensée par image d'une qualité et d'une précision infiniment supérieure à celle qui est disponible aux animaux.

Nous possédons aussi quelque chose qui est disponible pour les animaux seulement sous une forme extrêmement rudimentaire, un chose qui est la source de notre intelligence, c'est-à-dire la source de notre capacité de compréhension, soit le langage.

On peut contrôler le niveau d'intelligence

Étant donné le lien direct qui existe entre le langage et l'intelligence, il devient possible d'intervenir directement lors de l'apprentissage du langage par l'enfant pour favoriser, par des moyens simples, un développement maximum de son degré de maîtrise du langage, et par répercussion directe, le degré de développement de sa capacité de compréhension.

En passant, peu importe ce que certains peuvent prétendre, il ne semble pas qu'il soit possible qu'il existe de différence réelle de potentiel intellectuel entre les garçons et les filles, peu importe les orientations générales que les goûts de l'enfant peuvent prendre en fonction de son sexe, et ceci, peu importe la race.

Toute personne qui peut apprendre à parler, bref, tout être humain, possède le potentiel pour atteindre les plus hauts niveaux intellectuels. Nous verrons pourquoi dans la Partie 3 de ce livre.

Le rôle du milieu familial

[Retour à la TM]

Quelle mère n'a pas rêvé que son enfant à naître soit le plus intelligent des enfants?

Quel parent n'a pas ressenti une bouffée de fierté en réalisant ou en apprenant que son enfant était doté d'une intelligence supérieure à la moyenne?

Se doute-t-il du rôle qu'il a joué pour que son enfant soit ainsi doté?

Se doute-t-il même qu'il a pu jouer un rôle?

Peut-on imaginer qu'il soit possible d'appliquer une méthode de manière générale qui GARANTIRAIT que la majorité des enfants deviennent doués?

Utopie? Pas du tout.

Tous les enfants peuvent devenir très intelligents

Beaucoup de parents orientent d'ailleurs intuitivement leur enfant vers cet éveil optimal de sa capacité de compréhension, mais ne comprenant pas spécifiquement le mécanisme, ils se sentent souvent impuissants à intervenir pour corriger ou contrebalancer les effets dommageables de certaines méthodes d'enseignement après que leur enfant a commencé l'école.

La compréhension des mécanismes qui régissent l'acquisition de l'intelligence nous permet maintenant d'élaborer une méthode simple qui mettra à la disposition des parents un moyen d'assurer un développement maximum de la capacité de compréhension de leur enfant.

Depuis le début des civilisations humaines, le degré d'éveil de l'intelligence de chaque personne a été déterminé un peu au hasard par un ensemble de circonstances mal identifiées jusqu'à présent.

L'intelligence n'est pas innée, mais acquise

Certains individus semblent dotés naturellement d'une intelligence très supérieure à la moyenne alors que d'autres apparaissent beaucoup moins bien nantis. Pourquoi?

Bien des théories ont cours, mais malgré le débat qui dure toujours, il n'en demeure pas moins que le lien direct qui a été établi entre le langage et l'intelligence nous oriente de manière incontournable dans une direction bien précise.

Étant donné que le degré d'éveil de l'intelligence, c'est-à-dire le degré d'éveil de la capacité de compréhension, est en relation directe avec le degré d'habileté qu'un enfant développe à s'exprimer verbalement, il apparaît relativement facile de dégager une méthode qui permettra aux parents de faire en sorte que tout enfant normal développe un degré d'intelligence très supérieur à la moyenne.

Qu'est-ce qu'un enfant normal?

Il va sans dire que par enfant normal, on parle de tout enfant qui ne montre pas de problème pathologique, c'est-à-dire presque tous les enfants, incluant TOUS les enfants qui sont souvent diagnostiqués très arbitrairement comme ayant un déficit neurologique, simplement parce qu'ils semblent souvent dans la lune ou sont en difficulté d'apprentissage.

Même dans les cas où il y a véritablement pathologie, il ne semble pas illogique de penser que la même approche pourrait améliorer la situation.

Auto-structuration par stimulation verbale

La construction physiologique et la structuration du réseau d'interconnections entre les cellules du néocortex (la partie du cerveau qui pense), très incomplet à la naissance, sera directement influencée par la manière dont l'enfant compare les divers aspects des souvenirs des événements à mesure qu'il en prend conscience, et qu'il apprend comment les décrire, ainsi que ses émotions les concernant, par l'usage du langage

Les conditions dans lesquelles cette auto-structuration se fera sont déterminantes, car elle est crée dans les zones verbales du cerveau de l'enfant des interconnexions plus profondes et plus stables que la plupart des apprentissages se produisant passé l'âge de 7ans (voir chapitre suivant).

Ces conditions déterminent directement le degré de développement de la capacité de compréhension de l'enfant et il est possible et facile d'orienter cette structuration de manière cohérente plutôt que de laisser faire le hasard.

Pour saisir plus facilement l'idée, nous pourrions comparer l'ensemble du réseau des interconnexions qui se construisent dans le cerveau durant cette période à un réseau d'autoroutes, entre les villes d'un grand pays.

Celui d'un enfant qui aura acquis une configuration optimale se compare à un réseau d'autoroutes extrêmement riche en branchements, avec des tronçons larges reliant tous les centres importants et sur lequel il est facile de circuler dans toutes les directions.

L'âge critique de 7 ans

[Retour à la TM]

La construction physique de l'ensemble de ces liens profonds se termine vers l'âge de 7 ans. Tout nouvel apprentissage passé cet âge ne demandera la construction que de courtes sections de routes pour rejoindre le réseau principal chez l’enfant dont le réseau est déjà riche.

Pour un survol complet des processus physiologiques impliqués, voir l'ouvrage "Les fondements neurolinguistiques de l'intelligence".

Métaphoriquement, le même apprentissage supplémentaire sera plus difficile dans le cas d'un enfant dont le réseau aura été moins fortement structuré, et où les tronçons plus étroits et plus rares d'autoroutes demanderont la construction de sections plus longues pour rejoindre un réseau principal beaucoup moins riche en branchements et où il est généralement plus difficile de circuler.

La comparaison n’est pas totalement exacte, mais porte bien l'idée qu'il se crée des liens physiques réels entre les souvenirs et les mots utilisés pour les exprimer et les décrire. La structuration ne se termine pas totalement à cet âge cependant, mais continue sur un mode différent jusqu’à l’âge d’environ 18 ans.

C’est en effet à partir de l'âge de 18 ans seulement que l’électroencéphalogramme commence à donner le tracé de l’adulte. Tout apprentissage jusqu’à cet âge demeure donc aussi très important et devrait être fait dans les meilleures conditions possibles.

Période idéale pour développer l'intelligence

Comment faut-il s'y prendre alors pour éveiller l’intelligence d'un enfant ? Une foule d'indices nous orientent dans une direction bien précise et une approche assez simple permet de toujours pousser dans cette direction par des moyens très naturels.